Rapport officiel
de la Commission d’Enquête
indépendante
sur l’accident nucléaire
de
FUKUSHIMA
Rapport officiel de:
LA COMMİSSİON D’ENQUÊTE İNDÉPENDANTE SUR L’ACCİDENT NUCLÉAİRE DE FUKUSHİMA
Résumé:
Les Editions de Fukushima
Diète Nationale du Japon
I. INTRODUCTION
On peut le télécharger à cette adresse :
http://naiic.go.jp/wp-content/uploads/2012/09/NAIIC_report_lo_res10.pdf
Le résumé du Rapport Officiel de la Commission Indépendante sur l’Accident Nucléaire de Fukushima a été publié en anglais par la Diète Nationale du Japon le 5 juillet 2012.
C’est ce texte qui a été traduit en français dans les pages qui suivent.
Résumant
tous les rapports de la Commission, y compris le rapport principal,
ce résumé est destiné uniquement à permettre au public non
japonais d’en prendre connaissance.
Depuis le 16 octobre 2012, la Diète
a mis également en ligne la traduction anglaise de la totalité du
rapport que l’on peut télécharger partie par partie à
cette adresse : http://naiic.go.jp/en/report/
Objectifs de la Commission d’Enquête
La Commission, la première en son genre dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon, a reçu son mandat de la Diète Nationale
pour enquêter sur les causes de la catastrophe nucléaire de Fukushima,
sur les dommages qui en découlent et sur l’efficacité de l’intervention
d’urgence.
Elle a également été chargée
d’enquêter sur la politique nucléaire du Japon et de proposer des
recommandations pour éviter qu’une situation semblable ne se reproduise.
Elle a tenu plus de 900 heures d’auditions et d’entretiens avec plus
de 1100 personnes. Elle a été en mesure d’utiliser les pouvoirs du
corps législatif pour obtenir les documents et les preuves nécessaires.
La Commission a agi au nom du peuple japonais, indépendante de tout
membre élu de l’une des chambres de la Diète, des restrictions de la bureaucratie gouvernementale, et de l’influence du lobby financier nucléaire.
Avertissement
Seul
le rapport original en japonais a valeur de rapport officiel. La
version française a été réalisée pour aider le public francophone à
prendre connaissance de ce qui est arrivé au Japon. Les versions
anglaises et françaises ne sont pas des documents officiels.
Seule la version japonaise du rapport intégral est officielle. Si des
questions se posent quant à l’exactitude des informations contenues
dans la traduction, il faut avant tout se référer à la version japonaise
du rapport de la Commission. S’il y a des divergences ou des
différences entre la version japonaise et les traductions anglaises ou
françaises, la version en langue japonaise prévaut. Le texte original en
japonais est disponible à cette adresse : http://naiic.go.jp/report/
II. TRADUCTION
«
Nous avons entrepris de produire un rapport qui satisfasse aux plus
hautes exigences de la transparence. Les habitants de Fukushima, la
population du Japon et la communauté internationale ne peuvent se
contenter de moins. »
Kiyoshi Kurokawa, président de la Commission.
Traduction française
La traduction française du
résumé du rapport officiel de la commission indépendante sur l’accident
nucléaire de Fukushima a été initiée par le blog de Fukushima.
Suite à l’appel lancé aux
lecteurs en juillet 2012, un groupe de 8 personnes s’est constitué afin
de traduire en français l’intégralité du résumé disponible en langue
anglaise.
Les traducteurs se sont
partagé le travail, et chacune des parties traduites a fait l’objet de
plusieurs relectures contradictoires. Cette traduction coopérative,
réalisée de manière totalement bénévole, est libre de droit.
Elle peut donc être diffusée en tout ou partie, à partir du moment où le texte original n’est pas transformé, où la source est mentionnée et où il n’en est pas fait commerce.
Cette édition française se
place dans l’esprit qui a prévalu à la rédaction du rapport original, à
savoir la diffusion des résultats d’une enquête indépendante des lobbys
industriels ou des pressions politiques, avec une grande exigence de
transparence et une volonté de diffusion internationale.
Traducteurs
Robert Ash, Gilles D., Guy
Fargette, Pierre Fetet, Odile Girard, Marie-France Payrault- Gaber,
Jean-Marc Royer, Catherine Thirion.
Sigles
L’industrie nucléaire
emploie de nombreux sigles. Ils sont souvent développés dans le texte.
Quand ce n’est pas le cas, se reporter au glossaire à la fin de
l’ouvrage p. 101 à 104.
Résumé
Président
Kiyoshi Kurokawa, médecin, chercheur à l’Institut National des Hautes Etudes en Sciences Politiques (GRIPS), ancien président du Conseil Scientifique du Japon
Membres
Katsuhiko Ishibashi, sismologue, professeur émérite de l’Université de Kobe
Kenzo Oshima, conseiller auprès du président de l’Agence de Coopération Internationale du Japon, ancien ambassadeur du Japon aux Nations Unies
Hisako Sakiyama, médecin, ancien directeur de l’Institut National des Sciences
Masafumi Sakurai, avocat, ancien
procureur-général du Bureau Suprême des Procureurs Publics, ancien
inspecteur-général chargé de la Conformité Juridique, Inspection
Générale du Ministère de la Défense
Koichi Tanaka, ingénieur chimiste, chercheur à la Shimadzu Corporation
Mitsuhiko Tanaka, journaliste scientifique
Shuya Nomura, Professeur à la faculté de Droit de Chuo à l’Université de Chuo, avocat
Reiko Hachisuka, président de la Société du Commerce et de l’Industrie, ville d’Okuma, préfecture de, Fukushima
Yoshinori Yokoyama, concepteur de systèmes sociaux, directeur du Programme de Gestion de l’Université de Tokyo (Todai EMP)
Conseillers de la Commission
Itsuro Kimura, Tatsuhiko Kodama Tatsuo Hatta
Examinateurs
Takao Iida Makoto Saito Jun Sugimoto Isao Nakajima Takeshi Matsuoka Administration
Toru Anjo, Directeur Général
Sakon Uda, Directeur de l’Enquête
LA DIÈTE NATIONALE DU JAPON
L‘ACCIDENT NUCLÉAIRE SANS PRÉCÉDENT qui a débuté le 11 mars 2011 est le sujet du présent rapport, que nous présentons ici aux membres de la Diète Nationale du Japon pour avis.
Cette démarche est conforme à la Loi sur la Commission d‘Enquête Indépendante sur l‘Accident Nucléaire de Fukushima.
Environ six mois après la nomination de notre président et de ses
membres en décembre 2011, notre tâche d’investigation est aujourd’hui
terminée.
Ce rapport est censé
renforcer l‘autorité administrative du corps législatif et améliorer la
supervision dans le domaine de l‘énergie nucléaire.
En tant que première commission indépendante nommée par la Diète
dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon, nous
aimerions souligner à quel point il est important que ce rapport soit
utilisé, dans l‘intérêt du peuple japonais et des peuples du monde.
Message du président
Comment un tel accident
a-t-il pu se produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation
de sa réputation d’excellence en ingénierie et en technologie? Cette
Commission est d’avis que le peuple japonais ‒ et la communauté mondiale
‒ méritent une réponse complète, honnête et transparente à cette
question.
LE SÉISME ET LE TSUNAMI
du 11 mars 2011 sont des
catastrophes naturelles dont l‘ampleur a choqué le monde entier.
Quoiqu‘il ait été déclenché par ces cataclysmes, l‘accident de
Fukushima Daiichi qui s‘en est suivi ne peut pas être considéré comme
une catastrophe naturelle.
Ce fut un désastre d’origine
spécifiquement humaine ‒ qui aurait pu et aurait dû être prévu et
empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse
plus efficace. Nos rapports listent une multitude d’erreurs et de
négligences délibérées qui ont laissé la centrale de Fukushima démunie
devant les événements du 11 mars. Ils examinent également de graves
lacunes dans la gestion de l’accident par TEPCO, les régulateurs et le
gouvernement.
Malgré tous les détails
qu‘il fournit, ce rapport ne peut pas réellement faire comprendre,
surtout à une audience internationale, l‘état d‘esprit qui a nourri la
négligence à la source de cette catastrophe. Ce qu‘il faut admettre,
aussi douloureux soit-il, c‘est que nous avons à faire à un désastre «
made in Japan ».
Les raisons fondamentales
sont à chercher dans le souci des convenances qui fait partie intégrante
de la culture japonaise : notre obéissance automatique, notre réticence
à remettre en cause l‘autorité, notre attachement au « respect du
programme », notre dépendance au groupe et notre insularité. Si d‘autres
Japonais s‘étaient trouvés à la place de ceux qui sont responsables de
l‘accident, le résultat aurait fort bien pu être le même.
Après les «
chocs pétroliers » des années 1970, le Japon a accéléré le
développement de l‘énergie nucléaire pour s‘efforcer d‘assurer la
sécurité énergétique nationale.
C‘est ainsi que ce
développement est devenu un objectif politique pour le gouvernement
comme pour l‘industrie et qu‘il a été poursuivi avec cette détermination
farouche qui a permis le miracle économique d‘après guerre au Japon.
Forte d‘un tel mandat, l‘énergie nucléaire est devenue une force
échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à
une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion. À une
époque où le Japon avait une grande confiance en soi, une petite élite
soudée bénéficiant d’énormes ressources financières avait peu
d‘égards pour ce qui n‘était « pas inventé ici ».
Cette arrogance a été
renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour
laquelle le premier devoir de tout bureaucrate est de défendre les
intérêts de son organisation. Poussée à l’extrême, cette mentalité a
conduit les bureaucrates à placer les intérêts de l’organisation avant
leur devoir primordial, qui est de protéger la population. C‘est
seulement en l‘abordant ainsi que l‘on peut comprendre comment
l’industrie nucléaire japonaise est passée à côté des leçons de Three
Mile Island et de Tchernobyl, et comment il est devenu habituel de
résister à la pression réglementaire et de dissimuler les petits
accidents. C’est cette mentalité qui a conduit à la catastrophe de
Fukushima Daiichi.
Ce rapport critique
sévèrement de nombreux individus et organisations, mais l’objectif n’est
pas ‒ et ne devrait pas être ‒ la réprobation. L’objectif doit être de
tirer les leçons de cette catastrophe, et de réfléchir profondément sur
ses causes fondamentales, afin de s’assurer qu’elle ne se répète jamais.
Parmi les leçons à tirer, beaucoup ont trait aux politiques et aux
procédures, mais la leçon principale devrait inciter chaque citoyen
japonais à se livrer à une profonde réflexion.
Les conséquences de la
négligence de Fukushima se sont révélées catastrophiques mais la
mentalité sous- jacente se retrouve d‘un bout à l‘autre du Japon.
En admettant ce fait, chacun
d‘entre nous se doit de s‘interroger sur notre responsabilité en tant
qu‘individus dans une société démocratique. Parce que nous sommes la
première commission d‘enquête indépendante de la bureaucratie et
disposant de l‘aval de la législature, nous espérons que cette
initiative pourra contribuer au développement de la société civile
japonaise. Et surtout, nous avons entrepris de produire un rapport qui
satisfasse aux plus hautes exigences de la transparence.
Les habitants de Fukushima, la population du Japon et la communauté internationale ne peuvent se contenter de moins.
Présentation
Le mandat de la Commission
Le 30 octobre 2011, la Loi
NAIIC (officiellement « Loi sur la Commission d‘Enquête Indépendante sur
l‘Accident Nucléaire de la Centrale de Fukushima ») a été promulguée,
créant de ce fait une commission indépendante qui devait enquêter sur
l‘accident de Fukushima ; celle-ci avait toute autorité pour réclamer
des documents et exiger de la branche législative d‘utiliser ses
pouvoirs d‘investigation afin d‘obtenir tout document ou preuve
nécessaires.
Ce fut la première commission indépendante créée dans l’histoire du gouvernement constitutionnel du Japon.
Le 8 Décembre 2011, notre
président et neuf autres membres ont été nommés, et chargés par le
porte- parole et le Président de la Diète Nationale du mandat suivant, conformément à l’article 10 de la Loi NAIIC :
1. Enquêter sur les causes
directes et indirectes de l‘accident qui a frappé la centrale nucléaire
de Fukushima, centrale appartenant à la compagnie d‘électricité de
Tokyo le 11 mars 2011, suite au grand séisme du Japon de l‘Est.
2. Enquêter sur les causes directes et indirectes des dommages provoqués par l‘accident en question.
3. Enquêter et vérifier la
réponse d‘urgence à l‘accident ainsi qu‘aux dommages consécutifs,
vérifier la séquence des événements et des actions menées, évaluer
l‘efficacité de la réponse d‘urgence.
4. Enquêter sur
l’histoire des décisions et des processus d’approbation
concernant les politiques nucléaires et d’autres questions connexes.
5. Recommander des mesures
pour prévenir les accidents nucléaires et tout dommage en résultant, sur
la base des conclusions des enquêtes ci-dessus.
Les recommandations
incluront l‘évaluation des principales mesures de la politique nucléaire
et la structure des instances administratives associées.
6. Assurer les fonctions administratives nécessaires pour mener à bien les activités mentionnées ci-dessus.
Les attentes de la Commission
Avant que la Commission ne commence son enquête, nous avons également reçu les directives suivantes du Conseil de la Commission Mixte sur les Règles et l’Administration des deux Chambres sur l‘accident de la centrale nucléaire de Fukushima de la Compagnie d‘électricité de Tokyo :
- L‘enquête doit être menée
avec diligence par les experts en se plaçant d‘un point de vue logique,
objectif et scientifique, sans pencher pour ou contre l‘énergie
nucléaire.
- Le principe est de mener
une enquête ouverte et approfondie, mais certaines informations et
parties de l’enquête peuvent être réservées pour protéger le processus
d’enquête de toute influence extérieure.
- Il faut envisager une
perspective globale de façon à ce que les résultats et les conclusions
puissent aider à prévenir des accidents nucléaires autre part dans le
monde.
– L’enquête doit se
concentrer sur la sécurité publique plutôt que sur le
fonctionnement des réacteurs nucléaires.
- L’enquête doit tenir
compte du fait que les séismes et les tsunamis sont toujours des
événements imprévisibles, mais inévitables au Japon.
– L‘enquête doit permettre
d‘aboutir à des recommandations utiles pour l‘avenir de la nation et
fournir une opportunité de renforcer les instances législatives du pays.
Ce que nous avons fait
Notre enquête a impliqué
plus de 900 heures de consultations et d‘entretiens avec 1 167
personnes. Nous avons fait neuf visites dans des centrales nucléaires,
Fukushima Daiichi, Fukushima Daini, la centrale d‘Onawaga de la
compagnie d‘électricité Tohoku et la centrale de Tokai de la Compagnie d‘Energie Nucléaire du Japon,
afin de mener une enquête très approfondie. Pour assurer un degré
maximum de divulgation de l’information, les 19 réunions de la
Commission (sauf la première) ont été ouvertes au public et diffusées
sur Internet en japonais, en anglais et à plus de 800 000 internautes.
Nous avons également utilisé les médias sociaux, Facebook et Twitter,
pour communiquer avec le public et ainsi recevoir plus de 170
000 commentaires. Pour avoir une perspective globale, nous avons
envoyé trois équipes à l‘étranger et nous avons eu des entrevues
avec des experts des États-Unis, de France, de Russie, d’Ukraine et de
Biélorussie. En plus de cette version anglaise du résumé, l’intégralité
du rapport sera bientôt publiée en anglais. Nous nous sommes efforcés
de choisir des témoins qui avaient des postes importants
au gouvernement, chez TEPCO et dans les instances de régulation, au
moment de l‘accident. Afin de mieux comprendre les points de vue
des personnes évacuées, nous avons tenu trois assemblées publiques au
cours desquelles nous avons pu entendre de vive voix les opinions de
plus de 400 participants. Nous avons également visité douze
municipalités dans la zone d’évacuation – Futaba, Okuma, Tomioka, Namie,
Naraha, Kawauchi, Hirono, Katsurao, Minamisoma, Tamura, Iitate,
Kawamata – pour mener des entretiens et des enquêtes concernant les
résidents et aussi les travailleurs de la centrale nucléaire. Nous avons
reçu 10 633 réponses à un sondage auprès des résidents, et de
nombreuses réponses des travailleurs de la centrale provenant
d’environ 500 entreprises sous- traitantes.
Ce que nous n’avons pas fait
Il y a un certain nombre de
choses que nous n‘avons pas faites, par manque de temps ou parce
qu‘elles ne relevaient pas de nos priorités ou de notre mandat.
Nous n‘avons pas étudié les
questions concernant la politique future de l‘énergie du Japon, par
exemple la promotion ou l‘abolition de l‘énergie nucléaire.
Nous n’avons pas enquêté sur
le traitement et la gestion des barres de combustible nucléaire usé.
Nous n’avons pas procédé à des investigations qui nécessiteraient des
visites dangereuses du point de vue de la radioactivité.
Nous avons étudié la
compensation des dommages et les problèmes de décontamination d’un point
de vue systématique, mais nous n’avons pas examiné les processus
spécifiques.
Nous n’avons pas abordé les
questions liées à la responsabilité de TEPCO dans le cas où
celui-ci serait dans l‘incapacité de payer les coûts liés à l‘accident.
Nous n’avons pas abordé toutes les conséquences financières liées à l’accident.
Nous n’avons pas abordé la remise en service des réacteurs nucléaires à l‘arrêt pour des raisons diverses.
Nous n‘avons pas non plus
étudié les politiques gouvernementales et les règlements
administratifs qui ne sont pas relatifs à des questions de sûreté
nucléaire.
Nous n’avons pas enquêté
directement sur l’état des réacteurs de Fukushima impliqués dans
l’accident, mais nous avons pris conscience de leur état au cours de
notre enquête en nous fondant sur d‘autres sources.
Nous n‘avons pas non plus
tenté d‘évaluer les méthodes de démantèlement des réacteurs de
Fukushima. Et finalement, nous n‘avons pas étudié les questions
concernant la réhabilitation de l‘environnement entourant la centrale.
Adaptation du Rapport spécial sur l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi de l’INPO [Institute of Nuclear Power Questions]
L’accident
Le 11 mars 2011, le grand
séisme du Japon de l‘Est a déclenché un accident extrêmement grave à la
centrale nucléaire de Fukushima Daiichi dont la Compagnie d‘Electricité de Tokyo
(TEPCO) est le propriétaire et l‘opérateur. Cet accident catastrophique
a finalement été qualifié d‘accident de niveau 7 (« accident grave » )
selon l‘Echelle Internationale des Evénements Nucléaires
(INES). Quand le séisme a eu lieu, le réacteur 1 de la centrale de
Fukushima Daiichi était en fonctionnement normal et produisait la
quantité d‘électricité conforme à ses spécifications ; les
réacteurs 2 et 3 étaient en fonctionnement et les paramètres de chaleur
étaient conformes aux spécifications ; les réacteurs 4, 5 et 6 faisaient
l‘objet d‘une inspection périodique. La fonction d‘arrêt d‘urgence, ou
SCRAM, a été activée dans les réacteurs 1, 2 et 3, immédiatement après
le début de l’activité sismique.
Les secousses sismiques ont
endommagé les équipements de distribution électrique entre les sous-
stations du transformateur Shinfukushima de TEPCO et la centrale de
Fukushima Daiichi. Il existait une ligne de secours de 66 kV qui faisait
partie du réseau de la Compagnie d‘Electricité Tohoku, mais cette ligne de secours n‘a pas pu alimenter le réacteur 1 en raison de connexions blindées de modèles incompatibles.
Le tsunami causé par le
séisme a inondé et totalement détruit les générateurs diesel de secours,
les pompes de refroidissement à l‘eau de mer, le système de câblage
électrique et l’alimentation en courant continu pour les réacteurs 1, 2
et 4, ce qui a entraîné la perte complète de courant, sauf au réacteur
6, alimenté par un générateur diesel de secours initialement dédié à la
climatisation. En résumé, les réacteurs 1, 2 et 4 n‘avaient plus aucune
électricité ; le réacteur 3 avait perdu son alimentation en courant
alternatif, puis en courant continu avant l’aube du 13 mars 2012 [note
du traducteur : erreur de date dans la traduction anglaise du
rapport] et le réacteur 5 avait perdu toute son alimentation
électrique en courant alternatif.
Le tsunami n’a pas
uniquement endommagé les alimentations électriques. Le tsunami a aussi
détruit ou emporté des véhicules, des équipements lourds, les réservoirs
de fuel et de gravier. Il a détruit des bâtiments, des installations et
d’autres machines. L’eau de mer du tsunami a inondé toute la zone des
bâtiments et a même atteint les équipements de haute pression des
réacteurs 3 et 4 ainsi que la piscine commune de refroidissement
[des assemblages usés]. Une fois l‘eau retirée, les décombres résultant
de l’inondation ont été éparpillés sur tout le site de la centrale, ce
qui a entravé tout déplacement. Les plaques d’égout et de caniveaux
avaient disparu, laissant des trous béants dans le sol. En outre, le
séisme a soulevé, enfoncé ou fait s‘écrouler l’intérieur des bâtiments
et les voies de passage, ce qui a rendu l’accès ou la circulation dans
la centrale extrêmement difficiles. Les réparations ont également été
interrompues tandis que les ouvriers s‘occupaient de réagir aux
répliques sismiques intermittentes mais importantes et au tsunami. La
perte de l’électricité a entraîné la perte soudaine des équipements de
surveillance tels que les jauges, les compteurs, et les fonctionnalités
de contrôle-commande dans la salle centrale.
Les éclairages et les
communications ont également été touchés. Les décisions et les réponses à
l’accident ont dû être improvisées sur place par le personnel
opérationnel, en l’absence d‘outils et de manuels valides. Le manque
d‘électricité explique qu‘il ait été si difficile de refroidir
efficacement les réacteurs sans perdre de temps. Refroidir les réacteurs
et en observer les effets dépendait largement de l‘électricité pour
pouvoir injecter l‘eau sous haute pression, faire baisser la pression
dans les réacteurs, injecter de l‘eau à basse pression, refroidir les
enceintes de confinement des réacteurs et y faire baisser la pression,
et se débarrasser de la chaleur résiduelle dans le dernier échangeur de
chaleur. La perte d‘accès mentionnée plus haut a empêché la mise en
œuvre de mesures de première nécessité : un système d‘injection d‘eau
alternatif avec des camions-citernes, la remise en état de
l‘alimentation électrique, le contrôle de la configuration de l‘évent et
la possibilité de sa commande.
La série d’événements
résumés ci-dessus donne un aperçu de la gravité de l’accident
qui a finalement rejeté une énorme quantité de matières radioactives
dans l’environnement. Ces événements sont décrits en détail dans le
rapport complet.
Chronologie des événements qui ont suivi le séisme et le tsunami
Réacteur
1 Réacteur 2 Réacteur
3 Réacteur 4
En fonctionnement normal
14h46 : séisme SCRAM (arrêt d’urgence des réacteurs) Perte d’alimentation électrique extérieure en courant alternatif Mise en route automatique des groupes électrogènes de secours révision périodique Démarrage du refroidissement du cœur par le condenseur d’isolement (IC)
Ouvertures et fermetures répétées des vannes du système IC Démarrage du système de refroidissement du cœur du réacteur en situation d’isolation (RCIC) Démarrage du système de refroidissement du cœur du réacteur en situation d’isolation (RCIC) 15h37 : tsunami (à son apogée)
Perte totale d’électricité Perte totale des alimentations électriques (SBO) Perte totale d’électricité Vers 18h10 : début de l’exposition du cœur (analyse)
Vers 18h50 : début de l’endommagement du cœur 12.3 5h46 : début de l’injection d’eau douce
vers 14h30 : éventage 15h36 : explosion d’hydrogène dans le bâtiment du réacteur 19h04 : début de l’injection d’eau de mer Interférence avec les opérations de secours 13.3 11h36 : arrêt du système RCIC 12h35 : Début de l’injection de sécurité à haute pression (HPCI)
2h42 : arrêt du HPCI 14.3 vers 9h10 : début de l’exposition du cœur du réacteur
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vers 9h20 : éventage 9h25 : début de l’injection d’eau douce |
Retour d’hydrogène en provenance du réacteur 3 par un tuyau du système des gaz en attente (SGTS) |
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vers 10h40 : début del’endommagement du cœur |
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13h12 : début de l’injection d’eau de mer |
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14.3 |
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Interférence avec les opérations de secours 13h25 : diagnostic d’arrêt du système RCIC |
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11h01 : explosion d’hydrogène dans le bâtiment du réacteur |
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vers 17h00 : débutde l’exposition du cœur du réacteur |
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vers 19h20 : début del’endommagement du cœur |
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19h54 : début de l’injection d’eau de mer |
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15.3 |
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Vers 6h00 :endommagement de la chambre de suppression Rejet massif de matériaux radioactifs |
Vers 6h00 :explosion d’hydrogène dans le bâtiment du réacteur |
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Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012
Conclusions et recommandations
Conclusions
Après une enquête de six mois, la Commission a pu tirer les conclusions suivantes : Afin
de prévenir de futurs sinistres, des réformes fondamentales doivent
être faites. Ces réformes doivent couvrir à la fois la structure de
l’industrie électrique, du gouvernement et des organismes de
réglementation, ainsi que les processus de fonctionnement. Elles doivent
couvrir les situations normales et les situations d’urgence.
Une catastrophe d’origine humaine
L’accident nucléaire de Fukushima a été le résultat d‘une
collusion entre le gouvernement, les organismes de réglementation
et TEPCO, et de la gestion défectueuse des dites parties. Celles-ci ont effectivement trahi le droit de la nation à vivre à l’abri d’accidents nucléaires. Par conséquent, nous concluons que l’accident était clairement d’origine humaine. Nous croyons que les causes profondes étaient
les systèmes organisationnels et réglementaires qui ont couvert des
décisions et des actions erronées, plutôt que des questions relatives à
la compétence d’un individu particulier. (cf. recommandation 1)
Les causes directes de l’accident étaient toutes prévisibles avant le 11 mars 2011.
Mais la centrale de
Fukushima Daiichi fut incapable de résister au séisme et au tsunami qui a
frappé ce jour-là. L’opérateur (TEPCO), les organismes de
réglementation (la NISA et la NSC) et l’organisme gouvernemental de
promotion de l’industrie nucléaire, le METI, ont tous échoué à
correctement définir les exigences de sécurité les plus élémentaires,
telles que l’évaluation de la probabilité d’un accident, la préparation à
contenir les effets d‘un tel désastre, et l’élaboration de plans
d’évacuation du public dans le cas d’un rejet important de
radioactivité. TEPCO et l‘Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle
(NISA) étaient conscients de la nécessité d’un renforcement structurel
pour être en conformité avec les nouvelles normes, mais plutôt que
d’exiger leur mise en œuvre, la NISA a déclaré que les mesures devaient
être prises de manière autonome par l’opérateur. La Commission a
découvert qu’aucune des protections nécessaires n‘avaient été mises
en œuvre sur les réacteurs 1 à 3 au moment de l’accident. Ce fut le
résultat d’un consentement tacite de la NISA à accorder des délais dans
la mise en œuvre de ces mesures de protection. En outre, bien que
la NISA et les opérateurs aient été conscients du risque d’endommagement
du cœur par le tsunami, aucune réglementation n‘a été établie, et TEPCO
n‘a pas non plus pris les mesures de protection contre un tel
événement.
Depuis 2006, les régulateurs
et TEPCO étaient conscients du risque de panne totale d’électricité à
la centrale de Fukushima Daiichi si un tsunami devait atteindre le
niveau du site. Ils étaient également conscients du risque
d’endommagement du cœur du réacteur par la perte du refroidissement à
l’eau de mer dans le cas d’un tsunami plus fort que celui qui avait été
prévu par la Société Japonaise des Ingénieurs Civils. La NISA
savait que TEPCO n’avait pas envisagé de mesures pour atténuer ou
éliminer le risque, mais a omis de fournir des instructions spécifiques
pour remédier à la situation. Nous avons trouvé la preuve que les
organismes de réglementation demandaient ouvertement aux opérateurs
quelles étaient leurs intentions à chaque fois qu’il était question de
mettre en œuvre un nouveau règlement.
Par exemple, la NISA a
informé les opérateurs qu’ils n’avaient pas besoin d’examiner une
situation de panne totale (SBO) parce que la probabilité était faible et
parce que d’autres mesures étaient en place. La NISA a ensuite demandé
aux opérateurs de rédiger un rapport qui donnerait les raisons
appropriées pour expliquer pourquoi cette mise en œuvre n’était pas
nécessaire. Afin d’obtenir la preuve de cette collusion, la Commission a
été forcée d’exercer son droit législatif pour obtenir de telles
informations de la NISA ; celle-ci avait refusé de répondre à
plusieurs demandes. Les régulateurs ont également eu une attitude
négative face aux nouvelles avancées scientifiques et technologiques
qui auraient pu venir de l‘étranger. Si la NISA avait transmis à
TEPCO les mesures incluses dans le paragraphe B.5.b de la loi
sécuritaire américaine déclenchée par l‘attaque terroriste du 11
septembre, et si TEPCO avait mis ces mesures en place, l‘accident aurait
peut-être pu être évité.
