Le MOX:

LE MOX: UN COMBUSTIBLE AU PLUTONIUM HUIT FOIS PLUS RADIOACTIF QU'UN COMBUSTIBLE

Un combustible au plutonium,

très critiqué

CAEN – Présenté par AREVA comme un moyen de recycler le plutonium né de la production d’électricité dans les centrales nucléaires, le combustible MOX est très critiqué par les écologistes et certains scientifiques.

Le MOX (mixed oxides) est fabriqué à partir d’oxyde d’uranium et d’oxyde de plutonium, extraits des combustibles irradiés dans les centrales.

S’il fait tant parler de lui, c’est d’abord en raison des 5 à 10% de plutonium qu’il contient. Les combustibles classiques sont fait uniquement d’oxyde d’uranium.

Selon GREENPEACE, l’inhalation d’une poussière de plutonium suffit à déclencher un cancer broncho-pulmonaire en six mois, et il peut servir à fabriquer des bombes.

Pour AREVA, la fabrication d’une bombe à partir du plutonium du MOX, qui n’est pas de qualité militaire, est quasi impossible. Pour Jean-Claude Zerbib, ingénieur à la retraite du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) c’est possible, même si la bombe aurait un rendement moindre qu’une bombe officielle.

Selon ce scientifique, il faut environ 15 kg de plutonium pour faire une bombe. Le MOX qui doit partir prochainement pour la centrale japonaise de Takahama en contient 650 kg environ, selon lui.

Pour AREVA, le MOX contribue à la stabilisation des stocks de plutonium et le recyclage permet d’économiser jusqu’à 25% d’uranium naturel.

Mais selon M. Zerbib, le MOX qui sort d’une centrale est huit fois plus radioactif qu’un combustible classique usé. L’ingénieur a présenté en mars une étude sur le MOX lors d’un colloque à Paris organisé par l’Association Française d’Experts Indépendants Global Chance, et un institut (IPFM) de l’université américaine de Princeton. Il dit se fonder sur des données éparpillées dans différents rapports d’AREVA, de l’OCDE.

Selon lui, lorsque du MOX est irradié en centrale, on fabrique des produits (des actinides) au moins aussi toxiques que le plutonium.

Plus chauds, les combustibles MOX fusionnent aussi plus vite que les combustibles classiques en cas d’accident, si la piscine où ils sont stockés se vide, selon M. Zerbib.

Et 300 ans après sa sortie de centrale, le MOX usé est sept fois plus chaud qu’un combustible classique sorti au même moment, calcule-t-il.

Dans ces conditions, même après trois siècles, les MOX usés ne pourront pas être enfouis dans un site de stockage géologique, affirme l’ingénieur.

Selon AREVA – qui fabrique du MOX depuis plus de 40 ans – plus de 10% de l’électricité nucléaire française est produite en France grâce à ce combustible et 10% des réacteurs dans le monde ont déjà, à un moment ou à un autre, fonctionné avec du MOX.

(©AFP / 13 avril 2013 09h59)

La France et AREVA misent sur le MOX, un combustible à l’avenir incertain

CHERBOURG – Le groupe nucléaire français AREVA mise sur le MOX, ce combustible contenant du plutonium dont un convoi doit partir de Cherbourg à destination du Japon, mais il est le seul à en produire et d’autres pays ont déjà abandonné la filière, contestée par certains experts et par les écologistes.

La société fabrique le MOX à partir de plutonium extrait des combustibles irradiés dans les centrales nucléaires. Le résultat est un produit composé de 5 à 10% de plutonium recyclé, et 90 à 95% d’uranium neuf.

Preuve que la filière se porte bien selon le groupe nucléaire, son usine Melox de production de MOX de Marcoule (Gard) a affiché en 2011 et en 2012 un niveau de production record.

Mais pour Mycle Schneider, membre de l’International Panel on Fissile Materials (IPFM), basé à l’Université de Princeton aux Etats-Unis, et ancien conseiller des cabinets ministériels français, belge et allemands, ou de l’AIEA, l’avenir du MOX est nul. Un point de vue globalement partagé par les experts indépendants de l’Association Française Global Chance, dont fait partie par exemple le physicien nucléaire Bernard Laponche.

La France est la seule à en fabriquer encore. L’Allemagne, la Belgique, et plus récemment l’Angleterre, y ont renoncé.

Et le nombre des clients étrangers d’AREVA s’est réduit. Le Japon, l’Allemagne et la Belgique reçoivent encore du MOX d’AREVA mais ces pays n’envoient plus de combustibles à retraiter à AREVA.

La Suisse ne reçoit plus de MOX

Selon AREVA, qui affirme depuis plusieurs années être en négociation pour de nouveaux contrats, le recyclage, permet d’économiser jusqu’à 25% d’uranium naturel (dont les combustibles classiques sont constitués à 100%) et de diviser la radioactivité des déchets par 10. Mais certains scientifiques assurent que les déchets du MOX sont plus dangereux et plus coûteux à stocker.

Pression de la France

Les Américains ont un projet d’usine de MOX pour recycler leur plutonium militaire et les Chinois sont très intéressés par le recyclage, a affirmé à l’AFP Dominique Louzeau, un responsable d’AREVA.

Professeur honoraire au Conservatoire National des Arts et Métiers, Jacques Foos est convaincu lui aussi que des usines de retraitement vont se développer d’ici cinq à dix ans.

Notamment parce que l’EPR, le réacteur de troisième génération, dont quatre exemplaires sont en construction dans le monde, est conçu pour fonctionner avec du MOX.

L’EPR de Flamanville (Manche), dont la mise en service est attendue en 2016, démarrera toutefois avec du combustible classique, selon EDF.

Selon M. Schneider, les Etats-Unis envisagent de renoncer à l’usine de MOX en projet. Et le lancement de l’usine japonaise de Rokkasho Mura est sans cesse repoussé. Pour lui, si la production française ne baisse pas c’est grâce à EDF, sous la pression de l’Etat français.

Pour cet expert l’avenir du MOX est même compromis en France.

La vingtaine de réacteurs qui fonctionnent aujourd’hui au MOX – les 900 MW – sont les plus anciens et arriveront en fin de vie en 2026/2027, à peu près à l’échéance fixée par François Hollande pour réduire la part du nucléaire dans l’électricité de 75% à 50%, argumente M. Schneider.

La France s’est jusque là obstinée par refus des ingénieurs du Corps des Mines français à reconnaître leurs erreurs stratégiques et par manque de courage des responsables politiques, pense-t-il.

La filière MOX fait travailler 5.100 personnes à l’usine de Beaumont-Hague et 1.300 personnes à Marcoule, selon AREVA. Son avenir avait créé de vives tensions lors de la campagne présidentielle entre le PS et Europe Ecologie les Verts (EELV).

Un paragraphe de l’accord électoral entre les deux partis évoquant une reconversion à emploi constant de la filière du retraitement et de la fabrication de MOX avait disparu un moment avant de réapparaître. L’Elysée a depuis assuré du maintien de la filière.

(©AFP / 17 avril 2013 12h08)

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