Rapport officiel 
de la Commission d’Enquête
 indépendante
sur l’accident nucléaire
 de
FUKUSHIMA
Rapport officiel de:
LA COMMİSSİON D’ENQUÊTE İNDÉPENDANTE SUR L’ACCİDENT NUCLÉAİRE DE FUKUSHİMA
Résumé:
 Les Editions de Fukushima
Diète Nationale du Japon
 I. INTRODUCTION
 
On peut le télécharger à cette adresse :
http://naiic.go.jp/wp-content/uploads/2012/09/NAIIC_report_lo_res10.pdf
Le résumé du Rapport Officiel de la Commission Indépendante sur l’Accident Nucléaire de Fukushima a été publié en anglais par la Diète Nationale du Japon le 5 juillet 2012.
C’est  ce  texte  qui  a  été  traduit  en  français  dans  les  pages  qui suivent. 
Résumant
 tous les rapports de la Commission, y compris le rapport  principal, 
 ce résumé  est destiné  uniquement  à  permettre  au public non 
japonais d’en prendre connaissance.
Depuis le 16 octobre 2012, la Diète
 a mis également en ligne la traduction anglaise de la totalité   du  
 rapport   que   l’on   peut   télécharger   partie   par   partie   à  
 cette adresse : http://naiic.go.jp/en/report/
Objectifs de la Commission d’Enquête
 
La Commission, la première en son genre dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon, a reçu son mandat de la Diète Nationale
 pour enquêter sur les causes de la catastrophe nucléaire de Fukushima, 
sur les dommages qui en découlent et sur l’efficacité de l’intervention 
d’urgence.
Elle a également été chargée
 d’enquêter sur la politique nucléaire du Japon et de proposer des 
recommandations pour éviter qu’une situation semblable ne se reproduise.
 Elle a tenu plus de 900 heures d’auditions et d’entretiens avec  plus  
de  1100  personnes.  Elle  a  été  en mesure d’utiliser les pouvoirs du
 corps législatif pour obtenir les documents et les preuves nécessaires.
 La Commission a agi au nom du peuple japonais, indépendante de tout 
membre élu de l’une des chambres de la Diète, des restrictions de la bureaucratie gouvernementale, et de l’influence du lobby financier nucléaire. 
Avertissement
Seul
 le rapport original en japonais a valeur de rapport officiel. La 
version française a été réalisée pour aider le public francophone à 
prendre connaissance de ce qui est arrivé au Japon. Les versions 
anglaises et françaises  ne  sont  pas  des  documents  officiels. 
 Seule  la  version japonaise du rapport intégral est officielle. Si des
 questions se posent quant à l’exactitude des informations contenues 
dans la traduction, il faut avant tout se référer à la version japonaise
 du rapport de la Commission. S’il y a des divergences ou des 
différences entre la version japonaise et les traductions anglaises ou 
françaises, la version en langue japonaise prévaut. Le texte original en
 japonais est disponible à cette adresse : http://naiic.go.jp/report/ 
II. TRADUCTION
«
 Nous avons entrepris de produire un rapport qui satisfasse aux plus 
hautes exigences de la transparence. Les habitants de Fukushima, la 
population du Japon et la communauté internationale ne peuvent   se 
contenter de moins. »
Kiyoshi Kurokawa, président de la Commission.
Traduction française
La traduction française du 
résumé du rapport officiel de la commission indépendante sur l’accident 
nucléaire de Fukushima a été initiée par le blog de Fukushima.  
Suite à l’appel lancé aux 
lecteurs en juillet 2012, un groupe de 8 personnes s’est constitué afin 
de traduire en français l’intégralité du résumé disponible en langue 
anglaise. 
Les traducteurs se sont 
partagé le travail, et chacune des parties traduites  a fait l’objet de 
plusieurs relectures contradictoires. Cette traduction coopérative, 
réalisée de manière totalement bénévole, est libre de droit. 
Elle peut donc être diffusée en tout ou partie, à partir du moment où le texte original  n’est  pas  transformé,  où la  source  est  mentionnée  et  où  il  n’en  est  pas  fait commerce. 
Cette édition française se 
place dans l’esprit qui a prévalu à la rédaction du rapport original, à 
savoir la diffusion des résultats d’une enquête indépendante des lobbys 
industriels ou des pressions politiques, avec une grande exigence de 
transparence et une volonté de diffusion internationale.
 Traducteurs
Robert Ash, Gilles D., Guy 
Fargette, Pierre Fetet, Odile Girard, Marie-France Payrault- Gaber, 
Jean-Marc Royer, Catherine Thirion.
Sigles
 L’industrie nucléaire 
emploie de nombreux sigles. Ils sont souvent développés dans le texte. 
Quand ce n’est pas le cas, se reporter au glossaire à la fin de 
l’ouvrage p. 101 à 104. 
Résumé
Président
Kiyoshi Kurokawa, médecin, chercheur à l’Institut National des Hautes Etudes en Sciences Politiques (GRIPS), ancien président du Conseil Scientifique du Japon
Membres
Katsuhiko Ishibashi, sismologue, professeur émérite de l’Université de Kobe
Kenzo Oshima, conseiller auprès du président de l’Agence de Coopération Internationale du Japon, ancien ambassadeur du Japon aux Nations Unies
Hisako Sakiyama, médecin, ancien directeur de l’Institut National des Sciences 
Masafumi Sakurai, avocat, ancien
 procureur-général du Bureau Suprême des Procureurs Publics, ancien 
inspecteur-général chargé de la Conformité Juridique, Inspection 
Générale du Ministère de la Défense 
Koichi Tanaka, ingénieur chimiste, chercheur à la Shimadzu Corporation
 Mitsuhiko Tanaka, journaliste scientifique 
Shuya Nomura, Professeur à la faculté de Droit de Chuo à l’Université de Chuo, avocat
 Reiko Hachisuka, président de la Société du Commerce et de l’Industrie, ville d’Okuma, préfecture de, Fukushima 
Yoshinori  Yokoyama,  concepteur  de  systèmes  sociaux,  directeur  du  Programme de  Gestion  de l’Université de Tokyo (Todai EMP) 
Conseillers de la Commission
Itsuro Kimura, Tatsuhiko Kodama Tatsuo Hatta 
Examinateurs
Takao Iida Makoto Saito Jun Sugimoto Isao Nakajima Takeshi Matsuoka Administration 
Toru Anjo, Directeur Général
  Sakon Uda, Directeur de l’Enquête
  
LA DIÈTE NATIONALE DU JAPON
L‘ACCIDENT NUCLÉAIRE  SANS PRÉCÉDENT  qui a débuté le 11 mars 2011 est le sujet du présent rapport, que nous présentons ici aux membres de la Diète Nationale du Japon pour avis. 
Cette démarche est conforme à la Loi sur la Commission d‘Enquête Indépendante sur l‘Accident Nucléaire de Fukushima.
 Environ six mois après la nomination de notre président et de ses 
membres en décembre 2011, notre tâche d’investigation est aujourd’hui 
terminée. 
Ce rapport est censé 
renforcer l‘autorité administrative du corps législatif et améliorer la 
supervision dans le domaine de l‘énergie nucléaire. 
En tant que première commission indépendante nommée par la Diète
 dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon, nous 
aimerions souligner à quel point il est important que ce rapport soit 
utilisé, dans l‘intérêt du peuple japonais et des peuples du monde. 
Message du président
Comment un tel accident 
a-t-il pu se produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation
 de sa réputation d’excellence en ingénierie et en technologie? Cette 
Commission est d’avis que le peuple japonais ‒ et la communauté mondiale
 ‒ méritent une réponse complète, honnête et transparente à cette 
question.
LE SÉISME ET LE TSUNAMI 
du 11 mars 2011 sont des 
catastrophes naturelles dont l‘ampleur a choqué  le monde entier. 
Quoiqu‘il  ait été déclenché par ces cataclysmes, l‘accident de 
Fukushima Daiichi  qui s‘en est suivi ne peut pas être considéré comme 
une catastrophe naturelle. 
Ce fut un désastre d’origine
 spécifiquement humaine ‒ qui aurait pu et aurait dû être prévu et 
empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse 
plus efficace. Nos rapports listent une multitude d’erreurs et de 
négligences délibérées qui ont laissé la centrale de Fukushima démunie 
devant les événements du 11 mars. Ils examinent également de graves 
lacunes dans la gestion de l’accident par TEPCO, les régulateurs et le 
gouvernement. 
Malgré  tous les détails 
qu‘il  fournit, ce rapport ne peut pas réellement faire comprendre, 
surtout à une audience internationale, l‘état d‘esprit qui a nourri  la 
négligence à la source de cette catastrophe. Ce qu‘il faut admettre, 
aussi douloureux soit-il, c‘est que nous avons à faire à un désastre « 
made in Japan ». 
Les raisons fondamentales 
sont à chercher dans le souci des convenances qui fait partie intégrante
 de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence
  à remettre en cause l‘autorité, notre attachement au « respect du 
programme », notre dépendance au groupe et notre insularité. Si d‘autres
 Japonais s‘étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de 
l‘accident,  le résultat aurait fort bien pu être le même. 
Après les «
 chocs pétroliers » des années 1970, le Japon a accéléré le 
développement de l‘énergie nucléaire pour s‘efforcer d‘assurer la 
sécurité énergétique nationale. 
C‘est ainsi que ce 
développement est devenu un objectif politique pour le gouvernement 
comme pour l‘industrie et qu‘il a été poursuivi avec cette détermination
 farouche qui a permis le miracle économique d‘après guerre au Japon. 
Forte d‘un tel mandat, l‘énergie nucléaire est devenue une force 
échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à
 une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion. À une 
époque où le Japon avait une grande confiance en soi, une petite élite 
soudée bénéficiant d’énormes ressources financières avait peu 
d‘égards pour ce qui n‘était « pas inventé ici ». 
Cette arrogance a été 
renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour
 laquelle le premier devoir de tout bureaucrate est de défendre les 
intérêts de son organisation. Poussée à l’extrême, cette mentalité a 
conduit les bureaucrates à placer les intérêts de l’organisation avant 
leur devoir primordial, qui est de protéger la population. C‘est 
seulement en l‘abordant ainsi que l‘on peut comprendre comment 
l’industrie nucléaire japonaise est passée à côté des leçons de Three 
Mile Island et de Tchernobyl, et comment il est devenu habituel de 
résister à la pression réglementaire et de dissimuler les petits 
accidents. C’est cette mentalité qui a conduit à la catastrophe de 
Fukushima Daiichi. 
Ce rapport critique 
sévèrement de nombreux individus et organisations, mais l’objectif n’est
 pas ‒ et ne devrait pas être ‒ la réprobation. L’objectif doit être de 
tirer les leçons de cette catastrophe, et de réfléchir profondément sur 
ses causes fondamentales, afin de s’assurer qu’elle ne se répète jamais.
 Parmi les leçons à tirer, beaucoup ont trait aux politiques et aux 
procédures, mais la leçon principale devrait inciter chaque citoyen 
japonais à se livrer à une profonde réflexion. 
Les conséquences de la 
négligence de Fukushima se sont révélées catastrophiques mais la 
mentalité sous- jacente se retrouve d‘un bout à l‘autre du Japon. 
En admettant ce fait, chacun
 d‘entre nous se doit de s‘interroger sur notre responsabilité en tant 
qu‘individus dans une société démocratique. Parce que nous sommes la 
première commission d‘enquête indépendante de la bureaucratie  et 
disposant de l‘aval  de la législature, nous espérons que cette 
initiative pourra contribuer au développement de la société civile 
japonaise. Et surtout, nous avons entrepris de produire un rapport qui 
satisfasse aux plus hautes exigences de la transparence. 
Les habitants de Fukushima, la population du Japon et la communauté internationale ne peuvent se contenter de moins.
Présentation
Le mandat de la Commission 
Le 30 octobre 2011, la Loi 
NAIIC (officiellement « Loi sur la Commission d‘Enquête Indépendante sur
 l‘Accident Nucléaire de la Centrale de Fukushima ») a été promulguée, 
créant de ce fait une commission indépendante qui devait enquêter sur 
l‘accident de Fukushima ; celle-ci avait toute autorité pour réclamer 
des documents et exiger de la branche législative  d‘utiliser ses 
pouvoirs d‘investigation afin d‘obtenir tout document ou preuve 
nécessaires. 
Ce fut la première commission indépendante créée dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon.
Le 8 Décembre 2011, notre 
président et neuf autres membres ont été nommés, et chargés par le 
porte- parole et le Président de la Diète Nationale du mandat suivant, conformément à l’article 10 de la Loi NAIIC :
1. Enquêter sur les causes 
directes et indirectes de l‘accident qui a frappé la centrale nucléaire 
de Fukushima, centrale appartenant à la compagnie d‘électricité  de 
Tokyo le 11 mars 2011, suite au grand séisme du Japon de l‘Est. 
2. Enquêter sur les causes directes et indirectes des dommages provoqués par l‘accident en question.
 3. Enquêter et vérifier la 
réponse d‘urgence à l‘accident ainsi qu‘aux dommages consécutifs, 
vérifier la séquence des événements et des actions menées, évaluer 
l‘efficacité de la réponse d‘urgence.
 4.  Enquêter  sur 
 l’histoire  des  décisions  et  des  processus  d’approbation 
concernant  les  politiques nucléaires et d’autres questions connexes.
 5. Recommander des mesures 
pour prévenir les accidents nucléaires et tout dommage en résultant, sur
 la base des conclusions des enquêtes ci-dessus. 
Les recommandations 
incluront l‘évaluation des principales mesures de la politique nucléaire
 et la structure des instances administratives associées. 
6. Assurer les fonctions administratives nécessaires pour mener à bien les activités mentionnées ci-dessus. 
Les attentes de la Commission 
Avant que la Commission ne commence son enquête, nous avons également reçu les directives suivantes du Conseil de la Commission Mixte sur les Règles et l’Administration des deux Chambres sur l‘accident de la centrale nucléaire de Fukushima de la Compagnie d‘électricité de Tokyo : 
- L‘enquête  doit être menée
 avec diligence par les experts en se plaçant d‘un point de vue logique,
 objectif et scientifique, sans pencher pour ou contre l‘énergie 
nucléaire.
- Le principe est de mener 
une enquête ouverte et approfondie, mais certaines informations et 
parties de l’enquête peuvent être réservées pour protéger le processus 
d’enquête de toute influence extérieure. 
- Il faut envisager une 
perspective globale de façon à ce que les résultats et les conclusions 
puissent aider à prévenir des accidents nucléaires autre part dans le 
monde.
 – L’enquête  doit  se 
 concentrer  sur  la  sécurité  publique  plutôt  que  sur  le 
 fonctionnement  des réacteurs nucléaires. 
- L’enquête doit tenir 
compte du fait que les séismes et les tsunamis sont toujours des 
événements imprévisibles, mais inévitables au Japon.
 – L‘enquête  doit permettre
 d‘aboutir à des recommandations utiles pour l‘avenir de la nation et 
fournir une opportunité de renforcer les instances législatives du pays.
 
Ce que nous avons fait 
Notre enquête a impliqué 
plus de 900 heures de consultations et d‘entretiens avec 1 167 
personnes. Nous avons fait neuf visites dans des centrales nucléaires, 
Fukushima Daiichi, Fukushima Daini, la centrale d‘Onawaga  de la 
compagnie d‘électricité Tohoku et la centrale de Tokai  de la Compagnie d‘Energie Nucléaire du Japon,
 afin de mener une enquête très approfondie. Pour assurer un degré 
maximum de divulgation de l’information, les 19 réunions de la 
Commission (sauf la première) ont été ouvertes au public et diffusées 
sur Internet en japonais, en anglais et à plus de 800 000 internautes. 
Nous avons également utilisé les médias sociaux, Facebook et Twitter,
 pour communiquer  avec  le  public  et  ainsi  recevoir  plus  de  170 
000 commentaires.  Pour  avoir  une perspective globale, nous avons 
envoyé trois équipes à l‘étranger et nous avons eu des entrevues 
avec des experts des États-Unis, de France, de Russie, d’Ukraine et de 
Biélorussie. En plus de cette version anglaise du résumé, l’intégralité 
du rapport sera bientôt publiée en anglais. Nous  nous  sommes  efforcés
 de  choisir  des  témoins  qui  avaient  des  postes  importants 
 au gouvernement, chez TEPCO et dans les instances de régulation, au 
moment de l‘accident. Afin  de  mieux comprendre  les points  de  vue 
 des personnes évacuées,  nous avons  tenu trois assemblées publiques au
 cours desquelles nous avons pu entendre de vive voix les opinions de 
plus de 400 participants. Nous avons également visité douze 
municipalités dans la zone d’évacuation – Futaba, Okuma, Tomioka, Namie,
 Naraha, Kawauchi, Hirono, Katsurao, Minamisoma, Tamura, Iitate, 
Kawamata – pour mener des entretiens et des enquêtes concernant les 
résidents et aussi les travailleurs de la centrale nucléaire. Nous avons
 reçu 10 633 réponses à un sondage auprès des résidents, et de 
nombreuses  réponses  des  travailleurs  de  la  centrale  provenant 
d’environ  500  entreprises  sous- traitantes.
 Ce que nous n’avons pas fait 
Il y a un certain nombre de 
choses que nous n‘avons pas faites, par manque de temps ou parce 
qu‘elles ne relevaient pas de nos priorités ou de notre mandat. 
Nous n‘avons pas étudié les 
questions concernant la politique future de l‘énergie du Japon, par 
exemple la promotion ou l‘abolition de l‘énergie nucléaire. 
Nous n’avons pas enquêté sur
 le traitement et la gestion des barres de combustible nucléaire usé. 
Nous n’avons pas procédé à des investigations qui nécessiteraient des 
visites dangereuses du point de vue de la radioactivité. 
Nous avons étudié la 
compensation des dommages et les problèmes de décontamination d’un point
 de vue systématique, mais nous n’avons pas examiné les processus 
spécifiques. 
Nous n’avons pas abordé les 
questions liées à la responsabilité de TEPCO dans le cas où 
celui-ci serait dans l‘incapacité de payer les coûts liés à l‘accident.
Nous n’avons pas abordé toutes les conséquences financières liées à l’accident. 
Nous n’avons pas abordé la remise en service des réacteurs nucléaires  à l‘arrêt pour des raisons diverses. 
Nous n‘avons pas non plus 
étudié les politiques gouvernementales et les règlements 
administratifs qui ne sont pas relatifs à des questions de sûreté 
nucléaire. 
Nous n’avons pas enquêté 
directement sur l’état des réacteurs de Fukushima impliqués dans 
l’accident, mais nous avons pris conscience de leur état au cours de 
notre enquête en nous fondant sur d‘autres sources. 
Nous  n‘avons  pas non plus 
tenté d‘évaluer  les méthodes de démantèlement  des réacteurs de 
Fukushima. Et finalement, nous n‘avons pas étudié les questions 
concernant la réhabilitation de l‘environnement entourant la centrale. 
Adaptation du Rapport spécial sur l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi de l’INPO [Institute of Nuclear Power Questions]
L’accident
 