Il y a eu de nombreuses
opportunités pour prendre des mesures préventives avant le 11 mars.
L’accident s’est produit parce que TEPCO n’a pas pris ces mesures et que
la NISA et la commission de sûreté nucléaire (NSC) n‘ont pas réagi.
Ils ont aussi
intentionnellement reporté la mise en place des mesures de sécurité, ou
pris des décisions basées sur l’intérêt de leur organisation, et non pas
agi dans l’intérêt de la sécurité publique. Du point de vue de TEPCO,
la nouvelle réglementation aurait interféré avec l’exploitation des
centrales et affaibli la position de l‘entreprise dans d’éventuelles
poursuites judiciaires. Ce fut une motivation suffisante pour s’opposer
énergiquement à de nouvelles règles de sécurité et négocier avec les
régulateurs via la Fédération des compagnies électriques (FEPC).
Les régulateurs auraient
dû prendre une position ferme pour le bien du public, mais ils ont
échoué à le faire. Comme ils s‘étaient fermement convaincus eux-mêmes
que les centrales nucléaires étaient sûres, ils étaient réticents
à créer de nouveaux règlements. Le problème a encore été aggravé par le
fait que la NISA avait été créée par le Ministère de l‘Économie, du Commerce et de l‘Industrie (METI), une institution qui s‘est toujours activement occupée de promouvoir l‘énergie nucléaire.
Les dommages du séisme
Nous
concluons que TEPCO a été trop rapide à avancer le tsunami comme cause
de l’accident nucléaire et à nier que le séisme ait causé des dégâts.
Nous croyons que le séisme a probablement endommagé l’équipement nécessaire pour assurer la sécurité et qu’il est possible qu’il y ait eu une légère
perte du liquide de refroidissement dans le réacteur 1. Nous espérons
que ces points seront examinés de façon plus approfondie par une
prochaine enquête. (cf. recommandation 7)
Même si les deux
catastrophes naturelles – le séisme et le tsunami qui a suivi – ont été
les causes directes de l‘accident, il reste plusieurs points dans le
déroulement des événements qui n‘ont pas été éclaircis. La raison
principale en est que presque tout l‘équipement directement lié à
l‘accident se trouve à l‘intérieur de l‘enceinte des réacteurs, qui sont
inaccessibles et le resteront encore de longues années.
Un examen complet et une
analyse exhaustive sont donc impossibles actuellement. TEPCO n‘a
cependant pas hésité à attribuer l’accident au tsunami, et à conclure
que le séisme n’était pas responsable des dommages à l’équipement
nécessaire à la sécurité (même s‘il a ajouté « dans la mesure où
l‘information a pu être confirmée », une phrase qui apparaît dans les
rapports de TEPCO au gouvernement et à l’AIEA). Cependant, sans
preuve de fond, il est impossible de considérer le tsunami comme
la cause directe de l‘accident. La Commission estime qu’il s’agit là
d’une tentative pour éviter toute responsabilité en mettant tout sur le
compte de l‘inattendu (la hauteur du tsunami), comme il est écrit dans
le rapport intermédiaire, et non pas sur le séisme, plus prévisible.
Grâce à notre enquête, nous avons vérifié que les personnes impliquées étaient au courant du risque de séisme et de tsunami.
En outre, les dommages
causés au réacteur 1 ont été causés non seulement par le tsunami, mais
aussi par le séisme, une conclusion établie après avoir examiné les
faits suivants :
1) La plus grande onde de choc du séisme a frappé après l’arrêt automatique (SCRAM) [des réacteurs].
2) La JNES a confirmé la possibilité d‘un accident localisé de perte de liquide de refroidissement.
3) Les opérateurs du réacteur 1 se sont inquiétés de la fuite de liquide de refroidissement de la soupape de sécurité.
4) La soupape de décharge
ne fonctionnait pas. En outre, il y a eu deux causes à la perte
d’alimentation externe, toutes deux liées au séisme: il n’y avait pas de
systèmes redondants et diversifiés, ni de résilience parasismique pour
les alimentations électriques externes, et par ailleurs, le poste de
transformation de ShinFukushima n’était pas résistant aux séismes. (Voir
la section 2 du résumé des résultats)
Évaluation des problèmes opérationnels
La Commission conclut qu’il y a eu des problèmes organisationnels au sein de TEPCO. Si le niveau des connaissances, de la
formation et des inspections avait été plus exigeant, et si un guide
d’instructions d’urgences spécifiques avait été donné en temps voulu aux
travailleurs du site, une réponse plus efficace aurait été possible. (cf. recommandation 4)
Il y a eu beaucoup de
problèmes opérationnels sur place au cours de l’accident. Les événements
montrent clairement que, quand le cadre permettant de répondre à un
accident grave n‘est pas en place, les mesures qui peuvent être prises
sur place en cas de panne totale sont très limitées. Le travail de
dépannage, comme la confirmation du fonctionnement du condenseur
d‘isolation du réacteur 1, aurait dû être mené rapidement à cause de la
perte de courant continu, mais ce ne fut pas le cas. TEPCO n’avait pas
prévu de mesures pour le fonctionnement du condenseur et n’avait ni
manuels complets, ni exercices périodiques, ce qui dénote clairement des
problèmes d’organisation. En ce qui concerne la conduite de
ventilation, effectuer des travaux de réparation sans électricité et en
présence de niveaux de radiation croissants a dû être extrêmement
difficile et chronophage.
De plus, dans le manuel
d’instruction concernant les accidents graves, des sections entières du
diagramme [des opérations] étaient manquantes. Non seulement les
travailleurs ont eu à travailler en utilisant un manuel imparfait, mais
ils ont été pressés par le temps, travaillant dans le noir avec des
lampes de poche comme seule source de lumière.
La lenteur de la réponse a
encore aggravé le manque de confiance du Kantei (bureau du premier
ministre) dans la gestion de TEPCO, mais le travail a été accompli en
réalité dans des conditions extrêmement difficiles.
De nombreuses infractions
aux divers niveaux de sécurité ont été commises simultanément, tandis
les quatre réacteurs perdaient en même temps leur alimentation
électrique. S’il n’y avait pas eu certains événements fortuits ‒ le
fait que la pompe d’alimentation en eau à haute pression
destinée au refroidissement d’urgence (RCIC) du réacteur 2 ait
fonctionné si longtemps, l‘éclatement de son panneau de soufflage et
le relâchement de pression qui s‘en est suivi, et la rapidité avec
laquelle les sous-traitants ont nettoyé les décombres ‒ les réacteurs 2
et 3 auraient été dans une situation encore plus précaire. Nous avons
conclu ‒ étant donné les lacunes dans la formation et la préparation ‒
qu‘une fois que la panne totale est survenue, impliquant entre
autres la perte de toute source d’alimentation électrique directe, il
était impossible de changer le cours des événements.
Les problèmes dans l’intervention d’urgence
La Commission
conclut que la situation a continué à se détériorer parce que le système
de gestion de crise du Kantei, des régulateurs et des autres organismes
responsables n’ont pas fonctionné correctement. Les limites définissant
les rôles et les responsabilités des uns et des autres étaient
problématiques, en raison de leurs propres ambiguïtés. (cf.
recommandation 2)
Le gouvernement, les
organismes de réglementation, la direction de TEPCO et le Kantei
manquaient de préparation et d‘assurance pour effectuer une intervention
d’urgence efficace dans un accident de cette ampleur. C‘est pourquoi
aucun d‘entre eux ne fut efficace pour prévenir ou limiter les dommages.
La NISA était censée jouer le rôle principal, comme il est prévu dans
la Loi sur les mesures spéciales concernant la préparation aux urgences
nucléaires qui a été adoptée en 1999 après un accident de criticité
dans l’installation de conversion d’uranium à Tokaimura, (préfecture
d’Ibaraki, société JCO).
Toutefois, la NISA n’était
pas préparée à une catastrophe de cette ampleur, et a échoué dans sa
fonction. Dans la période critique, juste après l’accident, le Kantei
n’a pas promptement déclaré l’état d’urgence. L’équipe régionale
d’intervention d’urgence nucléaire devait être le lien entre le Kantei
et l’opérateur, qui aurait dû tenir le Kantei informé de la situation
sur le terrain.
Au lieu de cela, le Kantei a
contacté le siège de TEPCO et le site de Fukushima
directement, et a perturbé la chaîne de commandement prévue. Une
équipe d’intervention mixte TEPCO/Kantei a été créée au siège de
TEPCO le 15 mars, mais cette entité n’avait aucune autorité légale.
Le Kantei, les régulateurs
et TEPCO avaient tous compris la nécessité de ventiler le réacteur 1.
TEPCO avait fait savoir à la NISA, comme le protocole le demandait,
qu‘il s‘apprêtait à ventiler. Mais il n’y a pas de confirmation que la
décision de ventilation ait été transmise à l‘encadrement du METI ou au
Kantei.
Cette faute de la part de la
NISA et la rareté des informations en provenance du siège de TEPCO ont
abouti à la perte de confiance du Kantei en TEPCO.
Le Premier ministre s‘est
rendu sur le site pour diriger les travailleurs qui s’occupaient du
cœur endommagé. Cette intervention directe et sans précédent du Kantei a
détourné l’attention et le temps du personnel opérationnel sur place et
a semé le désordre dans la ligne de commande hiérarchique.
Alors que le siège de TEPCO
était censé fournir un soutien à l’usine, en réalité, il s‘est
subordonné au Kantei et a fini par tout simplement relayer les
intentions du Kantei. Ceci fut une conséquence de l‘état d‘esprit
existant chez TEPCO, à savoir une réticence à prendre des
responsabilités, réticence incarnée par l’incapacité du président
Shimizu à communiquer clairement ses intentions au Kantei concernant
la centrale.
Dans le même temps il est
difficile de conclure que c‘est le Premier ministre qui a découragé
d‘adopter l‘idée d‘un retrait complet de TEPCO, comme on a pu le voir
dans d‘autres rapports, pour plusieurs raisons :
1) Il n‘y a aucune preuve que la direction de TEPCO à la centrale ait même songé à un retrait complet,
2) Il n‘y a aucune trace de décision qui aurait été prise au siège de TEPCO à propos d‘un retrait complet,
3) L‘évacuation prévue
avant la visite de M. Shimizu au Kantei envisageait de garder les
membres de l‘équipe d‘urgence à la centrale (même si les critères
d‘évacuation avaient été discutés),
4) Le directeur-général de
la NISA a indiqué que quand M. Shimizu l‘a appelé, il ne lui a pas
demandé son avis sur la possibilité d‘un retrait complet, et
5) Le centre de crise
hors-site, qui était connecté par un système de vidéo-conférence, a
affirmé que l‘option du retrait complet n‘avait pas été discutée. La
gestion de crise ayant trait à la sécurité publique devrait être assurée
sans jamais avoir à compter sur la capacité et le jugement du Premier
ministre.
Les problèmes d’évacuation
La Commission conclut que la confusion dans l’évacuation des résidents découle de la négligence des régulateurs, de l‘échec persistant à mettre en œuvre les mesures adéquates contre une catastrophe nucléaire, ainsi que d’un manque d’action des gouvernements précédents et des régulateurs sur la gestion
des crises. Le système de gestion de crise qui existait pour le Kantei
et les régulateurs devait protéger la santé et la sécurité du public,
mais il a échoué dans cette fonction. (cf. recommandation 2) Le
gouvernement central a été non seulement lent à informer les
gouvernements municipaux de l’accident nucléaire, mais il a également
omis de faire comprendre le degré de gravité de l’accident. De même, la
vitesse de l’information dans les zones d’évacuation a considérablement
varié en fonction de la distance de la centrale.
Plus précisément, seulement
20 pour cent des habitants de la ville proche de l’usine étaient au
courant de l’accident lorsque l’évacuation de la zone des trois
kilomètres a été ordonnée à 21h23 dans la soirée du 11 mars. La plupart
des résidents de la zone des 10 km ont appris l’accident lorsque
l’ordre d’évacuation a été émis à 5h44 le 12 mars ‒ plus de 12 heures
après la notification de l’article 15 ‒ mais n’ont reçu ni explication
de l’accident ni directives d’évacuation.
De nombreux résidents ont dû
fuir avec seulement le strict nécessaire et ont été forcés de se
déplacer plusieurs fois et même parfois vers des zones ayant des niveaux
élevés de radiations. Il y a eu une grande confusion dans l’évacuation,
causée par des consignes de calfeutrement prolongé au domicile,
consignes contredites par des « ordres d’évacuation volontaire » .
Certains résidents ont
été évacués vers des zones fortement irradiées parce que les
informations de surveillance de la radioactivité n’avaient pas été
fournies. Certaines personnes ont été évacuées vers ces zones, ont
ensuite été laissées sur place, et n‘ont plus reçu aucune nouvelle
consigne d’évacuation avant le mois d‘avril. La Commission a confirmé
que les plans de préparation à une urgence nucléaire et les mesures
complexes de réponse à une catastrophe n‘avaient pas été mis à jour ;
elle attribue cet état des choses aux réticences des régulateurs à
améliorer et à réviser les plans d’urgence existants.
Des problèmes de santé et de bien-être publics non résolus
La Commission
reconnaît que les résidents de la zone touchée se battent encore contre
les effets de l’accident. Ils continuent à faire face à de graves
problèmes, comme les effets de l’exposition aux rayonnements sur la
santé, les déplacements, la dislocation des familles, la perturbation de
leur vie et de leurs modes de vie et la contamination de vastes zones
de leur environnement. Il n’y a pas de fin prévisible aux activités de
décontamination et de restauration qui sont essentielles pour la
reconstruction des communautés. La Commission conclut que le
gouvernement et les régulateurs ne sont pas pleinement engagés à
protéger la sécurité et la santé publiques et qu’ils n’ont pas agi pour
protéger la santé des résidents et restaurer leur bien-être. (cf.
recommandation 3)
Environ 150 000 personnes
ont été évacuées. On estime que 167 travailleurs ont été exposés à des
doses de plus de 100 millisieverts. Près de 1 800 kilomètres carrés de
terres dans la préfecture de Fukushima auraient été contaminés par une
dose de rayonnement cumulée de 5 millisieverts ou plus par an. Les
défauts de la planification de l’évacuation ont conduit de nombreux
résidents à recevoir une exposition inutile aux rayonnements. D’autres
ont été forcés de se déplacer à plusieurs reprises, ce qui a entraîné
une augmentation du stress et des risques pour la santé ‒ incluant des
décès chez les patients gravement malades. Le gouvernement doit analyser
les conditions de vie des résidents dans les zones touchées et
systématiquement planifier des mesures visant à améliorer leur qualité
de vie. Ces mesures devraient inclure la réorganisation des zones
d’évacuation, la restauration des bases de la vie quotidienne, les
problèmes de décontamination et la reconstitution des systèmes médicaux
et sociaux pour répondre aux besoins du public. Il ne l‘a pas encore
fait.
Les plus de 10 000 personnes
qui ont répondu à nos enquêtes et les commentaires que des membres de
la Commission ont entendus lors des réunions publiques jugent sévèrement
la position actuelle du gouvernement.
Alors que des seuils
d‘exposition ont été fixés pour le syndrome d‘irradiation aigüe,
il n‘existe pas de seuil généralement accepté pour les dommages de
l‘irradiation à long terme causés par les faibles doses. Le consensus
international, cependant, est que le risque s‘accroît en fonction de
la dose reçue. L‘impact de l‘irradiation sur la santé peut varier
d‘une personne à l‘autre selon l‘âge, la sensibilité aux radiations et
d‘autres facteurs, en partie inconnus. Après l‘accident, le gouvernement
a annoncé de façon unilatérale une valeur de référence pour les doses
d‘irradiation sans donner à la population l‘information spécifique dont
elle avait besoin et qui lui permettrait de répondre à ce
genre questions :
Quel niveau est tolérable au vu des effets à long terme sur la santé ?
En quoi les conséquences
sur la santé diffèrent-elles selon les individus ? Comment les
gens peuvent-ils se protéger contre les substances radioactives ?
Le gouvernement n‘a pas
sérieusement mis en place de programmes pour aider les citoyens à
comprendre la situation et à se faire leur propre opinion. Il a échoué
par exemple à expliquer les risques liés aux irradiations pour
différentes couches de la population comme les nourrissons et les jeunes
ou les personnes particulièrement vulnérables aux effets des
radiations.
Réformer les régulateurs
La Commission a
conclu que la sécurité nucléaire et celle de la population japonaise ne
peuvent être assurées que si les régulateurs passent par un processus
de transformation fondamentale. Toute l’organisation a besoin d’être
transformée de manière substantielle. Les régulateurs japonais ont
besoin de remettre en cause leur attitude insulaire,
ignorante des normes de sécurité internationales et de se transformer en
une entité mondialement crédible. (cf. recommandation 5)
Les régulateurs n’ont ni
surveillé ni contrôlé la sécurité du nucléaire. Le manque d’expertise a
abouti à une forme de neutralisation de la réglementation, et au report
de sa mise en œuvre. Ils ont fui leurs responsabilités directes en
laissant les opérateurs appliquer les règlements selon leur bon vouloir.
Leur indépendance vis-à-vis
des politiques, des ministères pro-nucléaires et des opérateurs a été
une parodie. Ils se sont montrés incapables et manquaient d’expertise et
de volonté pour assurer la sécurité de l’énergie nucléaire.
En outre, l’organisation
manquait de transparence. Sans l’enquête menée par cette commission, la
plupart des faits révélant la collusion entre les régulateurs et les
autres acteurs n’auraient jamais été dévoilés.
Réformer l’opérateur
En s’appuyant de manière servile sur la bureaucratie gouvernementale du METI, TEPCO n’a pas assumé
ses responsabilités en tant que société privée. Dans le même temps,
sous les auspices de la FEPC, il a utilisé sa relation privilégiée avec
les régulateurs afin d’émasculer toute réglementation. (cf. recommandation 4)
La gestion du risque chez
TEPCO illustre ce point. Par exemple, TEPCO n‘a examiné les risques de
tsunami que du point de vue de ses propres intérêts :
les risques peuvent-ils se
traduire par un arrêt des réacteurs existants ou affaiblir la position
de l‘entreprise dans d’éventuelles poursuites juridiques ?
TEPCO a ignoré le risque potentiel pour la santé et le bien-être publics. (Voir la section 5)
A cause du type de gestion
des dirigeants de TEPCO ‒ un abandon de leurs responsabilités sur le dos
du gouvernement ‒ les problèmes sont devenus évidents lors de
l’accident. Ils ont donné la priorité aux intentions du Kantei plutôt
qu‘à celles des ingénieurs techniques du site. Leur comportement a
toujours été incertain, et le malentendu qui s‘est produit sur «
l‘hypothèse d‘abandon total » de la centrale est un bon exemple de la
confusion qui a résulté de leur comportement. (Voir la section 3) Après
l’accident, TEPCO a continué de refuser la transparence dans la
diffusion des informations. Il a limité les informations aux faits
confirmés et s‘est arrangé pour ne pas divulguer les informations
considérées comme incertaines ou gênantes.
Pour ne donner que quelques
exemples, citons le retard dans la communication des prévisions de la
demande d‘électricité qui servaient de base au coupures d‘électricité
par roulement, et le manque de mises à jour sur les conditions des cœurs
des réacteurs de la centrale.
Réformer les lois et les règlements
La
Commission conclut qu’il est nécessaire de revoir les lois et règlements
en vigueur concernant l’énergie nucléaire. Des mécanismes doivent être
mis en place pour veiller à ce que les dernières découvertes
technologiques provenant de sources internationales soient reprises dans
les lois et règlements en vigueur. (cf. recommandation 6)
Les lois et les
règlements liés à l’énergie nucléaire n‘ont été revus que comme des
pis-aller à la suite d‘accidents réels. Ils n‘ont pas fait l‘objet d‘une
révision sérieuse et complète qui correspondrait aux critères de
réponse à un accident et aux mesures de sauvegarde d‘une norme
internationale. En conséquence, les risques prévisibles n’ont pas été
pris en considération. Les règlements existants sont principalement
orientés vers la promotion de l’énergie nucléaire, et non vers la
sécurité, la santé et le bien-être publics. La responsabilité
sans équivoque que les opérateurs doivent assumer lors d‘une
catastrophe nucléaire n’a pas été spécifiée. Il n‘y avait pas non plus
de directives claires sur les responsabilités des parties en cas de
situation d’urgence. Le concept de défense en profondeur utilisé dans
d’autres pays n’a pas encore été pleinement pris en compte.
Du rafistolage
Remplacer
des personnes ou changer le nom des institutions ne va pas résoudre les
problèmes. À moins que les causes profondes ne soient résolues, les
mesures de prévention contre de futurs accidents similaires ne seront
jamais efficaces. (cf. recommandations 4, 5 et 6)
La Commission
estime que les causes profondes de cet accident ne peuvent être résolues
et que la confiance du peuple ne pourra être rétablie tant que cette «
catastrophe d’origine humaine » sera considérée comme le résultat d’une
erreur commise par une personne particulière. La question sous- jacente
est la structure sociale qui a engendré cette neutralisation de la
réglementation et le cadre organisationnel, institutionnel et juridique
qui a permis aux individus de justifier leurs propres actions, de les
cacher quand cela était gênant, sans laisser de traces, afin d’éviter
toute responsabilité. À tous les niveaux, la Commission a rencontré une
ignorance et une arrogance impardonnables chez toute personne ou tout
organisme s’occupant d‘énergie nucléaire.
Nous avons rencontré un mépris total des évolutions internationales et de la sécurité publique.
Nous avons trouvé un
fonctionnement routinier basé sur les procédures et les pratiques
conventionnelles antérieures, la priorité étant d‘éviter de faire courir
des risques à l’organisation.
Nous avons trouvé un état d’esprit donnant la priorité aux intérêts de l‘organisation, et ceci au détriment du public.
Recommandations
Sur la base de ces
constatations, la Commission propose pour l‘avenir les sept
recommandations suivantes. Nous demandons instamment à la Diète Nationale du Japon de bien vouloir débattre et délibérer sur ces recommandations. Recommandation 1 :
Suivi de l’organisme de réglementation nucléaire par la Diète Nationale
Un comité permanent pour
traiter des questions relatives à l’énergie nucléaire doit être établi à
la Diète, afin de superviser les organismes de réglementation en charge
de la sécurité publique. Ses responsabilités devraient être :
1. Mener des enquêtes
régulières et des audits sur les organismes de réglementation, les
universitaires et les parties prenantes.
2. Établir un organe
consultatif comprenant des experts indépendants avec une vision globale
pour mettre à jour les connaissances dont le comité a besoin dans ses
transactions avec les régulateurs.
3. Poursuivre les enquêtes sur les autres questions pertinentes.
4. Faire des rapports réguliers sur les activités des régulateurs et la mise en œuvre des recommandations.
Recommandation 2 :
Réforme du système de gestion de crise
Un réexamen fondamental du
système de gestion de crise doit être engagé. Les limites qui séparent
les responsabilités des autorités nationales et locales de celles des
opérateurs doivent être claires. Cela comprend :
1. Un réexamen de la
structure de gestion de crise du gouvernement. Une structure doit être
établie avec une chaîne de commandement consolidée et le pouvoir de
faire face aux situations d’urgence.
2. Les autorités nationales
et locales doivent assumer la responsabilité de la réponse aux
émissions de radiations hors du site. Ils doivent agir avec la santé et
la sécurité publique comme priorité.
3. L’opérateur doit assumer
la responsabilité de gérer les accidents sur site, y compris l’arrêt des
opérations, le refroidissement du réacteur et son confinement. Recommandation 3 :
Responsabilité du gouvernement pour la santé publique et le bien-être
En ce qui concerne
les responsabilités de santé publique, les conditions suivantes doivent
être mises en œuvre dès que possible :
1. Un système doit être
établi pour faire face aux effets à long terme sur la santé publique,
y compris les maladies liées au stress. Le diagnostic médical et le
traitement doivent être couverts par des fonds publics. L’information
doit être diffusée pour assurer de façon prioritaire la santé et
la sécurité publiques, plutôt que ce qui convient au gouvernement. Cette
information doit être complète, afin que la population puisse prendre
des décisions éclairées.
2. La surveillance continue
des points chauds et de la propagation de la contamination radioactive
doit être gérée pour protéger les communautés et le public. Les mesures
visant à empêcher toute propagation devraient également être mises en
œuvre.
3. Le gouvernement doit
établir un programme détaillé et transparent de décontamination et
de réinstallation et fournir des informations, qui permettent à tous les
habitants d‘être informés sur leurs possibilités d‘indemnisation.
Surveillance des opérateurs
TEPCO doit opérer des
changements fondamentaux ‒ y compris le renforcement de sa gouvernance ‒
orientés vers une culture d‘entreprise qui privilégie la sécurité ; il
doit modifier sa position sur la diffusion des informations et établir
un système qui privilégie la gestion du site.
Afin d’éviter que la Fédération des Compagnies Electriques
(FEPC) soit utilisée comme « voie de passage obligée » des négociations
avec les organismes de réglementation, de nouvelles relations entre les
compagnies d’électricité doivent également être établies : elles
doivent privilégier les questions de sécurité, la supervision mutuelle
et la transparence.
1. Le gouvernement doit fixer des règles et divulguer les informations concernant ses relations avec les opérateurs.
2. Les opérateurs doivent
mettre en place une veille technologique croisée favorisant le
maintien des normes de sécurité aux plus hauts niveaux internationaux.
3.TEPCO doit opérer une
réforme radicale de l‘entreprise, incluant la gestion des risques, la
gouvernance et la diffusion des informations ‒ la sécurité étant la
seule priorité.
4. Tous les opérateurs
doivent accepter un organisme désigné par la Diète comme une autorité
de surveillance de tous les aspects de leurs opérations, incluant la
gestion des risques, la gouvernance, les normes de sécurité, avec le
droit d‘enquêter sur place. Recommandation 5 :
Critères du nouveau régulateur
La nouvelle organisation du régulateur doit satisfaire aux conditions suivantes :
1. L‘indépendance:
La ligne hiérarchique,
l‘autorité responsable, les procédures de travail doivent être :
a)indépendants des organisations gouvernementales, b) indépendants des opérateurs et c) indépendants des politiques.
2. La transparence:
a) Le processus de
décision doit être indépendant des actionnaires des compagnies.
b) Publier ces décisions est une nécessité absolue. c) Le comité doit
garder les minutes des réunions avec les lobbies, les opérateurs des
industries électriques et les organisations politiques et les rendre
publics. d) Le parlement doit sélectionner, en dernière instance, les
commissaires après avoir entendu les tierces parties.
3. Le professionnalisme:
a) Le personnel doit avoir
des compétences reconnues et satisfaire aux normes internationales. Les
programmes d‘échanges et de rencontres avec d‘autres régulateurs
étrangers doivent être promus ; interactions et échanges au sein des
ressources humaines doivent être multipliés b) Un organisme de
régulation comprenant un personnel compétent doit être établi. c) La
règle du non retour doit être appliquée sans exception.
4. La consolidation:
Les fonctions des
organisations, en particulier les communications d’urgence, la prise de
décision et de contrôle, doivent être renforcées.
5. La réactivité:
Les organisations
devraient se tenir au fait des dernières connaissances et
technologies, et se soumettre à des activités de réforme en continu,
sous la supervision de la Diète.
Recommandation 6 :
Réforme des lois relatives à l’énergie nucléaire
Les lois concernant les questions nucléaires doivent être réformées en profondeur.
1. Les lois existantes
doivent être améliorées et réécrites afin de satisfaire aux
normes internationales de sécurité et de protection de la santé publique
et du bien-être.
2. Les rôles des opérateurs
et de tous les organismes gouvernementaux impliqués dans des activités
d’intervention d’urgence doivent être clairement définis.
3. Un suivi régulier et
les mises à jour subséquentes doivent être mis en oeuvre afin de
se conformer aux standards les plus élevés et aux dernières
découvertes technologiques de la communauté nucléaire internationale.
4. De nouvelles règles
doivent être créées afin de : a) superviser les opérations de
mise en conformité des vieux réacteurs, b) fixer les critères
déterminant si les réacteurs doivent être démantelés.
Mise en en place d’un système de commissions d’enquête indépendantes
Un système de nomination de
commissions d’enquête indépendantes, incluant des experts venant surtout
du secteur privé, doit être développé pour traiter des questions non
résolues, incluant, entre autres, le processus de démantèlement des
réacteurs, la gestion des combustible usés, l‘atténuation des effets des
accidents et la décontamination.
Résumé des résultats de l’enquête 1
L’accident était-il évitable ?
La Commission a
confirmé que le 11 mars 2011, la structure de la centrale nucléaire de
Fukushima Daiichi n’était pas capable de résister aux effets du séisme
et du tsunami, ni à un accident grave. En dépit du fait que TEPCO et les
régulateurs étaient conscients du risque de ce genre de catastrophes
naturelles, ils n’avaient pas pris de mesures préventives. C’est ce
manque de préparation qui explique la gravité de l’accident. Capacité de résistance du réacteur n°1 de Fukushima Daiichi
La structure du réacteur 1
était incapable de résister au puissant séisme et au tsunami massif
du 11mars 2011. Les spécifications de la centrale ne contenaient
pas les critères de résistance antisismique et anti-tsunami
appropriés :
En effet,
1) à la fin des années 1960,
au moment où les réacteurs 1 à 3 ont obtenu le permis de construire,
les directives pour la construction des centrales nucléaires étaient
insuffisantes ;
2) la zone autour de la
centrale était considérée comme une zone d‘activité sismique minimale
n’ayant jamais connu de dommages associés à un tremblement de terre.
