Uranium « appauvri ». Michelle Barillet :

Je veux connaître la vérité !

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Pascal Barillet a travaillé chez Giat Industries de 1970 à 2000. Pendant ces trente années, il était tourneur sur métaux sur tour à commande numérique (avec la qualification d’Ouvrier hautement qualifié). Giat Industries, réduisant ses effectifs, le licencie dans le cadre d’un plan social en 2000, Pascal Barillet n’a que cinquante deux ans. Il passe quelques années paisibles dans sa maison de Mehun. En janvier 2009 il ressent une très grande fatigue, est essoufflé pour un rien, ne supporte plus le café qu’il aimait tant. Il consulte son médecin qui décide une analyse sanguine. Au vu des résultats, il décide une hospitalisation immédiate à l’hôpital de Bourges. Pascal est atteint d’une myélodysplasie (une forme de leucémie) qui l’emporte en dix-huit mois.

À l’hôpital de Bourges, il croise un jour un ancien collègue d’atelier venu, lui aussi, pour une leucémie et une transfusion. Ce dernier déclare  » Si j’étais parti plus tôt, comme toi, je ne serais pas ici en traitement ! »

À l’hôpital Bretonneau à Tours où Pascal a été transféré pour une tentative de greffe de moelle osseuse, Michelle, son épouse s’interroge sur l’origine de cette leucémie. On lui répond: « qu’il n’existe pas d’examen qui permet spécifiquement de relier une leucémie à une cause ». Mais « il existe éventuellement des faisceaux d’arguments. On ne peut pas éliminer un lien entre une exposition à un élément radioactif et une leucémie. Il est évident que si plusieurs cas se sont manifestés chez des personnes qui avaient travaillé avec votre mari… »

Michelle Barillet : « Des conversations, l’énoncé de plusieurs faits auxquels je n’avais pas prêté attention à l’époque, me sont revenus en mémoire. Je m’interrogeais, j’avais des doutes, cette leucémie était-elle due à l’environnement professionnel ? Était-elle due à une autre cause ? Je voulais savoir ».

« Quand mon mari travaillait chez Giat, il citait le cas de collègues tombés malades et avait remarqué le décès de quatre d’entre eux. Il ajoutait: « il vont tous nous faire crever », mais ne soupçonnant rien de particulier, j’attribuais ces paroles à des problèmes rencontrés au travail, ou aux soucis causés par les restructurations ».

Michelle Barillet rapporte que son mari tournait des obus flèches dans divers métaux, dans un matériau nommé Denal, et se disait étonné des réactions d’un métal qu’il usinait et qui avait la particularité de s’enflammer. D’ailleurs Giat avait fait disposer des seaux de sable près des postes de travail. Cela lui a été confirmé par un collègue de son mari, qui a déclaré avoir travaillé lui aussi sur un métal inflammable. On pense évidemment à l’uranium « appauvri », qui s’enflamme à six cent degrés.

Un agent de maîtrise, maintenant retraité, confirme l’existence d’un atelier (une cinquantaine de personnes) spécifique pour l’uranium « appauvri » et commente : « Enfin, c’était pas Tchernobyl, les machines étaient carénées, mais on ne portait pas de masques. »

Par une coupure de journal, un ami informe Michelle Barillet de l’existence du Collectif Alerte Uranium. Elle décide de rejoindre le groupe et participe activement à la recherche de témoignages en cours. « J’ai déjà recensé quatorze personnes qui ont travaillé chez Giat Industries à la même époque que Pascal, certaines dans le même atelier (l’une d’entre elles est morte d’un cancer), je poursuis mes recherches pour trouver d’autres personnes qui voudront bien répondre à notre enquête ».

> Voilà le « faisceau d’arguments » qui est la cause des interrogations et des doutes de Michelle, et qui explique sa démarche. Elle veut savoir la vérité. Oui ou non, la maladie de Pascal Barillet a-t-elle pour origine son travail à la production d’obus flèches en uranium « appauvri » et en Denal chez Giat industries ?

> C’est également la démarche du Collectif Alerte Uranium, qui demande au Ministre de l’Écologie de faire procéder à une recherche d’uranium « appauvri » dans les sols, les eaux, la flore et la faune dans le polygone de tir de Bourges et ses alentours. Le Collectif  demande également au Ministre de la Santé une enquête sanitaire dans la région de Bourges et dans les communes proches du polygone de tir avec l’enregistrement des cas de cancers et la recherche de l’éventuelle implication de l’uranium « appauvri » dans ces pathologies.

Cette position est la même que celle du Parlement Européen qui a adopté le 22 mai 2008 une résolution « sur les armes contenant de l’uranium « appauvri » et leurs effets sur la santé humaine et l’environnement ». Dans cette résolution le Parlement Européen demande aux Etats de réaliser un inventaire environnemental des zones (y compris les zones d’essais) polluées par de l’uranium « appauvri », et d’imposer un moratoire sur l’emploi de ces armes.

> Si vous souhaitez répondre à l’enquête, ou si vous connaissez une personne dont le témoignage pourrait s’avérer utile, prenez contact avec le Collectif Alerte Uranium dont voici les coordonnées :

Collectif « Alerte Uranium » 139 avenue de Saint Amand 18000 Bourges.

02 48 20 30 15. Courriel:  18@mvtpaix.org

> Lire aussi dans gilblog :

Les tirs à l’uranium appauvri dans le Cher  http://www.gilblog.fr/berry_blog/les-tirs-a-luranium-appauvr.html

Gérard Longuet à Bourges, a-t-il vu de l’uranium appauvri ?

http://www.gilblog.fr/berry_blog/gerard-longuet-a-bourges.html

Le conseil général demande la vérité  http://www.gilblog.fr/berry_blog/conseil-general-armes-uranium.html

Armes à l’uranium. De méry ès Bois à France inter  http://www.gilblog.fr/berry_blog/armes-a-luranium-on-en.html

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