Le 11 mars 2011, le grand 
séisme du Japon de l‘Est a déclenché un accident extrêmement grave à la 
centrale nucléaire de Fukushima Daiichi  dont la Compagnie d‘Electricité de Tokyo
 (TEPCO) est le propriétaire et l‘opérateur. Cet accident catastrophique
 a finalement été qualifié d‘accident de niveau 7 (« accident grave » ) 
selon l‘Echelle Internationale des Evénements Nucléaires 
(INES). Quand le séisme a eu lieu, le réacteur 1 de la centrale de 
Fukushima Daiichi était en fonctionnement normal  et produisait  la 
 quantité  d‘électricité  conforme  à  ses spécifications  ; les 
réacteurs 2 et 3 étaient en fonctionnement et les paramètres de chaleur 
étaient conformes aux spécifications ; les réacteurs 4, 5 et 6 faisaient
 l‘objet d‘une inspection périodique. La fonction d‘arrêt d‘urgence, ou 
SCRAM, a été activée  dans les réacteurs 1, 2 et 3, immédiatement  après
 le début de l’activité sismique. 
Les secousses sismiques ont 
endommagé les équipements de distribution électrique entre les sous- 
stations du transformateur Shinfukushima de TEPCO et la centrale de 
Fukushima Daiichi. Il existait une ligne de secours de 66 kV qui faisait
 partie du réseau de la Compagnie d‘Electricité Tohoku, mais cette ligne de secours n‘a pas pu alimenter le réacteur 1 en raison de connexions blindées de modèles incompatibles. 
Le tsunami causé par le 
séisme a inondé et totalement détruit les générateurs diesel de secours,
 les pompes de refroidissement à l‘eau de mer, le système de câblage 
électrique et l’alimentation en courant continu pour les réacteurs 1, 2 
et 4, ce qui a entraîné la perte complète de courant, sauf au réacteur 
6, alimenté par un générateur diesel de secours initialement dédié à la 
climatisation. En résumé, les réacteurs 1, 2 et 4 n‘avaient  plus aucune
 électricité  ; le réacteur 3 avait perdu son alimentation en courant 
alternatif, puis en courant continu avant l’aube du 13 mars 2012 [note 
du traducteur : erreur de date  dans  la  traduction  anglaise  du 
 rapport]  et  le  réacteur  5  avait  perdu  toute  son  alimentation 
électrique en courant alternatif. 
Le tsunami n’a pas 
uniquement endommagé les alimentations électriques. Le tsunami a aussi 
détruit ou emporté des véhicules, des équipements lourds, les réservoirs
 de fuel et de gravier. Il a détruit des bâtiments, des installations et
 d’autres machines. L’eau de mer du tsunami a inondé toute la zone des 
bâtiments et a même atteint les équipements de haute pression des 
réacteurs 3 et 4 ainsi que la piscine commune de refroidissement 
[des assemblages usés]. Une fois l‘eau retirée, les décombres résultant 
de l’inondation ont été éparpillés sur tout le site de la centrale, ce 
qui a entravé tout déplacement. Les plaques d’égout et de caniveaux 
avaient disparu, laissant des trous béants dans le sol. En outre, le 
séisme a soulevé, enfoncé ou fait s‘écrouler l’intérieur des bâtiments 
et les voies de passage, ce qui a rendu l’accès ou la circulation dans 
la centrale extrêmement difficiles. Les réparations ont également été 
interrompues tandis que les ouvriers s‘occupaient de réagir aux 
répliques sismiques intermittentes mais importantes et au tsunami. La 
perte de l’électricité a entraîné la perte soudaine des équipements de 
surveillance tels que les jauges, les compteurs, et les fonctionnalités 
de contrôle-commande dans la salle centrale. 
Les éclairages et les 
communications ont également été touchés. Les décisions et les réponses à
 l’accident ont dû être improvisées sur place par le personnel 
opérationnel, en l’absence d‘outils et de manuels valides. Le manque 
d‘électricité explique qu‘il ait été si difficile  de refroidir 
efficacement les réacteurs sans perdre de temps. Refroidir les réacteurs
 et en observer les effets dépendait largement de l‘électricité pour 
pouvoir injecter l‘eau sous haute pression, faire baisser la pression 
dans les réacteurs, injecter de l‘eau à basse pression, refroidir les 
enceintes de confinement des réacteurs et y faire baisser la pression, 
et se débarrasser de la chaleur résiduelle dans le dernier  échangeur de
 chaleur. La perte d‘accès mentionnée plus haut a empêché la mise en 
œuvre de mesures de première nécessité : un système d‘injection d‘eau 
alternatif avec des camions-citernes, la remise en état de 
l‘alimentation électrique, le contrôle de la configuration de l‘évent et
 la possibilité de sa commande. 
La  série  d’événements 
résumés  ci-dessus  donne  un  aperçu  de  la  gravité  de l’accident 
 qui  a finalement rejeté une énorme quantité de matières radioactives 
dans l’environnement. Ces événements sont décrits en détail dans le 
rapport complet.
Chronologie des événements qui ont suivi le séisme et le tsunami
  Réacteur 
1                      Réacteur 2                    Réacteur 
3                    Réacteur 4                                          
    En fonctionnement normal
14h46 : séisme SCRAM (arrêt d’urgence des réacteurs) Perte d’alimentation électrique extérieure en courant alternatif Mise en route automatique des groupes électrogènes de secours révision périodique Démarrage du refroidissement du cœur par le condenseur d’isolement (IC)
Ouvertures et fermetures répétées des vannes du système IC Démarrage du système de refroidissement du cœur du réacteur en situation d’isolation (RCIC) Démarrage du système de refroidissement du cœur du réacteur en situation d’isolation (RCIC) 15h37 : tsunami (à son apogée)
Perte totale d’électricité Perte totale des alimentations électriques (SBO) Perte totale d’électricité Vers   18h10 :   début de l’exposition du cœur (analyse)
Vers   18h50 :   début de l’endommagement du cœur  12.3 5h46 : début de l’injection d’eau douce
vers 14h30 : éventage 15h36 :         explosion d’hydrogène dans le bâtiment du réacteur 19h04 : début de l’injection d’eau de mer Interférence avec les opérations de secours 13.3 11h36 : arrêt du système RCIC 12h35 : Début de l’injection de sécurité à haute pression (HPCI)
2h42 : arrêt du HPCI 14.3 vers 9h10 : début de l’exposition du cœur du réacteur
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  | 
vers 9h20 : éventage  9h25 : début de l’injection d’eau douce | 
                        Retour d’hydrogène    en provenance      du réacteur 3 par un tuyau du système des gaz en attente (SGTS) | 
  | 
| vers   10h40 :   début del’endommagement du cœur | 
  | 
| 13h12 : début de l’injection d’eau de mer | 
  | 
| 14.3 | 
  | 
          Interférence avec les opérations de secours   13h25 : diagnostic d’arrêt du système RCIC | 
  | 
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| 11h01 :      explosion d’hydrogène dans le bâtiment  du réacteur | 
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| vers  17h00 :  débutde   l’exposition   du cœur du réacteur | 
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| vers  19h20 :  début del’endommagement du cœur | 
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| 19h54 : début de l’injection d’eau de mer | 
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| 15.3 | 
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| Vers                6h00 :endommagement de la chambre de suppression Rejet massif de matériaux radioactifs | 
Vers          6h00 :explosion d’hydrogène dans le bâtiment du réacteur | 
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Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012 
Conclusions et recommandations 
Conclusions
Après une enquête de six mois, la Commission a pu tirer les conclusions suivantes : Afin
 de prévenir de futurs sinistres, des réformes fondamentales doivent 
être faites. Ces réformes doivent couvrir à la fois la structure de 
l’industrie électrique, du gouvernement et des organismes de 
réglementation, ainsi que les processus de fonctionnement. Elles doivent
 couvrir les situations normales et les situations d’urgence.
Une catastrophe d’origine humaine
 L’accident nucléaire  de Fukushima a été le  résultat  d‘une
  collusion  entre  le gouvernement,  les organismes de réglementation 
et TEPCO, et de la gestion défectueuse des dites parties. Celles-ci ont effectivement trahi le droit de la nation à vivre à l’abri d’accidents nucléaires. Par conséquent, nous concluons que l’accident était clairement d’origine humaine. Nous croyons que les causes profondes étaient
 les systèmes organisationnels et réglementaires qui ont couvert des 
décisions et des actions erronées, plutôt que des questions relatives à 
la compétence d’un individu particulier. (cf. recommandation 1) 
Les causes directes de l’accident étaient toutes prévisibles avant le 11 mars 2011. 
Mais la centrale de 
Fukushima Daiichi fut incapable de résister au séisme et au tsunami qui a
 frappé ce jour-là. L’opérateur (TEPCO), les organismes de 
réglementation (la NISA et la NSC) et l’organisme gouvernemental de 
promotion de l’industrie nucléaire, le METI, ont tous échoué à 
correctement définir les exigences de sécurité les plus élémentaires, 
telles que l’évaluation de la probabilité d’un accident, la préparation à
 contenir les effets d‘un tel désastre, et l’élaboration de plans 
d’évacuation du public dans le cas d’un rejet important de 
radioactivité. TEPCO et l‘Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle
 (NISA) étaient conscients de la nécessité d’un renforcement structurel 
pour être en conformité avec les nouvelles normes, mais plutôt que 
d’exiger leur mise en œuvre, la NISA a déclaré que les mesures devaient 
être prises de manière autonome par l’opérateur. La Commission a 
découvert qu’aucune des protections nécessaires n‘avaient  été mises 
en œuvre sur les réacteurs 1 à 3 au moment de l’accident. Ce fut le 
résultat d’un consentement tacite de la NISA à accorder des délais dans 
la mise en œuvre de ces mesures de protection. En outre, bien que 
la NISA et les opérateurs aient été conscients du risque d’endommagement
 du cœur par le tsunami, aucune réglementation n‘a été établie, et TEPCO
 n‘a pas non plus pris les mesures de protection contre un tel 
événement. 
Depuis 2006, les régulateurs
 et TEPCO étaient conscients du risque de panne totale d’électricité à 
la centrale de Fukushima Daiichi si un tsunami devait atteindre le 
niveau du site. Ils étaient également conscients du risque 
d’endommagement du cœur du réacteur par la perte du refroidissement à 
l’eau de mer dans le cas d’un tsunami plus fort que celui qui avait été 
prévu par la Société Japonaise des Ingénieurs Civils. La NISA 
savait que TEPCO n’avait pas envisagé de mesures pour atténuer ou 
éliminer le risque, mais a omis de fournir des instructions spécifiques 
pour remédier à la situation. Nous avons trouvé la preuve que les 
organismes de réglementation demandaient ouvertement aux opérateurs 
quelles étaient leurs intentions à chaque fois qu’il était question de 
mettre en œuvre un nouveau  règlement.  
Par exemple, la NISA a 
informé  les  opérateurs qu’ils  n’avaient  pas besoin d’examiner une 
situation de panne totale (SBO) parce que la probabilité était faible et
 parce que d’autres mesures étaient en place. La NISA a ensuite demandé 
aux opérateurs de rédiger un rapport qui donnerait les raisons 
appropriées pour expliquer pourquoi cette mise en œuvre n’était pas 
nécessaire. Afin d’obtenir la preuve de cette collusion, la Commission a
 été forcée d’exercer son droit législatif pour obtenir  de  telles 
 informations  de  la  NISA ;  celle-ci  avait  refusé  de répondre  à 
plusieurs demandes.   Les régulateurs  ont également  eu  une  attitude 
négative face aux  nouvelles avancées scientifiques et technologiques 
qui auraient pu venir de l‘étranger. Si la NISA avait transmis à 
TEPCO les mesures incluses dans le paragraphe B.5.b de la loi 
sécuritaire américaine déclenchée par l‘attaque terroriste du 11 
septembre, et si TEPCO avait mis ces mesures en place, l‘accident aurait
 peut-être  pu être évité.
Il y a eu de nombreuses 
opportunités pour prendre des mesures préventives avant le 11 mars. 
L’accident s’est produit parce que TEPCO n’a pas pris ces mesures et que
 la NISA et la commission de sûreté nucléaire (NSC) n‘ont pas réagi. 
Ils ont aussi 
intentionnellement reporté la mise en place des mesures de sécurité, ou 
pris des décisions basées sur l’intérêt de leur organisation, et non pas
 agi dans l’intérêt de la sécurité publique. Du point de vue de TEPCO, 
la nouvelle réglementation aurait interféré avec l’exploitation des 
centrales et affaibli  la position de l‘entreprise dans d’éventuelles 
poursuites judiciaires. Ce fut une motivation suffisante pour s’opposer 
énergiquement à de nouvelles règles de sécurité et négocier avec les 
régulateurs via la Fédération des compagnies électriques (FEPC). 
Les régulateurs auraient 
dû prendre une position ferme pour le bien du public, mais ils ont 
échoué à le faire. Comme ils s‘étaient fermement convaincus eux-mêmes 
que les centrales nucléaires étaient sûres, ils étaient réticents 
à créer de nouveaux règlements. Le problème a encore été aggravé par le 
fait que la NISA avait été créée par le Ministère de l‘Économie, du Commerce et de l‘Industrie (METI), une institution qui s‘est toujours activement occupée de promouvoir l‘énergie nucléaire.
Les dommages du séisme
 Nous 
concluons que TEPCO a été trop rapide à avancer le tsunami comme cause 
de l’accident nucléaire et à nier que le séisme ait causé des dégâts. 
Nous croyons que le séisme a probablement endommagé l’équipement nécessaire pour assurer la sécurité et qu’il est possible qu’il y ait eu une légère
 perte du liquide de refroidissement dans le réacteur 1. Nous espérons 
que ces points seront examinés de façon plus approfondie par une 
prochaine enquête. (cf. recommandation 7)
 Même si les deux 
catastrophes naturelles – le séisme et le tsunami qui a suivi – ont été 
les causes directes de l‘accident, il reste plusieurs points dans le 
déroulement des événements qui n‘ont pas été éclaircis. La raison 
principale en est que presque  tout l‘équipement directement lié à 
l‘accident se trouve à l‘intérieur de l‘enceinte des réacteurs, qui sont
 inaccessibles et le resteront encore de longues années. 
Un examen complet et une 
analyse exhaustive sont donc impossibles actuellement. TEPCO n‘a 
cependant pas hésité à attribuer l’accident  au tsunami, et à conclure 
 que le séisme n’était pas responsable des dommages à l’équipement 
nécessaire à la sécurité (même s‘il a ajouté « dans la mesure où 
l‘information a pu être confirmée », une phrase qui apparaît dans les 
rapports de TEPCO  au  gouvernement  et  à  l’AIEA). Cependant, sans 
 preuve  de  fond,  il  est impossible  de considérer le tsunami comme 
la cause directe de l‘accident. La Commission estime qu’il s’agit là 
d’une tentative pour éviter toute responsabilité en mettant tout sur le 
compte de l‘inattendu (la hauteur du tsunami), comme il est écrit dans 
le rapport intermédiaire, et non pas sur le séisme, plus prévisible. 
Grâce à notre enquête, nous avons vérifié que les personnes impliquées étaient au courant du risque de séisme et de tsunami. 
En outre, les dommages 
causés au réacteur 1 ont été causés non seulement par le tsunami, mais 
aussi par le séisme, une conclusion établie après avoir examiné les 
faits suivants :
 1) La plus grande onde de choc du séisme a frappé après l’arrêt automatique (SCRAM) [des réacteurs]. 
2) La JNES a confirmé la possibilité d‘un accident localisé de perte de liquide de refroidissement. 
3) Les opérateurs du réacteur 1 se sont inquiétés de la fuite de liquide de refroidissement de la soupape de sécurité.
 4) La soupape de décharge 
ne fonctionnait pas. En outre, il y a eu deux causes à la perte 
d’alimentation externe, toutes deux liées au séisme: il n’y avait pas de
 systèmes redondants et diversifiés, ni de résilience parasismique pour 
les alimentations électriques externes, et par ailleurs, le poste de 
transformation de ShinFukushima n’était pas résistant aux séismes. (Voir
 la section 2 du résumé des résultats)
 Évaluation des problèmes opérationnels
La Commission conclut qu’il y a eu des problèmes organisationnels au sein de TEPCO. Si le niveau des connaissances,  de la
 formation et des inspections avait été plus exigeant, et si un guide 
d’instructions d’urgences spécifiques avait été donné en temps voulu aux
 travailleurs du site, une réponse plus efficace aurait été possible. (cf. recommandation 4) 
Il y a eu beaucoup de 
problèmes opérationnels sur place au cours de l’accident. Les événements
 montrent clairement que, quand le cadre permettant de répondre à un 
accident  grave n‘est pas en place, les mesures qui peuvent être prises 
sur place en cas de panne totale sont très limitées. Le travail de 
dépannage, comme la confirmation du fonctionnement du condenseur 
d‘isolation du réacteur 1, aurait dû être mené rapidement à cause de la 
perte de courant continu, mais ce ne fut pas le cas. TEPCO n’avait pas 
prévu de mesures pour le fonctionnement du condenseur et n’avait ni 
manuels complets, ni exercices périodiques, ce qui dénote clairement des
 problèmes d’organisation. En ce qui concerne la conduite de 
ventilation, effectuer des travaux de réparation sans électricité et en 
présence de niveaux de radiation croissants a dû être extrêmement 
difficile et chronophage. 
De plus, dans le manuel 
d’instruction concernant les accidents graves, des sections entières du 
diagramme [des opérations] étaient manquantes. Non seulement les 
travailleurs ont eu à travailler en utilisant un manuel imparfait, mais 
ils ont été pressés par le temps, travaillant dans le noir avec des 
lampes de poche comme seule source de lumière. 
La lenteur de la réponse a 
encore aggravé le manque de confiance du Kantei (bureau du premier 
ministre) dans la gestion de TEPCO, mais le travail a été accompli en 
réalité dans des conditions extrêmement difficiles. 
De nombreuses infractions 
aux divers niveaux de sécurité ont été commises simultanément, tandis 
les quatre réacteurs perdaient en même temps leur alimentation 
électrique. S’il n’y avait pas eu certains événements  fortuits  ‒  le 
 fait que  la  pompe  d’alimentation  en  eau à  haute pression 
 destinée  au refroidissement d’urgence (RCIC) du réacteur 2 ait 
fonctionné si longtemps,  l‘éclatement  de son panneau de soufflage et 
le relâchement de pression qui s‘en est suivi, et la rapidité avec 
laquelle les sous-traitants ont nettoyé les décombres ‒ les réacteurs 2 
et 3 auraient été dans une situation encore plus précaire. Nous avons 
conclu ‒ étant donné les lacunes dans la formation et la préparation ‒ 
qu‘une  fois  que  la  panne totale  est survenue,  impliquant  entre 
autres la  perte  de toute  source d’alimentation électrique directe, il
 était impossible de changer le cours des événements.
Les problèmes dans l’intervention d’urgence 
La Commission 
conclut que la situation a continué à se détériorer parce que le système
 de gestion de crise du Kantei, des régulateurs et des autres organismes
 responsables n’ont pas fonctionné correctement. Les limites définissant
 les rôles et les  responsabilités des uns et des autres étaient 
problématiques, en raison de leurs propres ambiguïtés. (cf. 
recommandation 2) 
Le gouvernement, les 
organismes de réglementation, la direction de TEPCO et le Kantei 
manquaient de préparation et d‘assurance pour effectuer une intervention
 d’urgence efficace  dans un accident de cette ampleur. C‘est pourquoi 
aucun d‘entre eux ne fut efficace pour prévenir ou limiter les dommages.
 La NISA était censée jouer le rôle principal, comme il est prévu dans 
la Loi sur les mesures spéciales concernant la préparation aux urgences 
nucléaires qui a été adoptée  en 1999 après un accident de criticité 
dans l’installation de conversion d’uranium à Tokaimura, (préfecture 
d’Ibaraki, société JCO). 
Toutefois, la NISA n’était 
pas préparée à une catastrophe de cette ampleur, et a échoué dans sa 
fonction. Dans la période critique, juste après l’accident, le Kantei 
n’a pas promptement déclaré l’état d’urgence. L’équipe régionale 
d’intervention d’urgence nucléaire devait être le lien entre le Kantei 
et l’opérateur, qui aurait dû tenir le Kantei informé de la situation 
sur le terrain. 
Au lieu de cela, le Kantei a
  contacté  le  siège  de TEPCO et  le  site  de  Fukushima 
directement,  et  a  perturbé la  chaîne  de commandement  prévue.  Une 
 équipe d’intervention mixte TEPCO/Kantei a été  créée au siège  de 
TEPCO le 15 mars, mais cette entité n’avait aucune autorité légale.
Le Kantei, les régulateurs 
et TEPCO avaient tous compris la nécessité de ventiler le réacteur 1. 
TEPCO avait fait savoir à la NISA, comme le protocole le demandait, 
qu‘il s‘apprêtait à ventiler. Mais il n’y a pas de confirmation que la 
décision de ventilation  ait été transmise à l‘encadrement du METI ou au
 Kantei. 
Cette faute de la part de la
 NISA et la rareté des informations en provenance du siège de TEPCO ont 
abouti à la perte de confiance du Kantei en TEPCO. 
Le Premier ministre s‘est 
rendu sur le site pour diriger les travailleurs  qui s’occupaient du 
cœur endommagé. Cette intervention directe et sans précédent du Kantei a
 détourné l’attention et le temps du personnel opérationnel sur place et
 a semé le désordre dans la ligne de commande hiérarchique. 
Alors que le siège de TEPCO 
était censé fournir un soutien à l’usine, en réalité, il s‘est 
subordonné au Kantei et a fini par tout simplement relayer les 
intentions du Kantei. Ceci fut une conséquence de l‘état d‘esprit 
existant chez TEPCO, à savoir une réticence à prendre des 
responsabilités, réticence incarnée par l’incapacité du président 
Shimizu à communiquer clairement ses intentions au Kantei concernant 
la centrale. 
Dans le même temps il est 
difficile  de conclure que c‘est le Premier  ministre qui a découragé 
d‘adopter l‘idée d‘un retrait complet de TEPCO, comme on a pu le voir 
dans d‘autres rapports, pour plusieurs raisons :
 1) Il n‘y a aucune preuve que la direction de TEPCO à la centrale ait même songé à un retrait complet,
 2) Il n‘y a aucune trace de décision qui aurait été prise au siège de TEPCO à propos d‘un retrait complet,
 3) L‘évacuation prévue 
avant la visite de M. Shimizu au Kantei envisageait de garder les 
membres de l‘équipe d‘urgence à la centrale (même si les critères 
d‘évacuation avaient été discutés),
 4) Le directeur-général de 
la NISA a indiqué que quand M. Shimizu l‘a appelé, il ne lui a pas 
demandé son avis sur la possibilité d‘un retrait complet, et 
5) Le centre de crise 
hors-site,  qui était connecté par un système de vidéo-conférence, a 
affirmé que l‘option du retrait complet n‘avait pas été discutée. La 
gestion de crise ayant trait à la sécurité publique devrait être assurée
 sans jamais avoir à compter sur la capacité et le jugement du Premier 
ministre.
Les problèmes d’évacuation
 La Commission conclut que la confusion dans l’évacuation des résidents découle de la négligence des régulateurs,  de l‘échec persistant à mettre en œuvre les mesures adéquates contre une catastrophe nucléaire, ainsi que d’un manque d’action des gouvernements précédents et des régulateurs sur la gestion
 des crises. Le système de gestion de crise qui existait pour le Kantei 
et les régulateurs devait protéger la santé et la sécurité du public, 
mais il a échoué dans cette fonction. (cf. recommandation 2) Le 
gouvernement central a été non seulement lent à informer les 
gouvernements municipaux de l’accident nucléaire, mais il a également 
omis de faire comprendre le degré de gravité de l’accident. De même, la 
vitesse de l’information dans les zones d’évacuation a considérablement 
varié en fonction de la distance de la centrale. 
Plus précisément, seulement 
20 pour cent des habitants de la ville proche de l’usine étaient au 
courant de l’accident lorsque l’évacuation de la zone des trois 
kilomètres a été ordonnée à 21h23 dans la soirée du 11 mars. La plupart 
des résidents de la zone des 10 km ont appris l’accident lorsque 
l’ordre d’évacuation a été émis à 5h44 le 12 mars ‒ plus de 12 heures 
après la notification de l’article 15 ‒ mais n’ont reçu ni explication 
de l’accident ni directives d’évacuation. 
De nombreux résidents ont dû
 fuir avec seulement le strict nécessaire et ont été forcés de se 
déplacer plusieurs fois et même parfois vers des zones ayant des niveaux
 élevés de radiations. Il y a eu une grande confusion dans l’évacuation,
 causée par des consignes de calfeutrement prolongé au domicile, 
consignes contredites par des « ordres d’évacuation volontaire » .  
Certains  résidents  ont 
 été  évacués  vers  des  zones fortement  irradiées  parce  que les 
informations de surveillance de la radioactivité n’avaient pas été 
fournies. Certaines personnes ont été évacuées vers ces zones,  ont 
ensuite été laissées sur place, et n‘ont plus reçu aucune nouvelle 
consigne d’évacuation avant le mois d‘avril. La Commission a confirmé 
que les plans de préparation à une urgence nucléaire et les mesures 
complexes de réponse à une catastrophe n‘avaient pas été mis à jour ; 
elle attribue cet état des choses aux réticences des régulateurs à 
améliorer et à réviser les plans d’urgence existants.
Des problèmes de santé et de bien-être publics non résolus 
La Commission 
reconnaît que les résidents de la zone touchée se battent encore contre 
les effets de l’accident. Ils continuent à faire face à de graves 
problèmes, comme les effets de l’exposition aux rayonnements sur la 
santé, les déplacements, la dislocation des familles, la perturbation de
 leur vie et de leurs modes de vie et la contamination de vastes zones 
de leur environnement. Il n’y a pas de fin prévisible aux activités de 
décontamination et de restauration qui sont essentielles pour la 
reconstruction des communautés. La Commission conclut que le 
gouvernement et les régulateurs ne sont pas pleinement engagés à 
protéger la sécurité et la santé publiques et qu’ils n’ont pas agi pour 
protéger la santé des résidents et restaurer leur bien-être. (cf. 
recommandation 3) 
Environ 150 000 personnes 
ont été évacuées. On estime que 167 travailleurs ont été exposés à des 
doses de plus de 100 millisieverts. Près de 1 800 kilomètres carrés de 
terres dans la préfecture de Fukushima auraient été contaminés par une 
dose de rayonnement cumulée de 5 millisieverts ou plus par an. Les 
défauts de la planification de l’évacuation ont conduit de nombreux 
résidents à recevoir une exposition inutile aux rayonnements. D’autres 
ont été forcés de se déplacer à plusieurs reprises, ce qui a entraîné 
une augmentation du stress  et des risques pour la santé ‒ incluant des 
décès chez les patients gravement malades. Le gouvernement doit analyser
 les conditions de vie des résidents dans les zones touchées et 
systématiquement planifier des mesures visant à améliorer leur qualité 
de vie. Ces mesures devraient inclure la réorganisation des zones 
d’évacuation, la restauration des bases de la vie quotidienne, les 
problèmes de décontamination et la reconstitution des systèmes médicaux 
et sociaux pour répondre aux besoins du public. Il ne l‘a pas encore 
fait. 
Les plus de 10 000 personnes
 qui ont répondu à nos enquêtes et les commentaires que des membres de 
la Commission ont entendus lors des réunions publiques jugent sévèrement
 la position actuelle du gouvernement. 
Alors que des seuils 
d‘exposition ont été fixés pour le syndrome d‘irradiation aigüe, 
il n‘existe pas de seuil généralement accepté pour les dommages de 
l‘irradiation à long terme causés par les faibles doses. Le consensus 
international, cependant, est que le risque s‘accroît en fonction de 
la dose reçue. L‘impact de l‘irradiation sur la santé peut varier 
d‘une personne à l‘autre selon l‘âge, la sensibilité  aux radiations et 
d‘autres facteurs, en partie inconnus. Après l‘accident, le gouvernement
 a annoncé de façon unilatérale une valeur  de référence pour les doses 
d‘irradiation sans donner à la population l‘information spécifique dont 
elle avait besoin  et qui lui permettrait de répondre à ce 
genre questions :  
Quel  niveau  est  tolérable  au  vu  des  effets  à  long  terme  sur  la  santé ?  
En  quoi les conséquences 
 sur  la  santé  diffèrent-elles  selon  les  individus ? Comment  les  
gens  peuvent-ils  se protéger contre les substances radioactives ? 
Le gouvernement n‘a pas 
sérieusement mis en place de programmes pour aider les citoyens à 
comprendre la situation et à se faire leur propre opinion. Il a échoué 
par exemple à expliquer les risques liés aux irradiations pour 
différentes couches de la population comme les nourrissons et les jeunes
 ou les personnes particulièrement vulnérables aux effets des 
radiations. 
Réformer les régulateurs 
La Commission a
 conclu que la sécurité nucléaire et celle de la population japonaise ne
 peuvent être assurées que  si les régulateurs passent par un  processus
 de transformation fondamentale. Toute l’organisation a besoin d’être 
transformée de manière substantielle. Les régulateurs japonais ont 
besoin de remettre en cause leur attitude insulaire, 
ignorante des normes de sécurité internationales et de se transformer en
 une entité mondialement crédible. (cf. recommandation 5)
Les régulateurs n’ont ni 
surveillé ni contrôlé la sécurité du nucléaire. Le manque d’expertise a 
abouti à une forme de neutralisation de la réglementation, et au report 
de sa mise  en œuvre.  Ils ont fui leurs responsabilités directes en 
laissant les opérateurs appliquer les règlements selon leur bon vouloir.
 
Leur indépendance vis-à-vis 
des politiques, des ministères pro-nucléaires et des opérateurs a été 
une parodie. Ils se sont montrés incapables et manquaient d’expertise et
 de volonté pour assurer la sécurité de l’énergie nucléaire. 
En outre, l’organisation 
manquait de transparence. Sans l’enquête menée par cette commission, la 
plupart des faits révélant la collusion entre les régulateurs et les 
autres acteurs n’auraient jamais été dévoilés.
 Réformer l’opérateur 
En s’appuyant de manière servile sur la bureaucratie gouvernementale du METI, TEPCO n’a pas assumé
 ses responsabilités en tant que société privée. Dans le même temps, 
sous les auspices de la FEPC, il a utilisé sa relation privilégiée avec 
les régulateurs afin d’émasculer toute réglementation. (cf. recommandation 4) 
La gestion du risque chez 
TEPCO illustre ce point. Par exemple, TEPCO n‘a examiné les risques de 
tsunami que du point de vue de ses propres intérêts : 
les risques peuvent-ils se 
traduire par un arrêt des réacteurs existants ou affaiblir la position 
de l‘entreprise dans d’éventuelles poursuites juridiques ? 
TEPCO a ignoré le risque potentiel pour la santé et le bien-être publics. (Voir la section 5) 
A cause du type de gestion 
des dirigeants de TEPCO ‒ un abandon de leurs responsabilités sur le dos
 du gouvernement ‒ les problèmes sont devenus évidents lors de 
l’accident. Ils ont donné la priorité aux intentions du Kantei plutôt 
qu‘à celles des ingénieurs techniques du site. Leur comportement  a 
toujours été incertain,  et le malentendu qui s‘est produit sur « 
l‘hypothèse d‘abandon total » de la centrale est un bon exemple de la 
confusion qui a résulté de leur comportement. (Voir la section 3) Après 
l’accident, TEPCO a continué de refuser la transparence dans la 
diffusion des informations. Il a limité les informations aux faits 
confirmés et s‘est arrangé pour ne pas divulguer les informations 
considérées comme incertaines ou gênantes. 
Pour ne donner que quelques 
exemples, citons le retard dans la communication des prévisions de la 
demande d‘électricité  qui servaient de base au coupures d‘électricité 
par roulement, et le manque de mises à jour sur les conditions des cœurs
 des réacteurs de la centrale.
Réformer les lois et les règlements
 La 
Commission conclut qu’il est nécessaire de revoir les lois et règlements
 en vigueur concernant l’énergie nucléaire. Des mécanismes doivent être 
mis en place pour veiller à ce que les dernières découvertes 
technologiques provenant de sources internationales soient reprises dans
 les lois et règlements en vigueur. (cf. recommandation 6)
 Les lois et les 
règlements liés à l’énergie nucléaire n‘ont été revus que comme des 
pis-aller à la suite d‘accidents réels. Ils n‘ont pas fait l‘objet d‘une
 révision sérieuse et complète qui correspondrait aux critères de 
réponse à un accident et aux mesures de sauvegarde d‘une norme 
internationale. En conséquence, les risques prévisibles n’ont pas été 
pris en considération. Les règlements existants sont principalement 
orientés vers la promotion de l’énergie nucléaire, et non  vers  la 
 sécurité,  la  santé  et  le  bien-être publics.  La  responsabilité 
 sans  équivoque  que  les opérateurs doivent assumer lors d‘une 
catastrophe nucléaire n’a pas été spécifiée. Il n‘y avait pas non plus 
de directives claires sur les responsabilités des parties en cas de 
situation d’urgence. Le concept de défense en profondeur utilisé dans 
d’autres pays n’a pas encore été pleinement pris en compte. 
Du rafistolage
Remplacer
 des personnes ou changer le nom des institutions ne va pas résoudre les
 problèmes. À moins que les causes profondes ne soient résolues, les 
mesures de prévention contre de futurs accidents similaires ne seront 
jamais efficaces. (cf. recommandations 4, 5 et 6)
 La Commission 
estime que les causes profondes de cet accident ne peuvent être résolues
 et que la confiance du peuple ne pourra être rétablie tant que cette « 
catastrophe d’origine humaine » sera considérée comme le résultat d’une 
erreur commise par une personne particulière. La question sous- jacente 
est la structure sociale qui a engendré cette neutralisation de la 
réglementation et le cadre organisationnel, institutionnel et juridique 
qui a permis aux individus de justifier leurs propres actions, de les 
cacher quand cela était gênant, sans laisser de traces, afin d’éviter 
toute responsabilité. À tous les niveaux, la Commission a rencontré une 
ignorance et une arrogance impardonnables chez toute personne ou tout 
organisme s’occupant d‘énergie nucléaire. 
Nous avons rencontré un mépris total des évolutions internationales et de la sécurité publique. 
Nous avons trouvé un 
fonctionnement routinier basé sur les procédures et les pratiques 
conventionnelles antérieures, la priorité étant d‘éviter de faire courir
 des risques à l’organisation. 
Nous avons trouvé un état d’esprit donnant la priorité aux intérêts de l‘organisation, et ceci au détriment du public.
Recommandations
Sur la base de ces 
constatations, la Commission  propose pour l‘avenir  les sept 
recommandations suivantes. Nous demandons instamment à la Diète Nationale du Japon de bien vouloir débattre et délibérer sur ces recommandations. Recommandation 1 : 
Suivi de l’organisme de réglementation nucléaire par la Diète Nationale 
Un comité permanent pour 
traiter des questions relatives à l’énergie nucléaire doit être établi à
 la Diète, afin de superviser les organismes de réglementation en charge
 de la sécurité publique. Ses responsabilités devraient être :
 1. Mener des enquêtes 
régulières et des audits sur les organismes de réglementation, les 
universitaires et les parties prenantes. 
2. Établir un organe 
consultatif comprenant des experts indépendants avec une vision globale 
pour mettre à jour les connaissances dont le comité a besoin dans ses 
transactions avec les régulateurs. 
3. Poursuivre les enquêtes sur les autres questions pertinentes. 
4.  Faire  des  rapports réguliers  sur  les  activités  des  régulateurs  et  la  mise   en œuvre des recommandations. 
Recommandation 2 : 
Réforme du système de gestion de crise 
Un réexamen fondamental du 
système de gestion de crise doit être engagé. Les limites qui séparent 
les responsabilités des autorités nationales et locales de celles des 
opérateurs doivent être claires. Cela comprend : 
1. Un réexamen de la 
structure de gestion de crise du gouvernement. Une structure doit être 
établie avec une chaîne de commandement consolidée et le pouvoir de 
faire face aux situations d’urgence. 
2. Les autorités nationales 
et locales doivent assumer la responsabilité de la réponse aux 
émissions de radiations hors du site. Ils doivent agir avec la santé et 
la sécurité publique comme priorité. 
3. L’opérateur doit assumer 
la responsabilité de gérer les accidents sur site, y compris l’arrêt des
 opérations, le refroidissement du réacteur et son confinement. Recommandation 3 :
 Responsabilité du gouvernement pour la santé publique et le bien-être
 En ce qui concerne
 les responsabilités de santé publique, les conditions suivantes doivent
 être mises en œuvre dès que possible :
 1. Un système doit être 
établi pour faire face aux effets à long terme sur la santé publique, 
y compris les maladies liées au stress. Le diagnostic médical et le 
traitement doivent être couverts par des fonds publics. L’information 
doit être diffusée pour assurer de façon prioritaire la santé et 
la sécurité publiques, plutôt que ce qui convient au gouvernement. Cette
 information doit être complète, afin que la population puisse prendre 
des décisions éclairées. 
2. La surveillance continue 
des points chauds et de la propagation de la contamination radioactive 
doit être gérée pour protéger les communautés et le public. Les mesures 
visant à empêcher toute propagation devraient également être mises en 
œuvre. 
3. Le gouvernement doit 
établir un programme détaillé et transparent de décontamination et 
de réinstallation et fournir des informations, qui permettent à tous les
 habitants d‘être informés sur leurs possibilités d‘indemnisation. 
Surveillance des opérateurs
TEPCO doit opérer des 
changements fondamentaux ‒ y compris le renforcement de sa gouvernance ‒
 orientés vers une culture d‘entreprise qui privilégie  la sécurité ; il
 doit modifier sa position sur la diffusion des informations et établir 
un système qui privilégie la gestion du site. 
Afin d’éviter que la Fédération des Compagnies Electriques
 (FEPC) soit utilisée comme « voie de passage obligée » des négociations
 avec les organismes de réglementation, de nouvelles relations entre les
 compagnies d’électricité doivent également être établies : elles 
doivent privilégier les questions de sécurité, la supervision mutuelle 
et la transparence. 
1. Le gouvernement doit fixer des règles et divulguer les informations concernant ses relations avec les opérateurs. 
2. Les opérateurs doivent 
mettre en place une veille technologique croisée favorisant le 
maintien des normes de sécurité aux plus hauts niveaux internationaux.
 3.TEPCO doit opérer une 
réforme  radicale  de l‘entreprise, incluant la gestion des risques, la 
gouvernance et la diffusion des informations ‒ la sécurité étant la 
seule priorité. 
4. Tous les opérateurs 
doivent accepter un organisme désigné par la Diète comme une autorité 
de surveillance de tous les aspects de leurs opérations, incluant la 
gestion des risques, la gouvernance, les normes de sécurité, avec le 
droit d‘enquêter sur place. Recommandation 5 : 
Critères du nouveau régulateur
 La nouvelle organisation du régulateur doit satisfaire aux conditions suivantes : 
1. L‘indépendance: 
La ligne hiérarchique, 
l‘autorité responsable, les procédures de travail doivent être : 
a)indépendants  des  organisations  gouvernementales,  b)  indépendants  des opérateurs  et  c) indépendants des politiques.
2. La  transparence:  
a)  Le  processus de 
 décision  doit  être  indépendant  des  actionnaires  des compagnies. 
b) Publier ces décisions est une nécessité absolue. c) Le comité doit 
garder les minutes des réunions avec les lobbies, les opérateurs des 
industries électriques et les organisations politiques et les rendre 
publics. d) Le parlement doit sélectionner, en dernière instance, les 
commissaires après avoir entendu les tierces parties. 
3. Le professionnalisme:
a) Le personnel doit avoir 
des compétences reconnues et satisfaire aux normes internationales.  Les
 programmes  d‘échanges  et  de  rencontres avec d‘autres régulateurs 
étrangers doivent être promus ; interactions et échanges au sein des 
ressources humaines doivent être multipliés b) Un organisme de 
régulation comprenant un personnel compétent doit être établi. c) La 
règle du non retour doit être appliquée sans exception. 
4. La consolidation:
Les fonctions des 
organisations, en particulier les communications d’urgence, la prise de 
décision et de contrôle, doivent être renforcées. 
5.  La  réactivité:  
Les  organisations 
 devraient  se  tenir  au  fait  des dernières connaissances  et 
technologies, et se soumettre à des activités de réforme en continu, 
sous la supervision de la Diète. 
Recommandation 6 : 
Réforme des lois relatives à l’énergie nucléaire 
Les lois concernant les questions nucléaires doivent être réformées en profondeur.
 1. Les  lois  existantes 
 doivent  être  améliorées  et réécrites  afin  de  satisfaire  aux  
normes internationales de sécurité et de protection de la santé publique
 et du bien-être. 
2. Les rôles des opérateurs 
et de tous les organismes gouvernementaux impliqués dans des activités 
d’intervention d’urgence doivent être clairement définis. 
3. Un  suivi  régulier  et 
 les  mises  à jour subséquentes  doivent être  mis  en  oeuvre afin  de
 se conformer  aux  standards  les plus  élevés  et  aux  dernières 
 découvertes technologiques  de  la communauté nucléaire internationale.
 
4. De  nouvelles  règles  
doivent  être  créées  afin  de :  a) superviser  les  opérations de 
 mise  en conformité  des  vieux  réacteurs,  b)  fixer  les critères 
 déterminant  si  les  réacteurs  doivent  être démantelés.
Mise en en place d’un système de commissions d’enquête indépendantes
Un système de nomination de 
commissions d’enquête indépendantes, incluant des experts venant surtout
 du secteur privé, doit être développé pour traiter des questions non 
résolues, incluant, entre autres, le processus de démantèlement des 
réacteurs, la gestion des combustible usés, l‘atténuation des effets des
 accidents et la décontamination.
 Résumé  des  résultats de l’enquête 1 
L’accident était-il évitable ?
La Commission a
 confirmé que le 11 mars 2011, la structure de la centrale nucléaire de 
Fukushima Daiichi n’était pas capable de résister aux effets du séisme 
et du tsunami, ni à un accident grave. En dépit du fait que TEPCO et les
 régulateurs étaient conscients du risque de ce genre de catastrophes 
naturelles, ils n’avaient pas pris de mesures préventives. C’est ce 
manque de préparation qui explique la gravité de l’accident. Capacité de résistance du réacteur n°1 de Fukushima Daiichi
La structure du réacteur 1 
était incapable de résister au puissant séisme et au tsunami massif 
du 11mars  2011.  Les  spécifications  de  la  centrale  ne  contenaient
  pas  les critères  de  résistance antisismique et anti-tsunami 
appropriés :
En effet,
1) à la fin des années 1960,
 au moment où les réacteurs 1 à 3 ont obtenu le permis de construire, 
les directives pour la construction des centrales nucléaires étaient 
insuffisantes ; 
2) la zone autour de la 
centrale était considérée comme une zone d‘activité  sismique minimale 
n’ayant jamais connu de dommages associés à un tremblement de terre. 
Basé sur cette évaluation, le niveau d’accélération au sol maximum a été
 fixé à 265 gal, un niveau remarquablement bas. En  1981,  une  « 
Directive pour  une conception antisismique  des  installations 
 nucléaires  de production d‘électricité » a été fixée par la NSC. En 
2006, la NSC a publié une version révisée de la précédente directive. La
 NISA a exigé que les opérateurs nucléaires évaluent la sécurité 
antisismique sur  leurs sites  en  conformité  avec  la  nouvelle 
 directive,  connue  sous  le  nom  de « vérification antisismique » 
 [le  backcheck].  En  mars  2008,  TEPCO  a  présenté  un 
rapport  intermédiaire  de vérification sur le réacteur 5 de Fukushima 
Daiichi, déclarant que ses mesures antisismiques étaient sûres et que le
 niveau de tolérance maximum de l‘accélération au sol était porté à 600 
gals. 
En 2009, la NISA a accepté 
le contenu du rapport intermédiaire sur le réacteur 5, alors que 
l’évaluation incluait le bâtiment du réacteur et seulement sept des 
nombreux équipements de sécurité de celui-ci. En juin 2009, des rapports
 similaires pour les réacteurs 1 à 4 et le réacteur 6 ont été soumis, 
mais ceux-ci étaient tout aussi limités. TEPCO n‘a publié aucun autre 
rapport de vérification  antisismique parce qu‘aucune évaluation de 
sécurité antisismique importante n‘a été réalisée. Alors que la date 
limite officielle de mise en place était juin 2009, TEPCO a pris la 
décision unilatérale de reporter la date limite à janvier 2016. 
TEPCO savait grâce aux 
procédures de vérification mises en place pour ce rapport intermédiaire 
que de nombreux renforcements étaient nécessaires pour répondre aux 
normes de la dernière directive, mais notre enquête a confirmé que TEPCO
 n‘avait ajouté aucun renforcement aux réacteurs 1 à 3 à la date du 
 séisme  du 11  mars.  
Bien que  la  NISA ait 
 reconnu  la  nécessité  des  renforcements  et  de  la vérification 
antisismique, le régulateur a échoué dans son rôle de supervision des 
travaux de TEPCO. Dans  leurs analyses  et  leurs  évaluations  après 
 l’accident,  TEPCO  et  la NISA  ont  tous  deux confirmé que 
quelques-unes des pièces de sécurité importantes de la tuyauterie et des
 supports du réacteur 5 n‘étaient pas aux normes de sécurité 
antisismiques au moment du tremblement de terre. Mais suite à son 
inspection visuelle, TEPCO a indiqué qu’il n’avait pas trouvé de dégâts 
matériels dans ces parties. la Commission estime cependant qu‘une 
conclusion niant les dégâts du séisme ne peut pas être légitimement 
 établie, tant qu‘une inspection complète, incluant un contrôle non 
destructif n‘aura pas été mené. 
La Commission estime que 
cette même conclusion est valide pour les réacteurs 1 à 3, qui sont 
beaucoup plus anciens que le réacteur 5. La section 2 de ce rapport 
comprend des détails montant que  le  séisme  enregistré  à  Fukushima 
 Daiichi  a dépassé  les  hypothèses  de  la dernière directive. 
Il est clair que les mesures antisismiques de renforcement nécessaires n’étaient pas en place au moment du séisme du 11 mars.
L’absence de mesure de lutte contre les tsunamis
 La construction de
 l’usine de Fukushima Daiichi qui a débuté en 1967 était basée sur les 
connaissances en sismologie de cette époque-là. Comme la recherche a 
continué au fil des ans, les chercheurs ont souligné à plusieurs 
reprises la forte probabilité de tsunamis dont les niveaux dépasseraient
 les hypothèses formulées au moment de la construction, ainsi que la 
possibilité d’endommagement du cœur dans l‘éventualité de tels tsunamis.
 