Basé sur cette évaluation, le niveau d’accélération au sol maximum a été
fixé à 265 gal, un niveau remarquablement bas. En 1981, une «
Directive pour une conception antisismique des installations
nucléaires de production d‘électricité » a été fixée par la NSC. En
2006, la NSC a publié une version révisée de la précédente directive. La
NISA a exigé que les opérateurs nucléaires évaluent la sécurité
antisismique sur leurs sites en conformité avec la nouvelle
directive, connue sous le nom de « vérification antisismique »
[le backcheck]. En mars 2008, TEPCO a présenté un
rapport intermédiaire de vérification sur le réacteur 5 de Fukushima
Daiichi, déclarant que ses mesures antisismiques étaient sûres et que le
niveau de tolérance maximum de l‘accélération au sol était porté à 600
gals.
En 2009, la NISA a accepté
le contenu du rapport intermédiaire sur le réacteur 5, alors que
l’évaluation incluait le bâtiment du réacteur et seulement sept des
nombreux équipements de sécurité de celui-ci. En juin 2009, des rapports
similaires pour les réacteurs 1 à 4 et le réacteur 6 ont été soumis,
mais ceux-ci étaient tout aussi limités. TEPCO n‘a publié aucun autre
rapport de vérification antisismique parce qu‘aucune évaluation de
sécurité antisismique importante n‘a été réalisée. Alors que la date
limite officielle de mise en place était juin 2009, TEPCO a pris la
décision unilatérale de reporter la date limite à janvier 2016.
TEPCO savait grâce aux
procédures de vérification mises en place pour ce rapport intermédiaire
que de nombreux renforcements étaient nécessaires pour répondre aux
normes de la dernière directive, mais notre enquête a confirmé que TEPCO
n‘avait ajouté aucun renforcement aux réacteurs 1 à 3 à la date du
séisme du 11 mars.
Bien que la NISA ait
reconnu la nécessité des renforcements et de la vérification
antisismique, le régulateur a échoué dans son rôle de supervision des
travaux de TEPCO. Dans leurs analyses et leurs évaluations après
l’accident, TEPCO et la NISA ont tous deux confirmé que
quelques-unes des pièces de sécurité importantes de la tuyauterie et des
supports du réacteur 5 n‘étaient pas aux normes de sécurité
antisismiques au moment du tremblement de terre. Mais suite à son
inspection visuelle, TEPCO a indiqué qu’il n’avait pas trouvé de dégâts
matériels dans ces parties. la Commission estime cependant qu‘une
conclusion niant les dégâts du séisme ne peut pas être légitimement
établie, tant qu‘une inspection complète, incluant un contrôle non
destructif n‘aura pas été mené.
La Commission estime que
cette même conclusion est valide pour les réacteurs 1 à 3, qui sont
beaucoup plus anciens que le réacteur 5. La section 2 de ce rapport
comprend des détails montant que le séisme enregistré à Fukushima
Daiichi a dépassé les hypothèses de la dernière directive.
Il est clair que les mesures antisismiques de renforcement nécessaires n’étaient pas en place au moment du séisme du 11 mars.
L’absence de mesure de lutte contre les tsunamis
La construction de
l’usine de Fukushima Daiichi qui a débuté en 1967 était basée sur les
connaissances en sismologie de cette époque-là. Comme la recherche a
continué au fil des ans, les chercheurs ont souligné à plusieurs
reprises la forte probabilité de tsunamis dont les niveaux dépasseraient
les hypothèses formulées au moment de la construction, ainsi que la
possibilité d’endommagement du cœur dans l‘éventualité de tels tsunamis.
TEPCO a négligé ces
avertissements, et les faibles marges de sécurité qui existaient étaient
loin d’être suffisantes pour faire face à une telle situation
d’urgence. Depuis 2006, les autorités réglementaires et TEPCO ont
échangé des informations sur la possibilité d’une panne totale
d’électricité résultant de tels tsunamis.
Ils étaient également
conscients du risque de dommages au cœur des réacteurs à la suite d’une
panne des pompes d’eau de mer si l’ampleur d’un tsunami s‘avérait être
supérieure à l’évaluation faite par la Société japonaise des ingénieurs
civils.
Cette absence
d’améliorations a été la source d‘au moins trois problèmes essentiels :
Premièrement, la NISA n‘a publié aucune information sur ses
évaluations ou ses instructions de réexamen des hypothèses
utilisées dans la conception des moyens de défense vis-à-vis des
tsunamis. La NISA n’a pas non plus conservé les dossiers d’évaluations
ou d‘instructions. En conséquence, les tierces parties n‘ont jamais pu
connaître l’état réel de la situation.
Le deuxième problème
concerne la méthodologie utilisée par la Société japonaise des
ingénieurs civils pour évaluer la hauteur du tsunami. Bien que le
processus de choix de la méthode ait été obscur et qu‘il ait impliqué la
participation des compagnies d’électricité, ce qui est inacceptable, la
NISA a accepté cette méthode comme conforme sans examiner sa validité.
Un troisième problème est
l’interprétation et le choix arbitraires d’une théorie des probabilités.
TEPCO a tenté de justifier sa croyance en la faible probabilité
d‘occurrence d‘un tsunami et a utilisé les résultats d’un processus de
calcul biaisé pour ignorer la nécessité de mettre en place des contre-
mesures. TEPCO a aussi prétendu que ce serait utiliser une méthodologie
d‘incertitudes techniques que de fonder une évaluation de la sécurité
contre les tsunamis sur une démarche faisant appel aux probabilités ;
TEPCO a utilisé cet argument pour retarder la mise en œuvre des mesures
de lutte contre les tsunamis. En tant qu‘agence de régulation la NISA
était au courant du retard de TEPCO à appliquer les contre-mesures,
mais n’a pas réagi avec des instructions ou des demandes spécifiques.
Elle n‘a pas non plus suivi de façon adéquate les progrès de la
vérification.
La raison pour laquelle
TEPCO a négligé le risque important d’un tsunami relève de sa manière de
gérer les risques, manière dans laquelle l’interprétation des problèmes
a souvent été ajustée pour répondre aux intérêts propres de
l‘entreprise. Dans une structure de gestion saine des risques,
le gestionnaire envisage et met en œuvre des mesures, même si
les détails doivent encore être scientifiquement confirmés. Plutôt
que de tenir compte des faits connus et de rapidement mettre en œuvre
les contre-mesures, TEPCO a eu recours à des tactiques dilatoires,
comme la présentation d’autres études scientifiques et le lobbying.
Des mesures non conformes aux normes internationales
Toutes les mesures
de lutte contre un accident grave qui étaient en place au Japon étaient
inefficaces en pratique. Les hypothèses à la base des mesures de lutte
contre un accident grave n‘envisageaient que des questions internes,
tels que l’erreur opérationnelle d‘origine humaine et n‘envisageaient
pas les facteurs externes tels que séismes et tsunamis, alors même
que le Japon est connu pour être fréquemment confronté à ces
événements naturels.
Dès le début, les opérateurs
ont été autorisés à fixer des mesures de lutte contre les accidents
graves de manière autonome. En 1991, le groupe de concertation sur les
problèmes courants [Common Issue Discussion Panel] de la NSC a
explicitement déclaré que « la gestion des accidents ‒ y compris
les mesures opportunes et flexibles qui pourraient être nécessaires dans
des situations réelles ‒ devait être envisagée et mise en œuvre par les
opérateurs en fonction de leur ―compétence technique‖ et de
leur ―expertise‖, sans exiger de l’autorité une réglementation des
détails spécifiques. »
Les mesures de lutte contre
les accidents gaves qui ont été fixées de manière autonome par
l‘opérateur n‘étaient même pas conformes aux normes prévues par les
organismes de réglementation. En fait, les équipements de sécurité
contre les accidents graves se sont avérés avoir une capacité de
résistance plus faible que les équipements de sécurité conformes aux
normes utilisés pendant le fonctionnement normal. De toute évidence, le
fait d‘utiliser des équipements de sécurité contre les accidents graves
qui soient moins performants que les équipements utilisés en
fonctionnement normal anéantit le concept même de ces mesures de
sécurité. Parce que soumises à une supervision inadéquate, les
mesures mises en œuvre contre les accidents graves au Japon étaient
inefficaces en pratique par rapport aux mesures en place à l’étranger,
et ont provoqué d‘importants délais de réaction.
Permettre aux opérateurs de
mettre les mesures en œuvre de façon autonome leur a également laissé
une grande liberté pour négocier avec les régulateurs les
conditions d‘application via la Fédération des Compagnies Electriques (FEPC).
Cela fut particulièrement le
cas après 2010 quand les régulateurs ont commencé à envisager d‘aligner
les mesures de lutte contre les accidents graves sur les standards
internationaux et que les opérateurs, par l’intermédiaire de la FEPC,
ont commencé à exercer de fortes pressions sur les régulateurs pour
ralentir le processus.
Les opérateurs ont négocié avec les régulateurs avec deux perspectives en tête :
1) éviter ou minimiser le risque de poursuites potentielles ;
2) éviter des obligations
de mise en conformité qui pourraient interférer avec le fonctionnement
des réacteurs existants. Encore une fois, cela a eu pour conséquence que
rien n‘a été fait pour se préparer contre les accidents graves comme
celui qui a eu lieu à compter du 11 mars ; le genre d‘accident qui n‘a
que très peu de chance de se produire, mais qui provoque, quand il
survient, des situations catastrophiques. 2 L’accident : l’escalade
La Commission a soigneusement étudié le déroulement de l’accident. Nous avons essayé d’établir si l‘accident aurait pu être contenu et s’il aurait pu être encore plus grave. Nous avons également examiné le rôle du séisme dans l’accident, et la validité de l’hypothèse TEPCO selon laquelle le tsunami aurait été la seule cause directe.
Le déroulement de l’accident
Les mesures mises en place
pour prévenir un accident grave à l’usine de Fukushima Daiichi étaient
loin d’être suffisantes. Le système d’alimentation électrique était
particulièrement fragile d‘un point de vue défensif et a souffert de son
manque de redondance, de diversification et d’autonomie. Bien que la
centrale soit reliée à un certain nombre de lignes électriques
extérieures, il n’y avait que deux stations- source, lesquelles ont été
mises hors service par le séisme, ce qui a provoqué une perte
d’alimentation externe pour tous les réacteurs. Les générateurs diesel
et d’autres équipements d’alimentation du site, y compris les
équipements de distribution électrique étaient tous situés au sein ou à
proximité de la centrale et ont été inondés par le tsunami qui a frappé
peu de temps après. Les hypothèses concernant une panne totale [SBO] ne
comprenaient pas la perte de l‘alimentation en courant continu ; c‘est
pourtant exactement ce qui s’est passé. Dans le chaos qui a suivi le
désastre causé par le tsunami, les travailleurs ont été grandement
entravés dans leurs efforts. La perte des fonctions de la salle de
contrôle, de l’éclairage et des systèmes de communication et la lutte
pour livrer des équipements et des matériaux dans une centrale jonchée
de décombres ont été encore exacerbées par la répétition des répliques.
Cela non plus n‘avait pas été anticipé. Les manuels de gestion
détaillée des accidents graves n’étaient pas à jour, les schémas et les
documents décrivant les procédures de ventilation étaient incomplets ou
manquants. La priorité n‘avait pas été suffisamment axée sur les
simulations et la formation aux situations d‘urgence. Cela est
symptomatique des problèmes institutionnels de TEPCO. Les réacteurs 1, 3
et 4 ont explosé, et l‘enceinte de confinement a été endommagée dans le
réacteur 2. Le cœur des réacteurs 5 et 6 n‘a pas été endommagé, car ces
réacteurs étaient à l‘arrêt en toute sécurité. La Commission a
découvert qu‘en réalité, une situation encore pire aurait pu se produire
dans les réacteurs 2 et 3, et que la situation dans les réacteurs 5 et 6
aurait pu facilement se dégrader. Si des mesures préventives contre le
terrorisme avaient été mises en place, l‘accident aurait pu être géré
et évoluer de manière différente. Le combustible usé de la
piscine du réacteur 4 aurait pu être endommagé et des effets plus
sévères auraient pu affecter une superficie plus vaste. A ce stade, cet
accident désastreux aurait aisément pu se transformer en un scénario
encore plus effrayant.
Vérification des événements
L‘accident est très
clairement dû à des phénomènes naturels : le tremblement de terre et le
tsunami qui l‘a suivi. Pourtant, un certain nombre de facteurs
importants ayant trait à la façon dont l’accident a évolué restent
inconnus, principalement parce qu’une grande partie des équipements
essentiels et de la tuyauterie touchés par cet accident sont à
l’intérieur de l’enceinte de confinement des réacteurs et resteront donc
hors de portée des inspecteurs pendant de nombreuses années.
En dépit de cela, TEPCO
précise dans son rapport d’enquête provisoire que les équipements de
sécurité essentiels n’ont pas été endommagés par le tremblement de
terre, et que la principale cause de l’accident est le tsunami.
Dans ce rapport, on trouve
une clause de non-responsabilité précisant que celui-ci s‘appuie sur des
résultats « [valables] dans la mesure de leur confirmation » Le
gouvernement a également écrit un rapport d’accident similaire qui a été
soumis à l’Agence Internationale d’Energie Atomique (AIEA).
Nous avons mené nos
investigations et nos consultations avec soin, soucieux de ne pas tirer
de conclusions hâtives qui s‘appuieraient sur des mesures décidées
d‘avance. La Commission reconnaît la nécessité pour les régulateurs et
pour TEPCO de revoir et de vérifier les causes de l’accident sur la base
des faits suivants :
1. De fortes secousses ont
débuté à la centrale 30 secondes après le SCRAM et la centrale a été
durement secouée pendant plus de 50 secondes. Cela ne signifie pas que
les réacteurs nucléaires n‘aient pas été impactés par les mouvements
sismiques. On pense que le mouvement au sol a été assez fort pour
endommager certaines fonctions de sécurité essentielles, parce que les
vérifications des plans de résistance aux séismes et des renforcements
antisismiques n’avaient pas été faites.
2. Les niveaux de pression
du réacteur et de l’eau montrent clairement qu‘une perte massive
de réfrigérant primaire n’a pas eu lieu dans la période comprise entre
le séisme et le tsunami. Cependant ‒ comme l‘écrit l‘Organisation
japonaise pour la sûreté nucléaire (JNES) dans les « résultats
techniques » donnés par la NISA ‒ une perte minime de réfrigérant
provenant d’une fissure dans la tuyauterie et occasionnant une fuite de
liquide de refroidissement ultérieure n‘affecterait pas le niveau de
l’eau ou la pression du réacteur ; elle aurait pu se produire sans être
visible pour les opérateurs. Si ce genre de perte minime de réfrigérant
reste incontrôlé pendant 10 heures, des dizaines de tonnes de liquide de
refroidissement pourraient fuir, conduisant à un endommagement ou une
fusion du cœur.
3. Le rapport provisoire de
l’enquête menée par le gouvernement, les « résultats techniques » de la
NISA et plus particulièrement le rapport provisoire de TEPCO, ont tous
conclu que la perte de l’alimentation d’urgence en courant alternatif ‒
qui a certainement eu un impact sur l‘évolution de l’accident ‒ « a été
causée par l’inondation due au tsunami ».
Le rapport de TEPCO dit que
la première vague du tsunami a atteint le site à 15h27 et la seconde à
15h35. Mais ce sont les moments où les capteurs fixés à 1,5 km au large
des côtes ont détecté les ondes, et non pas ceux où le tsunami a frappé
la centrale. Cela donne à penser qu’au moins la perte de l’alimentation
de secours A dans le réacteur 1 pourrait ne pas avoir été causée par les
inondations. Sur cette base, certaines questions fondamentales doivent
faire l‘objet d‘une explication logique avant d‘affirmer définitivement
que les inondations ont été la cause de la panne totale.
4. Plusieurs employés des
fournisseurs de TEPCO qui travaillaient au quatrième étage du bâtiment
du réacteur 1 au moment du séisme ont été témoins d‘une fuite d’eau sur
cet étage qui abrite deux grandes cuves pour le condenseur d‘isolation
et la tuyauterie de ce condenseur. La Commission estime que cette fuite
ne venait pas d‘un débordement de l‘eau de la piscine de combustible usé
du cinquième étage. Toutefois, étant donné que nous ne pouvons pas
aller à l’intérieur de la centrale et effectuer une inspection sur
place, la source de cette fuite reste à confirmer.
5. Les condenseurs
d‘isolation (systèmes A et B2) du réacteur 1 ont été fermés
automatiquement à 14h52, mais l’opérateur du réacteur 1 a arrêté
manuellement les deux condenseurs 11 minutes plus tard [15h03]. TEPCO a
toujours maintenu que cet arrêt manuel s‘expliquait par « le fait qu‘on
avait jugé que le taux d‘excursion horaire de la température du liquide
de refroidissement du réacteur ne pouvait pas être maintenu à moins de
55 degrés (Celsius), ce qui est le point de référence fourni par le
manuel opérationnel ». Le rapport de l’enquête dirigée par le
gouvernement, ainsi que le rapport du gouvernement à l’AIEA,
affirment la même chose. Toutefois, selon plusieurs travailleurs
impliqués dans l‘arrêt manuel des condenseurs qui ont répondu à notre
enquête, ils ont arrêté les condenseurs pour vérifier si le liquide de
refroidissement s’échappait des condenseurs ou d‘autres tuyauteries,
parce que la pression du réacteur baissait rapidement. Alors que les
explications de l‘opérateur [de quart] sont raisonnables et correctes,
l’explication de TEPCO est irrationnelle.
6. Il n’existe aucune preuve
de l’ouverture de la vanne de sécurité au réacteur 1, même si c‘est la
procédure habituelle en cas d‘accident. Par contre, ces documents sont
disponibles pour les réacteurs 2 et 3. Nous avons constaté que le bruit
de l’ouverture du clapet de sécurité pour le réacteur 2 a été entendu à
la salle de contrôle centrale et dans le réacteur 2, mais aucun employé
travaillant au réacteur 1 n‘a entendu le bruit de l’ouverture de la
soupape de sécurité du réacteur 1.
Il est donc possible que
l‘ouverture de la soupape du réacteur 1 n‘ait pas fonctionné. Dans ce
cas, un accident minime de perte de réfrigérant causé par le mouvement
sismique pourrait avoir eu lieu dans le réacteur 1.
3 La réponse d’urgence à l’accident
La Commission a
enquêté sur la manière dont TEPCO, les agences de régulation, le
gouvernement et le Kantei (Cabinet du Premier Ministre) ont répondu à
l’accident ‒ y compris les premiers stades de la réponse, le développement de l‘accident, le système d’intervention d’urgence et le système de gestion de crise. La réponse de TEPCO à l’accident.
Au moment de l’accident, ni
le Directeur exécutif ni le Président de TEPCO n’étaient présents ni
joignables, situation inconcevable pour un opérateur de centrales
nucléaires. Les deux hommes avaient également une compréhension
différente de la structure de la Réponse d’Urgence, un fait qui a très
probablement contribué au retard dans la réponse de TEPCO à l’accident. Le
manuel de TEPCO pour la réponse à un accident grave était complètement
inefficace, et les mesures qu’il recommandait n‘ont pas fonctionné. Ce
manuel présupposait que les mesures des paramètres de fonctionnement du réacteur seraient lisibles, mais il n’avait pas envisagé un blackout prolongé
de l’installation comme ce qui s’est produit à Fukushima et qui a
empêché toute gestion de ces paramètres. La chaîne de commandement a été
perturbée durant la période d’urgence. Dans une situation d’accident,
la direction de la centrale était supposée communiquer avec la NISA (Agence de Sûreté industrielle et nucléaire) à partir du site déporté ERC (Centre de Réponse d’Urgence), mais
cela n’a pas été possible par suite du dysfonctionnement de ce site,
qui se trouvait dépourvu de courant électrique à la suite du tremblement
de terre. La situation réelle de la ventilation de l’unité 1 n’a pas
été communiquée à la NISA, ni au Cabinet du Premier ministre, ce qui a
favorisé une atmosphère de méfiance entre la direction TEPCO du site,
les agences de régulation et le Cabinet du Premier ministre.
La décision du Premier
ministre qui en a résulté, d‘aller sur le site et donner des
instructions, n’a pas seulement pris du temps aux opérateurs du site,
mais a perturbé la chaîne de commandement prévue entre la compagnie
nucléaire, les agences de régulation et le Cabinet du Premier Ministre.
Si la direction de TEPCO avait communiqué activement la situation du
site dès le début, et expliqué la gravité de la situation aux autres
parties, il est possible que la méfiance ‒ et la confusion qui a
suivi dans la chaîne de commandement ‒ auraient pu être évitées. La
direction de TEPCO n’a pas non plus produit de support technique
suffisant. Alors que la situation de l’Unité 2 continuait de se
détériorer, Masao Yoshida, le directeur général de la centrale de
Fukushima, a demandé un avis technique au PDG et VP Sakae Muto, mais
celui-ci en transit depuis le site déporté n’a pu répondre. La direction
de TEPCO n’a pas non plus réussi à protéger Yoshida des questions
directes du Kantei, et a approuvé les instructions de M. Madarame,
directeur de la NSC, bien que celles-ci aient été contraires aux
décisions prises sur le site, la vraie première ligne de réponse à
l’accident. Enfin, la mentalité de l’encadrement de TEPCO de
« soumission à l’autorité » a entravé leur action. La confusion produite
par le commentaire du Président Shimizu à propos de « l’évacuation »,
et l’intervention du Kantei résultent de cette mentalité. Au lieu de
prendre des décisions déterminées et de les communiquer clairement au
gouvernement, TEPCO a suggéré ce qu’elle pensait que le gouvernement
voulait et a donc échoué à transmettre la réalité du terrain.
Il est difficile de conclure
que ce serait le Premier ministre qui aurait découragé l’idée d’une
évacuation complète, comme il a été rapporté ailleurs, pour diverses
raisons :
1) la direction du site n’a jamais envisagé un retrait complet de ses employés ;
2) il n’y a pas de preuve qu’une décision en faveur d’un retrait complet ait été prise à la direction de TEPCO,
3) le plan d’évacuation,
préparé avant la visite de Shimizu au Kantei, prévoyait de maintenir des
membres de la Réponse d’Urgence à la centrale ;
4) le Directeur-général de
la NISA, que M. Shimizu a contacté, a assuré qu’il n’avait pas
été consulté pour une évacuation totale ;
5) l’équipe du site déporté,
jointe par un système de vidéoconférence, a certifié qu’il n’y avait
pas de discussion sur l’hypothèse d’une évacuation complète. Il est
clair qu’il y a eu une incompréhension de la part du Kantei, mais la
raison fondamentale tient à la mentalité des dirigeants de TEPCO, fait
de déférence et de dépendance vis-à-vis de l’autorité gouvernementale,
et à l’abdication de leurs propres responsabilités, malgré la nature
privée de l’entité.
Les organisations de réponse d’urgence du gouvernement
Au moment de l’accident, le
système de réponse gouvernemental à un accident n’a pas fonctionné comme
prévu. Les systèmes prévus en cas de catastrophe ‒ comme les
infrastructures de communication et de transport ‒ étaient hors
d’usage à cause du tsunami et du tremblement de terre. L’échec du
système gouvernemental de réponse à l’accident dans les premiers temps a
été l’un des facteurs qui ont poussé le Kantei à augmenter son
implication dans la réponse à l’accident.
Le système gouvernemental de réponse à l’accident était constitué principalement :
*du Centre de Réponse à l’Urgence Nucléaire du Premier ministre,
*du Secrétariat du Centre de la Réponse à l’Urgence Nucléaire de la NISA
*et de l’Equipe Régionale de la Réponse à l’Urgence Nucléaire. Dans l’ensemble, aucune de ces organisations n’a fonctionné comme prévu.
Le Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire du Premier ministre, et son Secrétariat étaient
censés diriger la coordination globale des mesures de Réponse
d’Urgence, telles que les mesures destinées à protéger les habitants à
proximité, mais ils ont été incapables de mener ces tâches à
bien. Bien que l’intervention du Kantei ait contribué à aggraver la
catastrophe, l’échec du Secrétariat du Centre pour l’Urgence nucléaire à
collecter et à partager les informations sur l’évolution de l’accident
et de l‘intervention a constitué un facteur significatif. De plus, l’équipe régionale de la Réponse à l‘Urgence nucléaire n’a
pas pris d’initiative dans l‘intervention locale sur l’accident,
comme par exemple l‘émission d’un ordre d’évacuation. Cela est dû à
l‘arrivée simultanée du tremblement de terre, du tsunami et de
l’accident nucléaire, et à l’absence d’une préparation à un accident
grave et prolongé. Le Centre de Gestion de Crise, situé dans le
bâtiment du Kantei, était déjà saturé par la gestion des conséquences
du tremblement de terre et du tsunami, et se trouvait dans l’incapacité
de répondre à l’accident nucléaire.
La Commission de Sûreté nucléaire a
rencontré de nombreux problèmes et s’est montrée incapable de fournir
des conseils fondés sur l’expertise de sa propre organisation.
Le Ministère de l’Education n’a
pas non plus réussi à utiliser les systèmes qu’il avait préparés. En un
moment où les événements se précipitent, il est absolument vital que
chaque flux d’information soit partagé en temps réel. Bien qu’il y ait
eu un système de téléconférence reliant le Kantei à chacune des
organisations concernées, rien n‘atteste que le système ait été
utilisé, tout particulièrement pour partager des informations entre le
Kantei et ces organisations. TEPCO a transporté son propre système de
téléconférence au site déporté et l’a utilisé pour mettre en relation le
Siège avec la centrale de Fukushima. Si TEPCO avait connecté
son système au réseau de téléconférence du gouvernement, il aurait
été en mesure de partager l’information en temps réel dès les premiers
stades, mais cela n’a pas été fait.
La réponse d’urgence du Kantei
Alors que la situation se
détériorait et que les systèmes de réponse à l’accident prévus par le
gouvernement ne fonctionnaient pas, le Kantei a pris le contrôle de la
réponse d’urgence, avec le Premier ministre Naoto Kan au centre d’un
groupe ad hoc d’hommes politiques, de conseillers et le
président de la NISA. Ce groupe était composé de gens qui n’étaient pas
des experts et qui n’avaient pas de compréhension adéquate de la
situation sur le site. Le Kantei a rencontré des problèmes dès le début.
Après s’être vu notifié par TEPCO que la situation correspondait aux
conditions de l’Article 15 de l’Acte sur les Mesures Spéciales concernant la Préparation à l’Urgence nucléaire, il lui a fallu deux heures pour publier la Déclaration de Situation d’Urgence nucléaire, étape nécessaire pour lancer la Réponse d’Urgence.
En fait, le Premier ministre
Naoto Kan n’était pas pleinement conscient que la publication de la
« Déclaration d’une Situation d’Urgence » était le premier pas
indispensable pour l’intervention face à l’accident, et son entourage
n’a pas su l‘en informer correctement. Le groupe du Kantei a compris que
le Centre de Gestion de Crise, en charge de la réponse
initiale, était saturé par le traitement des conséquences du tremblement
de terre et du tsunami. Les membres dirigeants de la NISA et de la NSC
avaient rejoint le groupe pour apporter leurs conseils. Ils n’ont pu,
cependant, répondre de manière adéquate aux questions, ce qui a produit
un sentiment de méfiance, qui a atteint son maximum au moment de
l’explosion de l’Unité 1.
A partir de là, le bureau du
Premier ministre, au cinquième étage du Kantei, est devenu la
première ligne des efforts de réponse à l’accident. Bien que TEPCO
et les autorités de régulation soient tombées d’accord sur la manière
d’agir sur le dégazage et sur l’injection d’eau de mer, le Kantei est
resté dans l’ignorance de ce fait, et est intervenu, aggravant encore le
désordre et la confusion. Au matin du 15 mars, pris d’un sentiment
d’urgence face au manque d’information, le Premier ministre Naoto Kan a
décidé d’aller lui-même visiter le site. En réponse à l’offre de TEPCO
d’évacuer face à la situation de plus en plus critique dans l’unité 2,
le Premier ministre Naoto Kan a convoqué le Président Shimizu à son
bureau, et il a rejeté l’évacuation.
Peu après, le gouvernement a
décidé d’établir une structure conjointe entre le gouvernement et la
direction de TEPCO, au siège de TEPCO.
Tout au long du déroulement
de cet accident, le bureau du Premier ministre a également été central
dans les décisions concernant les zones d’évacuation. Les plans
d’urgence attribuaient au centre de décision sur site la responsabilité
d’élaborer des propositions d’évacuation, avec un transfert de
compétence au Secrétariat du Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire, au cas où le Centre de décision sur site ne serait pas en mesure de le faire. Telle était précisément la situation, mais lorsque la réponse du Secrétariat du Centre de la Réponse à l’Urgence nucléaire a été différée, le Kantei est intervenu et a ordonné les évacuations.
