En toute discrétion…
Les
deux avions font la fierté de la petite mais vaillante armée de l’air
nigérienne, qui jusque là ne comptait que quelques avions de transports
et quelques hélicoptères de manœuvre. Les deux SU-25 (portant les
numéros d’immatriculation 5U-MCC et 5U-MCF, 5U étant le préfixe OACI du
Niger naturellement) seront les premiers véritables avions de chasse de
cette armée de l’air. Ils sont vraisemblablement arrivés au Niger en
février 2013, car les premières informations à
leur sujet remontent à cette date. Ils ont très certainement été livrés
début février en toute discrétion, sous la forme de kits apportés par
avions gros porteurs, en même temps que l’outillage et les pièces
nécessaires à la maintenance.
Ces avions proviennent sans doute de la 4070ème Base
de Réserve ukrainienne qui, jusqu’à une date récente, stockait sous
cocon une trentaine de SU-25 en version de base. Quelques exemplaires de
cette version originelle du SU-25, aussi appelée Frogfoot-A en
codification OTAN, ont déjà été vendus par l’Ukraine à la Macédoine (4
appareils en 2001, dont 1 SU-25UB biplace), à la Guinée équatoriale (4
exemplaires entre 2007 et 2009 dont 2 SU-25UB) et au Tchad (6 ou 7
exemplaires entre 2008 et 2010 dont au moins 2 SU-25UB).
Les appareils destinés au
Niger ont d’abord suscité l’intérêt de la République Démocratique du
Congo en 2012, qui a finalement renoncé à l’achat et créé une
opportunité pour le Niger.
Bien que cet investissement
ait été qualifié « d’urgent » par le Niger, il n’a pas de lien avec
l’offensive terrestre française au Mali, état donné que la commande a
été passée à l’été 2012. Par contre, il découle directement de
l’aggravation de la situation sécuritaire au Mali dont la France
continue de faire les frais à travers les otages enlevés sur le site
d’Arlit il y aura bientôt trois ans.
Les pilotes:
Des mercenaires
A
l’instar de ce qui se passe chez les autres clients du SU-25 en Afrique,
le Niger va très probablement confier le pilotage et l’entretien de ces
avions à des contractors ukrainiens, connus pour officier de
la même façon au Tchad ou en Guinée équatoriale. Mais à la différence du
Tchad, où des pilotes tchadiens sont formés à prendre la relève des
pilotes ukrainiens, le Niger ne dispose pas de version biplace
permettant une formation dans de bonnes conditions. Les avions nigériens
vont donc rester vraisemblablement longtemps entre les mains de
mercenaires coûteux, peu prompts à prendre des risques et dont le
comportement au combat peut être sujet à caution.
Mais malgré
les réticences que peut susciter l’emploi de mercenaires, le Su-25 est
probablement le meilleur choix possible pour une armée africaine. C’est
un avion rustique spécialisé dans l’attaque au sol et l’appui des forces
terrestres. Il est le pendant russe de l’A-10 américain, bien que son
design et sa masse le rapproche plus de l’YA-9 de Northrop, concurrent
malheureux de l’A-10 lors de l’appel d’offre. La ressemblance est
d’ailleurs suffisamment prononcée pour se demander s’il n’y a pas eu
migration discrète des schémas de l’YA-9 de l’autre côté du rideau de
fer.
Quoiqu’il en soit le SU-25
est un biréacteur subsonique, avec environ 800 km de rayon d’action (à
pleine charge avec deux réservoirs supplémentaires), ce qui est
relativement faible notamment dans les immensités sahéliennes. Ce rayon
d’action limité est compensé par la facilité avec laquelle l’avion peut
être déployé sur des pistes sommaires avancées, avec un minimum de
logistique : sur de courtes périodes, le SU-25 ne nécessite pas
d’infrastructures particulières, à part une piste d’une longueur
suffisante. Une équipe d’une demi-douzaine de mécaniciens, équipée d’un
outillage rudimentaire et de quelques pièces détachées permet une
utilisation opérationnelle de plusieurs semaines sur des bases
sommaires.
L’armement:
Possibilité d’usage des munitions à l’uranium « appauvri »
En termes d’armement, le
SU-25 est équipé du redoutable canon GSh-30-2, canon de 30 mm
automatique à deux tubes fixes, mais avec la particularité d’avoir une
seule culasse. Ce canon tire toutes les munitions en calibre 30x165mm, dont certaines contiennent de l’uranium appauvri.
Il se retrouve également sur les MI-24P, facilement reconnaissable du
fait des deux tubes visibles sur le côté droit du fuselage. Il est
également réputé pour être particulièrement rustique. Bien que pouvant
tirer quasiment aux mêmes cadences que le canon GAU-8A de l’A-10 des
munitions aux effets équivalents, on notera qu’il pèse 20 fois moins
lourd : à peine 115 kilos hors munitions. Avec 4 tonnes de charge utile
réparties sur 11 points d’emport, le SU-25 peut embarquer une bonne partie de l’inventaire soviétique des munitions air-sol,
mais il est utilisé de manière privilégiée en Afrique avec des bombes
lisses de 250 ou 500 kg de type RBK ou OFAB (voir article sur les bombes syriennes pour
plus de détails sur les bombes russes). Ce sont des munitions non
guidées, à effet de zone ou effet de souffle. Aucun détail n’a pour
l’instant filtré sur les munitions que pourraient emporter les SU-25,
sachant que les Nigériens ne dispose pas de stocks de telles armes, en
théorie, n’ayant eu jusque là aucun aéronef pour en utiliser.
COMMENTAIRE:
(Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)
Il est intéressant de noter l’origine de cet article:
Entreprises Défense et Relations Internationales.
Ce
site, il y a quelques semaines, avait longuement critiqué des articles
écrit par moi-même sur l’utilisation des armes à l’uranium « appauvri »
par la France dans la guerre au MALI en précisant que c’était de la
« désinformation ».
Or
l’on note dans ce texte que la France a participé à l’achat d’aéronefs
qui utilisent des munitions à l’uranium « appauvri » !…
« Le
SU-25 est équipé du redoutable canon GSh-30-2, canon de 30 mm
automatique à deux tubes fixes, mais avec la particularité d’avoir une
seule culasse. Ce canon tire toutes les munitions en calibre 30x165mm, dont certaines contiennent de l’uranium appauvri. »…indique le site.
Ces « fameux » canons « redoutables » sont redoutables parce qu’ils utilisent justement des munitions à l’uranium « appauvri » !
En outre, la « codification OTAN » indique que ces aéronefs sont équipés d’armes à l’uranium « appauvri ».
En
participant au financement d’un tel achat pour le Niger, la France
pourra, d’une manière plus discrète, intervenir au Niger et ce avec
toujours ces armes maléfiques à l’uranium « appauvri ».
On comprend mieux pourquoi la livraison s’est réalisée dans la plus grande discrétion !
Quel superbe achat pour un pays qui figure parmi les plus pauvres de la planète.
Bouffer de l’uranium « appauvri »…cela sera sûrement bon pour la santé des populations !
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