TEPCO a négligé ces 
avertissements, et les faibles marges de sécurité qui existaient étaient
 loin d’être suffisantes pour faire face à une telle situation 
d’urgence. Depuis 2006, les autorités réglementaires et TEPCO ont 
échangé des informations sur la possibilité d’une panne totale 
d’électricité résultant de tels tsunamis. 
Ils étaient également 
conscients du risque de dommages au cœur des réacteurs à la suite d’une 
panne des pompes d’eau de mer si l’ampleur d’un tsunami s‘avérait être 
supérieure  à l’évaluation faite par la Société japonaise des ingénieurs
 civils.
Cette absence 
d’améliorations a été la source d‘au moins trois problèmes essentiels : 
Premièrement, la NISA  n‘a  publié  aucune  information  sur  ses 
 évaluations  ou  ses instructions  de  réexamen  des hypothèses 
utilisées dans la conception des moyens de défense vis-à-vis des 
tsunamis. La NISA n’a pas non plus conservé les dossiers d’évaluations 
ou d‘instructions. En conséquence, les tierces parties n‘ont jamais pu 
connaître l’état réel de la situation. 
Le deuxième problème 
concerne la méthodologie utilisée par la Société japonaise des 
ingénieurs civils pour évaluer la hauteur du tsunami. Bien que le 
processus de choix de la méthode ait été obscur et qu‘il ait impliqué la
 participation des compagnies d’électricité, ce qui est inacceptable, la
 NISA a accepté cette méthode comme conforme sans examiner sa validité. 
Un troisième problème est 
l’interprétation et le choix arbitraires d’une théorie des probabilités.
 TEPCO a tenté de justifier sa croyance en la faible probabilité 
d‘occurrence d‘un tsunami et a utilisé les résultats d’un processus de 
calcul biaisé pour ignorer la nécessité de mettre en place des contre- 
mesures. TEPCO a aussi prétendu que ce serait utiliser une méthodologie 
d‘incertitudes techniques que de fonder une évaluation de la sécurité 
contre les tsunamis sur une démarche faisant appel aux probabilités ; 
TEPCO a utilisé cet argument pour retarder la mise en œuvre des mesures 
de lutte contre les tsunamis. En tant qu‘agence  de régulation  la NISA 
était au courant du retard de TEPCO à appliquer les contre-mesures, 
 mais n’a pas réagi avec des instructions ou des demandes spécifiques. 
Elle n‘a pas non plus suivi de façon adéquate les progrès de la 
vérification. 
La raison pour laquelle 
TEPCO a négligé le risque important d’un tsunami relève de sa manière de
 gérer les risques, manière dans laquelle l’interprétation des problèmes
 a souvent été ajustée pour répondre  aux intérêts propres de 
l‘entreprise. Dans  une structure de gestion saine   des risques, 
le gestionnaire  envisage  et  met  en  œuvre des  mesures,  même  si 
 les  détails doivent  encore  être scientifiquement confirmés. Plutôt 
que de tenir compte des faits connus et de rapidement mettre en œuvre 
les contre-mesures,  TEPCO a eu recours à des tactiques dilatoires, 
comme la présentation d’autres études scientifiques et le lobbying.
Des mesures non conformes aux normes internationales
 Toutes les mesures
 de lutte contre un accident grave qui étaient en place au Japon étaient
 inefficaces en pratique. Les  hypothèses à la base des mesures de lutte
 contre un accident grave n‘envisageaient que des questions internes, 
tels que l’erreur opérationnelle d‘origine humaine et n‘envisageaient 
pas les facteurs  externes  tels que  séismes  et  tsunamis, alors  même
  que  le  Japon  est  connu  pour être fréquemment confronté à ces 
événements naturels. 
Dès le début, les opérateurs
 ont été autorisés à fixer des mesures de lutte contre les accidents 
graves de manière autonome. En 1991, le groupe de concertation sur les 
problèmes courants [Common Issue Discussion Panel] de la NSC a 
explicitement déclaré que « la gestion des accidents ‒ y compris 
les mesures opportunes et flexibles qui pourraient être nécessaires dans
 des situations réelles ‒ devait être envisagée et mise en œuvre par les
 opérateurs en fonction de leur ―compétence technique‖ et de 
leur ―expertise‖, sans exiger de l’autorité une réglementation des 
détails spécifiques. »
Les mesures de lutte contre 
les accidents gaves qui ont été fixées de manière autonome par 
l‘opérateur n‘étaient même pas conformes aux normes prévues par les 
organismes de réglementation. En fait, les équipements de sécurité 
contre les accidents graves se sont avérés avoir une capacité de 
résistance plus faible que les équipements de sécurité conformes aux 
normes utilisés pendant le fonctionnement normal. De toute évidence, le 
fait d‘utiliser des équipements de sécurité contre les accidents graves 
qui soient moins performants que les équipements utilisés en 
fonctionnement normal anéantit  le  concept  même  de ces mesures  de 
 sécurité. Parce  que  soumises  à  une  supervision inadéquate, les 
mesures mises en œuvre contre les accidents graves au Japon étaient 
inefficaces  en pratique par rapport aux mesures en place à l’étranger, 
et ont provoqué d‘importants délais de réaction.
Permettre  aux opérateurs de
 mettre les mesures en œuvre de façon autonome leur a également laissé 
 une  grande  liberté  pour  négocier  avec  les  régulateurs les 
conditions  d‘application  via  la Fédération des Compagnies Electriques (FEPC). 
Cela fut particulièrement le
 cas après 2010 quand les régulateurs ont commencé à envisager d‘aligner
 les mesures de lutte contre les accidents graves sur les standards 
internationaux et que les opérateurs, par l’intermédiaire de la FEPC, 
ont commencé à exercer de fortes pressions sur les régulateurs pour 
ralentir le processus. 
Les opérateurs ont négocié avec les régulateurs avec deux perspectives en tête : 
1) éviter ou minimiser le risque de poursuites potentielles ;
 2) éviter des obligations 
de mise en conformité qui pourraient interférer avec le fonctionnement 
des réacteurs existants. Encore une fois, cela a eu pour conséquence que
 rien n‘a été fait pour se préparer contre les accidents graves comme 
celui qui a eu lieu à compter du 11 mars ; le genre d‘accident qui n‘a 
 que très peu de chance  de se produire,  mais  qui  provoque, quand il 
survient, des situations catastrophiques. 2 L’accident : l’escalade
La Commission a soigneusement étudié le déroulement de l’accident. Nous avons essayé d’établir si l‘accident aurait pu être contenu et s’il aurait pu être encore plus grave. Nous avons également examiné le rôle du séisme dans l’accident, et  la validité   de  l’hypothèse  TEPCO  selon  laquelle  le tsunami aurait été la seule cause directe. 
Le déroulement de l’accident
Les mesures mises en place 
pour prévenir un accident grave à l’usine de Fukushima Daiichi étaient 
loin d’être suffisantes. Le système d’alimentation électrique était 
particulièrement fragile d‘un point de vue défensif et a souffert de son
 manque de redondance, de diversification et d’autonomie. Bien que la 
centrale soit reliée à un certain nombre de lignes électriques 
extérieures, il n’y avait que deux stations- source, lesquelles ont été 
mises hors service par le séisme, ce qui a provoqué une perte 
d’alimentation externe pour tous les réacteurs. Les générateurs diesel 
et d’autres équipements d’alimentation du site, y compris les 
 équipements de distribution électrique  étaient tous situés au sein ou à
 proximité de la centrale et ont été inondés par le tsunami qui a frappé
 peu de temps après. Les hypothèses concernant une panne totale [SBO] ne
 comprenaient  pas la perte de l‘alimentation en courant continu ; c‘est
 pourtant exactement ce qui s’est passé. Dans le chaos qui a suivi le 
désastre causé par le tsunami, les travailleurs ont été grandement 
entravés dans leurs efforts. La perte des fonctions de la salle de 
contrôle, de l’éclairage et des systèmes de communication et la lutte 
pour livrer des équipements et des matériaux dans une centrale jonchée 
de décombres ont été encore exacerbées par la répétition des répliques. 
Cela non plus n‘avait  pas été anticipé. Les manuels de gestion 
détaillée des accidents graves n’étaient pas à jour, les schémas et les 
documents décrivant les procédures de ventilation étaient incomplets ou 
manquants. La priorité n‘avait pas été suffisamment  axée sur les 
simulations  et la  formation  aux situations d‘urgence. Cela  est 
symptomatique des problèmes institutionnels de TEPCO. Les réacteurs 1, 3
 et 4 ont explosé, et l‘enceinte de confinement a été endommagée dans le
 réacteur 2. Le cœur des réacteurs 5 et 6 n‘a pas été endommagé, car ces
 réacteurs étaient à l‘arrêt en toute sécurité. La Commission a 
découvert qu‘en réalité, une situation encore pire aurait pu se produire
 dans les réacteurs 2 et 3, et que la situation dans les réacteurs 5 et 6
 aurait pu facilement se dégrader. Si des mesures préventives contre le 
terrorisme avaient été mises en place, l‘accident aurait pu être géré 
 et évoluer  de  manière différente.  Le  combustible  usé  de  la 
 piscine  du  réacteur  4  aurait  pu être endommagé et des effets plus 
sévères auraient pu affecter une superficie plus vaste. A ce stade, cet 
accident désastreux aurait aisément pu se transformer en un scénario 
encore plus effrayant.