Cela a provoqué les problèmes suivants :
1/ alors que les décisions étaient prises sur une base ad hoc, il y avait une coopération insuffisante entre les agences du gouvernement.
2/ le détail des opérations d’évacuation était lacunaire.
3/ le public manquait d’explications appropriées. Cela a conduit à aggraver le désordre et la confusion sur le terrain.
Evaluation de la réponse d’urgence du gouvernement et du Kantei
Nous respectons les efforts
du gouvernement et des autres parties concernées, au vu des conditions
extrêmes où ils se sont trouvés ‒ faire face à l’accident, au
tremblement de terre, au tsunami, simultanément et dans des conditions
de pression considérable. Ils ont eu très peu de temps pour définir une
approche mesurée, et ils ont dû agir sur de longues périodes sans manger
ni dormir.
Mais il y a deux points qui
doivent être précisés. D’abord, le groupe du Kantei n‘a pas compris le
propre rôle que le Kantei aurait dû assumer dans la crise. On a accordé
beaucoup d’attention à la mauvaise communication entre le Kantei et
TEPCO, sur la question de savoir si l’évacuation de la centrale prévue
par TEPCO concernait tous les employés ou une partie d’entre eux.
Cependant, l’état des réacteurs était si grave que TEPCO se devait de
demander une évacuation.
Dans cette situation, le
Kantei aurait dû confirmer la possibilité que tous les travailleurs
soient évacués, afin de prévoir l’évacuation des habitants et prendre
d’autres mesures pour protéger ceux-ci. Il est clair que le Kantei
n’aurait pas dû intervenir sur des questions que TEPCO était en mesure
de traiter, comme la condition du dégazage et l’injection d’eau de mer,
et aurait dû confirmer le sens des commentaires du Président Shimizu à
propos de l’évacuation.
Son intervention amenant à
établir un centre de décision gouvernement-TEPCO chez TEPCO est
également incompréhensible. Un second point concerne le fait que
l’intervention directe du Kantei, dont la visite du Premier ministre
Naoto Kan à la centrale Daiichi de Fukushima, a perturbé la chaîne de
commandement et provoqué de la confusion dans une situation déjà
terrible sur le site.
A partir de cette visite, un
nouveau canal de communication a été mis en place, entre le Kantei,
Fukushima Daiichi et la direction de TEPCO. Ce nouveau canal allait à
l’encontre du flux d’information officiel entre Fukushima-Daiichi vers
le siège de TEPCO, puis vers la NISA et le Kantei (le Centre de la Réponse d’Urgence Nucléaire du
Premier ministre). La nouvelle orientation obligeait TEPCO à
communiquer ses informations non seulement à la NISA mais aussi au
Kantei, contribuant à perturber la réponse de TEPCO et causant du
désordre dans la centrale.
A tout moment, la priorité
du gouvernement doit être son souci pour la santé et le bien-être
publics. Mais parce que l’attention du Kantei était concentrée sur les
problèmes en cours à la centrale — ce qui aurait dû être de la
responsabilité de l’opérateur ‒ le gouvernement a manqué à sa
responsabilité envers le public. L’intervention permanente du Kantei
dans la centrale a également mis en place les conditions permettant à
TEPCO d’abdiquer de fait sa responsabilité envers la situation dans la
centrale.
D’après le Manuel d’Urgence
nucléaire, la NISA et les autres institutions bureaucratiques ont la
responsabilité de recueillir et d’organiser l’information pour la mettre
à disposition du Centre de la Réponse à l’Urgence Nucléaire, afin
qu’elle serve à la prise de décision. Cependant, avec le nouveau canal
de communication mis en place entre le Kantei et TEPCO, la
perception qu’avaient les institutions bureaucratiques de leur
responsabilité a décru et leur approche est devenue passive. Le
sectionnement vertical des divers ministères impliqués a également
empêché un partage efficace d’information.
Afin de garantir la sécurité
publique, il est nécessaire que de telles agences réagissent non
seulement de façon flexible en temps de crise, mais accroissent leur
capacité de gestion de crise grâce à un entraînement continu.
La réponse à l’accident de la Préfecture de Fukushima
Le Système de Réponse d’Urgence de la Préfecture de Fukushima
était également fondé sur l’hypothèse qu’une catastrophe nucléaire
ne surviendrait pas en même temps qu’un tremblement de terre et un
tsunami. Il a été totalement pris au dépourvu. La structure de réponse à
une catastrophe de la Préfecture de Fukushima était exposée dans le Plan régional de Prévention de Catastrophe de
la Préfecture de Fukushima, mais l’éventualité d’un désastre nucléaire
causé par des catastrophes naturelles n’avait pas été envisagée.
Etant donné l’effondrement
des communications avec le gouvernement central dans le moment qui a
suivi l’accident, l’exécutif de la préfecture et le gouvernement central
ont ignoré les actions les uns des autres. Ressentant l’urgence de la
situation, l’exécutif de la Préfecture a ordonné unilatéralement que les
habitants soient évacués dans un rayon de 2 km autour de la centrale,
en se fondant sur des exercices antérieurs de prévention et d’urgence.
Cela a été suivi 30 minutes plus tard par le gouvernement central qui a
ordonné l’évacuation des habitants dans un rayon de 3 km. Mais le
tremblement de terre et le tsunami ayant gravement endommagé les
réseaux de communication, il était difficile de transmettre la
directive aux municipalités et au public. La Préfecture de Fukushima a
également été incapable de gérer la surveillance d’urgence. Seul l’un
des 24 postes de surveillance était encore en état de fonctionner ; les
autres avaient été soit emportés par la mer, soit coupés du réseau. Les
postes mobiles de surveillance sont restés inutilisables jusqu’au 15
mars, à cause des problèmes du réseau de téléphone mobile. Il y avait
bien un véhicule équipé d’équipement de surveillance, mais il s’est
trouvé hors d’usage, par manque de carburant.
La diffusion de l’information par le gouvernement central
La précision
détaillée a constitué une priorité, aux dépens d’une diffusion rapide de
l’information envers ceux qui en avaient besoin pour prendre des
décisions en connaissance de cause. M. Edano, directeur du cabinet, a
affirmé de façon répétée qu’il n’y avait pas d’effet sanitaire immédiat
des fuites de radioactivité, inspirant au public un faux sentiment de
sécurité.
Dans ses déclarations,
cependant, la nécessité et l’urgence d’une évacuation n’ont jamais été
expliquées correctement du point de vue des habitants, et le
gouvernement n’a jamais fourni de preuve pour appuyer ses déclarations.
Cela a provoqué une angoisse importante dans le public. Enfin, le plus
grave est que le gouvernement a choisi de diffuser des informations dans
une perspective purement subjective, plutôt que de répondre aux besoins
du public.
4 L’étendue des dommages
La commission a
abouti à un certain nombre de constatations concernant l’étendue des
dommages provoqués par l’accident sur la centrale nucléaire. Nous avons
étudié la manière dont les décisions ont été prises, et comment les
stratégies et les mesures palliatives ont été communiquées au public.
Nous avons également enquêté sur ces éléments du point de vue des
habitants affectés par les conséquences de l’accident. Dommages infligés par l’accident de centrale
Les effets de l’accident
continuent bien sûr à se faire sentir et continueront
d’affecter le pays. L’accident a provoqué l’émission de 900 PBq (1015
Bq) de substances radioactives, 1/6 du total des rejets de l’accident
de Tchernobyl si on les convertit en niveau d’iode. Il y a maintenant de
vastes étendues du pays ‒ 1800 km² ‒ dans la préfecture de Fukushima
dont les niveaux de contamination atteignent une dose cumulée
potentielle de 5 mSv/an ou davantage.
Les habitants sont
particulièrement préoccupés par leur niveau d’exposition. Cependant, les
conséquences sanitaires ne sont pas encore connues du fait des
différentes conditions qui s’appliquent à chaque individu.
Une estimation de
l’exposition externe cumulée sur les 4 premiers mois suivant l’accident
pour 14 000 habitants environ (à l’exclusion des travailleurs de la
centrale) dans trois villes et villages où les doses de radiation ont
été relativement élevées, montre que 0,7 % d’entre eux ont été exposés à
10 mSv ou plus, et 42,3 % ont été exposés à moins de 10 mSv, dont 57 %
ont été exposés à moins de 1 mSv. Bien que ces valeurs soient
généralement basses, il est clair que des habitants souffrent de stress
provoqué par la peur de l’inconnu.
Des ordres d’évacuation chaotiques
L’enquête de la
commission a révélé que de nombreux habitants n’ont pas été informés
qu’un accident s’était produit ou qu’il s’aggravait rapidement et que
des fuites radioactives avaient lieu, et cela, même après que le
gouvernement et certaines municipalités en aient été informés.
Lorsque les conséquences de
l’accident ont commencé à s’aggraver, les destinations d’évacuation et
d’autres aspects de l’évacuation ont été souvent modifiés. Mais, même
durant la période d’aggravation, la plupart des habitants proches sont
restés dans l’ignorance de la catastrophe ou de sa gravité, sans parler
du risque accru.
Un total de 146 520
habitants ont été évacués à la suite des ordres d’évacuation du
gouvernement. Pourtant, de nombreux habitants proches ont été évacués
sans informations précises. Dans l’ignorance de la gravité de
l’accident, ils pensaient ne partir que pour quelques jours et n’ont
emporté que le strict nécessaire.
Les ordres d’évacuation ont
été régulièrement révisés tandis que les zones d’évacuation passaient du
rayon initial de 3 km à 10 km, puis 20 km, tout cela en une seule
journée. A chaque fois que la zone d’évacuation était étendue, les
habitants devaient se déplacer. Certains évacués n’ont pas été informés
qu’ils avaient été envoyés sur des sites de forte radioactivité. Les
hôpitaux et les crèches dans la zone des 20 km se sont débattus pour
assurer des moyens de transport et trouver des hébergements ; 60
patients sont morts en mars de complications liées à l’évacuation.
L’exaspération a monté parmi les habitants. Le 15 mars, les habitants de
la zone entre les 20 et 30 km ont reçu l’ordre de se calfeutrer.
Comme cette mesure a
duré plusieurs semaines, ces habitants ont été victimes d’un
grand manque d’information et de moyens. L’ordre de calfeutrage
a été en conséquence revu en évacuation volontaire. Mais là
aussi, l’information sur cette modification a été tristement déficiente
et les habitants se sont retrouvés à devoir évacuer sans posséder les
informations indispensables.
La Commission conclut que le
gouvernement a de fait abdiqué sa responsabilité envers la sécurité
publique. Le fait que certaines parties de la zone des 30 km subissaient
de forts niveaux de radiation a été connu avec la publication du Système pour la Prédiction de l’Information Environnementale sur la Dose d’Urgence (SPEEDI), le 23 mars. Mais ni le gouvernement ni le Centre de Réponse d’Urgence Nucléaire n’ont pris de décision rapide pour l’évacuation des résidents de ces zones qui n’ont été évacuées qu’un mois plus tard.
Le manque de préparation au désastre nucléaire
Les autorités de régulation
s’étaient aperçues de divers problèmes concernant la préparation à une
catastrophe nucléaire avant l’accident, mais elles n’avaient pas
redéfini les mesures de prévention. En conséquence, les retards dans la
mise en œuvre ont contribué à une réponse inappropriée, comme on a pu le
constater durant l’accident. La Commission de Sûreté Nucléaire (NSC)
a commencé à revoir les directives de prévention de catastrophe en
2006, pour s’aligner sur les nouveaux standards internationaux.
Néanmoins, la NSC redoutait que les habitants s’inquiètent de la
nécessité de mesures de protection supplémentaires après avoir été
régulièrement assurés du caractère inoffensif de l’énergie nucléaire, et
que ces inquiétudes alimentent les arguments opposés au projet plutonium-thermal (utilisation du MOX), alors en cours.
La NSC n’a pas su expliquer
comment l’initiative de défense civile pourrait être bénéfique pour les
habitants, et a échoué à mettre en œuvre les standards internationaux de
façon consistante. Bien que la révision des directives se soit
poursuivie après 2007, l’accident s’est produit alors que cette
révision était toujours en cours. Après le tremblement de terre de
Niigata en 2007, il était évident que l’hypothèse d’une catastrophe
multiple devait être prise en compte dans les mesures de prévention d’un
accident nucléaire. Pourtant, la NISA a maintenu des contre-mesures
basées sur l’hypothèse d’une faible probabilité de catastrophe multiple.
La NISA n’a finalement fourni que des conseils passifs à propos des
simulations de catastrophe fondées sur une telle éventualité. Pendant
ce temps, le gouvernement n’a pas non plus intégré l’hypothèse d’un
accident grave ou d’une catastrophe multiple dans aucun de ses exercices
de catastrophe nucléaire. Lorsque le cadre des exercices a été étendu,
ceux-ci ont perdu de leur substance, et ont été réalisés dans un but
cosmétique, plutôt que d’amélioration de la préparation. Les
exercices non pertinents étaient dépourvus d’instruction sur la
nécessité d’utiliser des outils tels que l’obtention d’informations sur
les radiations depuis le système SPEEDI. Quoiqu’il ait été appliqué dans
les exercices annuels, les participants ont trouvé les exercices
inutiles au moment de l’accident.
Le Système de Soutien à la Réponse d’Urgence (ERSS) et le système SPEEDI doivent servir à protéger la sécurité publique.
Les directives sur la
surveillance de l’environnement reposent sur l’hypothèse que l’ERSS
prédit et anticipe les émissions de matières radioactives et les données
de rejet, et que le SPEEDI prédit et anticipe la diffusion de matières
radioactives à partir l’ERSS. Les mesures de sûreté publique, y compris
celles qui concernent l’évacuation, devraient reposer sur l’utilisation
de ces systèmes. Si les données d’émission ne peuvent être récupérées
depuis l’ERSS, le système SPEEDI ne fournit que des données trop peu
fiables pour délimiter les zones d’évacuation. Certaines des personnes
impliquées étaient conscientes des limitations du système, mais aucune
révision n’a été réalisée avant la catastrophe. Il n’y avait pas d’autre
réseau de données qui aurait pu suppléer ou remplacer les systèmes de
prévision. Ce dispositif a échoué.
Les données d’émission n’ont
pu être récupérées de l’ERSS, et le gouvernement a été incapable
d‘utiliser les résultats de SPEEDI dans la planification des mesures de
protection, et dans la définition des zones d’évacuation.
Quelques semaines plus tard,
la NSC a publié une estimation du panache de radioactivité au moment de
l’accident. Bien que l’estimation de la NSC ait été réalisée par une
analyse a posteriori fondée sur une surveillance des données de long
terme, le public a cru par erreur qu’elle avait été réalisée au moment
de l’accident, que le gouvernement l’avait ignorée ou ne l’avait pas
publiée. Cela a accru la méfiance du public. En même temps, les systèmes
médicaux d’urgence sur les radiations avaient été établis
provisoirement, après les problèmes survenus au moment de l’accident
chez JCO en 1999.
Personne n’avait pris en
compte la nécessité d’une préparation à une exposition à la
radioactivité d’une grande zone géographique, comme cela s’est produit à
Fukushima. A cause de cela, la plupart des dispositifs n’ont pu servir
car ils étaient trop proches de la centrale, mais aussi du fait de leur
capacité et des effectifs de personnels médicaux entraînés. Ces
institutions médicales avec une capacité de traitement d’urgence
nucléaire n’ont pas fonctionné comme prévu.
Conséquences actuelles et futures des radiations sur la santé
L’une des
préoccupations majeures parmi les habitants est l’effet des radiations
sur leur santé. Néanmoins, le gouvernement et la Préfecture de Fukushima
doivent encore apporter une réponse adaptée aux inquiétudes pressantes
des habitants en ce qui concerne la dose de radiation dans leur
environnement, son effet sur leur santé et d’autres questions liées aux
radiations. Ce que le gouvernement doit faire, c’est offrir une
information détaillée aux habitants et leur fournir des éléments
pour une prise de décision informée.
Il n’y a pas de consensus
parmi les experts sur les effets sanitaires de l’exposition à de faibles
doses de radiation, mais nous sommes d’avis que les limites devraient
être fixées aussi bas que l’on peut raisonnablement le faire. Le
gouvernement doit faire des efforts pour expliquer la nécessité de
limites, et justifier les niveaux choisis, de manière claire et
compréhensible pour les citoyens ordinaires.
Le gouvernement n’a pas
encore sérieusement entrepris de programmes pour aider les gens à
comprendre suffisamment bien la situation, pour qu‘ils prennent leur
propre décision en connaissance de cause. Le gouvernement n’a, par
exemple, pas clairement expliqué les variations de risque d’exposition
aux radiations selon les diverses populations, telles que les enfants et
les jeunes, les femmes enceintes, ou d’autres catégories plus
vulnérables aux effets des radiations.
On a beaucoup appris avec
l’accident de Tchernobyl sur l’exposition aux faibles doses, y compris
le risque de cancers de la thyroïde parmi les enfants. Or, bien que les
effets positifs de l’administration de comprimés d’iode et le bon moment
de leur prise aient été pleinement connus, le Centre de Réponse à l’Urgence Nucléaire du gouvernement et l’Exécutif de la Préfecture n’ont pas su fournir les instructions correctes pour le public.
Un contrôle approprié de
l’exposition interne du public est important pour la gestion de la santé
sur le moyen et long terme. Bien que les normes aient été fixées en
détail, il est plus important que le gouvernement communique par des
moyens clairement utiles au public : identifier ce qui est
mangeable, ce qu’est le niveau tolérable d’absorption, quels produits
demeurent sains, et si les tests sont fiables.
Le gouvernement devrait
répondre efficacement aux inquiétudes publiques par des inspections
minutieuses et une communication transparente.
Ni le gouvernement, ni la
Préfecture n’avaient préparé de plans pour recueillir des
informations sur l’exposition interne au césium radioactif. TEPCO
n’avait pas préparé les mesures de sûreté pour les travailleurs en cas
d’accident grave, et l’information sur les doses dans l’environnement
ne leur a pas été fournie immédiatement après l’accident.
Il est important que
l’exposition des employés de la centrale soit contrôlée avec exactitude,
assurer la sûreté des travailleurs durant la réponse à l’accident est
crucial. De plus, l’exposition aux radiations n’est pas le seul enjeu
sanitaire.
Les gens de Fukushima
souffrent de problèmes de santé mentale, c’est devenu un problème social
sérieux parmi les victimes de Tchernobyl. La Commission considère la
santé mentale et physique des habitants comme une priorité majeure, et
conclut à la nécessité d’une action urgente.
Les études sur les
conditions de santé des habitants de Fukushima sont nécessaires, mais un
système de contrôle adéquat avec des équipements de contrôle représente
un besoin urgent. Des mesures doivent être prises en priorité pour la
santé publique. Malheureusement, nous voyons peu de signes en ce sens.
Les problèmes à long terme d’environnement et de décontamination
Une fois que les
matières radioactives sont relâchées, elles continuent à affecter
l’environnement et il faut s’en occuper de manière efficace. De tous
les problèmes résultant de l’accident, la Commission considère que le
problème de la pollution environnementale est le moins traité. Comme le
montrent les observations sur l’accident de Tchernobyl, les retombées
radioactives répandues sur une vaste zone demeurent dans les zones de
forêt et de montagne pendant de nombreuses années, et leur niveau ne
diminue pas naturellement avant de longues décennies.
Les feux de forêt, les
inondations et d’autres facteurs peuvent étendre encore la
contamination. L’eau de pluie lessive les substances radioactives et
provoque des zones de concentration élevées (« hotspots », « points
chauds ») dans des lieux tels que les lacs. Des dépôts hautement
contaminés tendent également à se former au fond de la mer. Le
gouvernement devrait s’occuper rapidement de ces problèmes, avec une
perspective à long terme pour corriger la situation.
Le gouvernement dépense des
montants considérables d’argent et d’énergie dans des programmes de
décontamination, mais des problèmes fondamentaux sont apparus dans
la mise en œuvre. De nombreuses régions se sont révélées incapables
de sécuriser des sites de stockage temporaires pour les débris
contaminés, et ce problème a été exacerbé par l’action unilatérale du
gouvernement qui a voulu faire avancer la décontamination sans avoir au
préalable obtenu l’assentiment des habitants.
Il a été prouvé que plus la
communication est bonne entre les exécutifs municipaux et la population,
plus la communauté réussit à sécuriser les stockages de débris
temporaires. La commission reconnaît que les habitants ont également des
projets de décontamination différents selon la région, et il faut
prendre en considération leurs demandes. Certains veulent demeurer
dans leur région d’origine et soutiennent activement la
décontamination ; d’autres veulent partir et demandent des
compensations pour être aidés dans leur déménagement.
De nombreux habitants ont le choix et, dans ce cas, le gouvernement doit les aider à prendre des décisions informées.
Il est temps de commencer à
étudier la rentabilité de la décontamination et de son effet sur
l’environnement, ainsi que les méthodes utilisées dans le processus de
décontamination. Sans une analyse en profondeur, les inquiétudes
majeures des habitants resteront sans réponse : peuvent-ils retourner chez eux ? Si oui, quand ? S’ils retournent, pourront-ils subvenir eux-mêmes à leurs besoins ?
La décontamination ne
devrait pas être traitée comme une décision unilatérale, mais doit être
classée selon son efficacité. Il faut garder en mémoire que la clé des
questions posées par les habitants n’est pas la décontamination, mais le
fait de savoir s’ils pourront reprendre leur vie antérieure.
Le gouvernement doit
continuer le processus de décontamination tout en révisant les plans
pour intégrer l’expérience acquise. 5 Les problèmes organisationnels
dans la prévention de l’accident et dans l’intervention
La commission
a constaté divers problèmes organisationnels concernant les mesures
préventives avant l’accident, les causes de l’accident et la crise de la
gestion de l’intervention après l’accident. Nous avons examiné toute la
chaîne des événements pour mettre en évidence ce qui a mal tourné dans
les organisations et les systèmes impliqués. Nous avons également étudié
la relation entre TEPCO et les agences de régulation, en vue d’une
réforme future.
Questions de fond
Il y a eu beaucoup
d‘occasions pour la NISA, la NSC et TEPCO de prendre des mesures qui
auraient empêché l’accident, mais ils ne les ont pas prises.
Ils ont, soit délibérément
reporté la mise en place de mesures de sûreté, soit pris des décisions
dans l’intérêt de leur organisation ‒non dans l’intérêt de la sécurité
publique. A la suite de la mise en œuvre de nouvelles régulations dans
d’autres pays, des discussions ont eu lieu pour réviser les
directives, afin d’inclure un scénario dans lequel l’alimentation
en courant alternatif serait perdue.
La discussion a également
porté sur une vérification de la fiabilité des sources de courant
continu. Malheureusement, ces débats n’ont pas produit la moindre
modification dans les directives ou les réglementations, et au moment de
l’accident, aucune considération sérieuse n’avait été accordée à un
scénario impliquant la perte du courant alternatif délivré à la
centrale. TEPCO et la NISA étaient toutes deux conscientes que si le
niveau du tsunami dépassait les hypothèses faites par la Société des Ingénieurs Civils (Society of Civil Engineers), il
y avait un risque de dommage dans le cœur par suite d’un
dysfonctionnement des pompes d’alimentation en eau de mer. Ils étaient
également conscients qu’un tsunami avec des niveaux d’eau au-dessus du
niveau du sol de la centrale était possible et que cela aboutirait à une
perte complète de l’alimentation électrique. Bien que TEPCO et la NISA
aient été conscientes des risques, rien n‘a été fait pour amender les
réglementations existantes ou les aligner sur les normes
internationales. La NISA n’a donné aucune instruction contraignante pour
prendre des mesures spécifiques, et TEPCO n’a engagé aucune action. La
NISA a bien donné instruction à TEPCO de conduire une vérification
antisismique, mais en ne réalisant pas cette vérification, TEPCO a bel
et bien ouvert la voie à l’accident. La NISA est également en défaut
parce qu’elle ne s’est pas assuré que la vérification avait eu lieu en
temps opportun, malgré la conscience qu’elle avait de l’importance de
cette vérification.
La défaillance de la NISA
dans la demande de mise en œuvre de cette action, et la défaillance de
TEPCO à la mener à bien, constituent conjointement une négligence qui
a mené à la catastrophe. Ils ne peuvent utiliser l’excuse
de circonstances qui auraient dépassé leurs prévisions.
La captation de régulation de l’industrie nucléaire japonaise
Les causes
fondamentales de l’accident, comprenant l’incapacité à mettre en œuvre
des mesures de prévention d’un tremblement de terre et d’un tsunami, et
le manque de mesures destinées à faire face à un accident grave,
peuvent également être imputées à la Fédération des Compagnies d’Energie Electrique (FEPC).
C’est une association de lobbying des
compagnies d’électricité, non contrôlée, qui porte donc sa part de
responsabilité. Bien qu’une vigilance constante soit requise pour se
maintenir au niveau des normes internationales évolutives en matière de
prévention des séismes, les opérateurs électriques du Japon ont,
obstinément et de façon répétée, refusé de réévaluer et d’améliorer les
réglementations existantes, dont les vérifications antisismiques et la
mise en conformité. L’industrie nucléaire japonaise s’est montrée
inférieure à la norme globale de préparation au risque sismique et au
tsunami, et n’a pas su réduire le risque d’accidents graves en adhérant à
la stratégie des cinq niveaux de défense en profondeur.
L’examen par la Commission
de la manière dont les régulations sont discutées et amendées révèle une
relation de complaisance entre les opérateurs, les autorités de
contrôle et les spécialistes universitaires, que l’ont ne peut
caractériser que comme totalement inappropriée. Sur le fond, les
autorités de contrôle et les opérateurs ont donné la priorité aux
intérêts de leurs organisations sur la sécurité publique, et ont décidé
que les opérations des réacteurs nucléaires au Japon « ne seraient pas
arrêtées ». Parce que les autorités de régulation et les opérateurs
assuraient systématiquement que « la sûreté de l’énergie nucléaire est
garantie », ils avaient un intérêt commun à éviter que les réacteurs
existants ne soient mis à l’arrêt pour des raisons de sûreté, ou que des
poursuites judiciaires ne soient lancées par des militants
antinucléaires.
Ils ont systématiquement
évité, compromis ou reporté toute tentative d’action, et toute
réglementation ou constatation qui auraient menacé le maintien en
service des réacteurs nucléaires. La FEPC a été la
principale organisation représentant cette position intransigeante
auprès des agences de régulation et dans le monde universitaire.
Nos investigations se sont concentrées sur le rôle important de lobbying mené
par la FEPC pour le compte des opérateurs, et nous avons scruté
la relation entre les opérateurs et les autorités de régulation.
La Commission a constaté que la relation manquait, de fait,
d’indépendance et de transparence, et était très éloignée d’une
« culture de sûreté ». Il s’agit d’un cas typique de « captation de régulation », où la supervision de l’industrie par les autorités de régulation cesse d’être effective.
Nous en avons trouvé des exemples dans la neutralisation des révisions du « Guide pour la conception antisismique », et
dans les discussions erronées qui ont eu lieu à propos de la
réglementation des mesures correctives à prendre en cas d’accident
grave.
Les problèmes organisationnels de TEPCO
Cette fois encore, il nous
faut pointer la mentalité organisationnelle de TEPCO comme étant l’une
des causes de la catastrophe : d’une part, ils ont fortement
influencé la politique énergétique et les régulations nucléaires
tout en abdiquant leur propre responsabilité, et en laissant le METI
prendre la responsabilité en première ligne. Mais d’autre part,
ils ont également manipulé la relation de connivence avec les
autorités de régulation pour affaiblir les mesures législatives et
régulatrices.
TEPCO a bel et bien organisé
des réunions à propos de ce qu’il envisageait comme des risques pour la
production nucléaire ; de tels risques étaient définis comme la perte
potentielle de confiance en son utilité de la part du public en cas de
catastrophe naturelle et une diminution possible du taux d’activité des
réacteurs.
Le risque d’un accident
potentiellement grave n’est jamais apparu dans la liste des risques de
TEPCO. TEPCO a expliqué cette omission flagrante en affirmant que la
sûreté nucléaire relevait de son département sur le site de la centrale,
et que par conséquent de tels risques ne devaient pas figurer dans les
comptes-rendus des réunions de la Direction centrale des risques. Le risque de dommage à la santé et au bien-être publics n’était pas un problème pour TEPCO.
Comme la production
d’électricité est devenue de moins en moins rentable au fil des ans, la
direction de TEPCO s’est mise à insister sur la baisse des coûts et
l’augmentation de la dépendance du Japon dans l’énergie nucléaire.
Tout en affirmant du bout
des lèvres une politique de la « sûreté avant tout », en réalité, la
sécurité est passée au second rang des priorités. Le fait que TEPCO ne
disposait pas des diagrammes corrects des tuyauteries et des autres
dispositifs de la centrale de Daiichi en est une illustration
emblématique.
Cette absence de diagrammes
corrects a constitué l’un des facteurs de retard de la ventilation à un
moment crucial durant l’accident. Après l’accident, TEPCO avait la
double responsabilité de contenir la situation accidentelle et de rendre
compte des faits concernant l’état de l’accident pour les habitants
alentour, la nation et la communauté internationale, de façon appropriée
et en temps opportun.