 
Vérification des événements 
L‘accident  est très 
clairement dû à des phénomènes naturels : le tremblement de terre et le 
tsunami qui l‘a suivi. Pourtant, un certain nombre de facteurs 
importants ayant trait à la façon dont l’accident a évolué restent 
inconnus, principalement parce qu’une grande partie des équipements 
essentiels et de la tuyauterie touchés par cet accident sont à 
l’intérieur de l’enceinte de confinement des réacteurs et resteront donc
 hors de portée des inspecteurs pendant de nombreuses années. 
En dépit de cela, TEPCO 
précise dans son rapport d’enquête provisoire que les équipements de 
sécurité essentiels n’ont pas été endommagés par le tremblement de 
terre, et que la principale cause de l’accident est le tsunami. 
Dans ce rapport, on trouve 
une clause de non-responsabilité précisant que celui-ci s‘appuie sur des
 résultats « [valables] dans la mesure de leur confirmation » Le 
gouvernement a également écrit un rapport d’accident similaire qui a été
 soumis à l’Agence Internationale d’Energie Atomique (AIEA). 
Nous avons mené nos 
investigations et nos consultations avec soin, soucieux de ne pas tirer 
de conclusions hâtives qui s‘appuieraient sur des mesures décidées 
d‘avance. La Commission reconnaît la nécessité pour les régulateurs et 
pour TEPCO de revoir et de vérifier les causes de l’accident sur la base
 des faits suivants : 
1. De fortes secousses ont 
débuté à la centrale 30 secondes après le SCRAM et la centrale a été 
durement secouée pendant plus de 50 secondes. Cela ne signifie pas que 
les réacteurs nucléaires n‘aient pas été impactés par les mouvements 
sismiques. On pense que le mouvement au sol a été assez fort pour 
endommager certaines fonctions de sécurité essentielles, parce que les 
vérifications des plans de résistance aux séismes et des renforcements 
antisismiques n’avaient pas été faites.
2. Les niveaux  de pression 
du réacteur et de l’eau montrent clairement  qu‘une perte massive 
de réfrigérant primaire n’a pas eu lieu dans la période comprise entre 
le séisme et le tsunami. Cependant ‒ comme  l‘écrit  l‘Organisation 
 japonaise pour  la sûreté nucléaire  (JNES)  dans  les  « résultats 
techniques » donnés par la NISA ‒ une perte minime de réfrigérant 
provenant d’une fissure dans la tuyauterie et occasionnant  une fuite de
 liquide de refroidissement ultérieure n‘affecterait pas le niveau de 
l’eau ou la pression du réacteur ; elle aurait pu se produire sans être 
visible pour les opérateurs. Si ce genre de perte minime de réfrigérant 
reste incontrôlé pendant 10 heures, des dizaines de tonnes de liquide de
 refroidissement pourraient fuir, conduisant à un endommagement ou une 
fusion du cœur.
 3. Le rapport provisoire de
 l’enquête menée par le gouvernement, les « résultats techniques » de la
 NISA et plus particulièrement le rapport provisoire de TEPCO, ont tous 
conclu que la perte de l’alimentation   d’urgence en courant alternatif ‒
 qui a certainement eu un impact sur l‘évolution de l’accident ‒ « a été
 causée par l’inondation due au tsunami ». 
Le rapport de TEPCO dit que 
la première vague du tsunami a atteint le site à 15h27 et la seconde à 
15h35. Mais ce sont les moments où les capteurs fixés à 1,5 km au large 
des côtes ont détecté les ondes, et non pas ceux où le tsunami a frappé 
la centrale. Cela donne à penser qu’au moins la perte de l’alimentation 
de secours A dans le réacteur 1 pourrait ne pas avoir été causée par les
 inondations. Sur cette base, certaines questions fondamentales doivent 
faire l‘objet d‘une explication logique avant d‘affirmer définitivement 
que les inondations ont été la cause de la panne totale. 
4. Plusieurs employés des 
fournisseurs de TEPCO qui travaillaient au quatrième étage du bâtiment 
du réacteur 1 au moment du séisme ont été témoins d‘une fuite d’eau sur 
cet étage qui abrite deux grandes cuves pour le condenseur d‘isolation 
et la tuyauterie de ce condenseur. La Commission estime que cette fuite 
ne venait pas d‘un débordement de l‘eau de la piscine de combustible usé
 du cinquième étage. Toutefois, étant donné que nous ne pouvons pas 
aller à l’intérieur de la centrale et effectuer une inspection sur 
place, la source de cette fuite reste à confirmer. 
5. Les condenseurs 
d‘isolation (systèmes A et B2) du réacteur 1 ont été fermés 
automatiquement à 14h52, mais l’opérateur du réacteur 1 a arrêté 
manuellement les deux condenseurs 11 minutes plus tard [15h03]. TEPCO a 
toujours maintenu que cet arrêt manuel s‘expliquait par « le fait qu‘on 
avait jugé que le taux d‘excursion horaire de la température du liquide 
de refroidissement du réacteur ne pouvait pas être maintenu à moins de 
55 degrés (Celsius), ce qui est le point de référence fourni par le 
manuel opérationnel ».  Le  rapport  de  l’enquête  dirigée  par  le 
 gouvernement, ainsi que  le  rapport  du gouvernement à l’AIEA, 
affirment la même chose. Toutefois, selon plusieurs travailleurs 
impliqués dans l‘arrêt manuel des condenseurs qui ont répondu à notre 
enquête, ils ont arrêté les condenseurs pour vérifier si le liquide de 
refroidissement s’échappait des condenseurs ou d‘autres tuyauteries, 
parce que la pression du réacteur baissait rapidement. Alors que les 
explications de l‘opérateur [de quart] sont raisonnables et correctes, 
l’explication de TEPCO est irrationnelle. 
6. Il n’existe aucune preuve
 de l’ouverture de la vanne de sécurité au réacteur 1, même si c‘est la 
procédure habituelle en cas d‘accident. Par contre, ces documents sont 
disponibles pour les réacteurs 2 et 3. Nous avons constaté que le bruit 
de l’ouverture du clapet de sécurité pour le réacteur 2 a été entendu à 
la salle de contrôle centrale et dans le réacteur 2, mais aucun employé 
travaillant au réacteur 1 n‘a entendu le bruit de l’ouverture de la 
soupape de sécurité du réacteur 1. 
Il est donc possible que 
l‘ouverture de la soupape du réacteur 1 n‘ait pas fonctionné. Dans ce 
cas, un accident minime de perte de réfrigérant causé par le mouvement 
sismique pourrait avoir eu lieu dans le réacteur 1.
3 La réponse d’urgence à l’accident
La Commission a
 enquêté sur la manière dont TEPCO, les agences de régulation, le 
gouvernement et le Kantei (Cabinet du Premier Ministre) ont répondu à 
l’accident ‒ y   compris   les   premiers   stades   de   la   réponse,   le développement   de l‘accident,  le  système  d’intervention d’urgence et le système de gestion de crise. La réponse de TEPCO à l’accident.
Au moment de l’accident, ni 
le Directeur exécutif ni le Président de TEPCO n’étaient présents ni 
joignables, situation inconcevable pour un opérateur de centrales 
nucléaires. Les deux hommes avaient également une compréhension 
différente de la structure de la Réponse d’Urgence, un fait qui a très 
probablement contribué au retard dans la réponse de TEPCO à l’accident. Le
 manuel de TEPCO pour la réponse à un accident grave était complètement 
inefficace, et les mesures qu’il recommandait n‘ont  pas fonctionné. Ce 
manuel présupposait que les mesures des paramètres de fonctionnement du réacteur seraient lisibles, mais il n’avait pas envisagé un blackout prolongé
 de l’installation comme ce qui s’est produit à Fukushima et qui a 
empêché toute gestion de ces paramètres. La chaîne de commandement a été
 perturbée durant la période d’urgence. Dans une situation d’accident, 
la direction de la centrale était supposée communiquer avec la NISA (Agence de Sûreté industrielle et nucléaire) à partir du site déporté ERC (Centre de Réponse d’Urgence), mais
 cela n’a pas été possible par suite du dysfonctionnement de ce site, 
qui se trouvait dépourvu de courant électrique à la suite du tremblement
 de terre. La situation réelle de la ventilation de l’unité 1 n’a pas 
été communiquée à la NISA, ni au Cabinet du Premier ministre, ce qui a 
favorisé une atmosphère de méfiance entre la direction  TEPCO du  site, 
 les agences de régulation  et  le Cabinet  du Premier ministre. 
La décision du Premier 
ministre qui en a résulté, d‘aller sur le site et donner des 
instructions, n’a pas seulement pris du temps aux opérateurs du site, 
mais a perturbé la chaîne de commandement prévue entre la compagnie 
nucléaire, les agences de régulation et le Cabinet du Premier Ministre.
 Si la direction de TEPCO avait communiqué activement la situation du 
site dès le début, et expliqué la gravité de la situation aux autres 
parties, il est possible que la méfiance ‒ et la confusion qui a 
suivi dans la chaîne de commandement ‒ auraient pu être évitées. La 
direction de TEPCO n’a pas non plus produit de support technique 
suffisant. Alors que la situation de l’Unité 2 continuait de se 
détériorer, Masao Yoshida, le directeur général de la centrale de 
Fukushima, a demandé un avis technique au PDG et VP Sakae Muto, mais 
celui-ci en transit depuis le site déporté n’a pu répondre. La direction
 de TEPCO n’a pas non plus réussi à protéger Yoshida des questions 
directes du Kantei, et a approuvé les instructions de M. Madarame, 
directeur de la NSC, bien que celles-ci aient été contraires aux 
décisions prises sur le site, la vraie première ligne de réponse à 
l’accident. Enfin, la mentalité de l’encadrement de TEPCO de 
« soumission à l’autorité » a entravé leur action. La confusion produite
 par le commentaire du Président Shimizu à propos de « l’évacuation », 
et l’intervention du Kantei résultent de cette mentalité. Au lieu de 
prendre des décisions déterminées et de les communiquer clairement au 
gouvernement, TEPCO a suggéré ce qu’elle pensait que le gouvernement 
voulait et a donc échoué à transmettre la réalité du terrain. 
Il est difficile de conclure
 que ce serait le Premier ministre qui aurait découragé l’idée d’une 
évacuation complète, comme il a été rapporté ailleurs, pour diverses 
raisons :
 1) la direction du site n’a jamais envisagé un retrait complet de ses employés ; 
2) il n’y a pas de preuve qu’une décision en faveur d’un retrait complet ait été prise à la direction de TEPCO, 
3) le plan d’évacuation, 
préparé avant la visite de Shimizu au Kantei, prévoyait de maintenir des
 membres de la Réponse d’Urgence à la centrale ; 
4) le Directeur-général de 
la NISA, que M. Shimizu a contacté, a assuré qu’il n’avait pas 
été consulté pour une évacuation totale ; 
5) l’équipe du site déporté,
 jointe par un système de vidéoconférence, a certifié qu’il n’y avait 
pas de discussion sur l’hypothèse d’une évacuation complète. Il est 
clair qu’il y a eu une incompréhension de la part du Kantei, mais la 
raison fondamentale tient à la mentalité des dirigeants de TEPCO, fait 
de déférence et de dépendance vis-à-vis de l’autorité gouvernementale, 
et à l’abdication de leurs propres responsabilités, malgré la nature 
privée de l’entité. 
Les organisations de réponse d’urgence du gouvernement
Au moment de l’accident, le 
système de réponse gouvernemental à un accident n’a pas fonctionné comme
  prévu.  Les  systèmes  prévus  en  cas  de  catastrophe  ‒  comme les 
 infrastructures  de communication et de transport ‒ étaient hors 
d’usage à cause du tsunami et du tremblement de terre. L’échec du 
système gouvernemental de réponse à l’accident dans les premiers temps a
 été l’un des facteurs qui ont poussé le Kantei à augmenter son 
implication dans la réponse à l’accident. 
Le système gouvernemental de réponse à l’accident était constitué principalement : 
*du Centre de Réponse à l’Urgence Nucléaire du Premier ministre, 
*du Secrétariat du Centre de la Réponse à l’Urgence Nucléaire de la NISA
 *et de l’Equipe Régionale de la Réponse à l’Urgence Nucléaire. Dans l’ensemble, aucune de ces organisations n’a fonctionné comme prévu. 
Le Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire  du  Premier  ministre, et  son Secrétariat étaient
 censés diriger la coordination globale  des  mesures  de  Réponse 
d’Urgence, telles que les mesures destinées à protéger les habitants   à
 proximité,   mais   ils   ont   été incapables de mener ces tâches à 
bien. Bien que l’intervention du Kantei ait contribué à aggraver la 
catastrophe, l’échec du Secrétariat du Centre pour l’Urgence nucléaire à
 collecter et à partager les informations sur l’évolution de l’accident 
et de l‘intervention a constitué un facteur significatif. De plus, l’équipe régionale de la Réponse à l‘Urgence  nucléaire  n’a
  pas pris  d’initiative  dans l‘intervention  locale  sur l’accident, 
comme  par exemple l‘émission d’un ordre d’évacuation. Cela est dû à 
l‘arrivée  simultanée du tremblement de terre, du tsunami et de 
l’accident nucléaire, et à l’absence d’une préparation à un accident 
grave et prolongé. Le Centre de Gestion de Crise, situé dans le
 bâtiment du Kantei, était déjà saturé par la gestion des conséquences 
du tremblement de terre et du tsunami, et se trouvait dans l’incapacité 
de répondre à l’accident nucléaire. 
La Commission de Sûreté nucléaire a
 rencontré de nombreux problèmes et s’est montrée incapable  de fournir 
 des  conseils  fondés  sur  l’expertise  de  sa  propre organisation. 
Le Ministère de l’Education n’a
 pas non plus réussi à utiliser les systèmes qu’il avait préparés. En un
 moment où les événements se précipitent, il est absolument vital que 
chaque flux d’information soit partagé en temps réel. Bien qu’il y ait 
eu un système de téléconférence reliant le Kantei à chacune  des 
organisations  concernées,  rien n‘atteste que le  système  ait  été 
utilisé,  tout particulièrement pour partager des informations entre le 
Kantei et ces organisations. TEPCO a transporté son propre système de 
téléconférence au site déporté et l’a utilisé pour mettre en relation le
 Siège avec  la  centrale  de  Fukushima.  Si  TEPCO  avait  connecté 
 son système  au  réseau de téléconférence du gouvernement, il aurait 
été en mesure de partager l’information en temps réel dès les premiers 
stades, mais cela n’a pas été fait.
La réponse d’urgence du Kantei
Alors que la situation se 
détériorait et que les systèmes de réponse à l’accident prévus par le 
gouvernement ne fonctionnaient pas, le Kantei a pris le contrôle de la 
réponse d’urgence, avec le Premier ministre Naoto Kan au centre d’un 
groupe ad hoc d’hommes politiques, de conseillers et le 
président de la NISA. Ce groupe était composé de gens qui n’étaient pas 
des experts et qui n’avaient pas de compréhension adéquate de la 
situation sur le site. Le Kantei a rencontré des problèmes dès le début.
 Après s’être vu notifié par TEPCO que la situation correspondait aux 
conditions de l’Article 15 de l’Acte sur les Mesures Spéciales concernant la Préparation à l’Urgence nucléaire, il lui a fallu deux heures pour publier la Déclaration de Situation d’Urgence nucléaire, étape nécessaire pour lancer la Réponse d’Urgence. 
En fait, le Premier ministre
 Naoto Kan n’était pas pleinement conscient que la publication de la 
« Déclaration d’une Situation d’Urgence » était le premier pas 
indispensable pour l’intervention face à l’accident, et son entourage 
n’a pas su l‘en informer correctement. Le groupe du Kantei a compris que
 le Centre de Gestion de Crise, en charge de la réponse 
initiale, était saturé par le traitement des conséquences du tremblement
 de terre et du tsunami. Les membres dirigeants de la NISA et de la NSC 
avaient rejoint le groupe pour apporter leurs conseils. Ils n’ont pu, 
cependant, répondre de manière adéquate aux questions, ce qui a produit 
un sentiment de méfiance, qui a atteint son maximum au moment de 
l’explosion de l’Unité 1. 
A partir de là, le bureau du
 Premier ministre,  au  cinquième  étage  du  Kantei,  est devenu  la 
première  ligne  des  efforts  de  réponse  à l’accident. Bien que TEPCO
 et les autorités de régulation soient tombées d’accord sur la manière 
d’agir sur le dégazage et sur l’injection d’eau de mer, le Kantei est 
resté dans l’ignorance de ce fait, et est intervenu, aggravant encore le
 désordre et la confusion. Au matin du 15 mars, pris d’un sentiment 
d’urgence face au manque d’information, le Premier ministre Naoto Kan a 
décidé d’aller lui-même visiter le site. En réponse à l’offre de TEPCO 
d’évacuer face à la situation de plus en plus critique dans l’unité 2, 
le Premier ministre Naoto Kan a convoqué le Président Shimizu à son 
bureau, et il a rejeté l’évacuation. 
Peu après, le gouvernement a
 décidé d’établir une structure conjointe entre le gouvernement et la 
direction de TEPCO, au siège de TEPCO.
Tout au long du déroulement 
de cet accident, le bureau du Premier ministre a également été central 
dans les décisions concernant les zones d’évacuation. Les plans 
d’urgence attribuaient  au centre de décision sur site la responsabilité
 d’élaborer des propositions d’évacuation, avec un transfert de 
compétence au Secrétariat du Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire, au cas où le Centre de décision sur site ne serait pas en mesure de le faire. Telle était précisément la situation, mais lorsque la réponse du Secrétariat  du Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire a été différée, le Kantei est intervenu et a ordonné les évacuations. 
Cela a provoqué les problèmes suivants : 
1/ alors que les décisions étaient prises sur une base ad hoc, il y avait une coopération insuffisante entre les agences du gouvernement.
2/ le détail des opérations d’évacuation était lacunaire.
3/ le public manquait d’explications appropriées. Cela a conduit à aggraver le désordre et la confusion sur le terrain. 
Evaluation de la réponse d’urgence du gouvernement et du Kantei 
Nous respectons  les efforts
 du gouvernement et des autres parties concernées, au vu des conditions 
extrêmes où ils se sont trouvés ‒ faire face à l’accident, au 
tremblement de terre, au tsunami, simultanément et dans des conditions 
de pression considérable. Ils ont eu très peu de temps pour définir une 
approche mesurée, et ils ont dû agir sur de longues périodes sans manger
 ni dormir. 
Mais il y a deux points qui 
doivent être précisés. D’abord, le groupe du Kantei  n‘a pas compris le 
propre rôle que le Kantei aurait dû assumer dans la crise. On a accordé 
beaucoup d’attention à la mauvaise communication entre le Kantei et 
TEPCO, sur la question de savoir si l’évacuation de la centrale prévue 
par TEPCO concernait tous les employés ou une partie d’entre eux. 
Cependant, l’état des réacteurs était si grave que TEPCO se devait de 
demander une évacuation. 
Dans cette situation, le 
Kantei aurait dû confirmer la possibilité que tous les travailleurs 
soient évacués, afin de prévoir l’évacuation des habitants et prendre 
d’autres mesures pour protéger ceux-ci. Il est clair que le Kantei 
n’aurait pas dû intervenir sur des questions que TEPCO était en mesure 
de traiter, comme la condition du dégazage et l’injection d’eau de mer, 
et aurait dû confirmer le sens des commentaires du Président Shimizu à 
propos de l’évacuation. 
Son intervention amenant à 
établir un centre de décision gouvernement-TEPCO chez TEPCO est 
également incompréhensible. Un second point concerne le fait que 
l’intervention directe du Kantei, dont la visite du Premier ministre 
Naoto Kan à la centrale Daiichi de Fukushima, a perturbé la chaîne de 
commandement et provoqué de la confusion dans une situation déjà 
terrible sur le site. 
A partir de cette visite, un
 nouveau canal de communication a été mis en place, entre le Kantei, 
Fukushima Daiichi et la direction de TEPCO. Ce nouveau canal allait à 
l’encontre du flux d’information officiel entre Fukushima-Daiichi vers 
le siège de TEPCO, puis vers la NISA et le Kantei (le Centre de la Réponse d’Urgence Nucléaire du
 Premier ministre). La nouvelle orientation obligeait TEPCO à 
communiquer ses informations non seulement à la NISA mais aussi au 
Kantei, contribuant à perturber la réponse de TEPCO et causant du 
désordre dans la centrale. 
A tout moment, la priorité 
du gouvernement doit être son souci pour la santé et le bien-être 
publics. Mais parce que l’attention du Kantei était concentrée sur les 
problèmes en cours à la centrale — ce qui aurait dû être de la 
responsabilité de l’opérateur ‒ le gouvernement a manqué à sa 
responsabilité envers le public. L’intervention permanente du Kantei 
dans la centrale a également mis en place les conditions permettant à 
TEPCO d’abdiquer de fait sa responsabilité envers la situation dans la 
centrale.
D’après le Manuel d’Urgence 
nucléaire, la NISA et les autres institutions bureaucratiques ont la 
responsabilité de recueillir et d’organiser l’information pour la mettre
 à disposition du Centre de la Réponse à l’Urgence Nucléaire, afin
 qu’elle serve à la prise de décision. Cependant, avec le nouveau canal 
 de  communication  mis  en place  entre  le  Kantei  et  TEPCO,  la 
 perception qu’avaient  les institutions bureaucratiques de leur 
responsabilité a décru et leur approche est devenue passive. Le 
sectionnement vertical des divers ministères impliqués a également 
empêché un partage efficace d’information. 
Afin de garantir la sécurité
 publique, il est nécessaire que de telles agences réagissent non 
seulement de façon flexible en temps de crise, mais accroissent leur 
capacité de gestion de crise grâce à un entraînement continu.
La réponse à l’accident de la Préfecture de Fukushima
 Le Système  de  Réponse  d’Urgence  de  la  Préfecture  de  Fukushima
  était  également  fondé  sur l’hypothèse qu’une catastrophe nucléaire 
ne surviendrait pas en même temps qu’un tremblement de terre et un 
tsunami. Il a été totalement pris au dépourvu. La structure de réponse à
 une catastrophe de la Préfecture de Fukushima était exposée dans le Plan régional de Prévention de Catastrophe de
 la Préfecture de Fukushima, mais l’éventualité d’un désastre nucléaire 
causé par des catastrophes naturelles n’avait pas été envisagée. 
Etant donné l’effondrement 
des communications avec le gouvernement central dans le moment qui a 
suivi l’accident, l’exécutif de la préfecture et le gouvernement central
 ont ignoré les actions les uns des autres. Ressentant l’urgence de la 
situation, l’exécutif de la Préfecture a ordonné unilatéralement que les
 habitants soient évacués dans un rayon de 2 km autour de la centrale, 
en se fondant sur des exercices antérieurs de prévention et d’urgence. 
Cela a été suivi 30 minutes plus tard par le gouvernement central qui a 
ordonné l’évacuation des habitants dans un rayon de 3 km.  Mais le 
tremblement de terre et le tsunami ayant gravement endommagé  les 
réseaux  de  communication,  il  était  difficile  de  transmettre  la 
 directive  aux municipalités et au public. La Préfecture de Fukushima a
 également été incapable de gérer la surveillance d’urgence. Seul l’un 
des 24 postes de surveillance était encore en état de fonctionner ; les 
autres avaient été soit emportés par la mer, soit coupés du réseau. Les 
postes mobiles de surveillance sont restés inutilisables jusqu’au 15 
mars, à cause des problèmes du réseau de téléphone mobile. Il y avait 
bien un véhicule équipé d’équipement de surveillance, mais il s’est 
trouvé hors d’usage, par manque de carburant. 
La diffusion de l’information par le gouvernement central
 La précision 
détaillée a constitué une priorité, aux dépens d’une diffusion rapide de
 l’information envers ceux qui en avaient besoin pour prendre des 
décisions en connaissance de cause. M. Edano, directeur du cabinet, a
 affirmé de façon répétée qu’il n’y avait pas d’effet sanitaire immédiat
 des fuites de radioactivité, inspirant au public un faux sentiment de 
sécurité. 
Dans ses déclarations, 
cependant, la nécessité et l’urgence d’une évacuation n’ont jamais été 
expliquées correctement du point de vue des habitants, et le 
gouvernement n’a jamais fourni de preuve pour appuyer ses déclarations. 
Cela a provoqué une angoisse importante dans le public. Enfin, le plus 
grave est que le gouvernement a choisi de diffuser des informations dans
 une perspective purement subjective, plutôt que de répondre aux besoins
 du public. 
4 L’étendue des dommages
La commission a
 abouti à un certain nombre de constatations concernant l’étendue des 
dommages provoqués par l’accident sur la centrale nucléaire. Nous avons 
étudié la manière dont les décisions ont été prises, et comment les 
stratégies et les mesures palliatives ont été communiquées au public. 
Nous avons également enquêté sur ces éléments du point de vue des 
habitants affectés par les conséquences de l’accident. Dommages infligés par l’accident de centrale
Les  effets  de  l’accident 
 continuent  bien  sûr  à  se  faire  sentir  et  continueront  
d’affecter  le  pays. L’accident a provoqué l’émission de 900 PBq (1015 
 Bq) de substances radioactives, 1/6 du total des rejets de l’accident 
de Tchernobyl si on les convertit en niveau d’iode. Il y a maintenant de
 vastes étendues du pays ‒ 1800 km² ‒ dans la préfecture de Fukushima 
dont les niveaux de contamination atteignent une dose cumulée 
potentielle de 5 mSv/an ou davantage. 
Les habitants sont 
particulièrement préoccupés par leur niveau d’exposition. Cependant, les
 conséquences sanitaires ne sont pas encore connues du fait des 
différentes conditions qui s’appliquent à chaque individu. 
Une estimation de 
l’exposition externe cumulée sur les 4 premiers mois suivant l’accident 
pour 14 000 habitants environ (à l’exclusion des travailleurs de la 
centrale) dans trois villes et villages où les doses de radiation ont 
été relativement élevées, montre que 0,7 % d’entre eux ont été exposés à
 10 mSv ou plus, et 42,3 % ont été exposés à moins de 10 mSv, dont 57 % 
ont été exposés à moins de 1 mSv. Bien que ces valeurs soient 
généralement basses, il est clair que des habitants souffrent de stress 
provoqué par la peur de l’inconnu.
Des ordres d’évacuation chaotiques
 L’enquête de la 
commission a révélé que de nombreux habitants n’ont pas été informés 
qu’un accident s’était produit ou qu’il s’aggravait rapidement et que 
des fuites radioactives avaient lieu, et cela, même après que le 
gouvernement et certaines municipalités en aient été informés. 
Lorsque les conséquences de 
l’accident ont commencé à s’aggraver, les destinations d’évacuation et 
d’autres aspects de l’évacuation ont été souvent modifiés. Mais, même 
durant la période d’aggravation, la plupart des habitants proches sont 
restés dans l’ignorance de la catastrophe ou de sa gravité, sans parler 
du risque accru. 
Un total de 146 520 
habitants ont été évacués à la suite des ordres d’évacuation du 
gouvernement. Pourtant, de nombreux habitants proches ont été évacués 
sans informations précises. Dans l’ignorance de la gravité de 
l’accident, ils pensaient ne partir que pour quelques jours et n’ont 
emporté que le strict nécessaire. 
Les ordres d’évacuation ont 
été régulièrement révisés tandis que les zones d’évacuation passaient du
 rayon initial de 3 km à 10 km, puis 20 km, tout cela en une seule 
journée. A chaque fois que la zone d’évacuation était étendue, les 
habitants devaient se déplacer. Certains évacués n’ont pas été informés 
qu’ils avaient été envoyés sur des sites de forte radioactivité. Les 
hôpitaux et les crèches dans la zone des 20 km se sont débattus pour 
assurer des moyens de transport et trouver des hébergements ; 60 
patients sont morts en mars de complications liées à l’évacuation. 
L’exaspération a monté parmi les habitants. Le 15 mars, les habitants de
 la zone entre les 20 et 30 km ont reçu l’ordre de se calfeutrer. 
Comme cette  mesure  a 
 duré  plusieurs  semaines,  ces  habitants  ont  été  victimes  d’un 
 grand  manque d’information  et  de  moyens.  L’ordre  de  calfeutrage 
 a  été  en  conséquence  revu  en  évacuation volontaire. Mais là 
aussi, l’information sur cette modification a été tristement déficiente 
et les habitants se sont retrouvés à devoir évacuer sans posséder les 
informations indispensables. 
La Commission conclut que le
 gouvernement a de fait abdiqué sa responsabilité envers la sécurité 
publique. Le fait que certaines parties de la zone des 30 km subissaient
 de forts niveaux de radiation a été connu avec la publication du Système pour la Prédiction de l’Information Environnementale sur la Dose d’Urgence (SPEEDI), le 23 mars. Mais ni le gouvernement ni le Centre de Réponse d’Urgence Nucléaire n’ont pris de décision rapide pour l’évacuation des résidents de ces zones qui n’ont été évacuées qu’un mois plus tard. 
Le manque de préparation au désastre nucléaire
Les autorités de régulation 
s’étaient aperçues de divers problèmes concernant la préparation à une 
catastrophe nucléaire avant l’accident, mais elles n’avaient pas 
redéfini les mesures de prévention. En conséquence, les retards dans la 
mise en œuvre ont contribué à une réponse inappropriée, comme on a pu le
 constater durant l’accident. La Commission de Sûreté Nucléaire (NSC)
 a commencé à revoir les directives de prévention de catastrophe en 
2006, pour s’aligner sur les nouveaux standards internationaux. 
Néanmoins, la NSC redoutait que les habitants s’inquiètent de la 
nécessité de mesures de protection supplémentaires après avoir été 
régulièrement assurés du caractère inoffensif de l’énergie nucléaire, et
 que ces inquiétudes alimentent les arguments opposés au projet plutonium-thermal (utilisation du MOX), alors en cours. 
La NSC n’a pas su expliquer 
comment l’initiative de défense civile pourrait être bénéfique pour les 
habitants, et a échoué à mettre en œuvre les standards internationaux de
 façon consistante. Bien que la révision des directives se soit 
poursuivie après 2007, l’accident s’est produit alors que cette 
révision était toujours en cours. Après le tremblement de terre de 
Niigata en 2007, il était évident que l’hypothèse d’une catastrophe 
multiple devait être prise en compte dans les mesures de prévention d’un
 accident nucléaire. Pourtant, la NISA a maintenu des contre-mesures 
basées sur l’hypothèse d’une faible probabilité de catastrophe multiple.
 La NISA n’a finalement fourni que des conseils passifs à propos des 
simulations de catastrophe fondées  sur une telle éventualité. Pendant 
ce temps, le gouvernement n’a pas non plus intégré l’hypothèse d’un 
accident grave ou d’une catastrophe multiple dans aucun de ses exercices
 de catastrophe nucléaire. Lorsque le cadre des exercices a été étendu, 
ceux-ci ont perdu de leur substance, et ont été réalisés dans un but 
cosmétique, plutôt  que  d’amélioration  de  la  préparation.  Les 
exercices  non pertinents  étaient  dépourvus d’instruction sur la 
nécessité d’utiliser des outils tels que l’obtention d’informations sur 
les radiations depuis le système SPEEDI. Quoiqu’il ait été appliqué dans
 les exercices annuels, les participants ont trouvé les exercices 
inutiles au moment de l’accident. 
Le Système de Soutien à la Réponse d’Urgence (ERSS) et le système SPEEDI doivent servir à protéger la sécurité publique. 
Les directives sur la 
surveillance de l’environnement reposent sur l’hypothèse que l’ERSS 
prédit et anticipe les émissions de matières radioactives et les données
 de rejet, et que le SPEEDI prédit et anticipe la diffusion de matières 
radioactives à partir l’ERSS. Les mesures de sûreté publique, y compris 
celles qui concernent l’évacuation, devraient reposer sur l’utilisation 
de ces systèmes. Si les données d’émission ne peuvent être récupérées 
depuis l’ERSS, le système SPEEDI ne fournit que des données trop peu 
fiables pour délimiter les zones d’évacuation. Certaines des personnes 
impliquées étaient conscientes des limitations du système, mais aucune 
révision n’a été réalisée avant la catastrophe. Il n’y avait pas d’autre
 réseau de données qui aurait pu suppléer ou remplacer les systèmes de 
prévision. Ce dispositif a échoué. 
Les données d’émission n’ont
 pu être récupérées de l’ERSS, et le gouvernement a été incapable 
d‘utiliser les résultats de SPEEDI dans la planification des mesures de 
protection, et dans la définition des zones d’évacuation. 
Quelques semaines plus tard,
 la NSC a publié une estimation du panache de radioactivité au moment de
 l’accident. Bien que l’estimation de la NSC ait été réalisée par une 
analyse a posteriori fondée sur une surveillance des données de long 
terme, le public a cru par erreur qu’elle avait été réalisée au moment 
de l’accident, que le gouvernement l’avait ignorée ou ne l’avait pas 
publiée. Cela a accru la méfiance du public. En même temps, les systèmes
 médicaux d’urgence sur les radiations avaient été établis 
provisoirement, après les problèmes survenus au moment de l’accident 
chez JCO en 1999. 
Personne n’avait pris en 
compte la nécessité d’une préparation à une exposition à la 
radioactivité d’une grande zone géographique, comme cela s’est produit à
 Fukushima. A cause de cela, la plupart des dispositifs n’ont pu servir 
car ils étaient trop proches de la centrale, mais aussi du fait de leur 
capacité et des effectifs de personnels médicaux entraînés. Ces 
institutions médicales avec une capacité de traitement d’urgence 
nucléaire n’ont pas fonctionné comme prévu.
Conséquences actuelles et futures des radiations sur la santé
 L’une des 
préoccupations majeures parmi les habitants est l’effet des radiations 
sur leur santé. Néanmoins, le gouvernement et la Préfecture de Fukushima
 doivent encore apporter une réponse adaptée aux inquiétudes pressantes 
des habitants en ce qui concerne la dose de radiation dans leur 
environnement, son effet sur leur santé et d’autres questions liées aux 
radiations. Ce que le gouvernement  doit  faire,  c’est offrir  une  
information  détaillée  aux  habitants  et  leur  fournir  des éléments 
pour une prise de décision informée. 
Il n’y a pas de consensus 
parmi les experts sur les effets sanitaires de l’exposition à de faibles
 doses de radiation, mais nous sommes d’avis que les limites devraient 
être fixées aussi bas que l’on peut raisonnablement le faire. Le 
gouvernement doit faire des efforts pour expliquer la nécessité de 
limites, et justifier les niveaux choisis, de manière claire et 
compréhensible pour les citoyens ordinaires. 
Le gouvernement n’a pas 
encore sérieusement entrepris de programmes pour aider les gens à 
comprendre suffisamment bien la situation, pour qu‘ils prennent leur 
propre décision en connaissance de cause. Le gouvernement n’a, par 
exemple, pas clairement expliqué les variations de risque d’exposition 
aux radiations selon les diverses populations, telles que les enfants et
 les jeunes, les femmes enceintes, ou d’autres catégories plus 
vulnérables aux effets des radiations. 
On a beaucoup appris avec 
l’accident de Tchernobyl sur l’exposition aux faibles doses, y compris 
le risque de cancers de la thyroïde parmi les enfants. Or, bien que les 
effets positifs de l’administration de comprimés d’iode et le bon moment
 de leur prise aient été pleinement connus, le Centre de Réponse à l’Urgence Nucléaire du gouvernement et l’Exécutif de la Préfecture n’ont pas su fournir les instructions correctes pour le public.
Un contrôle approprié de 
l’exposition interne du public est important pour la gestion de la santé
 sur le moyen et long terme. Bien que les normes aient été fixées en 
détail, il est plus important que le gouvernement  communique  par  des 
 moyens  clairement utiles  au  public  :  identifier  ce  qui  est 
mangeable, ce qu’est le niveau tolérable d’absorption, quels produits 
demeurent sains, et si les tests sont fiables. 
Le gouvernement devrait 
répondre efficacement aux inquiétudes publiques par des inspections 
minutieuses et une communication transparente. 
Ni le gouvernement, ni la 
Préfecture n’avaient  préparé  de  plans  pour  recueillir  des  
informations  sur l’exposition  interne  au  césium radioactif. TEPCO 
n’avait pas préparé les mesures de sûreté pour les travailleurs en cas 
d’accident grave, et l’information  sur  les  doses dans l’environnement
  ne  leur  a  pas  été  fournie immédiatement  après l’accident. 
Il est important que 
l’exposition des employés de la centrale soit contrôlée avec exactitude,
 assurer la sûreté des travailleurs durant la réponse à l’accident est 
crucial. De plus, l’exposition aux radiations n’est pas le seul enjeu 
sanitaire. 
Les gens de Fukushima 
souffrent de problèmes de santé mentale, c’est devenu un problème social
 sérieux parmi les victimes de Tchernobyl. La Commission considère la 
santé mentale et physique des habitants comme une priorité majeure, et 
conclut à la nécessité d’une action urgente. 
Les études sur les 
conditions de santé des habitants de Fukushima sont nécessaires, mais un
 système de contrôle adéquat avec des équipements de contrôle représente
 un besoin urgent. Des mesures doivent être prises en priorité pour la 
santé publique. Malheureusement, nous voyons peu de signes en ce sens.
Les problèmes à long terme d’environnement et de décontamination
 Une fois que les 
matières radioactives sont relâchées, elles continuent à affecter 
l’environnement et il faut  s’en occuper de manière efficace. De tous 
les problèmes résultant de l’accident, la Commission considère que le 
problème de la pollution environnementale est le moins traité. Comme le 
montrent les observations sur l’accident de Tchernobyl, les retombées 
radioactives répandues sur une vaste zone demeurent dans les zones de 
forêt et de montagne pendant de nombreuses années, et leur niveau ne 
diminue pas naturellement avant de longues décennies. 
Les feux de forêt, les 
inondations et d’autres facteurs peuvent étendre encore la 
contamination. L’eau de pluie lessive les substances radioactives et 
provoque des zones de concentration élevées (« hotspots », « points 
chauds ») dans des lieux tels que les lacs. Des dépôts hautement 
contaminés tendent également à se former au fond de la mer. Le 
gouvernement devrait s’occuper rapidement de ces problèmes, avec une 
perspective à long terme pour corriger la situation. 
Le gouvernement dépense des 
montants considérables d’argent et d’énergie dans des programmes de 
décontamination,  mais  des problèmes  fondamentaux  sont apparus dans 
la  mise  en œuvre.  De nombreuses régions se sont révélées incapables 
de sécuriser des sites de stockage temporaires pour les débris 
contaminés, et ce problème a été exacerbé par l’action unilatérale du 
gouvernement qui a voulu faire avancer la décontamination sans avoir au 
préalable obtenu l’assentiment des habitants. 
Il a été prouvé que plus la 
communication est bonne entre les exécutifs municipaux et la population,
 plus la communauté réussit à sécuriser les stockages de débris 
temporaires. La commission reconnaît que les habitants ont également des
 projets de décontamination différents selon la région, et il faut 
prendre en considération leurs demandes. Certains veulent demeurer 
dans leur  région  d’origine et  soutiennent activement  la  
décontamination  ;  d’autres  veulent  partir  et demandent des 
compensations pour être aidés dans leur déménagement. 
De nombreux habitants ont le choix et, dans ce cas, le gouvernement doit les aider à prendre des décisions informées.
Il est temps de commencer à 
étudier la rentabilité de la décontamination et de son effet sur 
l’environnement, ainsi que les méthodes utilisées dans le processus de 
décontamination. Sans une analyse en profondeur, les inquiétudes 
majeures des habitants resteront sans réponse : peuvent-ils retourner  chez  eux  ? Si  oui, quand  ? S’ils  retournent,  pourront-ils subvenir  eux-mêmes  à  leurs besoins ? 
La décontamination ne 
devrait pas être traitée comme une décision unilatérale, mais doit être 
classée selon son efficacité. Il faut garder en mémoire que la clé des 
questions posées par les habitants n’est pas la décontamination, mais le
 fait de savoir s’ils pourront reprendre leur vie antérieure. 
Le gouvernement doit 
continuer le processus de décontamination tout en révisant les plans 
pour intégrer l’expérience acquise. 5 Les problèmes organisationnels 
dans la prévention de l’accident et dans l’intervention
La commission
 a constaté divers problèmes organisationnels concernant les mesures 
préventives avant l’accident, les causes de l’accident et la crise de la
 gestion de l’intervention après l’accident. Nous avons examiné toute la
 chaîne des événements pour mettre en évidence ce qui a mal tourné dans 
les organisations et les systèmes impliqués. Nous avons également étudié
 la relation entre TEPCO et les agences de régulation, en vue d’une 
réforme future.
Questions de fond
Il y a eu beaucoup 
d‘occasions pour la NISA, la NSC et TEPCO de prendre des mesures qui 
auraient empêché l’accident, mais ils ne les ont pas prises. 
Ils ont, soit délibérément 
reporté la mise en place de mesures de sûreté, soit pris des décisions 
dans l’intérêt de leur organisation ‒non dans l’intérêt de la sécurité 
publique. A la suite de la mise en œuvre de nouvelles régulations dans 
d’autres pays, des discussions ont eu lieu  pour  réviser  les 
 directives,  afin  d’inclure  un  scénario  dans  lequel l’alimentation
  en  courant alternatif serait perdue. 
La discussion a également 
porté sur une vérification de la fiabilité des sources de courant 
continu. Malheureusement, ces débats n’ont pas produit la moindre 
modification dans les directives ou les réglementations, et au moment de
 l’accident, aucune considération sérieuse n’avait été accordée à un 
scénario impliquant la perte du courant alternatif délivré à la 
centrale. TEPCO et la NISA étaient toutes deux conscientes que si le 
niveau du tsunami dépassait les hypothèses faites par la Société des Ingénieurs Civils (Society of Civil Engineers), il
 y avait un risque de dommage dans le cœur par suite d’un 
dysfonctionnement des pompes d’alimentation en eau de mer. Ils étaient 
également conscients qu’un tsunami avec des niveaux d’eau au-dessus du 
niveau du sol de la centrale était possible et que cela aboutirait à une
 perte complète de l’alimentation électrique. Bien que TEPCO et  la NISA
 aient été conscientes des risques, rien n‘a été fait pour amender les 
réglementations existantes ou les aligner sur les normes 
internationales. La NISA n’a donné aucune instruction contraignante pour
 prendre des mesures spécifiques, et TEPCO n’a engagé aucune action. La 
NISA a bien donné instruction à TEPCO de conduire une vérification 
antisismique, mais en ne réalisant pas cette vérification, TEPCO a bel 
et bien ouvert la voie à l’accident. La NISA est également en défaut 
parce qu’elle ne s’est pas assuré que la vérification avait eu lieu en 
temps opportun, malgré la conscience qu’elle avait de l’importance de 
cette vérification. 
La défaillance de la NISA 
dans la demande de mise en œuvre de cette action, et la défaillance de 
TEPCO à la mener à bien, constituent conjointement  une négligence qui 
 a  mené  à  la  catastrophe.  Ils  ne  peuvent  utiliser  l’excuse 
de circonstances qui auraient dépassé leurs prévisions. 
La captation de régulation de l’industrie nucléaire japonaise
 Les causes 
fondamentales de l’accident,  comprenant l’incapacité  à mettre en œuvre
 des mesures de prévention d’un tremblement de terre et d’un tsunami, et
 le manque de mesures destinées à faire face à un accident grave, 
peuvent également être imputées à la Fédération des Compagnies d’Energie Electrique (FEPC). 
C’est une association de lobbying des
 compagnies d’électricité, non contrôlée, qui porte donc sa part de 
responsabilité. Bien qu’une vigilance constante soit requise pour se 
maintenir au niveau des normes internationales évolutives en matière de 
prévention des séismes, les opérateurs électriques du Japon ont, 
obstinément et de façon répétée, refusé de réévaluer et d’améliorer les 
réglementations existantes, dont les vérifications antisismiques et la 
mise en conformité. L’industrie nucléaire japonaise s’est montrée 
inférieure à la norme globale de préparation au risque sismique et au 
tsunami, et n’a pas su réduire le risque d’accidents graves en adhérant à
 la stratégie des cinq niveaux de défense en profondeur. 
L’examen par la Commission 
de la manière dont les régulations sont discutées et amendées révèle une
 relation de complaisance entre les opérateurs, les autorités de 
contrôle et les spécialistes universitaires, que l’ont ne peut 
caractériser que comme totalement inappropriée. Sur le fond, les 
autorités de contrôle et les opérateurs ont donné la priorité aux 
intérêts de leurs organisations sur la sécurité publique, et ont décidé 
que les opérations des réacteurs nucléaires au Japon « ne seraient pas 
arrêtées ». Parce que les autorités de régulation et les opérateurs 
assuraient systématiquement que « la sûreté de l’énergie nucléaire est 
garantie », ils avaient un intérêt commun à éviter que les réacteurs 
existants ne soient mis à l’arrêt pour des raisons de sûreté, ou que des
 poursuites judiciaires ne soient lancées par des militants 
antinucléaires. 
Ils ont systématiquement 
évité, compromis ou reporté toute tentative d’action, et toute 
réglementation ou constatation qui auraient menacé le maintien en 
service des réacteurs   nucléaires.   La   FEPC   a   été   la  
 principale  organisation   représentant cette   position intransigeante
 auprès des agences de régulation et dans le monde universitaire.
Nos investigations se sont concentrées sur le rôle important de lobbying mené
 par la FEPC pour le compte  des  opérateurs,  et  nous  avons  scruté 
 la  relation  entre  les opérateurs  et  les  autorités  de régulation.
 La Commission a constaté que la relation manquait, de fait, 
d’indépendance et de transparence, et était très éloignée d’une 
« culture de sûreté ». Il s’agit d’un cas typique de « captation de régulation », où la supervision de l’industrie par les autorités de régulation cesse d’être effective. 
Nous en avons trouvé des exemples dans la neutralisation des révisions du « Guide pour la conception antisismique », et
 dans les discussions erronées qui ont eu lieu à propos de la 
réglementation des mesures correctives à prendre en cas d’accident 
grave. 
Les problèmes organisationnels de TEPCO 
Cette fois encore, il nous 
faut pointer la mentalité organisationnelle de TEPCO comme étant l’une 
des causes  de  la catastrophe  : d’une  part,  ils  ont  fortement 
 influencé la  politique  énergétique  et les régulations nucléaires 
tout en abdiquant leur propre responsabilité, et en laissant le METI 
prendre la responsabilité  en  première  ligne. Mais  d’autre  part, 
 ils  ont également  manipulé  la  relation  de connivence avec les 
autorités de régulation pour affaiblir les mesures législatives et 
régulatrices. 
TEPCO a bel et bien organisé
 des réunions à propos de ce qu’il envisageait comme des risques pour la
 production nucléaire ; de tels risques étaient définis comme la perte 
potentielle de confiance en son utilité de la part du public en cas de 
catastrophe naturelle et une diminution possible du taux d’activité des 
réacteurs. 
Le risque d’un accident 
potentiellement grave n’est jamais apparu dans la liste des risques de 
TEPCO. TEPCO a expliqué cette omission flagrante en affirmant que la 
sûreté nucléaire relevait de son département sur le site de la centrale,
 et que par conséquent de tels risques ne devaient pas figurer dans les 
comptes-rendus des réunions de la Direction centrale des risques. Le risque de dommage à la santé et au bien-être publics n’était pas un problème pour TEPCO. 
Comme la production 
d’électricité est devenue de moins en moins  rentable au fil des ans, la
 direction de TEPCO s’est mise à insister sur la baisse des coûts et 
l’augmentation de la dépendance du Japon dans l’énergie nucléaire. 
Tout en affirmant du bout 
des lèvres une politique de la « sûreté avant tout », en réalité, la 
sécurité est passée au second rang des priorités. Le fait que TEPCO ne 
disposait pas des diagrammes corrects des tuyauteries et des autres 
dispositifs de la centrale de Daiichi en est une illustration 
emblématique. 
Cette absence de diagrammes 
corrects a constitué l’un des facteurs de retard de la ventilation à un 
moment crucial durant l’accident. Après l’accident, TEPCO avait la 
double responsabilité de contenir la situation accidentelle et de rendre
 compte des faits concernant l’état de l’accident pour les habitants 
alentour, la nation et la communauté internationale, de façon appropriée
 et en temps opportun. 
Nous affirmons que 
l’information  diffusée effectivement  par  TEPCO  a  été inappropriée, 
 et  que  cette  inadéquation  a constitué elle aussi une cause 
indirecte de la détérioration de la situation. Par exemple, en ce qui 
concerne l’information sur un accroissement de la pression dans la cuve 
du réacteur n°2, TEPCO a diffusé un communiqué de presse à propos d’une 
injection d’eau de mer à 23h00 le 14 mars, mais n’a pas fait état d’un 
accroissement du débit de dose à l’entrée de la centrale, qui s’est 
produit entre 19h00 et 21h00 le même jour. 
TEPCO a également minimisé 
la gravité de la situation concernant les dégâts dans la chambre de 
suppression de l’unité n°2 ; de plus, il y a eu un délai significatif 
entre le moment où TEPCO a informé le Kantei et le moment où elle a 
révélé la chose publiquement. 
La Commission a également 
découvert un procès-verbal fait par TEPCO qui notait qu’elle n’avait pas
 informé le public d’une augmentation de pression dans la cuve du 
réacteur n°3, à 8h00 le 14 mars, parce  que  la  NISA  en avait 
 interdit  la  publication. En  fait,  le  Kantei  avait  simplement 
 donné instruction à TEPCO de l’informer du contenu des communiqués au 
moment où ils étaient rédigés. En obéissant à l’ordre de la NISA de 
retenir la diffusion de cette information cruciale, TEPCO a de fait 
donné la priorité à ses propres intérêts et à ceux de la NISA, aux 
dépens du bien du public et de son droit à être informé.
Les problèmes organisationnels concernant les autorités de régulation
 Avant l’accident, 
les corps de régulation manquaient d’une culture organisationnelle 
accordant la priorité à la sécurité publique sur leur propre confort 
d’institution, et de l’état d’esprit  nécessaire à la gouvernance et à 
la supervision. 
La Commission conclut que 
les failles structurelles dans l’administration du  nucléaire  doivent 
 être identifiées par  une investigation critique  des  structures 
organisationnelles, des lois et des réglementations, et du personnel 
concerné. 
Nous devions identifier les 
secteurs nécessitant une amélioration, reconnaître les leçons à tirer et
 envisager les réformes nécessaires à une mise en œuvre effective de la 
sûreté nucléaire à l’avenir. L’autonomie et la transparence doivent être
 mises sur pied dans les nouvelles organisations de régulation à créer. 
Elles doivent avoir des pouvoirs de supervision importants afin de contrôler correctement  les  opérateurs  de centrales  nucléaires. Un  personnel  nouveau  avec une  expertise hautement professionnelle doit être embauché et formé. 
Il est nécessaire d’opérer 
des changements drastiques pour obtenir un « système ouvert » 
fonctionnant correctement. Les relations  intimes qui existaient entre 
les régulateurs et les entités privées ne doivent plus pouvoir 
réapparaître. 
Pour assurer que la sûreté 
et les systèmes de régulation du Japon se maintiennent au niveau des 
normes internationales, il est nécessaire d’en finir avec les vieilles 
attitudes qui ont été complices de l’accident qui s’est produit. 
6 Le système législatif
La 
 Commission a  enquêté sur  le besoin  d’une réforme fondamentale des 
lois et des réglementations concernant l’énergie nucléaire. Elle a 
exposé les grandes lignes de la nécessité de préparer une structure 
organisationnelle qui assurerait des processus de décision sains pour la
 mise en œuvre de lois et de réglementations sur le nucléaire.
Lois et réglementations pour l’énergie nucléaire
La  Commission  a  constaté 
 qu’avant   l’accident,  la   révision  et  l’amendement  de lois  et 
 de réglementations n’étaient entrepris que sur une base disparate, en 
réponse à des préoccupations minuscules. La volonté d’opérer des 
changements importants et significatifs pour rester à niveau avec les 
normes de la communauté internationale faisait profondément défaut. Au 
moment de l’accident, les lois, les réglementations et l’infrastructure 
reposaient sur l’hypothèse que l’étendue et l’ampleur de catastrophes 
naturelles éventuelles n’excèderaient pas ce qui s’était déjà produit. 
On n’a pas su prendre en compte la perspective d’événements sans 
précédents tels que le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 
2011, alors que l’éventualité de tels événements était connue. Ceux qui 
étaient en charge des lois et des réglementations qui présidaient au 
fonctionnement de l’industrie nucléaire au Japon avaient un état 
d’esprit dogmatique qui a empêché de suivre l’évolution des lois, des 
normes et des pratiques internationales, et qui a ignoré des conseils 
technologiques pertinents et des améliorations venant de l’étranger. Il 
en est résulté qu’au moment de l’accident, les lois et les 
réglementations gouvernant l’industrie nucléaire au Japon étaient 
dépassées par rapport celles des autres pays, et dans certains cas, 
obsolètes. 
Avant l’accident,  
l’objectif  premier  des  lois  et  des  réglementations  sur  le 
nucléaire  était la promotion de l’énergie nucléaire. 
Les lois doivent être 
refondues en mettant l’accent avant tout sur  la sûreté, la santé et le 
bien-être publics. Les rôles, les responsabilités et les relations entre
 les opérateurs, les autorités de régulation et les autres entités 
concernées doivent être clairement délimités dans la Loi sur  les Mesures  spéciales  concernant  la  préparation  à  l’Urgence  nucléaire.  
La  protection  en 
profondeur doit  être  formellement  ancrée  dans  les  réglementations,
  pour  qu’elle  fonctionne correctement si le besoin s’en fait sentir à
 l’avenir. L’accident a mis en lumière la nécessité d’une réforme 
profonde et fondamentale des lois et des réglementations pour les amener
 au niveau des normes internationales, pour utiliser le savoir 
technologique de pointe et apprendre des autres accidents survenus dans 
le monde. 
Il est nécessaire de créer 
un système dans lequel les régulateurs ont l’obligation permanente de 
s’assurer que les lois et les réglementations reflètent les changements 
dans les normes internationales. Un mécanisme de suivi de la mise en 
place des infrastructures nécessaires doit être mis au point. Une fois 
que ces nouveaux systèmes, ces nouvelles lois et réglementations auront 
été créés, ils doivent être rétroactivement appliqués aux réacteurs 
existants. Il doit être explicitement précisé dans les lois que les 
réacteurs qui ne répondent pas aux nouveaux standards devraient être 
désaffectés ou traités de façon appropriée.
Annexes
Enquête sur les personnes évacuées suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima      L’enquête
 a eu 10 633 réponses, soit un taux de réponse d’environ 50 pour cent. 
Parmi celles-ci, 8 073 personnes interrogées ont écrit des commentaires 
dans l’espace de commentaires libres. De plus, 431personnes interrogées 
ont écrit sur le recto et le verso de la feuille d’enquête et/ou ont 
écrit d’autres commentaires sur des documents distincts, exprimant ainsi
 leur forte volonté de se faire entendre.
- Le retard du gouvernement à communiquer des informations sur l’accident a provoqué de la confusion par la suite.
 
*   Parce  que  les 
 instructions  pour  l’évacuation  ont  été  faites  au  coup  par 
 coup,    de nombreuses personnes ont été évacuées plusieurs fois, 
évacuées vers des zones à     fortes radiations, et évacuées avec 
seulement le strict nécessaire.
- Des messages de détresse 
émanant de personnes évacuées nous ont été adressés Les problèmes ne 
sont pas encore résolus. Des mesures appropriées devraient être 
envisagées dans les plus brefs délais.
 
        Communication d’informations sur l’accident 
- La connaissance de l’accident
 était extrêmement faible chez les habitants, malgré la communication 
d‘informations conformément à l’Article  10 à 15h42 le 11 mars, la 
divulgation d‘un rapport conformément à l’Article 15 à 16h45, et la 
déclaration de l’état d’urgence à 19h03.
 
-  Il  y  avait  des  différences  significatives  dans  la  vitesse  de  transmission  des  informations  sur l‘accident dans les zones d‘évacuation, en fonction de la distance de la centrale.  
 
- Les municipalités et la 
police ont été les sources d‘information sur l‘accident pour 40%  des 
habitants de Futaba et Naraha, mais seulement pour 10% des habitants de 
Minamisoma, Iitate, et Kawamata.
 
        Ordre d’évacuation
Les habitants ont été 
informés de l’accident quelques heures après qu‘il  est survenu, mais 
ils n’ont reçu aucune information sur la situation ou qui aurait été 
utile pour leur évacuation. En conséquence, de nombreux habitants n’ont 
pu partir qu‘avec le strict nécessaire.  
       Évacuations volontaires 
-  A l‘intérieur de la zone de 30 km de rayon, l’ordre de se calfeutrer dans les habitations a été émis à 11h00
 le 15 mars et l’appel pour les évacuations volontaires a été émis le 25
 mars. Cependant, comme le gouvernement a été lent à donner des 
instructions, de nombreux habitants ont évacué de manière  volontaire.  
 
-  Même s’il était évident qu’il y avait des niveaux de radiations élevés dans Iitate et Kawamata, les évacuations planifiées ne l‘ont été que tardivement. Le gouvernement a peut-être  tardé à désigner les zones à évacuer qui avaient des niveaux élevés de radiations.  
 - Évacuations vers des zones ayant des niveaux élevés de radiations 
 
 
- Environ  50  %  des 
 habitants  de  Namie  ont  temporairement  évacué  vers  des  zones 
 avec  des concentrations élevées de radiations.
 
- Le gouvernement a tardé à divulguer des informations de surveillance.
 
  Expansion des zones évacuées et évacuation progressive 
-  Plus de 70 % des habitants des zones près des centrales de Fukushima Daiichi et de Fukushima Dai-Ni
 (Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha, Namie) ont été évacués plus de quatre 
fois.   Il y a eu de nombreuses plaintes concernant des ordres 
d’évacuation qui ont contraint les habitants vivant le plus près des 
centrales nucléaires à évacuer de nombreuses fois.   Consignes en cas d’accident 
 
-  Même à la centrale, il y a eu peu d’explication de la possibilité d’un accident nucléaire. Moins de 15%
 des habitants ont déclaré avoir reçu une formation à l’évacuation en 
cas de catastrophe nucléaire  et  moins  de  10%  des  habitants  ont  
indiqué  avoir  reçu  des  explications  quant  à  la possibilité d’un 
accident nucléaire.           
 
 
  Résultats du sondage 
-  Ce sondage a été envoyé aux citoyens qui ont été forcés d’évacuer à la suite de cet accident.
 
 
Objectif :
 Comprendre la réalité de la façon dont l’évacuation a été ordonnée et 
la manière dont les risques de l’énergie nucléaire ont été expliqués.   
Méthode : Enquête postale.  
 Durée : du 15 mars au 11 avril 2012.  
 Population cible :
 21 000 foyers sélectionnés au hasard dans 12 villes, bourgs et villages
 
 (pour un total de 55 000 foyers) dans les zones d‘évacuation.   
Villes et villages interrogés :
 Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha, Namie, Hirono, Tamura, Minamisoma, 
Kawauchi, Katsurao, Kawamata, Iitate.   Total des personnes interrogées :
 10 633.  
 La Commission tient à 
exprimer ses remerciements aux nombreuses personnes qui ont coopéré à 
cette enquête. Le taux de réponse a été extrêmement élevé : 50 %.   Sur 
les 10 633 personnes interrogées, 8 073 (76%) ont fourni des 
commentaires dans l’espace de commentaires libres. De plus, 431 
personnes interrogées ont écrit sur le recto et le verso de la feuille 
d’enquête et/ou ont écrit d‘autres commentaires sur des documents 
distincts, exprimant ainsi leur forte volonté de se faire entendre.      
   Retard dans la communication de l’information 
La connaissance de 
l’accident a été extrêmement faible parmi les habitants évacués malgré 
la communication d‘informations conformément à l’article 10 à 15h42 le 
11 mars, la divulgation d‘un rapport conformément à l’article 15 à 
16h45, et la déclaration de l’état d’urgence à 19h03.   Il  y  avait 
 des  différences  significatives dans  la  vitesse  de  transmission 
 des  informations  sur l‘accident dans les zones d‘évacuation.   Les 
municipalités, le système radio d‘urgence ou la police ont été les 
sources d‘information  sur l‘accident  pour 40% des habitants  de 
 Futaba et Narahamachi,  mais  seulement  pour 10% des habitants de 
Minamisoma, Iitate, et Kawamata.         
Heure de l’ordre d’évacuation et sources d’information
Quelques heures après que 
l’ordre d’évacuation ait été émis, les municipalités ont communiqué 
l’ordre d’évacuation aux habitants, montrant qu’il y avait un haut 
niveau de communication entre les municipalités et les habitants. 
Cependant, comme il y avait 
des zones dans lesquelles les municipalités n’ont pas reçu les ordres 
d’évacuation du gouvernement, il y a eu des problèmes majeurs dans le 
processus de transmission de l’ordre d’évacuation du gouvernement aux 
municipalités.   
Les habitants ont reçu l’ordre d’évacuation, mais ils n’ont pas reçu d’informations sur la situation ou  l’accident qui aurait été utile à leur évacuation. 
En conséquence, de nombreux 
habitants sont partis avec seulement le strict nécessaire.   Beaucoup 
d‘habitants ont reçu des informations des municipalités. Un pourcentage 
élevé d‘habitants de Minamisoma, Kawamata et Iitate ont reçu des 
informations de la télévision, la radio ou l’internet.
▲ Quand avez-vous appris l’accident à Fukushima Daiichi ?
 
      (i) Commentaire d’un habitant de Futaba:
   
« J’ai quitté ma maison avec
 seulement le strict nécessaire. J’ai appris où aller par le système 
radio d‘urgence alors que j’étais sur la route. Je suis arrivé au 
premier site d‘évacuation où il m‘avait été indiqué d‘aller, après 6h de
 voiture au lieu d‘une heure seulement en temps normal. En chemin, mon 
fils qui vit loin m‘a appelé et m’a dit que je ne devais pas m‘attendre à
 revenir bientôt. C’est alors seulement que j‘ai commencé à comprendre 
peu à peu ce qui était en train de se passer réellement. C’est ce que je
 me rappelle. Pouvez-vous imaginer à quoi ressemble la vie quand vous 
êtes déplacés et séparés de vos amis et des gens que vous connaissez ? »
▲ Source d’information à propos de l’accident
 ▲ Pourcentage d’habitants qui savaient à propos de l’évacuation
▲ Source d’information à propos de l’ordre d’évacuation        
 (ii) Commentaire d’un habitant d’Okuma : 
  « S’il  y  avait  ne 
 serait-ce   qu‘un mot au sujet d’une centrale nucléaire lorsque 
l’évacuation a été ordonnée, nous aurions pu réagir raisonnablement, 
prendre nos objets de valeur avec nous ou fermer la maison avant de 
partir. Nous avons dû courir avec rien d’autre que les vêtements que 
nous avions sur nous. C‘est une telle déception à chaque fois que nous 
sommes brièvement autorisés à rentrer chez nous simplement pour 
découvrir que nous avons été cambriolés à nouveau. »   
(iii)  Commentaire d’un habitant de Tomioka : 
  « Nous aurions voulu 
entendre clairement que nous ne serions pas en mesure de revenir pour un
 certain temps. Je n‘ai pas pu amener   mes objets de valeur avec moi. 
En particulier, parce que les dossiers médicaux ont été laissés à la 
maison, la santé de mes parents s’est aggravée pendant l’évacuation. Il 
est difficile,  surtout pour les personnes âgées, de fuir à 
l‘improviste. Je n’ai pas d’attaches à Tomioka parce que nous louions 
seulement la maison, mais si nous ne pouvons pas vivre dans le logement 
temporaire pour toujours, nous allons perdre un endroit pour vivre de 
façon permanente. Il y a d’autres problèmes aussi.  Donc,  je  veux 
 bénéficier  de  l‘aide sociale  à  nouveau.  Ce  n’était pas  le 
 personnel de l’administration préfectorale ou de la mairie qui était là
 pour nous guider lors de l’évacuation, c‘étaient les travailleurs des 
services médicaux qui d‘habitude voyaient  mon père. Il a fallu une 
demi-journée pour savoir où il avait été emmené.  Il a  fallu trop 
longtemps pour créer une liste de personnes évacuées. »  
 (iv) Commentaire d’un habitant de Namie :  
 « J’ai réussi à passer une 
nuit dans une école primaire du quartier de Tsushima après avoir entendu
 l‘annonce dans le gymnase, dans la matinée du 12 mars, qu‘un tsunami 
approchait de l‘école primaire de
 Namie-Higashi, au lieu d’être informé de l’accident survenu à la 
centrale nucléaire. Si on m’avait informé précisément de l’accident, 
j’aurais évacué plus loin que Tsushima. Il est décevant que information 
n’ait pas été donnée. » 
  (v) Commentaire par un habitant d’Odaka de Minamisoma : 
« Nous ne savions pas qu‘il y
 avait eu une explosion d’hydrogène à la centrale, nous ne pouvions pas 
deviner pourquoi nous avons dû évacuer.  Le directeur (de TEPCO) à 
l‘époque de l’accident  s‘est rappelé à la télé qu’il pensait qu’il 
pouvait mourir à ce moment-là, mais ce genre d’information aurait dû 
être annoncé aux habitants vivant à proximité instantanément. En tout 
état de cause, l’information à été diffusée trop lentement. Les 
habitants n’ont pas été traités correctement. »   
 Temps d’évacuation 
 •  Quelques heures après 
que l’ordre d’évacuation ait été émis, la plupart des habitants (80-90%)
 dans les zones d‘évacuation ont commencé à évacuer.  
 •  Dans la zone de 30 km 
entourant la centrale nucléaire, les habitants n’ont pas eu d‘autre 
choix que d‘évacuer  volontairement. Même  si un niveau élevé de 
radiations a été observé dans Kawamata et Iitate, la décision de 
l‘évacuation planifiée de la zone a été retardée.  
 •  A l‘intérieur de la zone
 de 30 km de rayon, l’ordre de se calfeutrer dans les habitations a été 
émis à 11h00 le 15 mars, et l’appel à évacuer volontairement a été émis 
le 25 mars. Cependant, comme le gouvernement a été lent à donner des 
instructions, de nombreux habitants ont évacué de manière volontaire.  
 •  Même s’il était évident 
qu’il y avait des niveaux de radiations élevés dans Iitate et Kawamata, 
les évacuations planifiées ne l‘ont été que tardivement. Le gouvernement
 a peut-être tardé à désigner les zones à évacuer qui avaient des 
niveaux élevés de radiations.  
 • Dans l’espace pour les 
commentaires, certains habitants de ces zones ont critiqué la lenteur du
 gouvernement à délivrer l’ordre d’évacuation ou même l’absence de cet 
ordre pour leur zone.   
(i)  Commentaire d’un habitant de Minamisoma:  
 « A Haramachi dans 
Minamisoma, on nous a dit de « rester à la maison », et on ne nous a pas
 dit, même une seule fois d’évacuer. À la télévision, tout ce qu’ils ont
 dit était qu‘il n’y a pas d’effets immédiats sur la santé », ce qui 
nous a fait encore plus peur. Rien n’a changé depuis que l’accident est 
survenu. Quand il y a très peu de progrès en matière de décontamination,
 il est trop étrange que l’ordre d’évacuation soit déjà levé. Le 
gouvernement devrait penser davantage aux populations locales. »   (i)  Commentaire d’un habitant de Kawauchi (zone des 20 km-30 km):
« Le  11  mars, 
 immédiatement  après  avoir  entendu  les  premières  informations  sur
  l’accident,  de nombreuses personnes dans le village  ont évacué vers 
cette zone. Les jeunes s‘envoyaient des emails «évacuez»  les uns aux 
autres, presque comme une chaîne  d‘emails.  Cependant, nous n’avons 
reçu aucune information officielle  sur l‘évacuation. On  nous a 
seulement dit de rester à l’intérieur  par l’intermédiaire du système de
 radio d’urgence. Après avoir entendu un voisin qui a un policier dans 
sa famille dire : « Je vais évacuer car cela semble dangereux », j’ai 
décidé d’évacuer. J’ai entendu dire que la police était partie de 
Kawauchi le 14 mars. Les bénévoles qui donnaient de la nourriture ont 
utilisé l’essence
 restante pour leur transport. Je voulais qu’ils nous aident à évacuer 
le plus tôt possible. Je ne peux que penser qu’ils nous ont abandonnés. »
  
▲ Quand avez-vous commencé à évacuer ?
▲ Pourcentage d’habitants qui ont évacué volontairement
(iii) Commentaire d’un habitant d’Iitate:
 « Cette région n’a reçu 
aucune information dans les premières phases de l’accident nucléaire. 
Nous avons entendu parler du niveau de radiations seulement après que 
l’équipe de recherche de l’AIEA est venue. M. Edano, le secrétaire 
général du gouvernement, a dit à plusieurs reprises à la télévision que 
le niveau de radiations « n’aura pas d‘effets immédiats sur la santé ». 
La réalité est que les habitants d‘Iitate ont été exposés  à  des 
 radiations  jusqu’au  22  avril  (lorsque  l’évacuation  planifiée a 
 été  ordonnée).  Cela  fait maintenant une année, mais nous n’avons 
reçu aucune indemnisation des dommages et le gouvernement essaie de se 
couvrir par la levée des ordres d’évacuation. »   
(iv) Commentaire d’un habitant de Hirono:
« Parce qu’ils pourraient 
paniquer… Parce que les personnes dans les zones plus dangereuses ne 
seraient pas en mesure d’évacuer… Comment la zone d’évacuation a été 
étendue à 10 km de diamètre par la suite au lieu de 5 km dans la phase 
initiale… Alors que nous n’avions que la télévision comme source de 
renseignement, sans informations précises ou d’idée de la façon dont 
l’accident allait évoluer, le ministre responsable continuait de 
déclarer « cela n’affectera pas la santé immédiatement… ». TEPCO ne 
cessait de parler de la sécurité et de la fiabilité des réacteurs … Je 
suis dégoûté de la faible qualité des personnes en charge de ce pays.  »
  
 (v) Commentaire d’un habitant de Kawamata:  
« Ils disaient qu’il n’y a 
pas d’effet immédiat, mais l’évacuation a été ordonnée le 16 avril. 
S‘ils l‘avaient ordonnée plus tôt, j’aurais pu trouver un lieu 
spécifique pour évacuer. Bien que ce fut un désastre immense, la réponse
 a été trop lente. La réponse initiale la plus importante, basée sur l 
‗analyse de la situation réelle n’a pas été apportée et aucun ordre basé
 sur des mesures appropriées n‘a été donné. 
J‘exige la préparation aux 
situations d‘urgence. Tout ce que j‘ai vu étaient des politiciens 
faisant de la politique politicienne, alors que la nation est confrontée
 à un désastre sans précédent. Je m’interroge sur l’humanité de ces 
gens. Il est regrettable que ce soit la nation qui ait mis ces personnes
 aux responsabilités. »                            
► Réunion avec des habitants de Kawamata-machi

Des habitants ont évacué vers des zones qui devinrent plus tard des zones d’évacuation
  •  Environ 50 pour cent 
des résidents de Namie ont temporairement évacué vers des zones avec des
 concentrations élevées de radiations… 
        
  ▲ Pourcentage 
d’habitants qui ont évacué vers des zones qu’ils ont dû ré-évacuer plus 
tard à cause de hautes concentrations de radiations.       I
Insatisfaction à propos de la communication de renseignements à partir de SPEEDI ou de données de surveillance
 • De nombreux 
commentaires des habitants de Namie, Minamisoma, et Iitate ont témoigné 
du mécontentement sur la communication d’informations à partir de SPEEDI
 ou de données de surveillance.       
(i)  Commentaire d’un habitant de Namie: 
 « Le fait que j‘ai évacué 
vers la zone la plus irradiée en l’absence d‘informations de SPEEDI 
demeure une source de crainte pour ma santé pour le reste de ma vie. 
Pourquoi n’ont-ils pas divulgué les informations SPEEDI? Que pensent-ils
 de la vie des gens ? Notre  maison n‘est plus habitable en raison de 
difficultés dans la reconstruction des infrastructures, la 
décontamination et la peur d’avoir une installation de stockage 
provisoire à proximité. L’énergie nucléaire doit être arrêtée. Elle 
causera un second Fukushima et il n‘y aura nulle part où vivre au Japon.
 »
(ii) Commentaire d’un habitant de Minamisoma:
« J‘aurais aimé que 
l’information  soit divulguée  beaucoup plus tôt. Je comprends que la 
décision du gouvernement de ne pas divulguer visait à empêcher une 
possible panique. Mais les habitants ont été évacués vers des zones très
 irradiées en raison du manque d’informations. A partir de maintenant, 
les causes de l’accident doivent être étudiées et un manuel de mesures 
d‘intervention doit être mis en place, parce que nous ne savons pas 
quand
   le prochain accident se produira. J‘exige qu‘on mette en œuvre 
des méthodes pour réduire les dommages d‘un accident, étant donné qu’il 
est difficile de l’empêcher. »   
(iii) Commentaire d’un habitant de Iitate :
  
 « Je crois que beaucoup de 
gens ont été exposés à des radiations à cause de la réponse inadéquate à
 l‘accident  donnée par le gouvernement et les municipalités. Les 
données ont été effacées et des instructions trompeuses ont été données 
alors même qu’ils étaient au courant de la situation réelle. Ont- ils 
vraiment du respect pour nos vies ? Notre famille a déneigé à 
l’extérieur de notre maison et a été mouillée parce que nous ne savions 
rien des radiations. Nous exigeons l’indemnisation des dommages et des 
problèmes de santé au cours des prochaines décennies. Qu’est-ce que les 
membres du NAIIC pensent des mensonges qui sont révélés plus d’une année
 après l’accident ? »
      
 Nombres d’évacuations 
•    Dans l’année après les 
accidents, les résidents les plus proches de la centrale ont dû évacuer 
un certain nombre de fois. Environ 70% des résidents de Futaba, Okuma, 
Tomioka, Naraha et Namie ont dû évacuer quatre fois ou plus.  
 •    Le gouvernement a tardé à divulguer des informations de surveillance.    
  
▲ Nombre d’évacuations avant fin mars 2012
(i)  Des habitants de Namie:
« Même si nous revenons à 
Namie, les tuiles du toit sont tombées et la pluie contaminée est tombée
 à l‘intérieur. Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles nous 
pouvons vivre. Chaque fois que j‘y retourne, je suis en colère. Notre 
plus jeune fils dit aussi qu’il est désormais impossible pour nous de 
vivre ici. L‘après-midi du 11 mars, quand nous étions sur le point de 
réparer le toit, on nous a dit d’évacuer à la salle de gym de l’école à 
proximité de Tsushima. Nous sommes restés à l’école pendant 3  ou  4  
jours.  C’était  un  endroit  avec  des  niveaux  élevés  de 
 radiations.  Nous avons déménagé six fois à l’intérieur et à 
l’extérieur de la préfecture et nous nous sommes finalement arrêtés 
après être venu ici. » (Nihonmatsu)
   
(ii) Commentaire d’un habitant de Futaba:
  
 « Le 12 mars, notre hôtel 
n’avait pas d’électricité ni d’eau. Nous avons été autorisés à rester 
dans un ancien hôtel et ils ont partagé avec nous l’essence. Notre fils 
habite dans la préfecture de Saitama et il nous a laissé habiter là 
pendant quatre mois. Actuellement, nous vivons ensemble comme une 
famille de quatre personnes. Lorsque nous avons visité notre maison 
brièvement le 6 mars, mon mari a eu un choc quand il a réalisé qu’il ne 
pourrait pas retourner dans la maison où il est né et est actuellement à
 l’hôpital. Nous sommes frustrés par l’irresponsabilité et le déshonneur
 de la politique de ce pays et de TEPCO. »    
   
▲ Pourcentage d’habitants qui ont eu un entraînement à l’évacuation avant l’accident nucléaire        
 (iii) Commentaire d’un habitant de Tomioka:
  »Nous n’avions 
aucune idée de ce qui se passait, mais on nous a dit d’évacuer à 
Kawauchi. Quand nous sommes arrivés là, nous avons dû déménager d’un 
endroit à l’autre et sommes finalement arrivés à Miharu, mais on nous a 
dit que c‘était plein. On nous a dit d’aller vers le centre d’évacuation
 de Motomiya. Nous avons ensuite déménagé à plusieurs reprises et sommes
 actuellement dans une location à Iwaki. Depuis, un an s’est écoulé, 
mais nous n’avons aucune idée de ce que nous allons faire. » 
Habitants avertis de la possibilité d’un accident ou qui ont reçu un entraînement à l’évacuation avant l’accident
•  Même dans des endroits 
proches de l’usine, seulement 10-15% des habitants ont déclaré avoir 
reçu une formation à l’évacuation, et moins de 10% ont été informés de 
la possibilité d’un accident nucléaire.  
 •  Certains ont déclaré 
qu‘on leur a expliqué que les centrales nucléaires étaient totalement 
sûres, et ont ainsi pensé qu‘un accident ne se produirait jamais.
   
(i)  Commentaire d’un habitant de Futaba:
  
 « J’ai assisté à une 
conférence donnée par TEPCO une fois. Mentionnant l’exemple du 11 
septembre aux Etats-Unis, ils  ont dit que les centrales nucléaires 
 sont sûres, quoi  qu‘il arrive. Lorsque j’ai posé une question pour 
reconfirmer la sécurité absolue, les participants à la conférence, dont 
beaucoup sont des parents des employés de TEPCO, me regardèrent comme si
 je n‘avais rien compris de ce que TEPCO nous avait dit. Les attitudes 
et les réactions de TEPCO et du gouvernement, qui semblent penser si peu
 à nous, me mettent en colère plutôt que triste. Je demande une réponse 
 plus rapide et plus sincère. »
(ii) Commentaire d’un habitant d’Okuma:
 « Je travaillais 
dans une centrale nucléaire et je n’ai jamais pensé à un tel accident. 
Quand j‘ai travaillé comme sous-traitant pour TEPCO au premier étage, 
j’ai demandé à un chef d’équipe « Et si un tsunami semblable à celui de 
Sumatra frappe le Japon? » La réponse fut, « Impossible ! Il n’est pas 
nécessaire de penser à une situation impossible ». Après tout, TEPCO, le
 gouvernement, et la municipalité  n‘ont pas réfléchi sérieusement. Moi 
non plus. » 
  
(iii) Commentaire d’un habitant de Naraha:
« Lorsque j’ai assisté à une
 conférence de TEPCO pour les habitants proches de la centrale, peu de 
temps après que la société ait cachée un accident au public, TEPCO a 
déclaré qu’ils avaient non seulement les 3 premières couches de 
protection, mais aussi les 4ème et 5ème couches de mesures de sécurité, 
de telle manière que les participants ne comprenaient pas ce que cela 
signifie d’avoir tant de couches de sécurité. Maintenant  je me rends 
compte que tout ce que TEPCO a expliqué  était des mensonges, et que 
j‘ai été trompé. »
▲ Pourcentage d’habitants ayant été informés de la possibilité d’un accident nucléaire avant le 11 mars
(iv) Commentaire par un résident de Tamura:
« Ils n‘arrêtaient pas de 
dire que les centrales nucléaires sont absolument sans danger puis 
l’accident est arrivé. Si toutes les personnes impliquées pensent 
l’accident comme un simple « accident imprévisible » alors ce pays doit 
être très négligent. Les causes doivent être trouvées et clarifiées. Cet
 accident ne doit jamais se répéter. Je veux franchement donner des 
conseils aux membres du Parlement. Ils sont censés veiller à la vie 
quotidienne de la nation et à la reconstruction, mais ils sont 
préoccupés par des batailles politiques. Alors que l’enquête sur 
l’accident doit être approfondie, le Parlement doit avoir une discussion
 approfondie pour la nation. »
   
(v) Commentaire d’un résident de Katsurao:
  