Nous affirmons que
l’information diffusée effectivement par TEPCO a été inappropriée,
et que cette inadéquation a constitué elle aussi une cause
indirecte de la détérioration de la situation. Par exemple, en ce qui
concerne l’information sur un accroissement de la pression dans la cuve
du réacteur n°2, TEPCO a diffusé un communiqué de presse à propos d’une
injection d’eau de mer à 23h00 le 14 mars, mais n’a pas fait état d’un
accroissement du débit de dose à l’entrée de la centrale, qui s’est
produit entre 19h00 et 21h00 le même jour.
TEPCO a également minimisé
la gravité de la situation concernant les dégâts dans la chambre de
suppression de l’unité n°2 ; de plus, il y a eu un délai significatif
entre le moment où TEPCO a informé le Kantei et le moment où elle a
révélé la chose publiquement.
La Commission a également
découvert un procès-verbal fait par TEPCO qui notait qu’elle n’avait pas
informé le public d’une augmentation de pression dans la cuve du
réacteur n°3, à 8h00 le 14 mars, parce que la NISA en avait
interdit la publication. En fait, le Kantei avait simplement
donné instruction à TEPCO de l’informer du contenu des communiqués au
moment où ils étaient rédigés. En obéissant à l’ordre de la NISA de
retenir la diffusion de cette information cruciale, TEPCO a de fait
donné la priorité à ses propres intérêts et à ceux de la NISA, aux
dépens du bien du public et de son droit à être informé.
Les problèmes organisationnels concernant les autorités de régulation
Avant l’accident,
les corps de régulation manquaient d’une culture organisationnelle
accordant la priorité à la sécurité publique sur leur propre confort
d’institution, et de l’état d’esprit nécessaire à la gouvernance et à
la supervision.
La Commission conclut que
les failles structurelles dans l’administration du nucléaire doivent
être identifiées par une investigation critique des structures
organisationnelles, des lois et des réglementations, et du personnel
concerné.
Nous devions identifier les
secteurs nécessitant une amélioration, reconnaître les leçons à tirer et
envisager les réformes nécessaires à une mise en œuvre effective de la
sûreté nucléaire à l’avenir. L’autonomie et la transparence doivent être
mises sur pied dans les nouvelles organisations de régulation à créer.
Elles doivent avoir des pouvoirs de supervision importants afin de contrôler correctement les opérateurs de centrales nucléaires. Un personnel nouveau avec une expertise hautement professionnelle doit être embauché et formé.
Il est nécessaire d’opérer
des changements drastiques pour obtenir un « système ouvert »
fonctionnant correctement. Les relations intimes qui existaient entre
les régulateurs et les entités privées ne doivent plus pouvoir
réapparaître.
Pour assurer que la sûreté
et les systèmes de régulation du Japon se maintiennent au niveau des
normes internationales, il est nécessaire d’en finir avec les vieilles
attitudes qui ont été complices de l’accident qui s’est produit.
6 Le système législatif
La
Commission a enquêté sur le besoin d’une réforme fondamentale des
lois et des réglementations concernant l’énergie nucléaire. Elle a
exposé les grandes lignes de la nécessité de préparer une structure
organisationnelle qui assurerait des processus de décision sains pour la
mise en œuvre de lois et de réglementations sur le nucléaire.
Lois et réglementations pour l’énergie nucléaire
La Commission a constaté
qu’avant l’accident, la révision et l’amendement de lois et
de réglementations n’étaient entrepris que sur une base disparate, en
réponse à des préoccupations minuscules. La volonté d’opérer des
changements importants et significatifs pour rester à niveau avec les
normes de la communauté internationale faisait profondément défaut. Au
moment de l’accident, les lois, les réglementations et l’infrastructure
reposaient sur l’hypothèse que l’étendue et l’ampleur de catastrophes
naturelles éventuelles n’excèderaient pas ce qui s’était déjà produit.
On n’a pas su prendre en compte la perspective d’événements sans
précédents tels que le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars
2011, alors que l’éventualité de tels événements était connue. Ceux qui
étaient en charge des lois et des réglementations qui présidaient au
fonctionnement de l’industrie nucléaire au Japon avaient un état
d’esprit dogmatique qui a empêché de suivre l’évolution des lois, des
normes et des pratiques internationales, et qui a ignoré des conseils
technologiques pertinents et des améliorations venant de l’étranger. Il
en est résulté qu’au moment de l’accident, les lois et les
réglementations gouvernant l’industrie nucléaire au Japon étaient
dépassées par rapport celles des autres pays, et dans certains cas,
obsolètes.
Avant l’accident,
l’objectif premier des lois et des réglementations sur le
nucléaire était la promotion de l’énergie nucléaire.
Les lois doivent être
refondues en mettant l’accent avant tout sur la sûreté, la santé et le
bien-être publics. Les rôles, les responsabilités et les relations entre
les opérateurs, les autorités de régulation et les autres entités
concernées doivent être clairement délimités dans la Loi sur les Mesures spéciales concernant la préparation à l’Urgence nucléaire.
La protection en
profondeur doit être formellement ancrée dans les réglementations,
pour qu’elle fonctionne correctement si le besoin s’en fait sentir à
l’avenir. L’accident a mis en lumière la nécessité d’une réforme
profonde et fondamentale des lois et des réglementations pour les amener
au niveau des normes internationales, pour utiliser le savoir
technologique de pointe et apprendre des autres accidents survenus dans
le monde.
Il est nécessaire de créer
un système dans lequel les régulateurs ont l’obligation permanente de
s’assurer que les lois et les réglementations reflètent les changements
dans les normes internationales. Un mécanisme de suivi de la mise en
place des infrastructures nécessaires doit être mis au point. Une fois
que ces nouveaux systèmes, ces nouvelles lois et réglementations auront
été créés, ils doivent être rétroactivement appliqués aux réacteurs
existants. Il doit être explicitement précisé dans les lois que les
réacteurs qui ne répondent pas aux nouveaux standards devraient être
désaffectés ou traités de façon appropriée.
Annexes
Enquête sur les personnes évacuées suite à l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima L’enquête
a eu 10 633 réponses, soit un taux de réponse d’environ 50 pour cent.
Parmi celles-ci, 8 073 personnes interrogées ont écrit des commentaires
dans l’espace de commentaires libres. De plus, 431personnes interrogées
ont écrit sur le recto et le verso de la feuille d’enquête et/ou ont
écrit d’autres commentaires sur des documents distincts, exprimant ainsi
leur forte volonté de se faire entendre.
- Le retard du gouvernement à communiquer des informations sur l’accident a provoqué de la confusion par la suite.
* Parce que les
instructions pour l’évacuation ont été faites au coup par
coup, de nombreuses personnes ont été évacuées plusieurs fois,
évacuées vers des zones à fortes radiations, et évacuées avec
seulement le strict nécessaire.
- Des messages de détresse
émanant de personnes évacuées nous ont été adressés Les problèmes ne
sont pas encore résolus. Des mesures appropriées devraient être
envisagées dans les plus brefs délais.
Communication d’informations sur l’accident
- La connaissance de l’accident
était extrêmement faible chez les habitants, malgré la communication
d‘informations conformément à l’Article 10 à 15h42 le 11 mars, la
divulgation d‘un rapport conformément à l’Article 15 à 16h45, et la
déclaration de l’état d’urgence à 19h03.
- Il y avait des différences significatives dans la vitesse de transmission des informations sur l‘accident dans les zones d‘évacuation, en fonction de la distance de la centrale.
- Les municipalités et la
police ont été les sources d‘information sur l‘accident pour 40% des
habitants de Futaba et Naraha, mais seulement pour 10% des habitants de
Minamisoma, Iitate, et Kawamata.
Ordre d’évacuation
Les habitants ont été
informés de l’accident quelques heures après qu‘il est survenu, mais
ils n’ont reçu aucune information sur la situation ou qui aurait été
utile pour leur évacuation. En conséquence, de nombreux habitants n’ont
pu partir qu‘avec le strict nécessaire.
Évacuations volontaires
- A l‘intérieur de la zone de 30 km de rayon, l’ordre de se calfeutrer dans les habitations a été émis à 11h00
le 15 mars et l’appel pour les évacuations volontaires a été émis le 25
mars. Cependant, comme le gouvernement a été lent à donner des
instructions, de nombreux habitants ont évacué de manière volontaire.
- Même s’il était évident qu’il y avait des niveaux de radiations élevés dans Iitate et Kawamata, les évacuations planifiées ne l‘ont été que tardivement. Le gouvernement a peut-être tardé à désigner les zones à évacuer qui avaient des niveaux élevés de radiations.
- Évacuations vers des zones ayant des niveaux élevés de radiations
- Environ 50 % des
habitants de Namie ont temporairement évacué vers des zones
avec des concentrations élevées de radiations.
- Le gouvernement a tardé à divulguer des informations de surveillance.
Expansion des zones évacuées et évacuation progressive
- Plus de 70 % des habitants des zones près des centrales de Fukushima Daiichi et de Fukushima Dai-Ni
(Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha, Namie) ont été évacués plus de quatre
fois. Il y a eu de nombreuses plaintes concernant des ordres
d’évacuation qui ont contraint les habitants vivant le plus près des
centrales nucléaires à évacuer de nombreuses fois. Consignes en cas d’accident
- Même à la centrale, il y a eu peu d’explication de la possibilité d’un accident nucléaire. Moins de 15%
des habitants ont déclaré avoir reçu une formation à l’évacuation en
cas de catastrophe nucléaire et moins de 10% des habitants ont
indiqué avoir reçu des explications quant à la possibilité d’un
accident nucléaire.
Résultats du sondage
- Ce sondage a été envoyé aux citoyens qui ont été forcés d’évacuer à la suite de cet accident.
Objectif :
Comprendre la réalité de la façon dont l’évacuation a été ordonnée et
la manière dont les risques de l’énergie nucléaire ont été expliqués.
Méthode : Enquête postale.
Durée : du 15 mars au 11 avril 2012.
Population cible :
21 000 foyers sélectionnés au hasard dans 12 villes, bourgs et villages
(pour un total de 55 000 foyers) dans les zones d‘évacuation.
Villes et villages interrogés :
Futaba, Okuma, Tomioka, Naraha, Namie, Hirono, Tamura, Minamisoma,
Kawauchi, Katsurao, Kawamata, Iitate. Total des personnes interrogées :
10 633.
La Commission tient à
exprimer ses remerciements aux nombreuses personnes qui ont coopéré à
cette enquête. Le taux de réponse a été extrêmement élevé : 50 %. Sur
les 10 633 personnes interrogées, 8 073 (76%) ont fourni des
commentaires dans l’espace de commentaires libres. De plus, 431
personnes interrogées ont écrit sur le recto et le verso de la feuille
d’enquête et/ou ont écrit d‘autres commentaires sur des documents
distincts, exprimant ainsi leur forte volonté de se faire entendre.
Retard dans la communication de l’information
La connaissance de
l’accident a été extrêmement faible parmi les habitants évacués malgré
la communication d‘informations conformément à l’article 10 à 15h42 le
11 mars, la divulgation d‘un rapport conformément à l’article 15 à
16h45, et la déclaration de l’état d’urgence à 19h03. Il y avait
des différences significatives dans la vitesse de transmission
des informations sur l‘accident dans les zones d‘évacuation. Les
municipalités, le système radio d‘urgence ou la police ont été les
sources d‘information sur l‘accident pour 40% des habitants de
Futaba et Narahamachi, mais seulement pour 10% des habitants de
Minamisoma, Iitate, et Kawamata.
Heure de l’ordre d’évacuation et sources d’information
Quelques heures après que
l’ordre d’évacuation ait été émis, les municipalités ont communiqué
l’ordre d’évacuation aux habitants, montrant qu’il y avait un haut
niveau de communication entre les municipalités et les habitants.
Cependant, comme il y avait
des zones dans lesquelles les municipalités n’ont pas reçu les ordres
d’évacuation du gouvernement, il y a eu des problèmes majeurs dans le
processus de transmission de l’ordre d’évacuation du gouvernement aux
municipalités.
Les habitants ont reçu l’ordre d’évacuation, mais ils n’ont pas reçu d’informations sur la situation ou l’accident qui aurait été utile à leur évacuation.
En conséquence, de nombreux
habitants sont partis avec seulement le strict nécessaire. Beaucoup
d‘habitants ont reçu des informations des municipalités. Un pourcentage
élevé d‘habitants de Minamisoma, Kawamata et Iitate ont reçu des
informations de la télévision, la radio ou l’internet.
▲ Quand avez-vous appris l’accident à Fukushima Daiichi ?
(i) Commentaire d’un habitant de Futaba:
« J’ai quitté ma maison avec
seulement le strict nécessaire. J’ai appris où aller par le système
radio d‘urgence alors que j’étais sur la route. Je suis arrivé au
premier site d‘évacuation où il m‘avait été indiqué d‘aller, après 6h de
voiture au lieu d‘une heure seulement en temps normal. En chemin, mon
fils qui vit loin m‘a appelé et m’a dit que je ne devais pas m‘attendre à
revenir bientôt. C’est alors seulement que j‘ai commencé à comprendre
peu à peu ce qui était en train de se passer réellement. C’est ce que je
me rappelle. Pouvez-vous imaginer à quoi ressemble la vie quand vous
êtes déplacés et séparés de vos amis et des gens que vous connaissez ? »
▲ Source d’information à propos de l’accident
▲ Pourcentage d’habitants qui savaient à propos de l’évacuation
▲ Source d’information à propos de l’ordre d’évacuation
(ii) Commentaire d’un habitant d’Okuma :
« S’il y avait ne
serait-ce qu‘un mot au sujet d’une centrale nucléaire lorsque
l’évacuation a été ordonnée, nous aurions pu réagir raisonnablement,
prendre nos objets de valeur avec nous ou fermer la maison avant de
partir. Nous avons dû courir avec rien d’autre que les vêtements que
nous avions sur nous. C‘est une telle déception à chaque fois que nous
sommes brièvement autorisés à rentrer chez nous simplement pour
découvrir que nous avons été cambriolés à nouveau. »
(iii) Commentaire d’un habitant de Tomioka :
« Nous aurions voulu
entendre clairement que nous ne serions pas en mesure de revenir pour un
certain temps. Je n‘ai pas pu amener mes objets de valeur avec moi.
En particulier, parce que les dossiers médicaux ont été laissés à la
maison, la santé de mes parents s’est aggravée pendant l’évacuation. Il
est difficile, surtout pour les personnes âgées, de fuir à
l‘improviste. Je n’ai pas d’attaches à Tomioka parce que nous louions
seulement la maison, mais si nous ne pouvons pas vivre dans le logement
temporaire pour toujours, nous allons perdre un endroit pour vivre de
façon permanente. Il y a d’autres problèmes aussi. Donc, je veux
bénéficier de l‘aide sociale à nouveau. Ce n’était pas le
personnel de l’administration préfectorale ou de la mairie qui était là
pour nous guider lors de l’évacuation, c‘étaient les travailleurs des
services médicaux qui d‘habitude voyaient mon père. Il a fallu une
demi-journée pour savoir où il avait été emmené. Il a fallu trop
longtemps pour créer une liste de personnes évacuées. »
(iv) Commentaire d’un habitant de Namie :
« J’ai réussi à passer une
nuit dans une école primaire du quartier de Tsushima après avoir entendu
l‘annonce dans le gymnase, dans la matinée du 12 mars, qu‘un tsunami
approchait de l‘école primaire de
Namie-Higashi, au lieu d’être informé de l’accident survenu à la
centrale nucléaire. Si on m’avait informé précisément de l’accident,
j’aurais évacué plus loin que Tsushima. Il est décevant que information
n’ait pas été donnée. »
(v) Commentaire par un habitant d’Odaka de Minamisoma :
« Nous ne savions pas qu‘il y
avait eu une explosion d’hydrogène à la centrale, nous ne pouvions pas
deviner pourquoi nous avons dû évacuer. Le directeur (de TEPCO) à
l‘époque de l’accident s‘est rappelé à la télé qu’il pensait qu’il
pouvait mourir à ce moment-là, mais ce genre d’information aurait dû
être annoncé aux habitants vivant à proximité instantanément. En tout
état de cause, l’information à été diffusée trop lentement. Les
habitants n’ont pas été traités correctement. »
Temps d’évacuation
• Quelques heures après
que l’ordre d’évacuation ait été émis, la plupart des habitants (80-90%)
dans les zones d‘évacuation ont commencé à évacuer.
• Dans la zone de 30 km
entourant la centrale nucléaire, les habitants n’ont pas eu d‘autre
choix que d‘évacuer volontairement. Même si un niveau élevé de
radiations a été observé dans Kawamata et Iitate, la décision de
l‘évacuation planifiée de la zone a été retardée.
• A l‘intérieur de la zone
de 30 km de rayon, l’ordre de se calfeutrer dans les habitations a été
émis à 11h00 le 15 mars, et l’appel à évacuer volontairement a été émis
le 25 mars. Cependant, comme le gouvernement a été lent à donner des
instructions, de nombreux habitants ont évacué de manière volontaire.
• Même s’il était évident
qu’il y avait des niveaux de radiations élevés dans Iitate et Kawamata,
les évacuations planifiées ne l‘ont été que tardivement. Le gouvernement
a peut-être tardé à désigner les zones à évacuer qui avaient des
niveaux élevés de radiations.
• Dans l’espace pour les
commentaires, certains habitants de ces zones ont critiqué la lenteur du
gouvernement à délivrer l’ordre d’évacuation ou même l’absence de cet
ordre pour leur zone.
(i) Commentaire d’un habitant de Minamisoma:
« A Haramachi dans
Minamisoma, on nous a dit de « rester à la maison », et on ne nous a pas
dit, même une seule fois d’évacuer. À la télévision, tout ce qu’ils ont
dit était qu‘il n’y a pas d’effets immédiats sur la santé », ce qui
nous a fait encore plus peur. Rien n’a changé depuis que l’accident est
survenu. Quand il y a très peu de progrès en matière de décontamination,
il est trop étrange que l’ordre d’évacuation soit déjà levé. Le
gouvernement devrait penser davantage aux populations locales. » (i) Commentaire d’un habitant de Kawauchi (zone des 20 km-30 km):
« Le 11 mars,
immédiatement après avoir entendu les premières informations sur
l’accident, de nombreuses personnes dans le village ont évacué vers
cette zone. Les jeunes s‘envoyaient des emails «évacuez» les uns aux
autres, presque comme une chaîne d‘emails. Cependant, nous n’avons
reçu aucune information officielle sur l‘évacuation. On nous a
seulement dit de rester à l’intérieur par l’intermédiaire du système de
radio d’urgence. Après avoir entendu un voisin qui a un policier dans
sa famille dire : « Je vais évacuer car cela semble dangereux », j’ai
décidé d’évacuer. J’ai entendu dire que la police était partie de
Kawauchi le 14 mars. Les bénévoles qui donnaient de la nourriture ont
utilisé l’essence
restante pour leur transport. Je voulais qu’ils nous aident à évacuer
le plus tôt possible. Je ne peux que penser qu’ils nous ont abandonnés. »
▲ Quand avez-vous commencé à évacuer ?
▲ Pourcentage d’habitants qui ont évacué volontairement
(iii) Commentaire d’un habitant d’Iitate:
« Cette région n’a reçu
aucune information dans les premières phases de l’accident nucléaire.
Nous avons entendu parler du niveau de radiations seulement après que
l’équipe de recherche de l’AIEA est venue. M. Edano, le secrétaire
général du gouvernement, a dit à plusieurs reprises à la télévision que
le niveau de radiations « n’aura pas d‘effets immédiats sur la santé ».
La réalité est que les habitants d‘Iitate ont été exposés à des
radiations jusqu’au 22 avril (lorsque l’évacuation planifiée a
été ordonnée). Cela fait maintenant une année, mais nous n’avons
reçu aucune indemnisation des dommages et le gouvernement essaie de se
couvrir par la levée des ordres d’évacuation. »
(iv) Commentaire d’un habitant de Hirono:
« Parce qu’ils pourraient
paniquer… Parce que les personnes dans les zones plus dangereuses ne
seraient pas en mesure d’évacuer… Comment la zone d’évacuation a été
étendue à 10 km de diamètre par la suite au lieu de 5 km dans la phase
initiale… Alors que nous n’avions que la télévision comme source de
renseignement, sans informations précises ou d’idée de la façon dont
l’accident allait évoluer, le ministre responsable continuait de
déclarer « cela n’affectera pas la santé immédiatement… ». TEPCO ne
cessait de parler de la sécurité et de la fiabilité des réacteurs … Je
suis dégoûté de la faible qualité des personnes en charge de ce pays. »
(v) Commentaire d’un habitant de Kawamata:
« Ils disaient qu’il n’y a
pas d’effet immédiat, mais l’évacuation a été ordonnée le 16 avril.
S‘ils l‘avaient ordonnée plus tôt, j’aurais pu trouver un lieu
spécifique pour évacuer. Bien que ce fut un désastre immense, la réponse
a été trop lente. La réponse initiale la plus importante, basée sur l
‗analyse de la situation réelle n’a pas été apportée et aucun ordre basé
sur des mesures appropriées n‘a été donné.
J‘exige la préparation aux
situations d‘urgence. Tout ce que j‘ai vu étaient des politiciens
faisant de la politique politicienne, alors que la nation est confrontée
à un désastre sans précédent. Je m’interroge sur l’humanité de ces
gens. Il est regrettable que ce soit la nation qui ait mis ces personnes
aux responsabilités. »
► Réunion avec des habitants de Kawamata-machi
Des habitants ont évacué vers des zones qui devinrent plus tard des zones d’évacuation
• Environ 50 pour cent
des résidents de Namie ont temporairement évacué vers des zones avec des
concentrations élevées de radiations…
▲ Pourcentage
d’habitants qui ont évacué vers des zones qu’ils ont dû ré-évacuer plus
tard à cause de hautes concentrations de radiations. I
Insatisfaction à propos de la communication de renseignements à partir de SPEEDI ou de données de surveillance
• De nombreux
commentaires des habitants de Namie, Minamisoma, et Iitate ont témoigné
du mécontentement sur la communication d’informations à partir de SPEEDI
ou de données de surveillance.
(i) Commentaire d’un habitant de Namie:
« Le fait que j‘ai évacué
vers la zone la plus irradiée en l’absence d‘informations de SPEEDI
demeure une source de crainte pour ma santé pour le reste de ma vie.
Pourquoi n’ont-ils pas divulgué les informations SPEEDI? Que pensent-ils
de la vie des gens ? Notre maison n‘est plus habitable en raison de
difficultés dans la reconstruction des infrastructures, la
décontamination et la peur d’avoir une installation de stockage
provisoire à proximité. L’énergie nucléaire doit être arrêtée. Elle
causera un second Fukushima et il n‘y aura nulle part où vivre au Japon.
»
(ii) Commentaire d’un habitant de Minamisoma:
« J‘aurais aimé que
l’information soit divulguée beaucoup plus tôt. Je comprends que la
décision du gouvernement de ne pas divulguer visait à empêcher une
possible panique. Mais les habitants ont été évacués vers des zones très
irradiées en raison du manque d’informations. A partir de maintenant,
les causes de l’accident doivent être étudiées et un manuel de mesures
d‘intervention doit être mis en place, parce que nous ne savons pas
quand
le prochain accident se produira. J‘exige qu‘on mette en œuvre
des méthodes pour réduire les dommages d‘un accident, étant donné qu’il
est difficile de l’empêcher. »
(iii) Commentaire d’un habitant de Iitate :
« Je crois que beaucoup de
gens ont été exposés à des radiations à cause de la réponse inadéquate à
l‘accident donnée par le gouvernement et les municipalités. Les
données ont été effacées et des instructions trompeuses ont été données
alors même qu’ils étaient au courant de la situation réelle. Ont- ils
vraiment du respect pour nos vies ? Notre famille a déneigé à
l’extérieur de notre maison et a été mouillée parce que nous ne savions
rien des radiations. Nous exigeons l’indemnisation des dommages et des
problèmes de santé au cours des prochaines décennies. Qu’est-ce que les
membres du NAIIC pensent des mensonges qui sont révélés plus d’une année
après l’accident ? »
Nombres d’évacuations
• Dans l’année après les
accidents, les résidents les plus proches de la centrale ont dû évacuer
un certain nombre de fois. Environ 70% des résidents de Futaba, Okuma,
Tomioka, Naraha et Namie ont dû évacuer quatre fois ou plus.
• Le gouvernement a tardé à divulguer des informations de surveillance.
▲ Nombre d’évacuations avant fin mars 2012
(i) Des habitants de Namie:
« Même si nous revenons à
Namie, les tuiles du toit sont tombées et la pluie contaminée est tombée
à l‘intérieur. Ce ne sont pas des conditions dans lesquelles nous
pouvons vivre. Chaque fois que j‘y retourne, je suis en colère. Notre
plus jeune fils dit aussi qu’il est désormais impossible pour nous de
vivre ici. L‘après-midi du 11 mars, quand nous étions sur le point de
réparer le toit, on nous a dit d’évacuer à la salle de gym de l’école à
proximité de Tsushima. Nous sommes restés à l’école pendant 3 ou 4
jours. C’était un endroit avec des niveaux élevés de
radiations. Nous avons déménagé six fois à l’intérieur et à
l’extérieur de la préfecture et nous nous sommes finalement arrêtés
après être venu ici. » (Nihonmatsu)
(ii) Commentaire d’un habitant de Futaba:
« Le 12 mars, notre hôtel
n’avait pas d’électricité ni d’eau. Nous avons été autorisés à rester
dans un ancien hôtel et ils ont partagé avec nous l’essence. Notre fils
habite dans la préfecture de Saitama et il nous a laissé habiter là
pendant quatre mois. Actuellement, nous vivons ensemble comme une
famille de quatre personnes. Lorsque nous avons visité notre maison
brièvement le 6 mars, mon mari a eu un choc quand il a réalisé qu’il ne
pourrait pas retourner dans la maison où il est né et est actuellement à
l’hôpital. Nous sommes frustrés par l’irresponsabilité et le déshonneur
de la politique de ce pays et de TEPCO. »
▲ Pourcentage d’habitants qui ont eu un entraînement à l’évacuation avant l’accident nucléaire
(iii) Commentaire d’un habitant de Tomioka:
»Nous n’avions
aucune idée de ce qui se passait, mais on nous a dit d’évacuer à
Kawauchi. Quand nous sommes arrivés là, nous avons dû déménager d’un
endroit à l’autre et sommes finalement arrivés à Miharu, mais on nous a
dit que c‘était plein. On nous a dit d’aller vers le centre d’évacuation
de Motomiya. Nous avons ensuite déménagé à plusieurs reprises et sommes
actuellement dans une location à Iwaki. Depuis, un an s’est écoulé,
mais nous n’avons aucune idée de ce que nous allons faire. »
Habitants avertis de la possibilité d’un accident ou qui ont reçu un entraînement à l’évacuation avant l’accident
• Même dans des endroits
proches de l’usine, seulement 10-15% des habitants ont déclaré avoir
reçu une formation à l’évacuation, et moins de 10% ont été informés de
la possibilité d’un accident nucléaire.
• Certains ont déclaré
qu‘on leur a expliqué que les centrales nucléaires étaient totalement
sûres, et ont ainsi pensé qu‘un accident ne se produirait jamais.
(i) Commentaire d’un habitant de Futaba:
« J’ai assisté à une
conférence donnée par TEPCO une fois. Mentionnant l’exemple du 11
septembre aux Etats-Unis, ils ont dit que les centrales nucléaires
sont sûres, quoi qu‘il arrive. Lorsque j’ai posé une question pour
reconfirmer la sécurité absolue, les participants à la conférence, dont
beaucoup sont des parents des employés de TEPCO, me regardèrent comme si
je n‘avais rien compris de ce que TEPCO nous avait dit. Les attitudes
et les réactions de TEPCO et du gouvernement, qui semblent penser si peu
à nous, me mettent en colère plutôt que triste. Je demande une réponse
plus rapide et plus sincère. »
(ii) Commentaire d’un habitant d’Okuma:
« Je travaillais
dans une centrale nucléaire et je n’ai jamais pensé à un tel accident.