 « Nous étions habitués à 
regarder des publicités TV tous les jours affirmant que l‘énergie 
nucléaire coûtait moins cher, était sûre et propre. Avec de vifs 
souvenirs d’un tel message, nous ne pouvions pas croire que l’accident 
s’était produit, comme nous ne pouvions imaginer qu‘un tsunami apporte 
la tragédie. Nous vivons encore dans un étroit logement temporaire après
 plus d’un an. Nous n’avons aucune idée du moment où nous pourrons 
revenir à la maison. Nous sommes absolument opposés à la remise en 
service des réacteurs. Aucun nouveau réacteur ne doit être autorisé et 
nous devons passer aux énergies renouvelables. Des lois et règlements 
 concernant  de  tels  plans  doivent  être  mis  en  place 
 rapidement.  Le  gouvernement  devrait accélérer l’indemnisation des 
dommages de l’accident. Ce n’est pas comme l‘indemnisation d‘un accident
 de la circulation… Je suis fatigué de mes conditions de vie actuelles. 
J‘exige que le gouvernement prenne sa responsabilité et mette tous les 
efforts pour indemniser les victimes. Je compte sur le gouvernement. »
| Messages extraits des commentaires libres | 
Nombre de commentaires | 
% du total | 
| Les 
 causes de  l’accident doivent  être  investiguées dés  que  possible et
  les  résultats divulgués intégralement. Demande d’une enquête 
approfondie afin de ne jamais laisser se reproduire un accident 
similaire. | 
  1 120 | 
  14% | 
| Les informations et le comportement du gouvernement ne sont pas fiables et ne sont pas dignes de confiance | 
 909 
 | 
11% | 
| Insatisfaction des demandes d’indemnisation. | 
 876 
 | 
11% | 
| Insatisfaction ou demande concernant le calendrier d’indemnisation (besoins urgents, etc.) | 
 204 
 | 
3% | 
| Insatisfaction
 ou demande concernant les conditions d’octroi de l’indemnisation 
(écarts selon les régions, l’âge, le statut d’emploi, etc.) | 
 203 
 | 
3% | 
| Insatisfaction
 ou demande concernant les termes de l’indemnisation (extension de la 
période d’indemnisation, accorder une indemnisation à vie, indemnisation
 jusqu’au retour, etc.) | 
 182 
 | 
2% | 
| Insatisfaction ou demande concernant le montant de l’indemnisation | 
 93 
 | 
1% | 
| Insatisfaction 
 ou  demande  concernant  le  périmètre  d’indemnisation  (mobilier  de 
 la maison, cultures agricoles, les coûts d’évacuation, les pertes sur 
les profits futurs, etc.) | 
 46 
 | 
1% | 
| Demande de décontamination rapide pour permettre le retour dans nos maisons et nos quartiers | 
 858 
 | 
11% | 
| Besoin
 de précisions quant au moment où la situation va redevenir sûre à 
nouveau et où les habitants pourront rentrer chez eux en toute sécurité.
 (Besoin d’information dés que possible si le retour sera autorisé un 
jour. Sinon, il n’y a pas moyen de planifier l’avenir.) | 
 836 
 | 
  10% | 
| Le 
suivi des mesures prises en urgence est lent. Aucun progrès n’a été fait
 même un an après l’accident. Besoin d’orientation le plus tôt. | 
 820 
 | 
10% | 
| Les informations et le comportement de TEPCO ne sont pas fiables et ne sont pas dignes de confiance | 
 628 
 | 
8% | 
| Exiger que l’État assume sa responsabilité. Forte rancœur envers le gouvernement. | 
 610 
 | 
8% | 
| Exigez que TEPCO assume sa responsabilité. Forte rancœur envers TEPCO. | 
 558 
 | 
7% | 
| Le gouvernement ne comprend pas la réalité et la situation des personnes évacuées. Il doit en savoir plus sur nous. | 
 544 
 | 
7% | 
| Pas 
de maison, pas de ville ou retourner. Demande pour qu’une ville ailleurs
 soit rapidement désignée comme un lieu habitable (Aucune intention 
d’abandonner les villes natales mais il n’y a plus de possibilité d’y 
retourner) | 
 541 
 | 
  6% | 
| Il 
avait été dit aux habitants que les centrales nucléaires étaient sûres 
et en sécurité. Ils croyaient qu’un tel accident ne se produirait 
jamais. | 
 482 
 | 
6% | 
| Je 
ne peux pas m’empêcher de ressentir de l’anxiété au sujet des enfants et
 de l’avenir. Je n’ai aucune idée comment on est censé vivre comme cela. | 
 445 
 | 
6% | 
| Les 
ordres d’évacuation ont été lents, il n’y avait pas d’ordre d’évacuation
 ou l’ordre était incompatible avec ce qui était dit par les médias. | 
 375 
 | 
5% | 
| Les 
ordres d’évacuation n’étaient pas spécifiques. Nous avons eu à courir 
avec à peine plus que nos vêtements sur nous et n’avons jamais pensé à 
un accident nucléaire qui se déroulait | 
 364 
 | 
5% | 
| Demande
  d’indemnisation  rapide  et  suffisante  pour  la  terre  et  la 
 maison  (mise  à disposition d’une nouvelle maison, réparations ou 
rachat de la maison existante). | 
 344 
 | 
4% | 
| Constamment
 soumis au stress du à l’environnement inconnu, la vie de réfugié 
prolongée, se sentant inquiet au sujet de l’avenir, etc. Souffrant d’une
 mauvaise santé à cause du stress. | 
 334 
 | 
4% | 
  | 
  | 
  | 
      Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012
 
| Les familles sont séparées. Nous ne nous voyons plus beaucoup et nous nous manquons les uns les autres. | 
 290 
 | 
4% | 
| Souhaits  de  prompt  rétablissement  de  la  vie  que  nous  avons  eue.  Souhaits  de«restaurer» la vie ordinaire. | 
 278 
 | 
3% | 
| Demande
 pour une réduction progressive du nombre de centrales nucléaires. 
Souhaits pour  une  éventuelle  élimination  de  toutes  les 
 installations nucléaires,  et  pour  une transition vers les énergies 
renouvelables. Demande pour l’élimination des centrales nucléaires pour 
assurer une vie sûre et sécurisée. | 
 276 
 | 
  3% | 
| Évacuation
 vers des zones où les radiations étaient élevées. Les informations de 
SPEEDIauraient du être divulguées immédiatement. | 
 201 
 | 
2% | 
| La décontamination demandera un immense budget et du temps. Elle doit être effectuée sur la base de décisions bien planifiées. | 
 177 
 | 
2% | 
| Demande de clarification de qui est responsable. | 
 172 
 | 
2% | 
| Sentiment
 de peur que la santé pourrait être affectée négativement par les 
radiations, et que la santé puisse se détériorer une fois un médicament 
ou un traitement ambulatoire arrêté. | 
 165 
 | 
2% | 
| TEPCO ne comprend pas la réalité de la situation et des personnes évacuées. Ils doivent en savoir plus sur nous. | 
 162 
 | 
2% | 
| Besoin de précisions sur ce que nous devrions faire. Demande pour une sortie de la situation actuelle et pour s’installer. | 
 161 
 | 
2% | 
| Peur
 que la santé des enfants et des enfants à naître pourrait être affectée
 par l’exposition aux radiations. (Également préoccupé par la baisse de 
la force physique et par la croissance des enfants.) | 
 154 
 | 
  2% | 
| Famille, amis et voisins sont séparés. Perte de contact et sentiment de séparation. | 
 137 
 | 
2% | 
| Chômage
 en raison de la perte du lieu de travail. Aucun revenu et lutte pour 
survivre. (L’agriculture était le moyen de subsistance historique mais 
est maintenant impossible.) | 
 132 
 | 
2% | 
| À  
 cours   d’argent   pour   vivre.   Impossible   de   vivre  
 décemment.   Besoin   urgent d’indemnisation pour couvrir les coûts de 
la vie. | 
 121 
 | 
1% | 
| Des 
exercices d’évacuation ont été effectués régulièrement mais n’ont jamais
 été basés sur un accident comparable (accident nucléaire ajouté à une 
catastrophe naturelle). | 
 119 
 | 
1% | 
| La 
conception de la centrale pourrait ne pas avoir pris un tsunami en 
compte. Il avait été dit à maintes reprises que de multiples couches de 
mesures de sécurité ont été mises en oeuvre ce qui était rassurant. | 
 116 
 | 
1% | 
| Très
  triste  de  voir  la  patrie  familière  contaminée  par  les 
 radiations.  Sentiment  de s’enliser de jour en jour, aucune joie, 
aucun espoir. | 
 111 
 | 
1% | 
| Très
  déçu  de  ne  pas  être  en  mesure  de  profiter  d’une  retraite 
 confortable  après l’accident. Frustrant de se demander pourquoi l’on 
doit mener une telle vie. | 
 97 
 | 
1% | 
| Les 
refuges (qui sont loués ou mis temporairement à disposition) sont 
médiocres et inconfortables (obsolètes, petits, incommodes, etc). Nous 
voulons un nouvel environnement mis en place rapidement. | 
 92 
 | 
  1% | 
| Demande
 de  réparation des  infrastructures communautaires (« lifeline », 
systèmes de transport, installations et services) immédiatement pour que
 les gens puissent y vivre. | 
 80 
 | 
1% | 
| Demande
 d’indemnisations complètes lorsque les maladies se développeront à la 
suite de l’exposition aux radiations. Les indemnisations devraient 
également couvrir les pertes non économiques. | 
 69 
 | 
1% | 
| Forcé de déménager dans plusieurs refuges et forcés d’évacuer à plusieurs reprises. | 
 61 
 | 
1% | 
| Les 
 déménagements dans  les  sites  d’évacuation ont  pris  du  temps  en 
 raison  de  la congestion du trafic et des conditions routières. | 
 56 
 | 
1% | 
  | 
  | 
  | 
      Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012
 
| Les 
mesures préventives n’ont pas été effectivement réalisées parce que les 
événements étaient au-delà de ce qui était prévu et, de ce fait, les 
réponses d’urgence, les décisions et les actions étaient en retard par 
rapport à ce qui était nécessaire. | 
 55 
 | 
1% | 
| Le manque de fournitures de secours et d’information ont été extrêmement limités après l’évacuation. | 
 55 
 | 
1% | 
| Demande  pour  que  le  système  scolaire,  les  médias  et  les  autres  prennent  leur responsabilité. | 
 49 
 | 
1% | 
| Les 
véhicules privés ont été utilisés mais la rareté de l’essence à rendu 
l’évacuation difficile. Certains n’ont pas pu évacuer correctement | 
 44 
 | 
1% | 
| L’évacuation était difficile voire impossible en raison de l’âge, maladie, etc. | 
 41 
 | 
1% | 
| Demande pour la recherche rapide et la fourniture d’un lieu (terrain et maison) pour vivre sans danger et en toute sécurité. | 
 41 
 | 
1% | 
| Demande
 de savoir pour combien de temps le logement loué ou le refuge sont 
prévus. Besoin de savoir s’il y a une autre place disponible si nous 
avons besoin de partir. | 
 36 
 | 
0,40% | 
| Il n’y avait pas de route d’évacuation. Le seul chemin était encombré ce qui a empêché une évacuation sans heurts. | 
 27 
 | 
0,30% | 
| Il 
 aurait  fallu  des  mesures  efficaces  d’intervention  d’urgence, 
 communication  des risques,   préparation   de   routines,  
 l’attitude,   etc.   Des   informations   et   mesures d’évacuation 
précises auraient pu éviter la panique et la confusion. | 
 24 
 | 
  0,3 | 
| Il 
est difficile de s’entendre et de construire des relations avec les gens
 dans le nouvel environnement. Se sentir isolés et seuls sur le site des
 réfugiés. | 
 24 
 | 
0,30% | 
| Envie d’un rayon d’espoir parmi les évacués. Envie d’être engagé à faire quelque chose pour l’avenir. | 
 24 
 | 
0,30% | 
| Demande
 pour une fréquence accrue de brèves visites à la maison. Demande pour 
des visites plus fréquentes (Par exemple, une fois par mois) | 
 22 
 | 
0,20% | 
| A 
perdu un membre de la famille ou un ami pour cause de maladie résultant 
de la fatigue suite à l’évacuation ou à cause du stress de la vie de 
réfugié. | 
 18 
 | 
0,20% | 
| Évacués
 en bus parce que les voitures privées ont été interdites pour les 
évacuations, la raison pour cela n’a jamais été expliquée. | 
 17 
 | 
0,20% | 
| Il 
est triste et difficile d’être victime de discrimination, de préjugés et
 de malentendu seulement au motif d’être un évacué (ou d’être quelqu’un 
de Fukushima). Honte sur le site des réfugiés. | 
 17 
 | 
  0,20% | 
| Demande
  d’indemnisation pour  chercher  un  futur  emploi  ou  aide  pour 
 trouver  un emploi. (En raison du déplacement, trouver un emploi est 
difficile.) | 
 13 
 | 
0,20% | 
| Il n’y a pas eu d’instruction de porter un masque ou des vêtements de protection. | 
 12 
 | 
0,20% | 
| Les hôpitaux ont connu des difficultés à évacuer. | 
 10 
 | 
0,10% | 
| Demande de sécurité de l’emploi / retour à l’emploi à la ville natale une fois le retour autorisé après l’évacuation prolongée. | 
 10 
 | 
0,10% | 
▲ Après avoir lu toutes 
les réponses au sondage, nous avons extrait et comptabilisé chaque sujet
 comme indiqué. Comme certaines réponses contiennent plusieurs sujets, 
le total cumulé de tous les sujets dépasse le nombre de réponses. Il y a
 aussi des réponses non incluses dans les données parce qu’elles n’ont 
pas pu être classées.
 

Enquête sur les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima    
• Après l’accident, la 
plupart des travailleurs de TEPCO n’ont pas été évacués, mais sont 
restés sur le site afin d’aider, après la catastrophe. Certains 
travailleurs en sous-traitance ont été évacués le 11 mars à 16 h00. Il a
 été constaté des problèmes de communication  d‘informations pour les 
sous-traitants. Le 11 mars, ceux qui sont restés sur le site n’ont pas 
reçu d’explications sur l’état de dangerosité de la situation des 
réacteurs.
 • Les efforts, mis en place
 pour le processus de contrôle de l’irradiation des travailleurs sur le 
site de l’usine accidenté, ont été restreints compte-tenu de la 
situation d’extrême urgence et des moyens de mesure limités disponibles 
sur place. Il n’y a pas eu de rapport sur les cumuls des doses 
d’irradiation pour ces individus et aucun effort n’a été fait pour 
prendre en compte la radiation  in-situ.  De  nombreux travailleurs  ont
  exprimé  leur  anxiété  et  frustration  sur  le manque de contrôle 
des doses radioactives. Ces besoins doivent être améliorés. 
• La plupart des 
travailleurs qui sont restés en fonction après le tremblement de terre 
dans le cadre de l’accident ont été enregistrés comme professionnels de 
la radioactivité. 
• Certains d’entre eux ont 
dû partager un dosimètre avec plusieurs autres personnes car les 
appareils  n’étaient  pas  en nombre  suffisant.  Très  peu  d’entre 
 eux  sont restés sans  aucun appareil du tout. 
• Un  système 
 d’enregistrement  des  résultats des  dosimètres  n’était  pas 
 disponible. La conséquence en est qu’environ 30 % des employés n’ont 
pas eu connaissance de leur cumul d’irradiation, ce qui est un problème.
 • On n’a pas observé de 
différences significatives dans le traitement des mesures prises contre 
les radiations pour les employés TEPCO et les travailleurs 
sous-traitants. • La majorité des employés qui ont eu à faire face aux 
conséquences de l’accident n’ont pas été prévenus à l’avance qu’ils 
auraient à le faire si l’un des réacteurs était détérioré. Certains 
d’entre eux ont dû travailler sans avoir le choix et n’ont pas donné 
leur consentement. Des lacunes apparaissent  dans la préparation des 
travailleurs en cas de désastre nucléaire.
 • Environ 80% des employés 
ont reçu une information sur les doses radioactives dans leur domaine 
 d’opération,  ou  connaissaient    les  doses  de  radioactivité  du 
 site    à partir  de cartographies de dosages avant d’intégrer le 
groupe. Environ 20% ont affirmé n’avoir reçu aucune explication à ce 
sujet dans leur domaine opérationnel. Bien qu’il soit indispensable que 
des travailleurs du site aient à être impliqués dans la crise, une 
formation sur les niveaux de radiation et les risques devrait toujours 
être donnée. 
  
Résumé de la méthodologie employée pour cette enquête
• Cette  étude  a  été 
 conduite  sur  les  employés  qui  étaient  présents  à  l’usine 
 nucléaire  de Fukushima Daiichi le 11 mars 2011.
 • L’objectif de cette enquête : comprendre la réalité de la communication des informations, évacuations et contrôle de santé sur le site de l’usine. 
• Méthode : étude effectuée par courrier. 
• Durée : du 27 avril au 18 mai 2012. 
• Personnes ciblées :
 environ 5 500 employés présents à l’usine nucléaire Fukushima Daiichi 
le 11 mars 2011, et ont été ou étaient employés de TEPCO ou de 
compagnies sous-traitantes (*) et qui ont accepté de participer.
 • Total des participants : 2 415 soit environ 44 % de l’ensemble contacté. 
• Sur ces 2 415 réponses, 1 
060 (44%) ont fait des commentaires dans l’espace réservé à cet effet. 
Par ailleurs, 41 participants ont écrit sur le devant et l’arrière du 
document d’enquête ou ont fourni des commentaires complémentaires sur 
des enveloppes ou des feuilles de papier séparées. Nous avons senti de 
leur part une forte volonté d’être entendus.
Répartition des réponses par rapport au lieu de travail
• La plupart des participants travaillaient dans les aires radioactives le 11 mars.     Communication des informations aux travailleurs durant l’accident  
 • Environ 40% des employés 
TEPCO ont été alertés que les réacteurs étaient ou pouvaient être à un  
niveau  dangereux.  Par  ailleurs,  pratiquement  aucun  employé  des  
compagnies  sous- traitantes n’a été prévenu.   
(*) Note : Étant  donné 
 que  nous  n’avons  pas  pu  conduire  cette  enquête  avec  les 
employés  des compagnies qui n’ont pas voulu participer, les résultats 
ne représentent pas tout le personnel concerné et est donc à cet égard 
incomplète.
 De plus, cette 
commission a demandé aux compagnies sous- traitantes de TEPCO l’adresse 
actuelle des employés qui travaillaient à l’usine nucléaire le 11 mars 2011.
 Mais certaines compagnies nous ont donné les adresses d’employés qui 
ont commencé à travailler sur le site de l’usine après le 11 mars 2011. 
Ceux-ci ont été inclus dans les 5 500 personnes ciblées pour l’enquête. C’est la raison pour laquelle, on ne peut dire que les exemples relevés sont une analyse
 statistiquement exacte sur les employés  de Fukushima Daiichi le 11 
mars 2011. De ce fait, veuillez prendre note que les réponses peuvent ne
 pas être statistiquement fiables, excepté pour celles des employés  de 
 TEPCO,  qui  a  fourni  les  informations  de  contact  pour 
pratiquement  tous  ses employés.               
Après  le  tremblement 
 de  terre  du  11  mars,  y  a-t-il  eu  une  explication  donnée par 
 TEPCO  sur  les conditions critiques des réacteurs ou la possibilité 
d’une telle situation ?
▼ Travailleurs non-évacués     Travailleurs évacués
      
Situation de l’évacuation après le tremblement de terre
 • Plus de 80% des employés 
TEPCO n’ont pas été évacués après le tremblement de terre et sont restés
 sur place. Nombre des employés des sous-traitants ont été évacués de 
l’usine, tout au moins temporairement. 
• La plupart des évacués l’ont été aux environs de 16 h le 11 mars.
.Plus
 de la moitié des travailleurs des sous-traitants qui ont évacué ont 
répondu qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre pour cela. (Ceci inclut ceux 
qui ont répondu être rentrés chez eux car ils avaient reçu des ordres de
 le faire en cas de tremblement de terre, et non en raison de l’accident
 à la centrale électrique.) 
• Environ 30% des 
travailleurs des compagnies sous-traitantes primaires et 15% des sous- 
traitants secondaires sont restés sur place afin de faire face à 
l’accident.   
Les travailleurs impliqués à contenir l’accident
• La plupart de tous les 
employés qui ont dû lutter contre l’accident ont été enregistrés en tant
 que professionnels de la radioactivité.
• Seuls environ 10% des 
employés sous-traitants impliqués dans la lutte contre l’accident ont 
reçu une explication à l’avance sur la possibilité que l’usine puisse 
subir un accident nucléaire. 
• Environ  30%  des  employés  TEPCO  et  40%  des  autres  n’ont  donné  aucun  accord  pour travailler lors d’un tel accident.   
Gestion de l’irradiation
• Étant donné le manque de 
dosimètres à cause du tsunami, TEPCO a laissé de nombreux travailleurs 
dans les zones aux niveaux de radiation faible partager des dosimètres 
immédiatement après l’accident. En conséquence, le pourcentage 
d’employés qui n’ont pas eu accès à un dosimètre du tout a pu être 
limité à 5 %. Il n’a été observé aucune différence significative entre 
les employés de TEPCO et les autres.
Le  11  mars,  avez-vous  évacué  le  site  de  l’usine  de  Fukushima  Daiichi  (y  compris  une  évacuation temporaire) ?
▼Avant 
l’accident, avez-vous été informé des tâches possibles de lutte qui 
pouvaient vous être confiées dans le cas d’un tel accident ? 
▼ Avez-vous reçu des instructions pour l’évacuation du 11 mars (pour ceux qui ont évacué ce jour-là) ?
▼ (instructions de TEPCO : 3 et 2 % en bleu)       
Ratio des employés 
professionnels de la radioactivité par rapport aux autres qui sont 
intervenus dans la lutte contre l’accident 
▼Si vous avez évacué l’usine le 11 mars, à quelle heure ? 
▼• TEPCO  a  fait 
 effectuer  le  contrôle  d’irradiation  des  travailleurs 
« manuellement » car  le système de mesure et de contrôle cumulatif des 
radiations était devenu inutilisable. Toutefois, environ 30% des 
employés ont dit qu’ils n’avaient jamais été informés des doses de 
radiation cumulées. Il n’y a pas de différences significatives majeures 
entre les employés de TEPCO et ceux des compagnies sous-traitantes sur 
le niveau d’informations données concernant l’irradiation.   
 • Au fur et à
 mesure de l’évolution de l’accident, les niveaux de radiation montèrent
 hors du bâtiment parasismique, et même hors de la zone de radiation 
sous contrôle.  A
 ce stade, TEPCO a donné des explications aux travailleurs engagés dans 
des tâches hors du bâtiment antisismique sur les doses radioactives des 
  différents sites de l’usine et sur la possibilité croissante 
d’irradiation. Alors que 40% des employés ont répondu avoir été informés
 à chaque fois, 20% d’entre eux ont dit n’avoir reçu aucune de ces 
informations. Pas de différences significatives entre les employés TEPCO
 et les autres n’ont été constatés sur l’information des risques et leur
 étendue durant les opérations.  
• Le contrôle de l’exposition 
radioactive a été mené au mieux vu les limitations et le nombre 
restreints des matériels  à disposition. Quoiqu’il en soit, de nombreux 
employés ont affirmé que la gestion de la radiation aussi bien interne 
que cumulée et leur contrôle a été insuffisant.         
 Commentaire d’un employé de TEPCO:
« Il n’y a eu aucune 
explication sur le danger encouru jusque tôt le matin du 15 mars. Je 
comprends que la situation était critique et qu’il y avait peu de temps 
pour donner des explications, mais au moins, nous voulions savoir. » « 
Il nous était demandé de gérer notre taux d’irradiation par nous-mêmes, 
peut-être parce que les bases de données étaient devenues inutilisables à
 cause du tremblement de terre. Mais nous n’avions même pas de stylos ou
 du papier. Il nous était impossible de garder des traces avec 
précision. » « Mon exposition radioactive cumulée atteignait environ 
0,008 millisievert à la fin mars. J’ai donc demandé un contrôle de tout 
le corps. La compagnie a refusé arguant que je n’y avais pas droit tant 
que je n’avais pas atteint 0,1 millisievert. J’ai travaillé dans le 
bâtiment principal antisismique pendant deux semaines à partir du 11 
mars, et j’ai passé là au moins 5 à 6 heures chaque jour. J’étais sûr 
d’être irradié intérieurement. A la mi-mai, j’ai eu un contrôle des 
globules blancs du sang, mais les résultats ont montré que j’étais moins atteint que les personnes qui ont passé moins de temps que moi dans ce bâtiment.
Commentaire d’un employé de TEPCO:
« J’ai réclamé fortement un 
suivi approfondi, et plus particulièrement pour la génération la plus 
jeune des travailleurs, qui se sentaient probablement abandonnés. 
Certains ont été temporairement relevés de leur travail ayant atteint la
 limite d’exposition radioactive légale d’une année. Les dirigeants 
TEPCO disent que cet accident n’est pas un autre Tchernobyl, malgré son 
ampleur, mais je ne vois aucune différence en terme de souffrance des 
habitants, et plus particulièrement la perte de leur endroit de vie. Je 
ne veux pas que ces dirigeants diminuent la gravité de l’accident ».    
   
 Commentaire d’un employé de TEPCO:
« Les  employés  du  bâtiment 
 principal  parasismique  ont  travaillé  dans  des  conditions  où  ils
  ne pouvaient se fier à personne sauf à eux-mêmes, et ils étaient seuls
 responsables de leur propre sécurité. Ces problèmes n’ont-ils pas pour 
origine un manque de préparation en cas de désastre ? Je ne veux pas 
entendre dire que cet événement a eu lieu car il n’était pas possible de
 l’anticiper. Le gouvernement et la compagnie de production nucléaire 
sont responsables des problèmes préexistants qui ont conduit au 
désastre. N’est-il pas de la responsabilité de la NAIIC (Commission 
d’Enquête Indépendante) de révéler ces problèmes et les dénoncer ? »
 Commentaire d’un employé sous-traitant:
« Aucune information quelle 
qu’elle soit sur l’interruption du courant de la station n’a été 
transmise aux travailleurs de finition comme nous. Il m’a fallu 
apprendre par la télévision les ordres d’évacuation d’urgence pour les 
habitants dans un rayon de 20 km. Bien que travailleur sous-traitant, je
 devais faire des équipes de 24 heures selon mon contrat de travail. Mon
 employeur savait que plusieurs de ses employés comme moi étaient restés
 dans le bâtiment principal antisismique. Toutefois, le directeur 
général de la compagnie, le directeur exécutif et le responsable de la 
protection radioactive ont tous évacué avec leurs familles. Finalement, 
je suis arrivé à appeler notre siège à Tokyo le 14 mars, mais ils 
n’étaient pas au courant qu’il y avait encore des employés travaillant 
dans le bâtiment central. J’ai demandé à être évacué, mais ils ont 
refusé ma demande. Je mangeais et dormais à peine et arrivais à mes 
limites physiques et mentales. Plus tard, j’ai dit au directeur général 
 de TEPCO que je voulais être évacué et il fut très difficile d’avoir 
son consentement. Nous avons découvert que la voiture de notre compagnie
 que nous avions prévu d’utiliser avait été prise par des employés de 
TEPCO, mais un collègue nous a emmenés. J’ai demandé à de nombreuses 
reprises un contrôle physique complet à mon employeur fin mars et en 
avril, mais ma demande a toujours été refusée. J’ai été assigné à 
travailler à Daiichi à la fin avril, ce que j’ai refusé compte tenu de 
problèmes de santé. En résultat, j’ai été par la suite victime de 
harcèlement moral de mon employeur et suis devenu mentalement 
déséquilibré. A cause de cela, j’ai dû quitter la compagnie en juin, ce 
qu’ils ont attribué à une démission pour raisons personnelles. »
 Entre  le  jour  de 
l’accident et  la  fin  mars,  est-ce  que votre  employeur  vous  a 
 indiqué  votre  niveau d’irradiation cumulée chaque fois que vous 
travailliez  ?
▼Entre le 
jour de l’accident et la fin mars, avez-vous reçu des explications de 
qui que ce soit sur les risques d’irradiation chaque fois que vous 
travailliez hors du bâtiment principal parasismique ? 
▼ Avez-vous donné votre accord pour être assigné à des travaux de lutte contre les conséquences d’un accident ?
▼ Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« En ce qui concerne les 
travailleurs, il n’y avait pratiquement pas d’instructions d’évacuation.
 Il faut un protocole de communication des informations bien compris 
pour être efficace. Les mesures prises pour faire face à l’accident 
n’étaient pas coordonnées et par dessus tout très pauvres. Il en va de 
même de la perspective des habitants. Les procédures d’évacuation et de 
destination étaient vagues et le sont toujours. Tous ces problèmes 
doivent être éclaircis. C’est seulement à partir de là qu’un nouveau 
commissionnement de l’usine nucléaire pourra être discuté. Il y a des 
employés qui retournent chez eux le soir et essaient de mener des vies 
normales après avoir été exposés à la radioactivité. C’est inconcevable.
 »       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Je travaillais  à 
Fukushima Daiichi  le 11 mars. Lorsque le tremblement de terre s‘est 
produit, j’ai essayé de sortir, mais il m‘a fallu deux heures pour 
sortir du site de l’usine étant donné le nombre de personnes. Les 
premières vagues du tsunami sont arrivées alors que j’étais encore en 
train de sortir et cependant il n’y eut aucune annonce concernant le 
tsunami. En y pensant maintenant, cela me fait frissonner de peur. »    
   
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
 Le niveau de 
radiation dans le bâtiment principal antisismique était si élevé qu’en 
temps normal il aurait  été  complètement  bloqué  pour  empêcher  toute
  entrée.  Je n’avais  aucun  choix  sinon  celui d’essayer d’évaluer 
mon taux d’irradiation dans ma tête. Ce bâtiment était clairement 
contaminé et il y avait une augmentation dans la concentration de 
poussière et d’iode. L’eau était rare, et je ne pouvais pas me laver les
 mains avant de manger de la nourriture d’urgence. J’étais clairement 
exposé intérieurement. L’eau et l’électricité étaient en besoin urgent, 
toutefois il n’y avait aucune fourniture de l’un  ou  de l’autre  venant
 de  l’extérieur.  L’usine était complètement  isolée et j’ai  pensé avoir été abandonné à mon sort. »
      
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
 « Étant donné que 
les travailleurs étaient désespérément nécessaires, je n’eus pas le 
temps de me faire confirmer si ma famille était sauve, et ceci me 
perturbait tant que je ne pouvais me concentrer sur mes devoirs
  professionnels.  La priorité  était  de faire face  à  l’accident,  
cependant il  n’y  avait  aucune possibilité pour les employés de 
vérifier leur taux d’irradiation. Je me sentais en danger. Il n’y avait 
pas assez de dosimètres et il fallait les partager. Les employés chargés
 de tâches non indispensables furent évacués, mais pas les autres. Je 
craignais pour ma vie. Le principal bâtiment parasismique avait résisté 
au tremblement de terre, mais il ne protégeait pas des radiations. Les 
endroits les plus contaminés étaient indiqués par des bandes adhésives. 
Étant donné que l’attention était monopolisée par une réunion en réponse
 au désastre entre le siège de TEPCO et l’usine, aucune information du 
tout n’a été transmise à la zone d’entourage, alors qu’il y avait une 
prévision de la dispersion radioactive du système de contrôle interne de
 l’usine basé sur la direction du vent. Les employés qui étaient chargés
 de la lutte contre le désastre à ce moment auraient mérités d’être 
affectés à d’autres endroits ! »       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Le contrôle  des taux 
radioactifs a manqué de rigueur juste après l’accident. Le contrôle 
annuel des taux d’irradiation a été un problème vague durant les 15 
dernières années. Les différences de taux enregistrées d’un employé à un
 autre étaient importantes. J’ai été surexposé, environ 0,15 
millisievert/h en externe et 0,007 millisievert/h en interne, de ce fait
 maintenant je ne peux pas travailler dans la zone contrôlée pour les 
cinq ans à venir. »       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
 « Après 
l’accident, il n’y avait aucun système de test corporel complet et il 
était sensé n’y avoir aucune radiation (Je me demande si cela pouvait 
venir d’ordres des compagnies électriques ou des compagnies de 
sous-traitance?). Étant donné qu’il n’y a eu aucune information donnée 
les 12 et 13 mars, nous n’avons pas su dans quelle direction la 
radiation s’est dispersée durant notre évacuation. » « Si la 
décontamination n’a pas la priorité,  nous ne pouvons pas retourner chez
 nous. J’espère que la décontamination sera faite par des volontaires de
 chez TEPCO ou des compagnies qui appartiennent à TEPCO (c.à.d. par des 
personnes qui ne travaillent pas dans des usines nucléaires). »          
 
Avant le 11 Mars, aviez-vous reçu des instructions précisant que vous pouviez avoir à être chargé de lutter contre un accident ?
▼Entre
 le moment de l’explosion de l’unité 1 le 12 mars et la fin mars, 
portiez-vous un dosimètre lorsque vous travailliez hors du bâtiment 
principal parasismique (*) ?
▼ (* le seul 
bâtiment conçu pour coordonner la lutte contre un tremblement de terre 
et à partir duquel toutes les réponses à la crise étaient organisées.)
       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
 « Je ne pense pas 
qu’il ait été donné beaucoup d’attention aux travailleurs qui ont eu en 
fait à gérer l’accident. Le premier compteur corporel complet a été 
installé dans la ville  d‘Iwaki, mais seuls les employés TEPCO étaient 
en droit de l’utiliser. Les autres devaient se rendre jusqu’à 
Kashiwazaki et nous n’avons pratiquement pas vu d’employés TEPCO là. 
TEPCO a laissé tout faire par les principaux sous-traitants. Avant de 
donner des blâmes, l’opérateur devrait avant tout se focaliser sur les 
règles de sécurité en cas d’accident. »       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« En tant que travailleur 
d’un sous-traitant principal, je n’ai eu d’autre choix que d’être 
impliqué dans la procédure mise en place après l’accident, ce qui veut 
dire être confronté à des niveaux d’irradiation extrêmement élevés par 
rapport à la norme. Je suis très inquiet pour ma santé depuis le 11 
mars. Après l’accident, j’ai reçu une compensation financière selon les 
conditions de ma propre compagnie, mais c’était vraiment une très petite
 somme. Peut-on dire que ce que nous avons fait était pour notre pays ? 
Si c’est le cas, nous devrions recevoir plus d’argent. J’ai souffert 
 d’un cancer de l’estomac dans le passé et si je devais encore en être 
atteint à cause du travail fait à la suite de l’accident et en mourir, 
cela serait impardonnable. »      
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Cela fait quatre ans que 
je travaille dans une compagnie sous-traitante. Durant tout ce temps, je
 n’ai jamais eu de formation sur une procédure d’évacuation en cas 
d’accident nucléaire. L’état d’esprit de TEPCO était qu’il était « 
impossible qu’un accident arrive », et « nous avons besoin de formation 
uniquement en cas de sinistre par le feu ». A cause de cela, j’ai été 
licencié et j’ai dû évacuer très loin afin d’élever mes trois enfants et
 protéger leur santé. Je veux retrouver nos vies et moyens de vivre. » 
  
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
 « J’exige de 
recevoir une compensation et assurance suffisantes dès que possible. 
Nous ne pouvons pas attendre un jour de plus. »
 « Je pense que cet accident
 devait se produire en fait. TEPCO est devenu maître dans l’art de 
cacher l’information. Même maintenant, TEPCO n’a pas fourni toutes les 
informations concernant la fuite d’eau, etc. » « Le gouvernement et 
TEPCO auraient dû prendre en compte les accidents passés comme celui de 
Tchernobyl  lorsqu’ils  ont dû  affronter  le  désastre.  Il  n’y  a  eu
  aucune  excuse  faite  aux  évacués. Comment cela peut-il être 
acceptable ? »       
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant secondaire:
 « Aux nouvelles, 
il était dit que les travailleurs de l’usine qui affrontaient l’accident
 étaient prêts à mourir, mais en regardant ces nouvelles, je me disais 
qu’il était impossible que l’on soit prêt à mourir. J’ai fait un 
contrôle corporel complet pour la première fois fin avril et mon taux 
d’irradiation était incroyablement élevé. Je suis de tout cœur avec les 
personnes qui travaillent encore pour lutter contre les conséquences de 
l’accident. J’espère que ces personnes travaillant à Fukushima Daiichi 
prendront soin de leur santé. »
         Rapports des réunions 
 de la Commission indépendante
 sur Fukushima
1ère réunion de la Commission
   