Quand j‘ai travaillé comme sous-traitant pour TEPCO au premier étage,
j’ai demandé à un chef d’équipe « Et si un tsunami semblable à celui de
Sumatra frappe le Japon? » La réponse fut, « Impossible ! Il n’est pas
nécessaire de penser à une situation impossible ». Après tout, TEPCO, le
gouvernement, et la municipalité n‘ont pas réfléchi sérieusement. Moi
non plus. »
(iii) Commentaire d’un habitant de Naraha:
« Lorsque j’ai assisté à une
conférence de TEPCO pour les habitants proches de la centrale, peu de
temps après que la société ait cachée un accident au public, TEPCO a
déclaré qu’ils avaient non seulement les 3 premières couches de
protection, mais aussi les 4ème et 5ème couches de mesures de sécurité,
de telle manière que les participants ne comprenaient pas ce que cela
signifie d’avoir tant de couches de sécurité. Maintenant je me rends
compte que tout ce que TEPCO a expliqué était des mensonges, et que
j‘ai été trompé. »
▲ Pourcentage d’habitants ayant été informés de la possibilité d’un accident nucléaire avant le 11 mars
(iv) Commentaire par un résident de Tamura:
« Ils n‘arrêtaient pas de
dire que les centrales nucléaires sont absolument sans danger puis
l’accident est arrivé. Si toutes les personnes impliquées pensent
l’accident comme un simple « accident imprévisible » alors ce pays doit
être très négligent. Les causes doivent être trouvées et clarifiées. Cet
accident ne doit jamais se répéter. Je veux franchement donner des
conseils aux membres du Parlement. Ils sont censés veiller à la vie
quotidienne de la nation et à la reconstruction, mais ils sont
préoccupés par des batailles politiques. Alors que l’enquête sur
l’accident doit être approfondie, le Parlement doit avoir une discussion
approfondie pour la nation. »
(v) Commentaire d’un résident de Katsurao:
« Nous étions habitués à
regarder des publicités TV tous les jours affirmant que l‘énergie
nucléaire coûtait moins cher, était sûre et propre. Avec de vifs
souvenirs d’un tel message, nous ne pouvions pas croire que l’accident
s’était produit, comme nous ne pouvions imaginer qu‘un tsunami apporte
la tragédie. Nous vivons encore dans un étroit logement temporaire après
plus d’un an. Nous n’avons aucune idée du moment où nous pourrons
revenir à la maison. Nous sommes absolument opposés à la remise en
service des réacteurs. Aucun nouveau réacteur ne doit être autorisé et
nous devons passer aux énergies renouvelables. Des lois et règlements
concernant de tels plans doivent être mis en place
rapidement. Le gouvernement devrait accélérer l’indemnisation des
dommages de l’accident. Ce n’est pas comme l‘indemnisation d‘un accident
de la circulation… Je suis fatigué de mes conditions de vie actuelles.
J‘exige que le gouvernement prenne sa responsabilité et mette tous les
efforts pour indemniser les victimes. Je compte sur le gouvernement. »
Messages extraits des commentaires libres |
Nombre de commentaires |
% du total |
Les
causes de l’accident doivent être investiguées dés que possible et
les résultats divulgués intégralement. Demande d’une enquête
approfondie afin de ne jamais laisser se reproduire un accident
similaire. |
1 120 |
14% |
Les informations et le comportement du gouvernement ne sont pas fiables et ne sont pas dignes de confiance |
909
|
11% |
Insatisfaction des demandes d’indemnisation. |
876
|
11% |
Insatisfaction ou demande concernant le calendrier d’indemnisation (besoins urgents, etc.) |
204
|
3% |
Insatisfaction
ou demande concernant les conditions d’octroi de l’indemnisation
(écarts selon les régions, l’âge, le statut d’emploi, etc.) |
203
|
3% |
Insatisfaction
ou demande concernant les termes de l’indemnisation (extension de la
période d’indemnisation, accorder une indemnisation à vie, indemnisation
jusqu’au retour, etc.) |
182
|
2% |
Insatisfaction ou demande concernant le montant de l’indemnisation |
93
|
1% |
Insatisfaction
ou demande concernant le périmètre d’indemnisation (mobilier de
la maison, cultures agricoles, les coûts d’évacuation, les pertes sur
les profits futurs, etc.) |
46
|
1% |
Demande de décontamination rapide pour permettre le retour dans nos maisons et nos quartiers |
858
|
11% |
Besoin
de précisions quant au moment où la situation va redevenir sûre à
nouveau et où les habitants pourront rentrer chez eux en toute sécurité.
(Besoin d’information dés que possible si le retour sera autorisé un
jour. Sinon, il n’y a pas moyen de planifier l’avenir.) |
836
|
10% |
Le
suivi des mesures prises en urgence est lent. Aucun progrès n’a été fait
même un an après l’accident. Besoin d’orientation le plus tôt. |
820
|
10% |
Les informations et le comportement de TEPCO ne sont pas fiables et ne sont pas dignes de confiance |
628
|
8% |
Exiger que l’État assume sa responsabilité. Forte rancœur envers le gouvernement. |
610
|
8% |
Exigez que TEPCO assume sa responsabilité. Forte rancœur envers TEPCO. |
558
|
7% |
Le gouvernement ne comprend pas la réalité et la situation des personnes évacuées. Il doit en savoir plus sur nous. |
544
|
7% |
Pas
de maison, pas de ville ou retourner. Demande pour qu’une ville ailleurs
soit rapidement désignée comme un lieu habitable (Aucune intention
d’abandonner les villes natales mais il n’y a plus de possibilité d’y
retourner) |
541
|
6% |
Il
avait été dit aux habitants que les centrales nucléaires étaient sûres
et en sécurité. Ils croyaient qu’un tel accident ne se produirait
jamais. |
482
|
6% |
Je
ne peux pas m’empêcher de ressentir de l’anxiété au sujet des enfants et
de l’avenir. Je n’ai aucune idée comment on est censé vivre comme cela. |
445
|
6% |
Les
ordres d’évacuation ont été lents, il n’y avait pas d’ordre d’évacuation
ou l’ordre était incompatible avec ce qui était dit par les médias. |
375
|
5% |
Les
ordres d’évacuation n’étaient pas spécifiques. Nous avons eu à courir
avec à peine plus que nos vêtements sur nous et n’avons jamais pensé à
un accident nucléaire qui se déroulait |
364
|
5% |
Demande
d’indemnisation rapide et suffisante pour la terre et la
maison (mise à disposition d’une nouvelle maison, réparations ou
rachat de la maison existante). |
344
|
4% |
Constamment
soumis au stress du à l’environnement inconnu, la vie de réfugié
prolongée, se sentant inquiet au sujet de l’avenir, etc. Souffrant d’une
mauvaise santé à cause du stress. |
334
|
4% |
|
|
|
Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012
Les familles sont séparées. Nous ne nous voyons plus beaucoup et nous nous manquons les uns les autres. |
290
|
4% |
Souhaits de prompt rétablissement de la vie que nous avons eue. Souhaits de«restaurer» la vie ordinaire. |
278
|
3% |
Demande
pour une réduction progressive du nombre de centrales nucléaires.
Souhaits pour une éventuelle élimination de toutes les
installations nucléaires, et pour une transition vers les énergies
renouvelables. Demande pour l’élimination des centrales nucléaires pour
assurer une vie sûre et sécurisée. |
276
|
3% |
Évacuation
vers des zones où les radiations étaient élevées. Les informations de
SPEEDIauraient du être divulguées immédiatement. |
201
|
2% |
La décontamination demandera un immense budget et du temps. Elle doit être effectuée sur la base de décisions bien planifiées. |
177
|
2% |
Demande de clarification de qui est responsable. |
172
|
2% |
Sentiment
de peur que la santé pourrait être affectée négativement par les
radiations, et que la santé puisse se détériorer une fois un médicament
ou un traitement ambulatoire arrêté. |
165
|
2% |
TEPCO ne comprend pas la réalité de la situation et des personnes évacuées. Ils doivent en savoir plus sur nous. |
162
|
2% |
Besoin de précisions sur ce que nous devrions faire. Demande pour une sortie de la situation actuelle et pour s’installer. |
161
|
2% |
Peur
que la santé des enfants et des enfants à naître pourrait être affectée
par l’exposition aux radiations. (Également préoccupé par la baisse de
la force physique et par la croissance des enfants.) |
154
|
2% |
Famille, amis et voisins sont séparés. Perte de contact et sentiment de séparation. |
137
|
2% |
Chômage
en raison de la perte du lieu de travail. Aucun revenu et lutte pour
survivre. (L’agriculture était le moyen de subsistance historique mais
est maintenant impossible.) |
132
|
2% |
À
cours d’argent pour vivre. Impossible de vivre
décemment. Besoin urgent d’indemnisation pour couvrir les coûts de
la vie. |
121
|
1% |
Des
exercices d’évacuation ont été effectués régulièrement mais n’ont jamais
été basés sur un accident comparable (accident nucléaire ajouté à une
catastrophe naturelle). |
119
|
1% |
La
conception de la centrale pourrait ne pas avoir pris un tsunami en
compte. Il avait été dit à maintes reprises que de multiples couches de
mesures de sécurité ont été mises en oeuvre ce qui était rassurant. |
116
|
1% |
Très
triste de voir la patrie familière contaminée par les
radiations. Sentiment de s’enliser de jour en jour, aucune joie,
aucun espoir. |
111
|
1% |
Très
déçu de ne pas être en mesure de profiter d’une retraite
confortable après l’accident. Frustrant de se demander pourquoi l’on
doit mener une telle vie. |
97
|
1% |
Les
refuges (qui sont loués ou mis temporairement à disposition) sont
médiocres et inconfortables (obsolètes, petits, incommodes, etc). Nous
voulons un nouvel environnement mis en place rapidement. |
92
|
1% |
Demande
de réparation des infrastructures communautaires (« lifeline »,
systèmes de transport, installations et services) immédiatement pour que
les gens puissent y vivre. |
80
|
1% |
Demande
d’indemnisations complètes lorsque les maladies se développeront à la
suite de l’exposition aux radiations. Les indemnisations devraient
également couvrir les pertes non économiques. |
69
|
1% |
Forcé de déménager dans plusieurs refuges et forcés d’évacuer à plusieurs reprises. |
61
|
1% |
Les
déménagements dans les sites d’évacuation ont pris du temps en
raison de la congestion du trafic et des conditions routières. |
56
|
1% |
|
|
|
Version française du résumé du rapport de la NAIIC – Editions de Fukushima – Novembre 2012
Les
mesures préventives n’ont pas été effectivement réalisées parce que les
événements étaient au-delà de ce qui était prévu et, de ce fait, les
réponses d’urgence, les décisions et les actions étaient en retard par
rapport à ce qui était nécessaire. |
55
|
1% |
Le manque de fournitures de secours et d’information ont été extrêmement limités après l’évacuation. |
55
|
1% |
Demande pour que le système scolaire, les médias et les autres prennent leur responsabilité. |
49
|
1% |
Les
véhicules privés ont été utilisés mais la rareté de l’essence à rendu
l’évacuation difficile. Certains n’ont pas pu évacuer correctement |
44
|
1% |
L’évacuation était difficile voire impossible en raison de l’âge, maladie, etc. |
41
|
1% |
Demande pour la recherche rapide et la fourniture d’un lieu (terrain et maison) pour vivre sans danger et en toute sécurité. |
41
|
1% |
Demande
de savoir pour combien de temps le logement loué ou le refuge sont
prévus. Besoin de savoir s’il y a une autre place disponible si nous
avons besoin de partir. |
36
|
0,40% |
Il n’y avait pas de route d’évacuation. Le seul chemin était encombré ce qui a empêché une évacuation sans heurts. |
27
|
0,30% |
Il
aurait fallu des mesures efficaces d’intervention d’urgence,
communication des risques, préparation de routines,
l’attitude, etc. Des informations et mesures d’évacuation
précises auraient pu éviter la panique et la confusion. |
24
|
0,3 |
Il
est difficile de s’entendre et de construire des relations avec les gens
dans le nouvel environnement. Se sentir isolés et seuls sur le site des
réfugiés. |
24
|
0,30% |
Envie d’un rayon d’espoir parmi les évacués. Envie d’être engagé à faire quelque chose pour l’avenir. |
24
|
0,30% |
Demande
pour une fréquence accrue de brèves visites à la maison. Demande pour
des visites plus fréquentes (Par exemple, une fois par mois) |
22
|
0,20% |
A
perdu un membre de la famille ou un ami pour cause de maladie résultant
de la fatigue suite à l’évacuation ou à cause du stress de la vie de
réfugié. |
18
|
0,20% |
Évacués
en bus parce que les voitures privées ont été interdites pour les
évacuations, la raison pour cela n’a jamais été expliquée. |
17
|
0,20% |
Il
est triste et difficile d’être victime de discrimination, de préjugés et
de malentendu seulement au motif d’être un évacué (ou d’être quelqu’un
de Fukushima). Honte sur le site des réfugiés. |
17
|
0,20% |
Demande
d’indemnisation pour chercher un futur emploi ou aide pour
trouver un emploi. (En raison du déplacement, trouver un emploi est
difficile.) |
13
|
0,20% |
Il n’y a pas eu d’instruction de porter un masque ou des vêtements de protection. |
12
|
0,20% |
Les hôpitaux ont connu des difficultés à évacuer. |
10
|
0,10% |
Demande de sécurité de l’emploi / retour à l’emploi à la ville natale une fois le retour autorisé après l’évacuation prolongée. |
10
|
0,10% |
▲ Après avoir lu toutes
les réponses au sondage, nous avons extrait et comptabilisé chaque sujet
comme indiqué. Comme certaines réponses contiennent plusieurs sujets,
le total cumulé de tous les sujets dépasse le nombre de réponses. Il y a
aussi des réponses non incluses dans les données parce qu’elles n’ont
pas pu être classées.
Enquête sur les travailleurs de la centrale nucléaire de Fukushima
• Après l’accident, la
plupart des travailleurs de TEPCO n’ont pas été évacués, mais sont
restés sur le site afin d’aider, après la catastrophe. Certains
travailleurs en sous-traitance ont été évacués le 11 mars à 16 h00. Il a
été constaté des problèmes de communication d‘informations pour les
sous-traitants. Le 11 mars, ceux qui sont restés sur le site n’ont pas
reçu d’explications sur l’état de dangerosité de la situation des
réacteurs.
• Les efforts, mis en place
pour le processus de contrôle de l’irradiation des travailleurs sur le
site de l’usine accidenté, ont été restreints compte-tenu de la
situation d’extrême urgence et des moyens de mesure limités disponibles
sur place. Il n’y a pas eu de rapport sur les cumuls des doses
d’irradiation pour ces individus et aucun effort n’a été fait pour
prendre en compte la radiation in-situ. De nombreux travailleurs ont
exprimé leur anxiété et frustration sur le manque de contrôle
des doses radioactives. Ces besoins doivent être améliorés.
• La plupart des
travailleurs qui sont restés en fonction après le tremblement de terre
dans le cadre de l’accident ont été enregistrés comme professionnels de
la radioactivité.
• Certains d’entre eux ont
dû partager un dosimètre avec plusieurs autres personnes car les
appareils n’étaient pas en nombre suffisant. Très peu d’entre
eux sont restés sans aucun appareil du tout.
• Un système
d’enregistrement des résultats des dosimètres n’était pas
disponible. La conséquence en est qu’environ 30 % des employés n’ont
pas eu connaissance de leur cumul d’irradiation, ce qui est un problème.
• On n’a pas observé de
différences significatives dans le traitement des mesures prises contre
les radiations pour les employés TEPCO et les travailleurs
sous-traitants. • La majorité des employés qui ont eu à faire face aux
conséquences de l’accident n’ont pas été prévenus à l’avance qu’ils
auraient à le faire si l’un des réacteurs était détérioré. Certains
d’entre eux ont dû travailler sans avoir le choix et n’ont pas donné
leur consentement. Des lacunes apparaissent dans la préparation des
travailleurs en cas de désastre nucléaire.
• Environ 80% des employés
ont reçu une information sur les doses radioactives dans leur domaine
d’opération, ou connaissaient les doses de radioactivité du
site à partir de cartographies de dosages avant d’intégrer le
groupe. Environ 20% ont affirmé n’avoir reçu aucune explication à ce
sujet dans leur domaine opérationnel. Bien qu’il soit indispensable que
des travailleurs du site aient à être impliqués dans la crise, une
formation sur les niveaux de radiation et les risques devrait toujours
être donnée.
Résumé de la méthodologie employée pour cette enquête
• Cette étude a été
conduite sur les employés qui étaient présents à l’usine
nucléaire de Fukushima Daiichi le 11 mars 2011.
• L’objectif de cette enquête : comprendre la réalité de la communication des informations, évacuations et contrôle de santé sur le site de l’usine.
• Méthode : étude effectuée par courrier.
• Durée : du 27 avril au 18 mai 2012.
• Personnes ciblées :
environ 5 500 employés présents à l’usine nucléaire Fukushima Daiichi
le 11 mars 2011, et ont été ou étaient employés de TEPCO ou de
compagnies sous-traitantes (*) et qui ont accepté de participer.
• Total des participants : 2 415 soit environ 44 % de l’ensemble contacté.
• Sur ces 2 415 réponses, 1
060 (44%) ont fait des commentaires dans l’espace réservé à cet effet.
Par ailleurs, 41 participants ont écrit sur le devant et l’arrière du
document d’enquête ou ont fourni des commentaires complémentaires sur
des enveloppes ou des feuilles de papier séparées. Nous avons senti de
leur part une forte volonté d’être entendus.
Répartition des réponses par rapport au lieu de travail
• La plupart des participants travaillaient dans les aires radioactives le 11 mars. Communication des informations aux travailleurs durant l’accident
• Environ 40% des employés
TEPCO ont été alertés que les réacteurs étaient ou pouvaient être à un
niveau dangereux. Par ailleurs, pratiquement aucun employé des
compagnies sous- traitantes n’a été prévenu.
(*) Note : Étant donné
que nous n’avons pas pu conduire cette enquête avec les
employés des compagnies qui n’ont pas voulu participer, les résultats
ne représentent pas tout le personnel concerné et est donc à cet égard
incomplète.
De plus, cette
commission a demandé aux compagnies sous- traitantes de TEPCO l’adresse
actuelle des employés qui travaillaient à l’usine nucléaire le 11 mars 2011.
Mais certaines compagnies nous ont donné les adresses d’employés qui
ont commencé à travailler sur le site de l’usine après le 11 mars 2011.
Ceux-ci ont été inclus dans les 5 500 personnes ciblées pour l’enquête. C’est la raison pour laquelle, on ne peut dire que les exemples relevés sont une analyse
statistiquement exacte sur les employés de Fukushima Daiichi le 11
mars 2011. De ce fait, veuillez prendre note que les réponses peuvent ne
pas être statistiquement fiables, excepté pour celles des employés de
TEPCO, qui a fourni les informations de contact pour
pratiquement tous ses employés.
Après le tremblement
de terre du 11 mars, y a-t-il eu une explication donnée par
TEPCO sur les conditions critiques des réacteurs ou la possibilité
d’une telle situation ?
▼ Travailleurs non-évacués Travailleurs évacués
Situation de l’évacuation après le tremblement de terre
• Plus de 80% des employés
TEPCO n’ont pas été évacués après le tremblement de terre et sont restés
sur place. Nombre des employés des sous-traitants ont été évacués de
l’usine, tout au moins temporairement.
• La plupart des évacués l’ont été aux environs de 16 h le 11 mars.
.Plus
de la moitié des travailleurs des sous-traitants qui ont évacué ont
répondu qu’ils n’avaient pas reçu d’ordre pour cela. (Ceci inclut ceux
qui ont répondu être rentrés chez eux car ils avaient reçu des ordres de
le faire en cas de tremblement de terre, et non en raison de l’accident
à la centrale électrique.)
• Environ 30% des
travailleurs des compagnies sous-traitantes primaires et 15% des sous-
traitants secondaires sont restés sur place afin de faire face à
l’accident.
Les travailleurs impliqués à contenir l’accident
• La plupart de tous les
employés qui ont dû lutter contre l’accident ont été enregistrés en tant
que professionnels de la radioactivité.
• Seuls environ 10% des
employés sous-traitants impliqués dans la lutte contre l’accident ont
reçu une explication à l’avance sur la possibilité que l’usine puisse
subir un accident nucléaire.
• Environ 30% des employés TEPCO et 40% des autres n’ont donné aucun accord pour travailler lors d’un tel accident.
Gestion de l’irradiation
• Étant donné le manque de
dosimètres à cause du tsunami, TEPCO a laissé de nombreux travailleurs
dans les zones aux niveaux de radiation faible partager des dosimètres
immédiatement après l’accident. En conséquence, le pourcentage
d’employés qui n’ont pas eu accès à un dosimètre du tout a pu être
limité à 5 %. Il n’a été observé aucune différence significative entre
les employés de TEPCO et les autres.
Le 11 mars, avez-vous évacué le site de l’usine de Fukushima Daiichi (y compris une évacuation temporaire) ?
▼Avant
l’accident, avez-vous été informé des tâches possibles de lutte qui
pouvaient vous être confiées dans le cas d’un tel accident ?
▼ Avez-vous reçu des instructions pour l’évacuation du 11 mars (pour ceux qui ont évacué ce jour-là) ?
▼ (instructions de TEPCO : 3 et 2 % en bleu)
Ratio des employés
professionnels de la radioactivité par rapport aux autres qui sont
intervenus dans la lutte contre l’accident
▼Si vous avez évacué l’usine le 11 mars, à quelle heure ?
▼• TEPCO a fait
effectuer le contrôle d’irradiation des travailleurs
« manuellement » car le système de mesure et de contrôle cumulatif des
radiations était devenu inutilisable. Toutefois, environ 30% des
employés ont dit qu’ils n’avaient jamais été informés des doses de
radiation cumulées. Il n’y a pas de différences significatives majeures
entre les employés de TEPCO et ceux des compagnies sous-traitantes sur
le niveau d’informations données concernant l’irradiation.
• Au fur et à
mesure de l’évolution de l’accident, les niveaux de radiation montèrent
hors du bâtiment parasismique, et même hors de la zone de radiation
sous contrôle. A
ce stade, TEPCO a donné des explications aux travailleurs engagés dans
des tâches hors du bâtiment antisismique sur les doses radioactives des
différents sites de l’usine et sur la possibilité croissante
d’irradiation. Alors que 40% des employés ont répondu avoir été informés
à chaque fois, 20% d’entre eux ont dit n’avoir reçu aucune de ces
informations. Pas de différences significatives entre les employés TEPCO
et les autres n’ont été constatés sur l’information des risques et leur
étendue durant les opérations.
• Le contrôle de l’exposition
radioactive a été mené au mieux vu les limitations et le nombre
restreints des matériels à disposition. Quoiqu’il en soit, de nombreux
employés ont affirmé que la gestion de la radiation aussi bien interne
que cumulée et leur contrôle a été insuffisant.
Commentaire d’un employé de TEPCO:
« Il n’y a eu aucune
explication sur le danger encouru jusque tôt le matin du 15 mars. Je
comprends que la situation était critique et qu’il y avait peu de temps
pour donner des explications, mais au moins, nous voulions savoir. » «
Il nous était demandé de gérer notre taux d’irradiation par nous-mêmes,
peut-être parce que les bases de données étaient devenues inutilisables à
cause du tremblement de terre. Mais nous n’avions même pas de stylos ou
du papier. Il nous était impossible de garder des traces avec
précision. » « Mon exposition radioactive cumulée atteignait environ
0,008 millisievert à la fin mars. J’ai donc demandé un contrôle de tout
le corps. La compagnie a refusé arguant que je n’y avais pas droit tant
que je n’avais pas atteint 0,1 millisievert. J’ai travaillé dans le
bâtiment principal antisismique pendant deux semaines à partir du 11
mars, et j’ai passé là au moins 5 à 6 heures chaque jour. J’étais sûr
d’être irradié intérieurement. A la mi-mai, j’ai eu un contrôle des
globules blancs du sang, mais les résultats ont montré que j’étais moins atteint que les personnes qui ont passé moins de temps que moi dans ce bâtiment.
Commentaire d’un employé de TEPCO:
« J’ai réclamé fortement un
suivi approfondi, et plus particulièrement pour la génération la plus
jeune des travailleurs, qui se sentaient probablement abandonnés.
Certains ont été temporairement relevés de leur travail ayant atteint la
limite d’exposition radioactive légale d’une année. Les dirigeants
TEPCO disent que cet accident n’est pas un autre Tchernobyl, malgré son
ampleur, mais je ne vois aucune différence en terme de souffrance des
habitants, et plus particulièrement la perte de leur endroit de vie. Je
ne veux pas que ces dirigeants diminuent la gravité de l’accident ».
Commentaire d’un employé de TEPCO:
« Les employés du bâtiment
principal parasismique ont travaillé dans des conditions où ils
ne pouvaient se fier à personne sauf à eux-mêmes, et ils étaient seuls
responsables de leur propre sécurité. Ces problèmes n’ont-ils pas pour
origine un manque de préparation en cas de désastre ? Je ne veux pas
entendre dire que cet événement a eu lieu car il n’était pas possible de
l’anticiper. Le gouvernement et la compagnie de production nucléaire
sont responsables des problèmes préexistants qui ont conduit au
désastre. N’est-il pas de la responsabilité de la NAIIC (Commission
d’Enquête Indépendante) de révéler ces problèmes et les dénoncer ? »
Commentaire d’un employé sous-traitant:
« Aucune information quelle
qu’elle soit sur l’interruption du courant de la station n’a été
transmise aux travailleurs de finition comme nous. Il m’a fallu
apprendre par la télévision les ordres d’évacuation d’urgence pour les
habitants dans un rayon de 20 km. Bien que travailleur sous-traitant, je
devais faire des équipes de 24 heures selon mon contrat de travail. Mon
employeur savait que plusieurs de ses employés comme moi étaient restés
dans le bâtiment principal antisismique. Toutefois, le directeur
général de la compagnie, le directeur exécutif et le responsable de la
protection radioactive ont tous évacué avec leurs familles. Finalement,
je suis arrivé à appeler notre siège à Tokyo le 14 mars, mais ils
n’étaient pas au courant qu’il y avait encore des employés travaillant
dans le bâtiment central. J’ai demandé à être évacué, mais ils ont
refusé ma demande. Je mangeais et dormais à peine et arrivais à mes
limites physiques et mentales. Plus tard, j’ai dit au directeur général
de TEPCO que je voulais être évacué et il fut très difficile d’avoir
son consentement. Nous avons découvert que la voiture de notre compagnie
que nous avions prévu d’utiliser avait été prise par des employés de
TEPCO, mais un collègue nous a emmenés. J’ai demandé à de nombreuses
reprises un contrôle physique complet à mon employeur fin mars et en
avril, mais ma demande a toujours été refusée. J’ai été assigné à
travailler à Daiichi à la fin avril, ce que j’ai refusé compte tenu de
problèmes de santé. En résultat, j’ai été par la suite victime de
harcèlement moral de mon employeur et suis devenu mentalement
déséquilibré. A cause de cela, j’ai dû quitter la compagnie en juin, ce
qu’ils ont attribué à une démission pour raisons personnelles. »
Entre le jour de
l’accident et la fin mars, est-ce que votre employeur vous a
indiqué votre niveau d’irradiation cumulée chaque fois que vous
travailliez ?
▼Entre le
jour de l’accident et la fin mars, avez-vous reçu des explications de
qui que ce soit sur les risques d’irradiation chaque fois que vous
travailliez hors du bâtiment principal parasismique ?
▼ Avez-vous donné votre accord pour être assigné à des travaux de lutte contre les conséquences d’un accident ?
▼ Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« En ce qui concerne les
travailleurs, il n’y avait pratiquement pas d’instructions d’évacuation.
Il faut un protocole de communication des informations bien compris
pour être efficace. Les mesures prises pour faire face à l’accident
n’étaient pas coordonnées et par dessus tout très pauvres. Il en va de
même de la perspective des habitants. Les procédures d’évacuation et de
destination étaient vagues et le sont toujours. Tous ces problèmes
doivent être éclaircis. C’est seulement à partir de là qu’un nouveau
commissionnement de l’usine nucléaire pourra être discuté. Il y a des
employés qui retournent chez eux le soir et essaient de mener des vies
normales après avoir été exposés à la radioactivité. C’est inconcevable.
»
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Je travaillais à
Fukushima Daiichi le 11 mars. Lorsque le tremblement de terre s‘est
produit, j’ai essayé de sortir, mais il m‘a fallu deux heures pour
sortir du site de l’usine étant donné le nombre de personnes. Les
premières vagues du tsunami sont arrivées alors que j’étais encore en
train de sortir et cependant il n’y eut aucune annonce concernant le
tsunami. En y pensant maintenant, cela me fait frissonner de peur. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
Le niveau de
radiation dans le bâtiment principal antisismique était si élevé qu’en
temps normal il aurait été complètement bloqué pour empêcher toute
entrée. Je n’avais aucun choix sinon celui d’essayer d’évaluer
mon taux d’irradiation dans ma tête. Ce bâtiment était clairement
contaminé et il y avait une augmentation dans la concentration de
poussière et d’iode. L’eau était rare, et je ne pouvais pas me laver les
mains avant de manger de la nourriture d’urgence. J’étais clairement
exposé intérieurement. L’eau et l’électricité étaient en besoin urgent,
toutefois il n’y avait aucune fourniture de l’un ou de l’autre venant
de l’extérieur. L’usine était complètement isolée et j’ai pensé avoir été abandonné à mon sort. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Étant donné que
les travailleurs étaient désespérément nécessaires, je n’eus pas le
temps de me faire confirmer si ma famille était sauve, et ceci me
perturbait tant que je ne pouvais me concentrer sur mes devoirs
professionnels. La priorité était de faire face à l’accident,
cependant il n’y avait aucune possibilité pour les employés de
vérifier leur taux d’irradiation. Je me sentais en danger. Il n’y avait
pas assez de dosimètres et il fallait les partager. Les employés chargés
de tâches non indispensables furent évacués, mais pas les autres. Je
craignais pour ma vie. Le principal bâtiment parasismique avait résisté
au tremblement de terre, mais il ne protégeait pas des radiations. Les
endroits les plus contaminés étaient indiqués par des bandes adhésives.
Étant donné que l’attention était monopolisée par une réunion en réponse
au désastre entre le siège de TEPCO et l’usine, aucune information du
tout n’a été transmise à la zone d’entourage, alors qu’il y avait une
prévision de la dispersion radioactive du système de contrôle interne de
l’usine basé sur la direction du vent. Les employés qui étaient chargés
de la lutte contre le désastre à ce moment auraient mérités d’être
affectés à d’autres endroits ! »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Le contrôle des taux
radioactifs a manqué de rigueur juste après l’accident. Le contrôle
annuel des taux d’irradiation a été un problème vague durant les 15
dernières années. Les différences de taux enregistrées d’un employé à un
autre étaient importantes. J’ai été surexposé, environ 0,15
millisievert/h en externe et 0,007 millisievert/h en interne, de ce fait
maintenant je ne peux pas travailler dans la zone contrôlée pour les
cinq ans à venir. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Après
l’accident, il n’y avait aucun système de test corporel complet et il
était sensé n’y avoir aucune radiation (Je me demande si cela pouvait
venir d’ordres des compagnies électriques ou des compagnies de
sous-traitance?). Étant donné qu’il n’y a eu aucune information donnée
les 12 et 13 mars, nous n’avons pas su dans quelle direction la
radiation s’est dispersée durant notre évacuation. » « Si la
décontamination n’a pas la priorité, nous ne pouvons pas retourner chez
nous. J’espère que la décontamination sera faite par des volontaires de
chez TEPCO ou des compagnies qui appartiennent à TEPCO (c.à.d. par des
personnes qui ne travaillent pas dans des usines nucléaires). »
Avant le 11 Mars, aviez-vous reçu des instructions précisant que vous pouviez avoir à être chargé de lutter contre un accident ?
▼Entre
le moment de l’explosion de l’unité 1 le 12 mars et la fin mars,
portiez-vous un dosimètre lorsque vous travailliez hors du bâtiment
principal parasismique (*) ?
▼ (* le seul
bâtiment conçu pour coordonner la lutte contre un tremblement de terre
et à partir duquel toutes les réponses à la crise étaient organisées.)
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Je ne pense pas
qu’il ait été donné beaucoup d’attention aux travailleurs qui ont eu en
fait à gérer l’accident. Le premier compteur corporel complet a été
installé dans la ville d‘Iwaki, mais seuls les employés TEPCO étaient
en droit de l’utiliser. Les autres devaient se rendre jusqu’à
Kashiwazaki et nous n’avons pratiquement pas vu d’employés TEPCO là.
TEPCO a laissé tout faire par les principaux sous-traitants. Avant de
donner des blâmes, l’opérateur devrait avant tout se focaliser sur les
règles de sécurité en cas d’accident. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« En tant que travailleur
d’un sous-traitant principal, je n’ai eu d’autre choix que d’être
impliqué dans la procédure mise en place après l’accident, ce qui veut
dire être confronté à des niveaux d’irradiation extrêmement élevés par
rapport à la norme. Je suis très inquiet pour ma santé depuis le 11
mars. Après l’accident, j’ai reçu une compensation financière selon les
conditions de ma propre compagnie, mais c’était vraiment une très petite
somme. Peut-on dire que ce que nous avons fait était pour notre pays ?
Si c’est le cas, nous devrions recevoir plus d’argent. J’ai souffert
d’un cancer de l’estomac dans le passé et si je devais encore en être
atteint à cause du travail fait à la suite de l’accident et en mourir,
cela serait impardonnable. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« Cela fait quatre ans que
je travaille dans une compagnie sous-traitante. Durant tout ce temps, je
n’ai jamais eu de formation sur une procédure d’évacuation en cas
d’accident nucléaire. L’état d’esprit de TEPCO était qu’il était «
impossible qu’un accident arrive », et « nous avons besoin de formation
uniquement en cas de sinistre par le feu ». A cause de cela, j’ai été
licencié et j’ai dû évacuer très loin afin d’élever mes trois enfants et
protéger leur santé. Je veux retrouver nos vies et moyens de vivre. »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant principal:
« J’exige de
recevoir une compensation et assurance suffisantes dès que possible.
Nous ne pouvons pas attendre un jour de plus. »
« Je pense que cet accident
devait se produire en fait. TEPCO est devenu maître dans l’art de
cacher l’information. Même maintenant, TEPCO n’a pas fourni toutes les
informations concernant la fuite d’eau, etc. » « Le gouvernement et
TEPCO auraient dû prendre en compte les accidents passés comme celui de
Tchernobyl lorsqu’ils ont dû affronter le désastre. Il n’y a eu
aucune excuse faite aux évacués. Comment cela peut-il être
acceptable ? »
Commentaire d’un employé d’un sous-traitant secondaire:
« Aux nouvelles,
il était dit que les travailleurs de l’usine qui affrontaient l’accident
étaient prêts à mourir, mais en regardant ces nouvelles, je me disais
qu’il était impossible que l’on soit prêt à mourir. J’ai fait un
contrôle corporel complet pour la première fois fin avril et mon taux
d’irradiation était incroyablement élevé. Je suis de tout cœur avec les
personnes qui travaillent encore pour lutter contre les conséquences de
l’accident. J’espère que ces personnes travaillant à Fukushima Daiichi
prendront soin de leur santé. »
Rapports des réunions
de la Commission indépendante
sur Fukushima
1ère réunion de la Commission
Lieu : The Fukushima View Hotel, Préfecture de Fukushima
Date: 19 décembre 2011
La première réunion de la
Commission d‘enquête indépendante sur l‘accident nucléaire de Fukushima
s‘est tenue au Fukushima View Hotel dans la ville de Fukushima
le 19 décembre 2011.
La Commission a approuvé la
version préliminaire des règles encadrant son fonctionnement, désigné un
chef de projet, décidé de la structure des groupes de travail
et de son siège, et commencé officiellement son activité. Reiko
Hachisuka, un des membres de la Commission, a également présenté un
rapport sur les conditions difficiles dans lesquelles vivent
aujourd‘hui les populations concernées. Mme Hachisuka, qui a été évacuée
d‘Okuma, où est située la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, pour
vivre dans des résidences provisoires mises à disposition à Aizu
Wakamatsu, a déclaré que les réfugiés souffrent d‘une perte du sentiment
de sécurité et de stabilité malgré les affirmations répétées depuis des
années par TEPCO et le gouvernement que la centrale était sûre. Afin
de se rendre compte par elle-même des conditions prévalant à la centrale
et dans ses environs, la Commission s‘est rendue sur place le 18
décembre.
Elle a aussi observé
les efforts de décontamination menés par la municipalité d‘Okuma.
Après la première réunion de la Commission lundi, nous avons visité les
logements provisoires de Kawamata qui abritent des réfugiés du district
de Yamakiya (qui fait partie de la ville de Kawamata) où les taux de
radiation sont élevés.
Nous avons parlé
personnellement avec le maire de la ville, Michio Furukawa, également
représentant de la communauté en résidence provisoire.
Nous avons vu les opérations mises en œuvre pour décontaminer les champs et les forêts du district de Yamakiya.
2ème réunion de la Commission
Lieu : Keisei Memorial Hall, Tokyo
Date : 16 janvier 2012
Témoins : Yotaro Hatamura, Président du Comité d’Enquête du Cabinet du Premier Ministre sur l’Accident de la Centrale Nucléaire de Fukushima de TEPCO
Shinji Ogawa, Directeur-Général du Comité d’Enquête du Cabinet du Premier Ministre
Masayuki Ishida, Directeur de la Division Inspection Qualité de l’Energie Nucléaire de TEPCO
Masayuki Ono, Directeur de la Division Qualité et Sécurité de l’Energie Nucléaire de TEPCO
Itaru Watanabe, Directeur-Général Adjoint du Bureau des Politiques de la Science et de la Technologie au MEXT
Yoshinari Akeno, chef de groupe, Service de la Sécurité Nucléaire du Bureau des Politiques de la Science et de la Technologie au MEXT
Tadao Kanda, Directeur, Bureau d’Evaluation des Politiques, secrétariat du ministre, au MEXT
La Commission a désigné son président intérimaire et le co-président du groupe.
Nous avons reçu une
explication sur les rapports provisoires et initiaux sur l‘accident de
la centrale nucléaire de Fukushima du Comité d‘Enquête et de
Vérification du Gouvernement, de TEPCO et du Ministère de l‘Education,
de la Culture, des Sports, des Sciences et de la Technologie (MEXT).
3ème réunion de la Commission
*Lieu : Shimin Plaza Kazo, Préfecture de Saitama
Date : 30 janvier 2012
Témoin : Katsutaka Idogawa, maire de Futaba.
Le maire de Futaba, Katsutaka Idogawa, a présenté la situation
avant l‘accident de la centrale et les conditions au moment de
l‘accident et durant l‘évacuation. Il a aussi discuté avec la
Commission. Après la réunion, nous avons organisé une réunion avec les
habitants de la ville pour écouter leurs derniers commentaires sur
l‘accident et l‘évacuation, et pour avoir des détails sur la vie des
évacués.
Katsutaka Idogawa
Commentaires de M. Idogawa :
§ « Depuis ma nomination
comme maire, je n‘ai pas cessé de faire part de nos inquiétudes à propos
de la centrale nucléaire à TEPCO et NISA. Ils n‘arrêtaient pas de nous
dire de ne pas nous faire de souci, que la centrale était absolument
sûre. Mais l‘accident est bel et bien arrivé. Ils ne peuvent pas donner
d‘explication car l‘accident serait dû à « des facteurs qui vont au-
delà de ce qu‘ils pouvaient imaginer ».
§ Le centre hors-site était
inutilisable parce que trop proche de la centrale. Il faut vérifier et
voir à quel type d‘accident le centre d‘urgence hors-site était censé
pouvoir répondre.
§ Il est nécessaire de
clarifier le rôle joué par les instances de régulation nucléaire et les
relations qu‘elles entretiennent avec l‘industrie. Pour ce qui est de
TEPCO, nous aimerions qu‘ait lieu une évaluation de tous les facteurs
qui pourraient avoir contribué à l‘accident. Nous avons besoin de savoir
si des questions fondamentales ont été ignorées pour privilégier la
profitabilité, si la formation du personnel était adéquate et si les
compétences techniques étaient correctement transmises, et quel genre de
formation était fourni au grand nombre d‘intérimaires embauchés pour
les inspections régulières. Nous voulons savoir si le service de gestion
de crise fonctionnait correctement.
§ Pour ce qui est de la
préfecture de Fukushima, une enquête est nécessaire pour établir par
exemple si elle a diffusé des informations correctes à sa population et
si elle fournit actuellement aux gens la protection dont ils ont besoin.
§ Quant au niveau de
l‘exposition aux radiations, les explications et les normes sont
très diverses et ce n‘est pas clair du tout. Le taux maximum
d‘exposition cumulative pour la population en général est légalement de
1 millisievert par an. L‘accident nous a exposé à des radiations
autres que le rayonnement naturel.
Il est scandaleux que TEPCO prétende que les radiations émises par sa centrale sont bona vacantia, c‘est-à-dire un objet sans propriétaire dont ils ne peuvent pas être tenus responsables.
§ Après l‘évacuation,
les communications avec le gouvernement ont été absolument
inexistantes. La télévision était notre seule source d‘information.
4ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 15 février 2012
Témoins : Haruki Madarame, Président de la Commission de Sûreté Nucléaire (NSC),
Nobuaki Terasaka, ex-président de l’Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle (NISA)
Haruki Madarame Nobuaki Terasaka
1. Des instructions dépassées:
Haruki Madarame, président
de la Commission de Sécurité Nucléaire, a admis que les
instructions de sécurité étaient défectueuses et a présenté ses excuses.
L‘accident de Fukushima a émis beaucoup plus de radiations que les
scénarios figurant dans le chapitre « accident hypothétique » contenu
dans les instructions, où les scénarios envisagés étaient d‘une bien
moindre envergure que les scénarios d‘accident grave utilisés par de
nombreux autres pays. Le Guide pour l‘évaluation du site d‘un réacteur,
qui date de 1964, est toujours la référence pour accorder le permis de
construire des centrales nucléaires. Durant le débat, ce guide a été
qualifié d‘obsolète et M. Madarame est d‘avis qu‘il doit être amendé.
2. Manque de préparation des agences:
La NSC et NISA étaient
toutes deux mandatées pour assurer la sécurité de l‘énergie
nucléaire, mais manquaient de préparation pour les situations
d‘urgence. De plus, il a été établi que la NSC comme NISA n‘avaient pas
bien compris leur tâche essentielle qui est de protéger la population
locale et le pays.
3. Connaissances insuffisantes:
Le débat a révélé un manque
de connaissances techniques et de compétences en ingénierie nucléaire
au sein des agences de régulation et de la direction de ces agences. Le
débat a également rappelé à tous l‘énorme importance de l‘indépendance
et combien il est essentiel de s‘appuyer sur des décisions et des
suggestions fondées sur des faits et des analyses scientifiques pour
que ces agences puissent fonctionner correctement. Le Japon a
manifestement la responsabilité d‘établir des normes et des directives
de sécurité qui soient dignes de confiance au niveau mondial.
5ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 27 février 2012
Témoin : Richard A
Meserve, ex-Président de la Commission de Régulation Nucléaire
Américaine (NRC), Président de la Carnegie Institution for Science
Dr. Richard A. Meserve
1. Une attitude proactive:
Les responsables doivent
faire des efforts permanents pour améliorer les normes de sécurité
existantes. Les entreprises de construction et les opérateurs ne doivent
pas présumer de la qualité des normes des agences de régulation et ne
doivent pas avoir une attitude passive vis-à-vis des questions de
sécurité et de sûreté.
2. Responsabilités et indépendance des opérateurs:
Les opérateurs de centrales
nucléaires ont indéniablement la responsabilité de prévenir les
accidents et d‘empêcher l‘aggravation des dommages pouvant en découler.
En cas d‘urgence, l‘opérateur est censé prendre des décisions et doit
éviter de se tourner vers le gouvernement. C‘est la raison pour
laquelle les opérateurs doivent avoir les compétences nécessaires.
3. Responsabilités et indépendance des instances de régulation:
Le rôle des instances de
régulation est d‘exiger des décisions sensées de la part de
l‘opérateur et de faire appliquer ces décisions pour éviter
l‘aggravation des problèmes. Les agences doivent rester indépendantes
des opérateurs et du gouvernement. Les agences doivent également
définir clairement le rôle de l‘opérateur, du gouvernement, et de la
chaîne de commande. Ces rôles doivent faire l‘objet d‘un entraînement
régulier.
4. Transparence de la prise de décisions:
Il est important de garantir
la transparence dans toutes les procédures de prise de décisions, sauf
celles qui touchent à la sécurité nationale. Il est important que les
participants expriment ouvertement leur opinion pour gagner la confiance
[du public].
5. Importance des ressources humaines:
Le Japon devrait suivre le
modèle de la NRC, où la majorité des employés passent toute leur
carrière à s‘occuper de sûreté nucléaire ; il devrait aussi fournir aux
experts des perspectives suffisamment intéressantes. Au Japon, les
professionnels qui ont l‘habitude de changer régulièrement de poste au
sein de l‘administration se révèlent souvent incapables de gérer
les situations de crise.
6. Indépendance et transparence des enquêtes:
Les caractéristiques les plus importantes pour l‘enquête sur l‘accident nucléaire sont l‘indépendance et la transparence.
6ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 14 mars 2012
Témoin: Sakae Muto,
Conseiller de TEPCO et ancien Vice-président Exécutif et Directeur
Général de la Division Energie Nucléaire & Implantation de Centrales
de TEPCO
Sakae Muto
1. Relations entre le gouvernement et l’opérateur:
Nous avons entendu un
témoignage inattendu montrant que le Cabinet avait participé à des
discussions sur des questions techniques concernant les réacteurs
nucléaires. Le Premier ministre Kan a demandé le numéro de portable du
directeur de la centrale de Fukushima, sans en informer la direction de
TEPCO
2. Compétence de TEPCO:
M. Muto a déclaré que
l‘opérateur était le premier responsable de l‘accident, mais des
questions demeurent concernant la compétence de TEPCO à assumer
cette responsabilité.
3. Manque de préparation aux accidents:
De longues discussions ont
eu lieu sur la culture de sécurité et les actions préventives à mener
contre les séismes. M. Muto a sous-entendu que la cause de l‘accident
était le tsunami imprévu mais la possibilité d‘un tsunami avait été
estimée en 2002 et TEPCO doit donc avoir reconnu les risques.
Toutefois M. Muto a soutenu ne pas avoir eu connaissance de ces
études. Ceci était clairement une défaillance de la culture de sécurité
de TEPCO.
7ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 19 mars 2012
Témoins : Volodymyr
Holosha, Directeur de l’Agence de l’État Ukrainien pour la Gestion des
Zones d’Exclusion, Ministre des Situations d’Urgence
Anatoliy Gora, Directeur Adjoint de la Centrale Nucléaire de Tchernobyl
Leonid Tabachnyi,
Vice-Président du Centre d’Observation Géophysique du Service
d’Hydrométéorologie au Ministère Ukrainien des Situations d’Urgence
Volodymyr Holosha Leonid Tabachnyi
1. L‘accident de Tchernobyl
diffère de celui de Fukushima
par les types de matériaux radioactifs rejetés, les conditions météo,
la géographie et l‘état des enceintes de confinement des réacteurs.
Cependant les deux accidents ont été qualifiés d‘accidents de niveau 7
(accident grave), une qualification de l‘échelle internationale des
événements nucléaires (échelle INES). Tchernobyl a provoqué
d‘importantes émissions de matériaux radioactifs et affecté
l‘environnement et de très nombreuses vies. Les matériaux radioactifs
continuent à affecter sévèrement la santé publique et l‘environnement
26 ans après l‘accident.
2. Questions concernant l’exposition :
De nombreuses personnes ayant
travaillé dans les zones contaminées en Ukraine ont été exposées aux
radiations. Beaucoup de petits enfants qui ont été exposés aux
radiations ont développé un cancer de la thyroïde. L‘exposition aux
radiations ne se contente pas de provoquer des cancers de la thyroïde
chez les jeunes enfants ; elle affecte l‘ensemble du corps. Les
personnes évacuées souffrent de stress et de phobie des
radiations. Les aliments contaminés sont surveillés et contrôlés
séparément par type, quantité consommée, etc.
3. Questions concernant la diffusion de l’information:
La nécessité de diffuser
l‘information a été reconnue par le gouvernement ukrainien, qui a tiré
les leçons de l‘époque de l‘URSS. Cependant, il y a beaucoup d‘unités
de mesures, comme les becquerels, les sieverts et les curies, qui ne
sont pas bien connues de la population. L‘information du public peut
être diffusée de manière différente selon les niveaux de contamination.
8ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 28 mars 2012
Témoins : Ichiro Takekuro, représentant de TEPCO et Responsable de l’Energie Nucléaire chez TEPCO avant l’accident. Il était au Kantei pendant l’accident. Kenkichi
Hirose, Conseiller Spécial du Cabinet du Premier Ministre, chargé de
la NSC, ancien Secrétaire-Général de la Commission de Sûreté
Nucléaire (NSC) et ancien Directeur-Général de l’Agence de Sûreté
Nucléaire et Industrielle (NISA)
Ichiro Takekuro Kenkichi Hirose
1. Compétence de TEPCO:
Quoique la première
obligation de TEPCO soit de prévenir les accidents et de minimiser
les dommages, l‘entreprise s‘est révélée comme n‘ayant pas la capacité
d‘auto-gouvernance qui aurait permis de mettre en place les mesures
adéquates de prévention des accidents ; il lui manque aussi la culture
qui lui permettrait de mener des efforts concertés pour améliorer la
sûreté nucléaire en tenant compte du point de vue de la population. De
plus, TEPCO ne reconnaît pas clairement les tâches et obligations liées
à la sûreté nucléaire qui sont celles d‘un opérateur d‘énergie
nucléaire. Pour ce qui est du programme de défense en profondeur, M.
Takekuro a déclaré que TEPCO s‘était concentré sur les trois premiers
niveaux, sous-entendant que TEPCO n‘était pas responsable de la
mise en œuvre des quatrième et cinquième niveaux de défense en
profondeur. Au moment de l‘accident, TEPCO a envoyé M. Takekuro au
bureau du Premier Ministre pour faire un rapport détaillé des conditions
de l‘accident au Premier Ministre.Toutefois, on a découvert que M.
Takekuro envoyait en réalité des ordres au site de l‘accident de la
part du Premier Ministre. Il est évident que la culture d‘entreprise de
TEPCO a failli dans ses efforts de prévention des accidents et
d‘amélioration de la sûreté nucléaire et failli à ses obligations
d‘opérateur de centrale nucléaire. Ce point est aussi mis en évidence
par la longue histoire de dissimulation d‘accidents de TEPCO
2. Responsabilités des agences de régulation:
Les discussions ont clairement
montré que les agences de régulation nucléaire comme NISA n‘ont pas
rempli leur première obligation, qui est de garantir la sécurité
publique. Elles ont ignoré les fondements mêmes d‘une culture de la
sécurité en laissant par exemple des mesures sécuritaires essentielles
comme les vérifications (backcheks) aux opérateurs et en
passant outre les recommandations de l‘AIEA ; leur responsabilité en
l‘occurrence est accablante. Il est clair que la procédure de double
vérification par la NISA et la NSC ne fonctionnait pas. Les défaillances
et les comportements irresponsables révélés au cours du débat ne
concernent pas seulement M. Hirose et les autres chefs. Le gouvernement
est lui aussi hautement coupable, car c‘est lui qui a fait de la NISA
une administration sous la houlette du METI. [ministère japonais de
l‘Économie].
9ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 18 avril 2012
Témoin : Hiroyuki Fukano, Directeur-Général de l’Agence de Sûreté Nucléaire et Industrielle (NISA).
Hiroyaki Fukano
1. Directive Sécurité:
La Directive Sécurité
a été révisée par le gouvernement après l‘accident de Fukushima sur la
base des mesures indiquées dans les ―Conclusions technologiques‖ qui
sont une analyse provisoire. Les conditions d‘accident envisagées dans
la nouvelle Directive Sécurité sont définies en détail avec une
séquence d‘événements identique à celle de l‘accident de Fukushima.
Aucune mesure ou définition n‘est donnée pour un accident éventuel dont
l‘envergure dépasserait le scénario envisagé dans la nouvelle Directive Sécurité et seules quelques mesures de sécurité nécessaires sont incluses :
§ Le plan de construction de
bâtiments résistants aux séismes, une notion dont le rôle s‘est révélé
critique dans l‘accident de Fukushima, est défini comme une « tâche à
moyen terme ».
§ La mise en place de
ventilation filtrée, qui existe dans de nombreux pays européens, est
définie comme une « tâche à moyen terme »
§ Le plan d‘évacuation
d‘urgence, qui est extrêmement important pour la sécurité des habitants,
ne relève pas de la discussion sur les « conclusions technologiques »
qui ont servi de base à la révision de la Directive Sécurité.
10ème réunion de la Commission + Mairie de Namie 11ème réunion de la Commission + Mairie d’Okuma
Lieux : Nihonmatsu, Shimia
Kaikan, Préfecture de Fukushima (10ème réunion) University of Aizu,
Préfecture de Fukushima (11ème réunion)
Dates : 21 et 22 avril 2012
Témoins : Le maire de Namiemachi, M. Baba, et six autres témoins à la 10ème réunion de la Commission à Nihonmatsu Le
maire d’Okuma, M.Watanabe, et quatre autres témoins à la 11ème réunion
de la Commission à Aizu Wakamatsu. Après chaque réunion de la
Commission, les membres de la Commission ont écouté les [doléances des]
habitants durant les réunions dans les mairies.
Tamotsu Baba, maire de Namie
Toshitsuna Watanabe, maire d’Okuma
1. La colère des évacués:
Nous avons senti la profonde
colère des habitants dont témoignent les commentaires suivants : « Il
nous a fallu être évacués sans aucune information du gouvernement, de la
préfecture ou de TEPCO sur l‘accident lui-même sur les modalités de
l‘évacuation ou la direction qu‘il fallait prendre. » « Il aurait dû y
avoir quelqu‘un, un employé de TEPCO par exemple, pour nous fournir des
informations plus tôt. » Nous avons reconnu à nouveau l‘importance
d‘avoir des procédés de communication permettant de fournir en temps
voulu une information facile à comprendre.
2. Garantir la sécurité des habitants:
Un fonctionnaire local a
indiqué qu‘il se demandait « si le gouvernement local avait rempli son
rôle de garant de la sécurité des habitants. » Certains ont dit que «
les exercices d‘évacuation d‘urgence n‘étaient qu‘une façon de faire des
exercices pour le plaisir de faire des exercices. Le but visé était
surtout l‘auto-satisfaction de l‘organisateur. Est-ce que ces exercices
n‘auraient pas dû se faire sur la base d‘hypothèses plus réalistes ? »
Les conclusions de nos précédentes réunions suggèrent que les
régulateurs n‘ont absolument pas l‘état d‘esprit qu‘il faudrait pour
protéger les habitants.
3. Message des villes où sont situées des centrales nucléaires:
Nous avons entendu des
opinions importantes en particulier venant des habitants d‘Okuma. Voici
quelques-unes des opinions les plus notables : « Les gens des villes où
se trouvent des centrales nucléaires avaient tellement l‘habitude de
s‘entendre dire ―combien les centrales sont sûres‖. C‘était du lavage de
cerveau ». « Je n‘avais jamais imaginé qu‘une centrale nucléaire puisse
devenir un problème ». « Il n‘y eut aucune communication concernant
tous ces problèmes qui peuvent échapper au contrôle humain ». Ces
commentaires peuvent être très importants pour tous ceux qui vivent dans
des villes où sont situées des centrales nucléaires.
4. Relations avec le gouvernement et confiance en celui-ci:
Nous avons entendu des
commentaires sur le gouvernement, l‘accusant en particulier de ne pas
avoir réussi à fournir l‘information nécessaire au moment de l‘accident.
« Je ne peux toujours pas faire confiance au gouvernement ». « Je n‘ai
aucune confiance dans l‘information fournie par le gouvernement sur la
condition actuelle de l‘unité 4 et sur le niveau des doses de radiation.
»
5. La vie et l’avenir des évacués:
Nous avons vraiment réalisé
que les instructions d‘évacuation tardives ou mal définies – comme le
souligne l‘emploi de cette phrase « par mesure de précaution » – ont eu
un impact sévère sur la population. Un des participants a souligné la
nécessité de « mettre en place un système par lequel le gouvernement
continuera à surveiller les conditions sanitaires de la population de
génération en génération. » En outre, de nombreux habitants ont à
maintes reprises exprimé leur profond désir de « ne pas laisser les
autres municipalités qui ont des centrales nucléaires subir ce qu‘[ils
ont] subi. »
Réunion publique à Okuma Réunion publique à Namie
12ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 14 mai 2012
Témoin : Tsunehisa
Katsumata, Président de Tokyo Electric Power Company (TEPCO) et
ex-Président de la Fédération des Compagnies d’Electricité du Japon
(FEPC).
M.Katsumata est PDG de TEPCO depuis octobre 2002 et en est devenu le Président en février 2008
Tsunehisa Katsumata
1. Redevabilité d’un opérateur de centrale nucléaire et du Premier Ministre:
Tout en rappelant que « les
compagnies d‘électricité sont sans aucune ambigüité responsables de la
sécurité des centrales nucléaires, » [Katsumata] a indiqué que « c‘est
le Premier Ministre qui était le directeur-général du siège de la
réponse d‘urgence où il fallait établir des priorités dans les
décisions sur le site de la centrale ». Les trois directeurs
principaux de l‘équipe dirigeante (PDG, président et vice-président)
n‘étaient pas disponibles au moment de l‘accident. M. Katsumata n‘a
appris l‘absence du PDG qu‘après l‘accident. Le fait qu‘il n‘ait pas
contacté le PDG entre le moment où ce dernier est rentré de l‘étranger
et celui où il est retourné au siège montre de toute évidence son
absence complète de conscience de l‘imminence de la crise.
2. Faits critiques concernant le tsunami:
Les causes de l‘accident,
selon la déclaration de M. Katsumata, sont « en cours d‘investigation à
TEPCO ». Cependant l‘affirmation que le tsunami, qui n‘avait pas été
anticipé, est la cause principale [de la catastrophe] est assez
dérangeante. Elle révèle que le risque posé par un tsunami potentiel non
anticipé n‘avait pas été communiqué en interne au PDG. Il se trouve que
M. Katsumata avait décidé qu‘ « un tsunami de ce genre ne pouvait pas
se produire dans la réalité. » Il semble que le risque de tsunami
n‘avait pas été envisagé sous l‘angle des probabilités.
3. A propos des régulations:
M. Katsumata a souligné
[l‘importance de] la simplification des réglementations, mais les
mesures que les opérateurs prennent indépendamment, dont les
vérifications de résistance aux séismes et les réponses aux accidents
graves, n‘avaient pas été prises par TEPCO et d‘autres opérateurs. De
sérieux doutes demeurent : quel rapport entre la demande de
simplification des réglementations et les retards dans les réactions de
TEPCO ? La Commission a aussi appris un fait peu connu, à savoir que la
FEPC avait servi de forum pour les lobbies [de l‘industrie nucléaire].