Lieu : The Fukushima View Hotel, Préfecture de Fukushima 
Date: 19 décembre 2011       
La première réunion de la 
Commission  d‘enquête indépendante sur l‘accident nucléaire de Fukushima
 s‘est  tenue  au  Fukushima   View Hotel  dans la  ville   de Fukushima
  le  19  décembre  2011. 
La Commission a approuvé la 
version préliminaire des règles encadrant son fonctionnement, désigné un
 chef  de  projet,  décidé  de  la structure  des  groupes  de travail 
 et  de  son  siège,  et  commencé officiellement son activité. Reiko 
Hachisuka, un des membres de la Commission, a également présenté un 
rapport sur les conditions difficiles  dans lesquelles vivent 
aujourd‘hui les populations concernées. Mme Hachisuka, qui a été évacuée
 d‘Okuma, où est située la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, pour
 vivre dans des résidences provisoires mises à disposition à Aizu 
Wakamatsu, a déclaré que les réfugiés souffrent d‘une perte du sentiment
 de sécurité et de stabilité malgré les affirmations répétées depuis des
 années par TEPCO et le gouvernement que la centrale était sûre.   Afin 
de se rendre compte par elle-même des conditions prévalant à la centrale
 et dans ses environs, la  Commission s‘est rendue sur  place  le  18 
 décembre. 
Elle   a  aussi  observé 
 les  efforts  de décontamination menés par la municipalité d‘Okuma. 
Après la première réunion de la Commission lundi, nous avons visité les 
logements provisoires de Kawamata qui abritent des réfugiés du district 
de Yamakiya (qui fait partie de la ville de Kawamata) où les taux de 
radiation sont élevés. 
Nous avons parlé 
personnellement avec le maire de la ville, Michio Furukawa, également 
représentant de la communauté en résidence provisoire. 
Nous avons vu les opérations mises en œuvre pour décontaminer les champs et les forêts du district de Yamakiya.     
2ème réunion de la Commission
Lieu : Keisei Memorial Hall, Tokyo 
Date : 16 janvier 2012   
Témoins : Yotaro Hatamura, Président  du Comité d’Enquête du Cabinet du Premier Ministre sur l’Accident de la Centrale Nucléaire de Fukushima de TEPCO 
Shinji Ogawa, Directeur-Général du Comité d’Enquête du Cabinet du Premier Ministre 
Masayuki Ishida, Directeur de la Division Inspection Qualité de l’Energie Nucléaire de TEPCO 
Masayuki Ono, Directeur de la Division Qualité et Sécurité de l’Energie Nucléaire de TEPCO 
Itaru Watanabe, Directeur-Général Adjoint du Bureau des Politiques de la Science et de la Technologie au MEXT 
Yoshinari Akeno, chef de groupe, Service de la Sécurité Nucléaire du Bureau des Politiques de la Science et de la Technologie au  MEXT 
Tadao Kanda, Directeur, Bureau d’Evaluation des Politiques, secrétariat du ministre, au MEXT   
La Commission a désigné son président intérimaire et le co-président du groupe.
 Nous avons reçu une 
explication sur les rapports provisoires et initiaux sur l‘accident de 
la centrale nucléaire de Fukushima du Comité d‘Enquête et de 
Vérification  du Gouvernement, de TEPCO et du Ministère de l‘Education, 
de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT).
3ème réunion de la Commission
*Lieu : Shimin Plaza Kazo, Préfecture de Saitama 
Date : 30 janvier 2012   
Témoin : Katsutaka Idogawa, maire de  Futaba. 
Le  maire  de  Futaba,  Katsutaka  Idogawa,  a  présenté  la  situation 
avant l‘accident de la  centrale et les conditions au moment de 
l‘accident et durant l‘évacuation. Il a aussi discuté avec la 
Commission. Après la réunion, nous avons organisé une réunion avec les 
habitants de la ville pour écouter leurs derniers commentaires sur 
l‘accident et l‘évacuation,  et  pour avoir  des détails sur la vie des 
évacués.  
Katsutaka Idogawa
 
Commentaires de M. Idogawa :   
§ « Depuis ma nomination 
comme maire, je n‘ai pas cessé de faire part de nos inquiétudes à propos
 de la centrale nucléaire à TEPCO et NISA. Ils n‘arrêtaient pas de nous 
dire de ne pas nous faire de souci, que la centrale était absolument 
sûre. Mais l‘accident est bel et bien arrivé. Ils ne peuvent pas donner 
d‘explication car l‘accident serait dû à  « des facteurs qui vont au- 
delà de ce qu‘ils pouvaient imaginer ».   
§ Le centre hors-site était 
inutilisable parce que trop proche de la centrale. Il faut vérifier et 
voir à quel type d‘accident le centre d‘urgence hors-site  était censé 
pouvoir répondre.   
§ Il est nécessaire de 
clarifier le rôle joué par les instances de régulation nucléaire et les 
relations qu‘elles entretiennent  avec l‘industrie. Pour ce qui est de 
TEPCO, nous aimerions qu‘ait lieu une évaluation de tous les facteurs 
qui pourraient avoir contribué à l‘accident. Nous avons besoin de savoir
 si des questions fondamentales ont été ignorées pour privilégier la 
profitabilité, si la formation du personnel était adéquate et si les 
compétences techniques étaient correctement transmises, et quel genre de
 formation était fourni au grand nombre d‘intérimaires embauchés pour 
les inspections régulières. Nous voulons savoir si le service de gestion
 de crise fonctionnait correctement.   
§ Pour ce qui est de la 
préfecture de Fukushima, une enquête est nécessaire pour établir par 
exemple si elle a diffusé des informations correctes à sa population et 
si elle fournit actuellement aux gens la protection dont ils ont besoin.
   
§ Quant  au niveau  de 
l‘exposition  aux  radiations,  les  explications  et les  normes sont 
très diverses  et ce n‘est pas clair  du tout. Le taux maximum  
d‘exposition cumulative  pour la population en général est légalement de
 1 millisievert  par an. L‘accident nous a exposé à des radiations 
autres que le rayonnement naturel. 
Il est scandaleux que TEPCO prétende que les radiations émises par sa centrale sont bona vacantia, c‘est-à-dire  un objet sans propriétaire dont ils ne peuvent pas être tenus responsables.   
§ Après   l‘évacuation,  
 les  communications  avec   le   gouvernement  ont  été  absolument 
inexistantes. La télévision était notre seule source d‘information.
4ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 15 février 2012   
Témoins : Haruki Madarame, Président de la Commission de Sûreté Nucléaire (NSC), 
Nobuaki Terasaka, ex-président de l’Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle (NISA) 
 
Haruki Madarame                          Nobuaki Terasaka       
1.  Des  instructions  dépassées:
Haruki  Madarame,  président
  de  la  Commission  de  Sécurité Nucléaire, a admis que les 
instructions de sécurité étaient défectueuses et a présenté ses excuses.
 L‘accident de Fukushima  a émis beaucoup  plus de radiations que les 
scénarios figurant dans le chapitre « accident hypothétique » contenu 
dans les instructions, où les scénarios envisagés étaient d‘une bien 
moindre envergure que les scénarios d‘accident grave utilisés par de 
nombreux autres pays. Le Guide pour l‘évaluation du site d‘un réacteur, 
qui date de 1964, est toujours la référence pour accorder le permis de 
construire des centrales nucléaires. Durant le débat, ce guide a été 
qualifié d‘obsolète et M. Madarame est d‘avis qu‘il doit être amendé.   
2. Manque de préparation des agences:
 La NSC et NISA étaient 
toutes deux mandatées pour assurer la  sécurité de  l‘énergie 
nucléaire,  mais  manquaient de  préparation pour les  situations 
d‘urgence. De plus, il a été établi que la NSC comme NISA n‘avaient pas 
bien compris leur tâche essentielle qui est de protéger la population 
locale et le pays.   
3. Connaissances insuffisantes:
 Le débat a révélé un manque
 de connaissances techniques et de compétences en ingénierie nucléaire 
au sein des agences de régulation et de la direction de ces agences. Le 
débat a également rappelé à tous l‘énorme importance de l‘indépendance 
et combien il est essentiel  de s‘appuyer  sur des décisions  et des 
suggestions  fondées sur des faits  et des analyses scientifiques pour 
que ces agences puissent fonctionner correctement. Le Japon a 
manifestement la responsabilité d‘établir  des normes et des directives 
 de sécurité qui soient dignes de confiance  au niveau mondial.       
5ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 27 février 2012   
Témoin : Richard A 
Meserve, ex-Président de la Commission de Régulation Nucléaire 
Américaine (NRC), Président de la Carnegie Institution for Science 
Dr. Richard A. Meserve
1. Une attitude proactive:
Les responsables doivent 
faire des efforts  permanents pour améliorer les normes de sécurité 
existantes. Les entreprises de construction et les opérateurs ne doivent
 pas présumer de la qualité des normes des agences de régulation et ne 
doivent pas avoir une attitude passive vis-à-vis des questions de 
sécurité et de sûreté.   
2. Responsabilités et indépendance des opérateurs:
Les opérateurs de centrales 
nucléaires ont indéniablement la responsabilité de prévenir les 
accidents et d‘empêcher l‘aggravation des dommages pouvant en découler. 
En cas d‘urgence, l‘opérateur est censé prendre des décisions et doit 
éviter de se tourner  vers  le  gouvernement. C‘est  la  raison  pour 
 laquelle  les  opérateurs doivent  avoir  les compétences  nécessaires.
   
3. Responsabilités et indépendance des instances de régulation:
Le rôle des instances de 
régulation  est d‘exiger des décisions  sensées de  la  part  de 
l‘opérateur et de faire  appliquer  ces décisions pour éviter 
l‘aggravation des problèmes. Les agences doivent    rester indépendantes
 des opérateurs et du gouvernement. Les agences doivent également 
définir clairement le rôle de l‘opérateur, du gouvernement, et de la 
chaîne de commande. Ces rôles doivent faire l‘objet d‘un entraînement 
régulier.   
4. Transparence de la prise de décisions:
Il est important de garantir
 la transparence dans toutes les procédures de prise de décisions, sauf 
celles qui touchent à la sécurité nationale. Il est important que les 
participants expriment ouvertement leur opinion pour gagner la confiance
 [du public].   
5. Importance des ressources humaines:
Le Japon devrait suivre le 
modèle de la NRC, où la majorité des employés  passent toute leur 
carrière à s‘occuper de sûreté nucléaire ; il devrait aussi fournir aux 
experts des perspectives suffisamment intéressantes. Au Japon, les 
professionnels qui ont l‘habitude de  changer régulièrement de  poste au
  sein  de  l‘administration   se révèlent  souvent incapables de gérer 
les situations de crise.   
6. Indépendance et transparence des enquêtes:
Les caractéristiques les plus importantes pour l‘enquête sur l‘accident nucléaire sont l‘indépendance et la transparence.
       
6ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 14 mars 2012   
Témoin: Sakae Muto, 
Conseiller de TEPCO et ancien Vice-président Exécutif et Directeur 
Général de la Division Energie Nucléaire & Implantation de Centrales
 de TEPCO     
Sakae Muto      
1. Relations entre le gouvernement et l’opérateur:
Nous avons entendu un 
témoignage inattendu montrant que le Cabinet avait participé à des 
discussions sur des questions techniques concernant les réacteurs 
nucléaires. Le Premier ministre Kan a demandé le numéro de portable du 
directeur de la centrale de Fukushima, sans en informer la direction de 
TEPCO   
2. Compétence de TEPCO:
M. Muto  a déclaré que 
l‘opérateur était le premier responsable de l‘accident,  mais des 
questions demeurent concernant la  compétence  de  TEPCO  à  assumer 
 cette responsabilité.   
3. Manque de préparation aux accidents:
De longues discussions ont 
eu lieu sur la culture de sécurité et les actions préventives à mener 
contre les séismes. M. Muto a sous-entendu que la cause de l‘accident
 était le tsunami imprévu mais la possibilité d‘un tsunami avait  été 
estimée en 2002 et TEPCO doit  donc  avoir  reconnu  les  risques. 
 Toutefois  M. Muto  a  soutenu  ne  pas  avoir eu connaissance de ces 
études. Ceci était clairement une défaillance de la culture de sécurité 
de TEPCO.       
7ème réunion de la Commission   
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 19 mars 2012 
Témoins : Volodymyr
 Holosha, Directeur de l’Agence de l’État Ukrainien pour la Gestion des 
Zones d’Exclusion, Ministre des Situations d’Urgence   
Anatoliy Gora, Directeur Adjoint de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl   
Leonid Tabachnyi, 
Vice-Président du Centre d’Observation Géophysique du Service 
d’Hydrométéorologie au Ministère Ukrainien des Situations d’Urgence     
  Volodymyr Holosha               Leonid Tabachnyi       
1. L‘accident  de Tchernobyl  
diffère de celui de Fukushima 
par les types de matériaux radioactifs rejetés, les  conditions  météo, 
la  géographie  et l‘état des enceintes  de confinement  des réacteurs. 
Cependant les deux accidents ont été qualifiés d‘accidents de niveau 7 
(accident grave), une qualification de l‘échelle  internationale des 
événements nucléaires (échelle  INES). Tchernobyl  a provoqué 
 d‘importantes  émissions  de  matériaux  radioactifs  et affecté 
 l‘environnement et  de  très nombreuses vies. Les matériaux radioactifs
 continuent à affecter sévèrement la santé publique et l‘environnement 
26 ans après l‘accident.  
 2. Questions concernant l’exposition : 
De nombreuses personnes ayant 
travaillé dans les zones contaminées en Ukraine ont été exposées aux 
radiations. Beaucoup de petits enfants qui ont été exposés aux 
radiations ont développé  un cancer de la thyroïde. L‘exposition  aux 
radiations ne se contente pas de provoquer des cancers de la thyroïde 
chez les jeunes enfants ; elle affecte l‘ensemble du  corps.  Les 
 personnes  évacuées  souffrent  de  stress  et  de phobie  des 
 radiations.  Les  aliments contaminés sont surveillés et contrôlés 
séparément par type, quantité consommée, etc.   
3. Questions concernant la diffusion de l’information:
La nécessité de diffuser 
l‘information a été reconnue par le gouvernement ukrainien, qui a tiré 
les leçons de l‘époque de l‘URSS.  Cependant, il y a beaucoup d‘unités 
de mesures, comme les becquerels, les sieverts et les curies, qui ne 
sont pas bien connues de la population. L‘information du public peut 
être diffusée de manière différente selon les niveaux de contamination.
8ème réunion de la Commission
 
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 28 mars 2012   
Témoins : Ichiro Takekuro, représentant  de TEPCO et Responsable de l’Energie Nucléaire chez TEPCO avant l’accident. Il était au Kantei pendant l’accident. Kenkichi
 Hirose, Conseiller Spécial du  Cabinet du Premier Ministre, chargé de 
la NSC, ancien Secrétaire-Général  de  la  Commission  de  Sûreté 
 Nucléaire  (NSC)  et ancien  Directeur-Général  de l’Agence de Sûreté 
Nucléaire et Industrielle (NISA)     
Ichiro Takekuro                      Kenkichi Hirose
1.  Compétence  de  TEPCO:
Quoique  la  première 
obligation  de TEPCO soit  de  prévenir  les accidents et de minimiser  
les dommages, l‘entreprise s‘est révélée comme n‘ayant pas la capacité 
d‘auto-gouvernance qui aurait permis de mettre en place les mesures 
adéquates   de prévention des accidents ; il lui manque aussi la culture
 qui lui permettrait de mener des efforts concertés pour améliorer la 
sûreté nucléaire en tenant compte du point de vue de la population. De 
plus, TEPCO ne reconnaît pas clairement les tâches et obligations  liées
  à la  sûreté nucléaire  qui  sont celles  d‘un opérateur d‘énergie 
nucléaire. Pour ce qui est du programme de défense en profondeur, M. 
Takekuro a déclaré  que TEPCO s‘était  concentré  sur les trois premiers
  niveaux,  sous-entendant que TEPCO n‘était  pas responsable de la  
mise  en œuvre  des quatrième et cinquième niveaux de défense en 
profondeur. Au moment de l‘accident, TEPCO a envoyé M. Takekuro au 
bureau du Premier Ministre pour faire un rapport détaillé des conditions
 de l‘accident   au  Premier  Ministre.Toutefois,  on a découvert que M.
 Takekuro envoyait en réalité des ordres au site de l‘accident de la 
part du Premier Ministre. Il est évident que la culture d‘entreprise de 
TEPCO a failli dans ses efforts de prévention des accidents et 
d‘amélioration  de la sûreté nucléaire  et failli à ses obligations 
d‘opérateur de centrale nucléaire. Ce point est aussi mis en évidence 
par la longue histoire de dissimulation d‘accidents de TEPCO   
2. Responsabilités des agences de régulation:
Les discussions ont clairement
 montré que les agences de régulation nucléaire  comme NISA n‘ont pas 
rempli leur première obligation, qui est de garantir la sécurité 
publique. Elles ont ignoré les fondements mêmes d‘une culture de la 
sécurité en laissant par exemple des mesures sécuritaires essentielles 
comme les vérifications (backcheks) aux opérateurs et en 
passant outre les recommandations de l‘AIEA ; leur responsabilité en 
l‘occurrence est accablante. Il est clair que la procédure de double 
vérification par la NISA et la NSC ne fonctionnait pas. Les défaillances
 et les comportements irresponsables révélés au cours du débat ne 
concernent pas seulement M. Hirose et les autres chefs. Le gouvernement 
est lui aussi hautement coupable, car c‘est lui qui a fait de la NISA 
une administration sous la houlette du METI. [ministère japonais de 
l‘Économie].
9ème réunion de la Commission
 
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 18 avril 2012   
Témoin : Hiroyuki Fukano, Directeur-Général de l’Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle (NISA).     
Hiroyaki Fukano
1. Directive Sécurité:
La Directive Sécurité
 a été révisée par le gouvernement après l‘accident de Fukushima  sur la
 base des mesures indiquées dans les ―Conclusions technologiques‖ qui 
sont une analyse provisoire. Les conditions d‘accident envisagées dans 
la nouvelle Directive  Sécurité sont définies en détail avec  une 
séquence d‘événements identique à celle de l‘accident de Fukushima. 
Aucune mesure ou définition n‘est donnée pour un accident éventuel dont 
l‘envergure dépasserait le scénario  envisagé  dans  la  nouvelle  Directive  Sécurité  et  seules  quelques mesures de  sécurité nécessaires sont incluses :   
§ Le plan de construction de 
bâtiments résistants aux séismes, une notion dont le rôle s‘est révélé 
critique dans l‘accident de Fukushima, est défini comme une « tâche à 
moyen terme ».   
§ La mise en place de 
ventilation filtrée, qui existe dans de nombreux pays européens, est 
définie comme une « tâche à moyen terme »   
§ Le plan d‘évacuation 
d‘urgence, qui est extrêmement important pour la sécurité des habitants,
 ne relève pas de la discussion  sur les « conclusions technologiques » 
qui ont servi de base à la révision de la Directive Sécurité.         
10ème réunion de la Commission + Mairie de Namie 11ème réunion de la Commission + Mairie d’Okuma   
Lieux :    Nihonmatsu, Shimia 
Kaikan, Préfecture de Fukushima (10ème réunion) University of Aizu, 
Préfecture de Fukushima (11ème réunion) 
Dates : 21 et 22 avril 2012   
Témoins : Le maire de Namiemachi, M. Baba, et six autres témoins à la 10ème réunion de la Commission à Nihonmatsu Le
 maire d’Okuma, M.Watanabe, et quatre autres témoins à la 11ème réunion 
de la Commission à Aizu Wakamatsu. Après chaque réunion de la 
Commission, les membres de la Commission ont écouté les [doléances des] 
habitants durant les réunions dans les mairies.       
Tamotsu Baba, maire de Namie     
Toshitsuna Watanabe, maire d’Okuma
 
1. La colère des évacués:
Nous avons senti la profonde
 colère des habitants dont témoignent les commentaires suivants : « Il 
nous a fallu être évacués sans aucune information du gouvernement, de la
 préfecture ou de TEPCO sur l‘accident lui-même sur les modalités de 
l‘évacuation ou la direction qu‘il fallait prendre. » « Il aurait dû y 
avoir quelqu‘un, un employé de TEPCO par exemple, pour nous fournir des 
informations plus tôt. » Nous avons reconnu à nouveau l‘importance 
d‘avoir des procédés de communication permettant de fournir en temps 
voulu une information facile à comprendre.   
2. Garantir la sécurité des habitants:
Un fonctionnaire local a 
indiqué qu‘il se demandait  « si le gouvernement local avait rempli son 
rôle de garant de la sécurité des habitants. » Certains ont dit que « 
les exercices d‘évacuation d‘urgence n‘étaient qu‘une façon de faire des
 exercices pour le plaisir de faire  des exercices.  Le but visé  était 
surtout l‘auto-satisfaction de l‘organisateur. Est-ce  que ces exercices
 n‘auraient pas dû se faire sur la base d‘hypothèses plus réalistes ? » 
 Les conclusions de nos précédentes réunions suggèrent que les 
régulateurs n‘ont absolument pas l‘état d‘esprit qu‘il faudrait pour 
protéger les habitants.     
3. Message des villes où sont situées des centrales nucléaires:
Nous avons entendu des 
opinions importantes en particulier venant des habitants d‘Okuma.  Voici
 quelques-unes des opinions les plus notables : « Les gens des villes où
 se trouvent des centrales nucléaires avaient tellement l‘habitude de 
s‘entendre dire ―combien les centrales sont sûres‖. C‘était du lavage de
 cerveau ». « Je n‘avais jamais imaginé qu‘une centrale nucléaire puisse
 devenir un problème ». « Il n‘y eut aucune communication concernant 
tous ces problèmes qui   peuvent échapper au contrôle humain ».   Ces 
commentaires peuvent être très importants pour tous ceux qui vivent dans
 des villes où sont situées des centrales nucléaires.   
4. Relations avec le gouvernement et confiance en celui-ci:
Nous avons entendu des 
commentaires sur le gouvernement,  l‘accusant en particulier de ne pas 
avoir réussi à fournir l‘information nécessaire au moment de l‘accident.
 « Je ne peux toujours pas faire confiance au gouvernement ». « Je n‘ai 
aucune confiance dans l‘information fournie par le gouvernement sur la 
condition actuelle de l‘unité 4 et sur le niveau des doses de radiation.
 »   
5. La vie et l’avenir des évacués:
Nous avons vraiment  réalisé
 que les instructions d‘évacuation tardives ou mal définies – comme le 
souligne l‘emploi de cette phrase « par mesure de précaution » – ont eu 
un impact sévère sur la population. Un des participants a souligné la 
nécessité de « mettre en place un système par lequel le gouvernement 
continuera à surveiller les conditions sanitaires de la population de 
génération en génération. » En outre, de nombreux habitants ont à 
maintes reprises exprimé leur profond désir de « ne pas laisser les 
autres municipalités qui ont des centrales nucléaires subir ce qu‘[ils 
ont] subi. »      
Réunion publique à Okuma    Réunion publique à Namie
12ème réunion de la Commission   
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 14 mai 2012 
Témoin : Tsunehisa 
Katsumata, Président de Tokyo Electric Power Company (TEPCO) et 
ex-Président de la Fédération des Compagnies d’Electricité du Japon 
(FEPC). 
M.Katsumata est PDG de TEPCO depuis octobre 2002 et en est devenu le Président en février 2008     
Tsunehisa Katsumata
1. Redevabilité d’un opérateur de centrale nucléaire et du Premier Ministre:
Tout en rappelant que « les 
compagnies d‘électricité  sont sans aucune ambigüité responsables de la 
sécurité des centrales nucléaires, » [Katsumata] a indiqué que « c‘est 
le Premier Ministre qui était le directeur-général du siège de la 
réponse d‘urgence où il fallait  établir des priorités dans les 
décisions  sur le site de la centrale ».  Les trois directeurs 
principaux de l‘équipe dirigeante (PDG, président et vice-président) 
n‘étaient pas disponibles au moment de l‘accident. M. Katsumata  n‘a 
 appris l‘absence  du  PDG qu‘après l‘accident. Le fait qu‘il n‘ait pas 
contacté le PDG entre le moment où ce dernier est rentré de l‘étranger 
et celui  où il est retourné  au siège  montre  de toute évidence son 
absence complète de conscience de l‘imminence de la crise.   
2. Faits  critiques  concernant  le  tsunami:
Les  causes de l‘accident, 
 selon la  déclaration de M. Katsumata, sont « en cours d‘investigation à
 TEPCO ». Cependant l‘affirmation que le tsunami, qui n‘avait  pas été 
anticipé, est la cause principale [de la catastrophe] est assez 
dérangeante. Elle révèle que le risque posé par un tsunami potentiel non
 anticipé n‘avait pas été communiqué en interne au PDG. Il se trouve que
 M. Katsumata avait décidé qu‘ « un tsunami de ce genre ne pouvait pas 
se produire dans la réalité. » Il semble que le risque de tsunami 
n‘avait pas été envisagé sous l‘angle des probabilités.   
3. A propos des régulations:
M. Katsumata a souligné 
[l‘importance de] la simplification  des réglementations, mais les 
mesures que les opérateurs prennent indépendamment, dont les 
vérifications de résistance aux séismes et les réponses aux accidents 
graves, n‘avaient  pas été prises par TEPCO et d‘autres opérateurs. De 
sérieux doutes demeurent : quel rapport entre la demande de 
simplification des réglementations et les retards dans les réactions de 
TEPCO ? La Commission a aussi appris un fait peu connu, à savoir que la 
FEPC avait servi de forum pour les lobbies [de l‘industrie nucléaire].  
 
4. Résumé:
M. Katsumata a admis que 
rétrospectivement il pouvait concevoir un certain nombre de mesures qui 
auraient dû être mises en place, par exemple les mesures anti-tsunami et
 les réponses aux accidents graves ; mais il s‘est abstenu de réflexions
 plus spécifiques. Le public doit déterminer, à travers les discussions 
d‘aujourd‘hui,   si M. Katsumata était suffisamment compétent pour être à
 la tête d‘un opérateur nucléaire géant.     
13ème réunion de la Commission  
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 16 mai 2012  
Témoin : Kazuo Matsunaga, 
Vice-Ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI) au 
moment de l’accident et Directeur Général de l’Agence pour la Sécurité 
de l’Industrie et du Nucléaire (NISA) de Juin 2004 à Septembre 2005.
1. Décisions prises en qualité de Directeur Général de l’Agence pour la Sécurité de l’Industrie et du Nucléaire (NISA):
 
Le témoin a
 déclaré qu’il n’avait pas pu prendre le temps de faire appliquer les 
nouvelles normes antisismiques parce qu’il était trop occupé à réagir à 
l’accident survenu à la centrale nucléaire de Mihama [Préfecture de 
Fukui, 8 août 2004, 4 morts - ndt]. Il s’est dérobé aux demandes 
d’explications sur son propre rôle dans les stress tests et a déclaré 
qu’il n’était pas de son ressort de discuter de l’application de la 
directive B.5.b. En sa qualité, il n’était pas impliqué directement dans
 les aspects importants de la sécurité nucléaire, et il a évité de 
définir clairement ses propres réalisations et responsabilités.   
2. Jugements concernant la sécurité nucléaire dans la remise en service des centrales nucléaires:
La question demeure posée de
 savoir si, en matière de politique énergétique et de sécurité 
nucléaire, les instances dirigeantes prennent bien les décisions qui 
conviennent en connaissance de cause. Si le METI émet des jugements 
touchant la sécurité et la remise en service des centrales nucléaires 
avant que ne soient menées à terme les enquêtes du gouvernement sur les 
accidents, il se peut que cet organisme n’ait pas la pleine connaissance
 des faits. Ce problème fut également évoqué par le ministre du METI, 
Banri Kaieda, le 18 Juin 2011.   
3. Responsabilité dans le maintien d’une alimentation électrique suffisante:
 La question suivante a été 
posée à M. Matsunaga : « savez-vous si l’information rendue publique par
 TEPCO  concernant sa capacité d’alimentation électrique est entière et 
exacte? » Mais il a déclaré qu’il n’était au courant d’aucune faute de 
la part de TEPCO.   
4. Concernant l’adoption de l’utilisation du plutonium comme combustible:
Nous avons estimé qu’il 
était possible que le gouvernement eût précipité la prise de décision 
par l’autorité régionale au sujet de la mise en pratique de 
l’utilisation thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de la 
centrale de Fukushima Daiichi en offrant des subventions 
gouvernementales alors qu’il aurait fallu consacrer plus de temps à 
réaliser une sérieuse vérification du dispositif antisismique.   
5. Aptitude à réagir de manière compétente en situation de crise:
 Le METI, de même que la NISA, étaient probablement insuffisamment préparés. 
Au vu des résultats de cette
 audience, une sérieuse réflexion  s’impose  sur  la question de  savoir
  si  la  structure  sur  laquelle  repose  actuellement l’organisation 
des agences de régulation du nucléaire, y compris le METI, qui joue le 
rôle à la fois de promoteur de l’énergie nucléaire et de contrôleur de 
sa sécurité, peut être améliorée en vue d’un fonctionnement plus 
efficace.       
14ème réunion de la Commission  
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 17 mai 2012  
Témoin : Banri Kaieda, 
membre de la Chambre des Représentants et Ministre de l’Économie, du 
Commerce et de l’Industrie (METI) au moment de l’accident.       
1. Interprétation des faits par le témoin au moment de l’accident  
 a) M. Kaieda a affirmé qu’il 
se sentait responsable de la lenteur avec laquelle fut prise la décision
 de déclarer la Situation de Crise Nucléaire et que la raison en était 
qu’il avait fallu du temps pour convaincre le Premier Ministre de le 
faire.   
b) Il ignorait les raisons 
pour lesquelles le Premier Ministre de l’époque, M. Kan, s’était rendu à
 Fukushima Daiichi, ainsi que le but de cette visite. 
c) M. Kaieda avait reçu directement de la part de M. Shimizu, président de TEPCO au moment de l’accident,
 un appel téléphonique concernant l’évacuation [de la centrale - ndt]. 
Le témoin se rappelle qu’il y était question de « la Centrale Daiichi »,
 de « la Centrale Daini », d’une « évacuation », mais non pas d’un 
« retrait total du personnel ». En outre, M. Kaieda avait interprété cet
 appel direct de la part de M. Shimizu comme revêtant une importance 
particulière.   
d) M. Kaieda a déclaré qu’il 
avait eu le sentiment que TEPCO hésitait à ordonner la ventilation ainsi
 qu’à mettre hors service les réacteurs 5 et 6. Il a été également 
précisé que si la loi de Régulation des Réacteurs Nucléaires avait été 
invoquée pour justifier la décision de lancer la ventilation, c’était 
pour pousser TEPCO à ouvrir les évents. 
Ce point a révélé une ambiguïté dans la définition des responsabilités entre le gouvernement et les opérateurs des centrales.   
e) M. Kaieda a évoqué la 
difficulté, dès le début de l’accident, à communiquer et partager 
l’information entre le site de l’accident, le Kantei [cabinet du Premier
 Ministre- ndt] et la Direction de TEPCO, comme au « jeu du téléphone »,
 où le message chuchoté de bouche à oreille parvient déformé au 
destinataire. Il a ajouté: « le gouvernement doit réfléchir à ce 
problème ».   
f) Le niveau de préparation du
 gouvernement était, aux dires du témoin, « insuffisant ». De plus, 
selon lui, « les entraînements aux situations de crise auraient dû 
inclure l’utilisation du système SPEEDI ».   
g) Le témoin a fait une 
déclaration cruciale au sujet des explosions d’hydrogène : « Personne à 
ce moment-là n’avait un instant songé à la possibilité d’une explosion 
d’hydrogène ». Il a également exprimé ses regrets de n’avoir pas été en 
mesure d’empêcher l’explosion d’hydrogène. Il a estimé que les leçons de
 l’accident de Three Mile Island n’avaient pas été mises en pratique.   
2. Concernant les Stress Tests 
S’agissant d’imposer 
l’obligation de procéder à des stress tests avant le redémarrage d’une 
centrale, M. Kaieda a déclaré qu’il n’avait pas même envisagé de rendre 
obligatoire le réexamen du dispositif comme mesure possible, afin 
d’accélérer la procédure de redémarrage pour les opérateurs.   
3. Solutions idéales pour une bonne organisation chargée de la régulation de l’industrie et de la réaction aux situations de crise   
a) M. Kaieda a dit que 
l’organisation chargée de la réaction aux situations de crise devrait 
avoir des effectifs allégés afin de permettre à tous les membres de bien
 comprendre leur rôle. Il a estimé que la NISA n’avait pas répondu à 
l’attente du public dans l’exécution de ses fonctions.   
b) Il a encouragé les agences 
chargées de la régulation à être indépendantes et à être axées sur la 
sécurité. Selon lui, l’organisation chargée de la régulation devrait 
compter parmi ses membres des experts en matériaux radioactifs ayant les
 connaissances et les équipements nécessaires pour réagir aux situations
 de crise.       
15ème réunion de la Commission  
Lieu : Diète Nationale du Japon
 
Date : 27 mai 2012   
Témoin : Yukio Edano, Ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. Il était Chef de Cabinet au moment de l’accident.   
1. Points de vue de M. Edano et de M. Shimizu concernant le retrait total du personnel
M. Edano ne se souvient pas 
des termes exacts utilisés quand fut évoqué le projet de retirer le 
personnel de la centrale. Cependant, il se rappelle qu’il exprima son 
avis que si une évacuation totale des équipes devait avoir lieu, il s’en
 suivrait une détérioration de l’état
 des installations qui ne pourrait pas être empêchée. En réaction à ces 
propos de M. Edano, M. Shimizu, Président de TEPCO, n’a pas pu formuler 
de réponse et est resté silencieux. S’appuyant sur cette réaction, M. 
Edano a ajouté : ‘ »il apparaissait clairement que ce qui était envisagé
 dans la proposition (de M. Shimizu) n’était pas simplement une 
évacuation partielle ». Au cours d’une conversation téléphonique, M. 
Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, avait répondu à 
la question de M. Edano au sujet du retrait du personnel en disant : 
« il reste encore des tâches à accomplir sur place. Nous ferons de notre
 mieux ».   
2.  Notification de diffusion  publique  d’information
M. Edano avait donné  l’ordre 
 à TEPCO d’aviser le cabinet du Premier Ministre de toute diffusion 
publique d’information au moment où celle- ci  serait  effectuée,  mais 
cette  directive  n’avait  pas pour  but  de  contraindre TEPCO à 
 demander l’autorisation du cabinet du Premier Ministre avant de 
procéder à cette diffusion.   
3. Question de l’acceptation de l’aide internationale 
Le cabinet du Premier Ministre
 avait donné des instructions aux différents ministères pour qu’ils 
acceptent toute offre d’aide internationale qui pourrait être proposée, 
même si cela nécessitait de surmonter des considérations légales.   M. 
Edano a alors ajouté les déclarations suivantes, à la lumière de son 
expérience :   
1. Mauvaise diffusion de l’information  
Au vu des questions soulevées 
aujourd’hui, il a reconnu que, du point de vue du public et des 
habitants de la région,  l’information n’avait pas été suffisamment 
diffusée. Au moment des faits, il avait cru cette diffusion suffisante. 
Il a reconnu que la diffusion des informations concernant les risques 
aux personnes avait besoin d’être améliorée.   
2. Problèmes concernant le traitement de l’information  
Il a souligné les difficultés 
qu’il y avait à réunir, prévoir et devancer l’information. A titre 
d’exemple, il a cité le fait que le terme « précautions » utilisé dans 
les communiqués publics ne reposait pas sur des bases claires.   
3. Nécessité de séparer les rôles de Chef de Cabinet Ministériel et de Porte-parole 
M. Edano a noté qu’en
 l’absence d’un porte-parole unique du gouvernement, le Chef de Cabinet 
joue un deuxième ou double rôle. Il estime que tout particulièrement 
dans les cas de crise, ces deux fonctions devraient être séparées. Le 
porte-parole devrait avoir une formation spéciale.       
16ème réunion de la Commission  
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 28 mai 2012  
 
Témoin : Naoto Kan, membre de la Chambre des Représentants ; Premier Ministre du Japon au moment de l’accident   
Conditions antérieures à l’accident   
1. L’accident s’est produit 
dans une centrale nucléaire qui avait été construite   et   exploitée   
dans   le   cadre   d’une   politique   nucléaire nationale, et c’est 
donc le gouvernement qui porte la plus grande part de   responsabilité  
 dans   l’accident.   
M.   Kan,   qui   dirigeait  
 le gouvernement au moment de l’accident, a présenté une nouvelle fois 
ses excuses pour n’avoir pas pu freiner l’évolution de l’accident.   
2. En ce qui concerne la 
réaction à l’accident nucléaire, M. Kan n’avait été informé de manière 
détaillée avant l’accident ni de l’autorité du Premier Ministre dans ce 
domaine, ni de celle du directeur général de la cellule de crise.   
3. L’autorité du directeur général de la cellule de crise n’avait pas été nécessairement reconnue dans sa totalité par M. Kan à l’occasion d’un exercice de simulation de crise. 
Pendant l’accident   
1. Le fait de se rendre sur 
place pour rencontrer les dirigeants de la centrale et se rendre compte 
de la situation a été considéré comme un point positif pour M. Kan, 
étant donné qu’il ne pouvait pas obtenir d’information utile de la part 
des membres de la NISA, de la NSC ou de la part des conseillers 
techniques de TEPCO au sujet de ce qu’il convenait de faire à la 
centrale de Fukushima Daiichi.   
2. On n’avait pas pris 
conscience que la centrale subirait une recriticité à la suite de 
l’injection d’eau de mer au lieu d’eau douce, bien que M. Madarame, 
Président de la NSC, eût signalé qu’une telle possibilité n’était pas 
exclue. M. Kan a également déclaré que ces décisions (de suspendre 
l’injection d’eau de mer), dont on a dit qu’elles provenaient du Kantei 
[cabinet du Premier Ministre  - ndt], pouvaient en fait n’avoir été que 
des avis émis par les membres de TEPCO qui se trouvaient alors au 
Kantei.   
3. Il y eut deux appels de M. 
Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, à M. Hosono, 
(Conseiller  Spécial,  Cabinet  du  Premier Ministre), sur  des 
 questions relatives  au  retrait total  du personnel. Dans le premier 
appel, M. Yoshida dit que la situation était « extrêmement tendue », et 
dans le second appel, qu’on avait « commencé à injecter de l’eau, et que
 ça semblait efficace ». M. Kan s’est souvenu d’avoir rappelé une fois 
mais n’a pas pu se remémorer les détails de la conversation. Puis, tôt 
le matin du 15 Mars, le ministre du METI avait réveillé M. Kan et c’est 
alors que ce dernier avait entendu pour la première fois que TEPCO 
proposait l’abandon de la centrale, ce qui lui avait paru absurde.   
Réactions du gouvernement et du Kantei (Cabinet du Premier Ministre)    
1.  Se  trouvant  confronté 
 aux  plus  grandes  catastrophes  conjointes  jamais  survenues  -  un 
tremblement de terre et un tsunami – en même temps qu’à un accident 
nucléaire, le centre de contrôle de la crise établi à distance, au sein 
du Kantei, a eu de grandes difficultés à fonctionner correctement comme 
poste de commande.   
2. Le décret sur les mesures spéciales concernant le niveau de préparation requis pour faire face à une crise nucléaire (Nuclear Emergency Response Act) se révéla inefficace, et le Kantei fut contraint de tenir le rôle de commandant en chef.   
3. Le fait de s’être 
personnellement rendu sur le site de l’accident fut un acte 
extraordinaire, qui, selon M. Kan, aurait éventuellement pu être évité 
si l’information lui avait été dûment communiquée en temps voulu par 
TEPCO et / ou par la NISA.   
4. C’était M. Edano (Chef de 
Cabinet au moment de l’accident) qui avait refusé l’offre d’affecter des
 experts étrangers au bureau du Premier Ministre. M. Kan n’avait pas été
 informé de cette décision.   
5. M. Kan n’était pas au 
courant du fait que l’assistance étrangère avait été repoussée par la 
NSC. Si cela est vrai, c’est un sérieux problème.   
6. M. Kan avait suivi des conseils divers, y compris en dehors des voies officielles.   
7. M. Kan avait demandé le 
soutien de plusieurs membres particuliers de la Diète, mais ces demandes
 n’avaient pas pour but de leur attribuer le rôle d’une équipe de 
conseillers.
 
  
Orientations pour l’avenir  
M. Kan reconnaît que la 
catastrophe du 11 mars a mis en évidence certains problèmes fondamentaux
 du Japon. Il estime que la première étape en vue de réformer la 
politique nucléaire consiste à dissoudre la structure organisationnelle 
de la communauté nucléaire au Japon, laquelle est contrôlée 
principalement par TEPCO et par la Fédération Japonaise des Fournisseurs d’Electricité
 (FEPC). En outre, le fait d’inviter des experts de l’étranger pourrait 
produire un effet de catalyseur en vue de restructurer la communauté 
nucléaire au Japon. Il a exprimé sa conviction que le Japon
 devait aspirer à se passer de ses centrales nucléaires. M. Kan a 
exprimé son respect et sa reconnaissance aux personnes qui ont fourni un
 rude travail sur place pour faire face à l’accident survenu dans une 
centrale nucléaire.       
17ème réunion de la Commission  
Lieu : Fukushima Terrsa, Préfecture de Fukushima 
Date : 29 mai 2012  
 
Témoin : Yuhei Sato, Gouverneur de la Préfecture de Fukushima au moment de l’accident.       
Conditions antérieures à l’accident   
1. Le gouvernement central et 
TEPCO avaient affirmé que les risques relatifs aux catastrophes 
nucléaires avaient été correctement circonscrits  et  que  la  région 
 était  protégée  dans  le  cadre  d’une philosophie de défense en 
profondeur.   
2. L’évacuation  dans  un  
rayon  de  2  kilomètres  fut  décidée  par  le  gouvernement  local 
 de  la préfecture sur sa propre initiative, parce que le gouvernement 
central n’avait pas agi suffisamment vite. Toutefois, l’ordre 
d’évacuation ne fut pas diffusé correctement en raison des pannes des 
systèmes de communication. Par la suite, les ordres d’évacuation 
décrétés par le gouvernement central furent répercutés par les médias, 
mais le gouvernement de la préfecture ne reçut aucune directive concrète
 de la part du gouvernement central. Ceci eut pour conséquence que les 
habitants furent contraints de subir une évacuation extrêmement 
difficile et bouleversante.   
Mise en pratique de l’utilisation du plutonium comme combustible à la centrale   
1. L’une des trois conditions 
fixées par le gouvernement préfectoral en réponse au gouvernement 
central préalablement à toute décision de procéder à une utilisation 
thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de Fukushima Daiichi était 
que ce dernier devait atteindre le même niveau de résistance 
antisismique que celui qui apparaissait dans le rapport intérimaire de 
vérifications du réacteur Nº 5. Toutefois, M. Sato affirme que lorsque 
l’utilisation thermique du plutonium fut mise en place dans le réacteur 
Nº 3, il ignorait que parmi les vérifications effectuées ne figuraient 
pas les mesures anti- tsunami comme pour le réacteur Nº 5.   
2. En outre, M. Sato déclare 
qu’il n’était pas informé de l’existence d’une subvention spéciale liée 
au projet d’utilisation thermique du plutonium, alors que c’était 
pourtant bien lui qui avait mis ce projet en pratique.   
Orientations pour l’avenir    
1. M. Sato a fait valoir que 
le cloisonnement des fonctions administratives était un obstacle à la 
sécurité nucléaire, et a exprimé son opinion que l’unification de ces 
multiples fonctions était éminemment souhaitable.   
2. Il y avait eu des 
contradictions dans l’information, y compris dans l’information relative
 au système SPEEDI. Un autre obstacle était que le partage de 
l’information et la communication au sein de la cellule de crise 
n’étaient pas suffisants et que le gouvernement préfectoral avait des 
problèmes d’organisation. M. Sato a dit qu’il souhaitait une réforme de 
la gestion des situations de crise. Il a exprimé  son  avis qu’il  était
  essentiel  d’améliorer  l’échange  des  idées,  de  mettre  en  place 
 une organisation plus efficace et de faciliter l’intervention des 
experts, tout cela de manière étroitement coordonnée, afin d’éviter les 
accidents à l’avenir.
 
  3. La Nation a largement 
apporté son soutien à Fukushima et à ses habitants depuis la 
catastrophe. En retour, M. Sato a dit qu’il voulait apporter sa 
contribution à la création d’une communauté plus intégrée offrant la 
promesse que jamais une telle catastrophe ne se reproduirait.       
18ème réunion de la Commission  
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 8 juin 2012  
Témoin : Masataka Shimizu, président de TEPCO au moment de l’accident.      
 Problèmes de communication    
1. Le président Shimizu 
n’était « pas au courant que le Kantei [cabinet du Premier Ministre - 
ndt] n’avait pas confiance en la réaction de TEPCO concernant 
l’ouverture des évents » lorsqu’il revint de son voyage d’affaires. En 
outre, c’est seulement après les déclarations du Premier Ministre qu’il 
« découvrit » que le Premier Ministre avait  interprété la proposition 
concernant le retrait du personnel comme signifiant un « retrait 
total ». Il semble que M. Shimizu ne se soit pas rendu compte de la 
disparité des points de vue entre la façon dont le Kantei percevait la 
situation et celle dont TEPCO la percevait. Les échanges entre le Kantei
 et TEPCO étaient entravés par les malentendus et la méfiance, ce qui 
eut pour effet de créer cette controverse concernant l’interprétation du
 mot « évacuation ».   
2. En marge de ce témoignage, 
l’enquête de la Commission a confirmé le fait que le personnel était 
bien présent sur le terrain, déployant tous ses efforts pour résoudre 
les problèmes des réacteurs, et qu’il n’avait pas envisagé d’abandonner 
le site. Par ailleurs, aucune preuve n’a été découverte que TEPCO eût 
pris la décision d’opérer un « retrait total ».   
3. D’après l’enquête de la 
Commission, si la situation des réacteurs nucléaires qui se trouvaient 
dans un état critique fut finalement maîtrisée, c’est grâce au personnel
 qui se trouvait sur le terrain, car il avait une bonne compréhension de
 l’état dans lequel se trouvaient les réacteurs, et la conscience de ses
 responsabilités lui enjoignait de demeurer sur place jusqu’au bout de 
la crise.   
4. A cette fin, TEPCO n’aurait
 pas dû s’adresser au Kantei pour recevoir des instructions. Au lieu de 
cela, des personnes qui se trouvaient sur place ou quelqu’un qui 
possédait la qualification requise pour porter un jugement technique sur
 la situation auraient dû prendre les décisions, comme cela fut le cas 
par exemple lorsque fut prise la décision d’injecter de l’eau de mer.   
5. Ces considérations invitent
 à engager un important débat sur la position de l’opérateur et sur le 
bien-fondé des interventions du Kantei, lequel ne possédait pas 
l’expertise nucléaire. 
6. M. Shimizu a insisté sur 
l’importance de disposer de bâtiments résistant aux tremblements de 
terre en remarquant qu’il était « effrayant d’imaginer ce qui se serait 
produit si TEPCO n’en avait pas eu ». Diverses mesures pour se préparer à
 l’éventualité d’un cas plus grave même encore sont nécessaires. Il est 
bien clair maintenant combien il est important d’assurer la sécurité des
 ouvriers dans les centrales pour protéger la vie du public.
 
19ème réunion de la Commission   
Lieu : Diète Nationale du Japon 
Date : 9 juin 2012 
Résumé des résultats de l’enquête
  
Les résultats de l’enquête 
ont montré que les lenteurs du gouvernement dans la transmission et la 
communication de l’information concernant l’accident ont été à l’origine
 de la confusion qui s’en est suivie. Du point de vue des personnes 
évacuées, des consignes d’évacuation lancées au coup par coup ont fait 
que beaucoup de personnes ont été évacuées plusieurs fois, parfois en 
direction de zones affectées de doses de radiation élevées, et / ou en 
n’emportant que le strict nécessaire. Les voix et les opinions des 
habitants évacués qui n’ont pas d’autre endroit où aller ont été très 
claires. Les problèmes ne sont pas encore résolus. Des mesures 
appropriées doivent être envisagées dès que possible. Nous 
communiquerons ce message à la Diète.                     
19ème réunion de la Commission

Glossaire
[Beaucoup
 de termes et de sigles étant spécifiques à la langue anglaise, nous 
avons préféré laisser le texte anglais en regard de la traduction, ndt]      
 
Acute radiation disorder An acute illness resulting from a high dose usually exceeding 500mSV to most or all of the body in a short period of time.   
B.5.b The
 section of the 2002 NRC Security Order that addresses damage from fire 
or explosion  such  as  could  occur  from  the impact of a large 
commercial aircraft.   Backcheck  A  review  of  the  safety  of  a nuclear power plant—a term peculiar to the Japanese nuclear industry.   
Backfit The
 modification of or addition to systems, structures, components, or 
design of a plant or a facility; or the design approval or manufacturing
 license for a facility; or the procedures  or  organization  required 
to design, construct, or operate a plant or a facility.       
Becquerel Bq The unit of radioactivity in which one nucleus decays per second.   Condensate storage tank A tank containing water used for a reactor‘s cooling systems.     
Condensate water transfer pump The pump for water from the condensate storage tank.   
Containment   vessel   The   gas-tight   shell around a nuclear reactor.   
Core damage Damage to the central part of the   reactor   that   contains   the   fuel   and produces heat.   
Defense-in-depth The practice of having multiple, redundant, and independent layers of  safety  systems  to  safeguard  the  reactor core.   
ECCS Emergency Core Cooling System 
Acute radiation disorder. Maladie
 aiguë résultant d’une forte dose dépassant habituellement 500mSV à la 
plupart ou la totalité du corps dans un court laps de temps.       
B.5.b. Section
 de la recommandation de la NRC de 2002 qui aborde les dommages causés 
par un incendie ou une explosion qui pourraient se produire suite à 
l’impact d’un gros avion commercial.   
Backcheck.  Revue  de  sûreté  d’une  centrale  nucléaire [terme propre à l'industrie nucléaire japonaise, ndt].       
Backfit. Mise
 en conformité. L’ajout ou la modification de systèmes,   de  
 structures,   de   composants   ou   de   la conception initiale d’une 
usine ou d’une installation ; ou l’approbation  de  la  conception  ou 
 de  la  licence  de fabrication  pour  une  installation ; ou 
 l‘approbation  des procédures    ou    de    l’organisation   
 nécessaires    à    la conception, à la construction, à 
l‘exploitation d’une usine ou d’une installation.   
Becquerel Bq. Unité de radioactivité correspondant à une désintégration nucléaire par seconde.   
Condensate storage tank. Réservoir d’eau du condenseur utilisée   pour   les   systèmes   de   refroidissement   d’un réacteur.   
Condensate water transfer pump. Pompe de transfert de l‘eau du condenseur vers le réacteur.   
Containment vessel. Enceinte de confinement étanche autour d’un réacteur nucléaire.   
Core damage. Dommages  au cœur du réacteur contenant le combustible et produisant de la chaleur.       
Defense-in-depth. Défense
 en profondeur. Mise en place de niveaux multiples, redondants, et 
indépendants de systèmes de sécurité pour protéger le cœur du réacteur.  
  
ECCS  Emergency  Core  Cooling  System.  Systèmes  de refroidissement d‘urgence du cœur.
ERSS Emergency
 Response Support System – a system of information sharing between 
nuclear    power    plants    and    government agencies designed to 
facilitate a coordinated and effective response from the national 
government.   
FEPC Federation
 of Electric Power Companies (Hokkaido Electric Power Co., Hokuriku 
Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., The Chugoku Electric Power
 Co., The Okinawa Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co., Shikoku
 Electric Power Co., The Kansai Electric Power Co., Tokyo Electric 
 Power  Co.  and  Tohoku  Electric Power   Co.)   –  A   federation  
 of   the   ten privately   owned   electric   power   utilities created
 in 1952 to facilitate communication and cooperation between them.   
Filtrate tank Part
 of the water injection backup  line  of  the  plant,  connected  by  a 
pump to the water tank that draws from Sakashita dam.   
gal A unit of acceleration defined as one centimeter per second squared.   Hardened vent A
 separate vent pipe designed to withstand higher loads during an 
accident such as a station blackout, and routed to an elevated point 
outside the reactor building.   
HPCI High
 pressure coolant injection system – the first line of defense in the 
emergency core  cooling  system.  HPCI  is  designed  to inject 
substantial quantities of water into the reactor while it is at high 
pressure so as to prevent   the   activation   of   the   automatic 
depressurization,    core    spray,    and    low pressure coolant 
injection systems.         
IAEA International
 Atomic Energy Agency – an international organization that seeks to 
promote the peaceful use of nuclear energy, and to inhibit its use for 
any military purpose, including nuclear weapons.   
IC  Isolation 
 condenser  – a  heat  exchanger located above containment in a pool of 
water open to atmosphere. In operation, decay heat boils steam, which is
 drawn into the heat exchanger and condensed; then it falls back into 
the reactor. 
ERSS Emergency Response Support System. Système
 de gestion   des   urgences :   un   système   de   partage   de 
l’information   entre   les   centrales   nucléaires   et   les 
organismes gouvernementaux destiné à faciliter une réponse coordonnée et
 efficace du gouvernement central.       
FEPC. Federation of Electric Power Companies Fédération
 des compagnies électriques (Hokkaido Electric Power Co., Hokuriku 
Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., The Chugoku Electric Power
 Co., La Okinawa Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co., Shikoku 
Electric Power Co., Le Kansai Electric Power Co., Tokyo Electric Power 
Co. et Tohoku Electric Power Co.) Une fédération des dix compagnies 
d’électricité privées créée en 1952 pour faciliter la communication et 
la coopération entre elles.         
Filtrate tank. Réservoir
 à eau filtrée. Elément de l‘alimentation de secours en eau de l‘usine, 
relié par une pompe au réservoir d’eau [non filtrée] en provenance du 
barrage de Sakashita.   
Gal. Mesure d‘une caractéristique sismique : c‘est l‘unité d’accélération au sol définie par un cm/s2.   
Hardened vent.
 Tubulure d‘évent renforcée, conçue pour résister aux pressions élevées 
lors d’un accident (par exemple une panne totale d’électricité) et qui 
débouche en un point élevé, à l’extérieur du bâtiment du réacteur.  
HPCI High Pressure Coolant Injection system. Système
 d’injection haute pression du liquide de refroidissement – la première 
ligne de défense dans le système de refroidissement  d’urgence du cœur. 
Elle  est conçue pour injecter des quantités importantes d’eau dans le 
réacteur pendant  qu’il  est  sous  une  pression  élevée  de  façon  à 
empêcher l’activation de la dépressurisation automatique, la 
 pulvérisation  dans le  cœur  et le  déclenchement  des systèmes 
d‘injection  de refroidissement  à basse pression de fluide caloporteur.
   
IAEA International Atomic Energy Agency. Agence
 Internationale de l‘Energie Atomique, AIEA, organisation qui cherche à 
promouvoir  l‘usage pacifique  de l‘énergie nucléaire   et   à  
 empêcher   son   utilisation   à   des   fins militaires, dont les 
armes nucléaires.   
IC Isolation Condenseur. Condenseur
 d‘isolation. Un échangeur de chaleur situé au-dessus de la cuve de 
confinement,  dans  un  bassin  d’eau  à  l’air  libre.  En 
fonctionnement, la vapeur d‘eau chauffée est envoyée vers l’échangeur 
 de  chaleur  et condensée,  puis  elle  retombe dans le réacteur.
INES International
 Nuclear and Radiological Event   Scale   –  a   seven-level   scale  
 for assessing and communicating safety information  regarding  nuclear 
 and radiological incidents.       
JNES Japan
 Nuclear Energy Safety Organization  – an  incorporated administrative 
agency established to ensure safety in the use of nuclear energy, which 
works in conjunction with NISA.   
Kantei  The
 Prime  Minister‘s Office  -  The building   housing both the Prime 
 Minister‘s official office and residence. In this report, 
―Kantei‖  most  often  refers  to  the  Prime Minister  and  the  ad 
 hoc group  on  the  5th floor,    which    was    responsible    for   
 the government‘s response to the accident.   LOCA loss of 
coolant accident – a mode of failure for a nuclear reactor that can 
result in core damage, unless it is mitigated by ECCS.       
Make-up system A system used to add water to the reactor coolant system under normal operating conditions.   M/C High
 voltage metal-clad type switchgear – In an electric power system, 
switchgear is the combination of electrical switches, fuses or  circuit 
 breakers  used  to  control,  protect and isolate electrical equipment.
   METI Ministry of Economy, Trade & Industry   
MEXT   Ministry   of   Education,   Culture, Sports, Science, and Technology.   
Millisievert   mSv   A   unit   of   equivalent radiation dose.   
NAIIC     Nuclear     Accident     Independent Investigation Commission         
NISA Nuclear and Industrial Safety Agency –  a  government  regulatory  agency  under METI. 
INES International Nuclear and radiological Event Scale.
 Echelle internationale [de mesure] des évènements nucléaires et 
radiologiques. Une échelle à sept niveaux pour évaluer et communiquer 
les informations de sécurité concernant des incidents ou accidents 
nucléaires et radiologiques.   
JNES Japan Nuclear Energy Safety organization. Une
 agence administrative mise en place pour assurer la sécurité  dans 
 l‘utilisation  de  l’énergie  nucléaire,  qui travaille en 
collaboration avec le régulateur (la NISA).       
Kantei Cabinet
 du Premier Ministre. Le bâtiment abritant à la fois le bureau officiel 
du Premier ministre et sa résidence. Dans ce rapport, « Kantei » renvoie
 le plus souvent au Premier ministre et au groupe de travail ad hoc du 5ème étage qui était responsable de la réponse du gouvernement à l’accident.      
LOCA Loss Of Coolant Accident.
 Perte accidentelle de fluide caloporteur. Un accident nucléaire qui 
peut entraîner des dommages du cœur, sauf s‘il est atténué par les 
systèmes de refroidissement d‘urgence.   
Make-up system. Un
 système utilisé pour ajouter de l’eau au système de refroidissement du 
réacteur dans les conditions normales de fonctionnement.   
M/C. Commutateur
 haute tension de type blindé. Dans un système d’alimentation 
électrique, cet appareillage est la combinaison de commutateurs 
électriques, de fusibles ou de disjoncteurs utilisés pour contrôler, 
protéger et isoler l’équipement électrique.   
METI. Ministry of Economy, Trade & Industry. Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie.   
MEXT.  Ministère  de  l’Education,  de  la  Culture,  des Sports, de la Science et de la Technologie.   
Millisievert mSv. Unité de dose équivalente de rayonnement.  
NAIIC Nuclear Accident Independent Investigation Commission. Commission d‘enquête indépendante sur l‘accident nucléaire de Fukushima nommée par la diète japonaise.   
NISA Nuclear and Industrial Safety Agency. Agence
 de Sécurité Industrielle et Nucléaire, un organisme gouvernemental de 
réglementation sous tutelle du METI, Ministère de l’Economie, du 
Commerce et de l’Industrie.
NSC Nuclear
 Safety Commission of Japan – a government administrative body under the
 Cabinet Administration Office (CAO) that oversees the regulators and 
the operators.   
PBq PetaBecquerel. 1015 Bqs.   
Reactor A device in which a fission chain reaction can be initiated, sustained and controlled.   
RCIC Reactor
 core isolation cooling system –  RCIC  is  a  feedwater  pump  meant 
 for emergency use.  It is able to inject cooling water into the reactor
 at high pressure.   SBO Station blackout – a complete loss of alternating current electric power to the station.   
SCRAM Safety
 Control Rod Axe Man – Rapid shutdown of a nuclear reactor where fission
 is halted by inserting control rods into the core.   
Shelter-in-place order An
 order to take immediate shelter in a location readily accessible by 
sealing it off from outside contaminants and shutting off all air 
circulation systems. For many residents this meant their own houses.   
SPEEDI     System     for     Prediction     of Environmental Emergency Dose Information.   SR  Safety  relief  valve  – a  safety  device designed to protect a pressurized vessel or system during an overpressure event.   
TEPCO Tokyo Electric Power Company, the operator of the Fukushima Daiichi Nuclear Power Plant   
Venting A system designed to vent accumulated hydrogen gas in the reactor buildings.   
Yield strength Yield strength is the stress beyond which a specified amount of permanent deformation of a material occurs.   
480V bus cross-tie breaker A
 cross-tie breaker  is  a  connection  between  electric power systems 
by means of which each can interchange power with the other. NSC Nuclear Safety Commission of Japan. Commission
 de sûreté nucléaire du Japon. Un organisme administratif gouvernemental
 sous la tutelle du Bureau central de l’administration (CAO), qui 
supervise les régulateurs et les opérateurs.   
PBq PetaBecquerel. 1015 Bqs.   
Réacteur Installation dans laquelle une réaction de fission en chaîne peut être initiée, soutenue et contrôlée.   
RCIC Reactor Core Isolation Cooling system. C‘est
 une pompe d’alimentation en eau destinée à un usage d‘urgence. Elle   
est en  mesure d’injecter de  l’eau  de refroidissement sous haute 
pression dans le réacteur.  
SBO Station Black Out. Une perte totale de courant alternatif.       
SCRAM Safety Control Rod Axe Man. Arrêt
 rapide d’un réacteur nucléaire dans lequel la fission est interrompue 
par l’insertion des barres de contrôle dans le cœur.     
Shelter-in-place   order.   Instruction  
 demandant   de   se mettre immédiatement à l‘abri dans un endroit 
facilement accessible, protégé des contaminants extérieurs et toutes 
circulations  d‘air  coupées. Pour  de nombreux résidents, cela 
signifiait de se calfeutrer dans leurs propres maisons.       
SPEEDI System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information. Système de gestion des informations d’urgence concernant l‘irradiation de l’environnement.   
SR Safety Relief valve.
 Vanne de décharge. Un dispositif de  sécurité  conçu  pour  protéger 
 une  enceinte  ou  un système lors d’un événement de surpression.   TEPCO. Tokyo Electric Power Company. L’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.   
Venting.  Système  de  ventilation  conçu  pour  évacuer l‘hydrogène accumulé dans les bâtiments réacteurs.   
Yield  strength.  Limite  élastique :  contrainte  au-delà  de laquelle la déformation d’un matériau est permanente       
480V bus cross-tie breaker. Installation de tête protégée par disrupteurs-inverseurs qui permet d‘interchanger  des alimentations électriques de 480V.
 
Clause de non-responsabilité  
Nous 
nous sommes efforcés dans cette traduction anglaise de respecter avec la
 plus grande exactitude le contenu et l’esprit du texte japonais 
d’origine. Cette traduction n’est destinée qu’à faciliter au public non-
 japonais l’accès [au rapport] ; elle n’offre aucune garantie 
d’exactitude, ni   expresse   ni   implicite.   
Si   des   questions   se 
  posent   concernant l’exactitude de l’information contenue dans la 
traduction, prière de se référer à la version japonaise du rapport de la
 Commission qui constitue la version officielle du document. Toute 
divergence ou différence créée dans la traduction n’est pas 
contraignante et n’a aucune valeur juridique à des fins de mise en 
application.                                                                          
 
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