4. Résumé:
M. Katsumata a admis que
rétrospectivement il pouvait concevoir un certain nombre de mesures qui
auraient dû être mises en place, par exemple les mesures anti-tsunami et
les réponses aux accidents graves ; mais il s‘est abstenu de réflexions
plus spécifiques. Le public doit déterminer, à travers les discussions
d‘aujourd‘hui, si M. Katsumata était suffisamment compétent pour être à
la tête d‘un opérateur nucléaire géant.
13ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 16 mai 2012
Témoin : Kazuo Matsunaga,
Vice-Ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie (METI) au
moment de l’accident et Directeur Général de l’Agence pour la Sécurité
de l’Industrie et du Nucléaire (NISA) de Juin 2004 à Septembre 2005.
1. Décisions prises en qualité de Directeur Général de l’Agence pour la Sécurité de l’Industrie et du Nucléaire (NISA):
Le témoin a
déclaré qu’il n’avait pas pu prendre le temps de faire appliquer les
nouvelles normes antisismiques parce qu’il était trop occupé à réagir à
l’accident survenu à la centrale nucléaire de Mihama [Préfecture de
Fukui, 8 août 2004, 4 morts - ndt]. Il s’est dérobé aux demandes
d’explications sur son propre rôle dans les stress tests et a déclaré
qu’il n’était pas de son ressort de discuter de l’application de la
directive B.5.b. En sa qualité, il n’était pas impliqué directement dans
les aspects importants de la sécurité nucléaire, et il a évité de
définir clairement ses propres réalisations et responsabilités.
2. Jugements concernant la sécurité nucléaire dans la remise en service des centrales nucléaires:
La question demeure posée de
savoir si, en matière de politique énergétique et de sécurité
nucléaire, les instances dirigeantes prennent bien les décisions qui
conviennent en connaissance de cause. Si le METI émet des jugements
touchant la sécurité et la remise en service des centrales nucléaires
avant que ne soient menées à terme les enquêtes du gouvernement sur les
accidents, il se peut que cet organisme n’ait pas la pleine connaissance
des faits. Ce problème fut également évoqué par le ministre du METI,
Banri Kaieda, le 18 Juin 2011.
3. Responsabilité dans le maintien d’une alimentation électrique suffisante:
La question suivante a été
posée à M. Matsunaga : « savez-vous si l’information rendue publique par
TEPCO concernant sa capacité d’alimentation électrique est entière et
exacte? » Mais il a déclaré qu’il n’était au courant d’aucune faute de
la part de TEPCO.
4. Concernant l’adoption de l’utilisation du plutonium comme combustible:
Nous avons estimé qu’il
était possible que le gouvernement eût précipité la prise de décision
par l’autorité régionale au sujet de la mise en pratique de
l’utilisation thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de la
centrale de Fukushima Daiichi en offrant des subventions
gouvernementales alors qu’il aurait fallu consacrer plus de temps à
réaliser une sérieuse vérification du dispositif antisismique.
5. Aptitude à réagir de manière compétente en situation de crise:
Le METI, de même que la NISA, étaient probablement insuffisamment préparés.
Au vu des résultats de cette
audience, une sérieuse réflexion s’impose sur la question de savoir
si la structure sur laquelle repose actuellement l’organisation
des agences de régulation du nucléaire, y compris le METI, qui joue le
rôle à la fois de promoteur de l’énergie nucléaire et de contrôleur de
sa sécurité, peut être améliorée en vue d’un fonctionnement plus
efficace.
14ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 17 mai 2012
Témoin : Banri Kaieda,
membre de la Chambre des Représentants et Ministre de l’Économie, du
Commerce et de l’Industrie (METI) au moment de l’accident.
1. Interprétation des faits par le témoin au moment de l’accident
a) M. Kaieda a affirmé qu’il
se sentait responsable de la lenteur avec laquelle fut prise la décision
de déclarer la Situation de Crise Nucléaire et que la raison en était
qu’il avait fallu du temps pour convaincre le Premier Ministre de le
faire.
b) Il ignorait les raisons
pour lesquelles le Premier Ministre de l’époque, M. Kan, s’était rendu à
Fukushima Daiichi, ainsi que le but de cette visite.
c) M. Kaieda avait reçu directement de la part de M. Shimizu, président de TEPCO au moment de l’accident,
un appel téléphonique concernant l’évacuation [de la centrale - ndt].
Le témoin se rappelle qu’il y était question de « la Centrale Daiichi »,
de « la Centrale Daini », d’une « évacuation », mais non pas d’un
« retrait total du personnel ». En outre, M. Kaieda avait interprété cet
appel direct de la part de M. Shimizu comme revêtant une importance
particulière.
d) M. Kaieda a déclaré qu’il
avait eu le sentiment que TEPCO hésitait à ordonner la ventilation ainsi
qu’à mettre hors service les réacteurs 5 et 6. Il a été également
précisé que si la loi de Régulation des Réacteurs Nucléaires avait été
invoquée pour justifier la décision de lancer la ventilation, c’était
pour pousser TEPCO à ouvrir les évents.
Ce point a révélé une ambiguïté dans la définition des responsabilités entre le gouvernement et les opérateurs des centrales.
e) M. Kaieda a évoqué la
difficulté, dès le début de l’accident, à communiquer et partager
l’information entre le site de l’accident, le Kantei [cabinet du Premier
Ministre- ndt] et la Direction de TEPCO, comme au « jeu du téléphone »,
où le message chuchoté de bouche à oreille parvient déformé au
destinataire. Il a ajouté: « le gouvernement doit réfléchir à ce
problème ».
f) Le niveau de préparation du
gouvernement était, aux dires du témoin, « insuffisant ». De plus,
selon lui, « les entraînements aux situations de crise auraient dû
inclure l’utilisation du système SPEEDI ».
g) Le témoin a fait une
déclaration cruciale au sujet des explosions d’hydrogène : « Personne à
ce moment-là n’avait un instant songé à la possibilité d’une explosion
d’hydrogène ». Il a également exprimé ses regrets de n’avoir pas été en
mesure d’empêcher l’explosion d’hydrogène. Il a estimé que les leçons de
l’accident de Three Mile Island n’avaient pas été mises en pratique.
2. Concernant les Stress Tests
S’agissant d’imposer
l’obligation de procéder à des stress tests avant le redémarrage d’une
centrale, M. Kaieda a déclaré qu’il n’avait pas même envisagé de rendre
obligatoire le réexamen du dispositif comme mesure possible, afin
d’accélérer la procédure de redémarrage pour les opérateurs.
3. Solutions idéales pour une bonne organisation chargée de la régulation de l’industrie et de la réaction aux situations de crise
a) M. Kaieda a dit que
l’organisation chargée de la réaction aux situations de crise devrait
avoir des effectifs allégés afin de permettre à tous les membres de bien
comprendre leur rôle. Il a estimé que la NISA n’avait pas répondu à
l’attente du public dans l’exécution de ses fonctions.
b) Il a encouragé les agences
chargées de la régulation à être indépendantes et à être axées sur la
sécurité. Selon lui, l’organisation chargée de la régulation devrait
compter parmi ses membres des experts en matériaux radioactifs ayant les
connaissances et les équipements nécessaires pour réagir aux situations
de crise.
15ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 27 mai 2012
Témoin : Yukio Edano, Ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. Il était Chef de Cabinet au moment de l’accident.
1. Points de vue de M. Edano et de M. Shimizu concernant le retrait total du personnel
M. Edano ne se souvient pas
des termes exacts utilisés quand fut évoqué le projet de retirer le
personnel de la centrale. Cependant, il se rappelle qu’il exprima son
avis que si une évacuation totale des équipes devait avoir lieu, il s’en
suivrait une détérioration de l’état
des installations qui ne pourrait pas être empêchée. En réaction à ces
propos de M. Edano, M. Shimizu, Président de TEPCO, n’a pas pu formuler
de réponse et est resté silencieux. S’appuyant sur cette réaction, M.
Edano a ajouté : ‘ »il apparaissait clairement que ce qui était envisagé
dans la proposition (de M. Shimizu) n’était pas simplement une
évacuation partielle ». Au cours d’une conversation téléphonique, M.
Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, avait répondu à
la question de M. Edano au sujet du retrait du personnel en disant :
« il reste encore des tâches à accomplir sur place. Nous ferons de notre
mieux ».
2. Notification de diffusion publique d’information
M. Edano avait donné l’ordre
à TEPCO d’aviser le cabinet du Premier Ministre de toute diffusion
publique d’information au moment où celle- ci serait effectuée, mais
cette directive n’avait pas pour but de contraindre TEPCO à
demander l’autorisation du cabinet du Premier Ministre avant de
procéder à cette diffusion.
3. Question de l’acceptation de l’aide internationale
Le cabinet du Premier Ministre
avait donné des instructions aux différents ministères pour qu’ils
acceptent toute offre d’aide internationale qui pourrait être proposée,
même si cela nécessitait de surmonter des considérations légales. M.
Edano a alors ajouté les déclarations suivantes, à la lumière de son
expérience :
1. Mauvaise diffusion de l’information
Au vu des questions soulevées
aujourd’hui, il a reconnu que, du point de vue du public et des
habitants de la région, l’information n’avait pas été suffisamment
diffusée. Au moment des faits, il avait cru cette diffusion suffisante.
Il a reconnu que la diffusion des informations concernant les risques
aux personnes avait besoin d’être améliorée.
2. Problèmes concernant le traitement de l’information
Il a souligné les difficultés
qu’il y avait à réunir, prévoir et devancer l’information. A titre
d’exemple, il a cité le fait que le terme « précautions » utilisé dans
les communiqués publics ne reposait pas sur des bases claires.
3. Nécessité de séparer les rôles de Chef de Cabinet Ministériel et de Porte-parole
M. Edano a noté qu’en
l’absence d’un porte-parole unique du gouvernement, le Chef de Cabinet
joue un deuxième ou double rôle. Il estime que tout particulièrement
dans les cas de crise, ces deux fonctions devraient être séparées. Le
porte-parole devrait avoir une formation spéciale.
16ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 28 mai 2012
Témoin : Naoto Kan, membre de la Chambre des Représentants ; Premier Ministre du Japon au moment de l’accident
Conditions antérieures à l’accident
1. L’accident s’est produit
dans une centrale nucléaire qui avait été construite et exploitée
dans le cadre d’une politique nucléaire nationale, et c’est
donc le gouvernement qui porte la plus grande part de responsabilité
dans l’accident.
M. Kan, qui dirigeait
le gouvernement au moment de l’accident, a présenté une nouvelle fois
ses excuses pour n’avoir pas pu freiner l’évolution de l’accident.
2. En ce qui concerne la
réaction à l’accident nucléaire, M. Kan n’avait été informé de manière
détaillée avant l’accident ni de l’autorité du Premier Ministre dans ce
domaine, ni de celle du directeur général de la cellule de crise.
3. L’autorité du directeur général de la cellule de crise n’avait pas été nécessairement reconnue dans sa totalité par M. Kan à l’occasion d’un exercice de simulation de crise.
Pendant l’accident
1. Le fait de se rendre sur
place pour rencontrer les dirigeants de la centrale et se rendre compte
de la situation a été considéré comme un point positif pour M. Kan,
étant donné qu’il ne pouvait pas obtenir d’information utile de la part
des membres de la NISA, de la NSC ou de la part des conseillers
techniques de TEPCO au sujet de ce qu’il convenait de faire à la
centrale de Fukushima Daiichi.
2. On n’avait pas pris
conscience que la centrale subirait une recriticité à la suite de
l’injection d’eau de mer au lieu d’eau douce, bien que M. Madarame,
Président de la NSC, eût signalé qu’une telle possibilité n’était pas
exclue. M. Kan a également déclaré que ces décisions (de suspendre
l’injection d’eau de mer), dont on a dit qu’elles provenaient du Kantei
[cabinet du Premier Ministre - ndt], pouvaient en fait n’avoir été que
des avis émis par les membres de TEPCO qui se trouvaient alors au
Kantei.
3. Il y eut deux appels de M.
Yoshida, Directeur de la centrale de Fukushima Daiichi, à M. Hosono,
(Conseiller Spécial, Cabinet du Premier Ministre), sur des
questions relatives au retrait total du personnel. Dans le premier
appel, M. Yoshida dit que la situation était « extrêmement tendue », et
dans le second appel, qu’on avait « commencé à injecter de l’eau, et que
ça semblait efficace ». M. Kan s’est souvenu d’avoir rappelé une fois
mais n’a pas pu se remémorer les détails de la conversation. Puis, tôt
le matin du 15 Mars, le ministre du METI avait réveillé M. Kan et c’est
alors que ce dernier avait entendu pour la première fois que TEPCO
proposait l’abandon de la centrale, ce qui lui avait paru absurde.
Réactions du gouvernement et du Kantei (Cabinet du Premier Ministre)
1. Se trouvant confronté
aux plus grandes catastrophes conjointes jamais survenues - un
tremblement de terre et un tsunami – en même temps qu’à un accident
nucléaire, le centre de contrôle de la crise établi à distance, au sein
du Kantei, a eu de grandes difficultés à fonctionner correctement comme
poste de commande.
2. Le décret sur les mesures spéciales concernant le niveau de préparation requis pour faire face à une crise nucléaire (Nuclear Emergency Response Act) se révéla inefficace, et le Kantei fut contraint de tenir le rôle de commandant en chef.
3. Le fait de s’être
personnellement rendu sur le site de l’accident fut un acte
extraordinaire, qui, selon M. Kan, aurait éventuellement pu être évité
si l’information lui avait été dûment communiquée en temps voulu par
TEPCO et / ou par la NISA.
4. C’était M. Edano (Chef de
Cabinet au moment de l’accident) qui avait refusé l’offre d’affecter des
experts étrangers au bureau du Premier Ministre. M. Kan n’avait pas été
informé de cette décision.
5. M. Kan n’était pas au
courant du fait que l’assistance étrangère avait été repoussée par la
NSC. Si cela est vrai, c’est un sérieux problème.
6. M. Kan avait suivi des conseils divers, y compris en dehors des voies officielles.
7. M. Kan avait demandé le
soutien de plusieurs membres particuliers de la Diète, mais ces demandes
n’avaient pas pour but de leur attribuer le rôle d’une équipe de
conseillers.
Orientations pour l’avenir
M. Kan reconnaît que la
catastrophe du 11 mars a mis en évidence certains problèmes fondamentaux
du Japon. Il estime que la première étape en vue de réformer la
politique nucléaire consiste à dissoudre la structure organisationnelle
de la communauté nucléaire au Japon, laquelle est contrôlée
principalement par TEPCO et par la Fédération Japonaise des Fournisseurs d’Electricité
(FEPC). En outre, le fait d’inviter des experts de l’étranger pourrait
produire un effet de catalyseur en vue de restructurer la communauté
nucléaire au Japon. Il a exprimé sa conviction que le Japon
devait aspirer à se passer de ses centrales nucléaires. M. Kan a
exprimé son respect et sa reconnaissance aux personnes qui ont fourni un
rude travail sur place pour faire face à l’accident survenu dans une
centrale nucléaire.
17ème réunion de la Commission
Lieu : Fukushima Terrsa, Préfecture de Fukushima
Date : 29 mai 2012
Témoin : Yuhei Sato, Gouverneur de la Préfecture de Fukushima au moment de l’accident.
Conditions antérieures à l’accident
1. Le gouvernement central et
TEPCO avaient affirmé que les risques relatifs aux catastrophes
nucléaires avaient été correctement circonscrits et que la région
était protégée dans le cadre d’une philosophie de défense en
profondeur.
2. L’évacuation dans un
rayon de 2 kilomètres fut décidée par le gouvernement local
de la préfecture sur sa propre initiative, parce que le gouvernement
central n’avait pas agi suffisamment vite. Toutefois, l’ordre
d’évacuation ne fut pas diffusé correctement en raison des pannes des
systèmes de communication. Par la suite, les ordres d’évacuation
décrétés par le gouvernement central furent répercutés par les médias,
mais le gouvernement de la préfecture ne reçut aucune directive concrète
de la part du gouvernement central. Ceci eut pour conséquence que les
habitants furent contraints de subir une évacuation extrêmement
difficile et bouleversante.
Mise en pratique de l’utilisation du plutonium comme combustible à la centrale
1. L’une des trois conditions
fixées par le gouvernement préfectoral en réponse au gouvernement
central préalablement à toute décision de procéder à une utilisation
thermique du plutonium dans le réacteur Nº 3 de Fukushima Daiichi était
que ce dernier devait atteindre le même niveau de résistance
antisismique que celui qui apparaissait dans le rapport intérimaire de
vérifications du réacteur Nº 5. Toutefois, M. Sato affirme que lorsque
l’utilisation thermique du plutonium fut mise en place dans le réacteur
Nº 3, il ignorait que parmi les vérifications effectuées ne figuraient
pas les mesures anti- tsunami comme pour le réacteur Nº 5.
2. En outre, M. Sato déclare
qu’il n’était pas informé de l’existence d’une subvention spéciale liée
au projet d’utilisation thermique du plutonium, alors que c’était
pourtant bien lui qui avait mis ce projet en pratique.
Orientations pour l’avenir
1. M. Sato a fait valoir que
le cloisonnement des fonctions administratives était un obstacle à la
sécurité nucléaire, et a exprimé son opinion que l’unification de ces
multiples fonctions était éminemment souhaitable.
2. Il y avait eu des
contradictions dans l’information, y compris dans l’information relative
au système SPEEDI. Un autre obstacle était que le partage de
l’information et la communication au sein de la cellule de crise
n’étaient pas suffisants et que le gouvernement préfectoral avait des
problèmes d’organisation. M. Sato a dit qu’il souhaitait une réforme de
la gestion des situations de crise. Il a exprimé son avis qu’il était
essentiel d’améliorer l’échange des idées, de mettre en place
une organisation plus efficace et de faciliter l’intervention des
experts, tout cela de manière étroitement coordonnée, afin d’éviter les
accidents à l’avenir.
3. La Nation a largement
apporté son soutien à Fukushima et à ses habitants depuis la
catastrophe. En retour, M. Sato a dit qu’il voulait apporter sa
contribution à la création d’une communauté plus intégrée offrant la
promesse que jamais une telle catastrophe ne se reproduirait.
18ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 8 juin 2012
Témoin : Masataka Shimizu, président de TEPCO au moment de l’accident.
Problèmes de communication
1. Le président Shimizu
n’était « pas au courant que le Kantei [cabinet du Premier Ministre -
ndt] n’avait pas confiance en la réaction de TEPCO concernant
l’ouverture des évents » lorsqu’il revint de son voyage d’affaires. En
outre, c’est seulement après les déclarations du Premier Ministre qu’il
« découvrit » que le Premier Ministre avait interprété la proposition
concernant le retrait du personnel comme signifiant un « retrait
total ». Il semble que M. Shimizu ne se soit pas rendu compte de la
disparité des points de vue entre la façon dont le Kantei percevait la
situation et celle dont TEPCO la percevait. Les échanges entre le Kantei
et TEPCO étaient entravés par les malentendus et la méfiance, ce qui
eut pour effet de créer cette controverse concernant l’interprétation du
mot « évacuation ».
2. En marge de ce témoignage,
l’enquête de la Commission a confirmé le fait que le personnel était
bien présent sur le terrain, déployant tous ses efforts pour résoudre
les problèmes des réacteurs, et qu’il n’avait pas envisagé d’abandonner
le site. Par ailleurs, aucune preuve n’a été découverte que TEPCO eût
pris la décision d’opérer un « retrait total ».
3. D’après l’enquête de la
Commission, si la situation des réacteurs nucléaires qui se trouvaient
dans un état critique fut finalement maîtrisée, c’est grâce au personnel
qui se trouvait sur le terrain, car il avait une bonne compréhension de
l’état dans lequel se trouvaient les réacteurs, et la conscience de ses
responsabilités lui enjoignait de demeurer sur place jusqu’au bout de
la crise.
4. A cette fin, TEPCO n’aurait
pas dû s’adresser au Kantei pour recevoir des instructions. Au lieu de
cela, des personnes qui se trouvaient sur place ou quelqu’un qui
possédait la qualification requise pour porter un jugement technique sur
la situation auraient dû prendre les décisions, comme cela fut le cas
par exemple lorsque fut prise la décision d’injecter de l’eau de mer.
5. Ces considérations invitent
à engager un important débat sur la position de l’opérateur et sur le
bien-fondé des interventions du Kantei, lequel ne possédait pas
l’expertise nucléaire.
6. M. Shimizu a insisté sur
l’importance de disposer de bâtiments résistant aux tremblements de
terre en remarquant qu’il était « effrayant d’imaginer ce qui se serait
produit si TEPCO n’en avait pas eu ». Diverses mesures pour se préparer à
l’éventualité d’un cas plus grave même encore sont nécessaires. Il est
bien clair maintenant combien il est important d’assurer la sécurité des
ouvriers dans les centrales pour protéger la vie du public.
19ème réunion de la Commission
Lieu : Diète Nationale du Japon
Date : 9 juin 2012
Résumé des résultats de l’enquête
Les résultats de l’enquête
ont montré que les lenteurs du gouvernement dans la transmission et la
communication de l’information concernant l’accident ont été à l’origine
de la confusion qui s’en est suivie. Du point de vue des personnes
évacuées, des consignes d’évacuation lancées au coup par coup ont fait
que beaucoup de personnes ont été évacuées plusieurs fois, parfois en
direction de zones affectées de doses de radiation élevées, et / ou en
n’emportant que le strict nécessaire. Les voix et les opinions des
habitants évacués qui n’ont pas d’autre endroit où aller ont été très
claires. Les problèmes ne sont pas encore résolus. Des mesures
appropriées doivent être envisagées dès que possible. Nous
communiquerons ce message à la Diète.
19ème réunion de la Commission
Glossaire
[Beaucoup
de termes et de sigles étant spécifiques à la langue anglaise, nous
avons préféré laisser le texte anglais en regard de la traduction, ndt]
Acute radiation disorder An acute illness resulting from a high dose usually exceeding 500mSV to most or all of the body in a short period of time.
B.5.b The
section of the 2002 NRC Security Order that addresses damage from fire
or explosion such as could occur from the impact of a large
commercial aircraft. Backcheck A review of the safety of a nuclear power plant—a term peculiar to the Japanese nuclear industry.
Backfit The
modification of or addition to systems, structures, components, or
design of a plant or a facility; or the design approval or manufacturing
license for a facility; or the procedures or organization required
to design, construct, or operate a plant or a facility.
Becquerel Bq The unit of radioactivity in which one nucleus decays per second. Condensate storage tank A tank containing water used for a reactor‘s cooling systems.
Condensate water transfer pump The pump for water from the condensate storage tank.
Containment vessel The gas-tight shell around a nuclear reactor.
Core damage Damage to the central part of the reactor that contains the fuel and produces heat.
Defense-in-depth The practice of having multiple, redundant, and independent layers of safety systems to safeguard the reactor core.
ECCS Emergency Core Cooling System
Acute radiation disorder. Maladie
aiguë résultant d’une forte dose dépassant habituellement 500mSV à la
plupart ou la totalité du corps dans un court laps de temps.
B.5.b. Section
de la recommandation de la NRC de 2002 qui aborde les dommages causés
par un incendie ou une explosion qui pourraient se produire suite à
l’impact d’un gros avion commercial.
Backcheck. Revue de sûreté d’une centrale nucléaire [terme propre à l'industrie nucléaire japonaise, ndt].
Backfit. Mise
en conformité. L’ajout ou la modification de systèmes, de
structures, de composants ou de la conception initiale d’une
usine ou d’une installation ; ou l’approbation de la conception ou
de la licence de fabrication pour une installation ; ou
l‘approbation des procédures ou de l’organisation
nécessaires à la conception, à la construction, à
l‘exploitation d’une usine ou d’une installation.
Becquerel Bq. Unité de radioactivité correspondant à une désintégration nucléaire par seconde.
Condensate storage tank. Réservoir d’eau du condenseur utilisée pour les systèmes de refroidissement d’un réacteur.
Condensate water transfer pump. Pompe de transfert de l‘eau du condenseur vers le réacteur.
Containment vessel. Enceinte de confinement étanche autour d’un réacteur nucléaire.
Core damage. Dommages au cœur du réacteur contenant le combustible et produisant de la chaleur.
Defense-in-depth. Défense
en profondeur. Mise en place de niveaux multiples, redondants, et
indépendants de systèmes de sécurité pour protéger le cœur du réacteur.
ECCS Emergency Core Cooling System. Systèmes de refroidissement d‘urgence du cœur.
ERSS Emergency
Response Support System – a system of information sharing between
nuclear power plants and government agencies designed to
facilitate a coordinated and effective response from the national
government.
FEPC Federation
of Electric Power Companies (Hokkaido Electric Power Co., Hokuriku
Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., The Chugoku Electric Power
Co., The Okinawa Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co., Shikoku
Electric Power Co., The Kansai Electric Power Co., Tokyo Electric
Power Co. and Tohoku Electric Power Co.) – A federation
of the ten privately owned electric power utilities created
in 1952 to facilitate communication and cooperation between them.
Filtrate tank Part
of the water injection backup line of the plant, connected by a
pump to the water tank that draws from Sakashita dam.
gal A unit of acceleration defined as one centimeter per second squared. Hardened vent A
separate vent pipe designed to withstand higher loads during an
accident such as a station blackout, and routed to an elevated point
outside the reactor building.
HPCI High
pressure coolant injection system – the first line of defense in the
emergency core cooling system. HPCI is designed to inject
substantial quantities of water into the reactor while it is at high
pressure so as to prevent the activation of the automatic
depressurization, core spray, and low pressure coolant
injection systems.
IAEA International
Atomic Energy Agency – an international organization that seeks to
promote the peaceful use of nuclear energy, and to inhibit its use for
any military purpose, including nuclear weapons.
IC Isolation
condenser – a heat exchanger located above containment in a pool of
water open to atmosphere. In operation, decay heat boils steam, which is
drawn into the heat exchanger and condensed; then it falls back into
the reactor.
ERSS Emergency Response Support System. Système
de gestion des urgences : un système de partage de
l’information entre les centrales nucléaires et les
organismes gouvernementaux destiné à faciliter une réponse coordonnée et
efficace du gouvernement central.
FEPC. Federation of Electric Power Companies Fédération
des compagnies électriques (Hokkaido Electric Power Co., Hokuriku
Electric Power Co., Chubu Electric Power Co., The Chugoku Electric Power
Co., La Okinawa Electric Power Co., Kyushu Electric Power Co., Shikoku
Electric Power Co., Le Kansai Electric Power Co., Tokyo Electric Power
Co. et Tohoku Electric Power Co.) Une fédération des dix compagnies
d’électricité privées créée en 1952 pour faciliter la communication et
la coopération entre elles.
Filtrate tank. Réservoir
à eau filtrée. Elément de l‘alimentation de secours en eau de l‘usine,
relié par une pompe au réservoir d’eau [non filtrée] en provenance du
barrage de Sakashita.
Gal. Mesure d‘une caractéristique sismique : c‘est l‘unité d’accélération au sol définie par un cm/s2.
Hardened vent.
Tubulure d‘évent renforcée, conçue pour résister aux pressions élevées
lors d’un accident (par exemple une panne totale d’électricité) et qui
débouche en un point élevé, à l’extérieur du bâtiment du réacteur.
HPCI High Pressure Coolant Injection system. Système
d’injection haute pression du liquide de refroidissement – la première
ligne de défense dans le système de refroidissement d’urgence du cœur.
Elle est conçue pour injecter des quantités importantes d’eau dans le
réacteur pendant qu’il est sous une pression élevée de façon à
empêcher l’activation de la dépressurisation automatique, la
pulvérisation dans le cœur et le déclenchement des systèmes
d‘injection de refroidissement à basse pression de fluide caloporteur.
IAEA International Atomic Energy Agency. Agence
Internationale de l‘Energie Atomique, AIEA, organisation qui cherche à
promouvoir l‘usage pacifique de l‘énergie nucléaire et à
empêcher son utilisation à des fins militaires, dont les
armes nucléaires.
IC Isolation Condenseur. Condenseur
d‘isolation. Un échangeur de chaleur situé au-dessus de la cuve de
confinement, dans un bassin d’eau à l’air libre. En
fonctionnement, la vapeur d‘eau chauffée est envoyée vers l’échangeur
de chaleur et condensée, puis elle retombe dans le réacteur.
INES International
Nuclear and Radiological Event Scale – a seven-level scale
for assessing and communicating safety information regarding nuclear
and radiological incidents.
JNES Japan
Nuclear Energy Safety Organization – an incorporated administrative
agency established to ensure safety in the use of nuclear energy, which
works in conjunction with NISA.
Kantei The
Prime Minister‘s Office - The building housing both the Prime
Minister‘s official office and residence. In this report,
―Kantei‖ most often refers to the Prime Minister and the ad
hoc group on the 5th floor, which was responsible for
the government‘s response to the accident. LOCA loss of
coolant accident – a mode of failure for a nuclear reactor that can
result in core damage, unless it is mitigated by ECCS.
Make-up system A system used to add water to the reactor coolant system under normal operating conditions. M/C High
voltage metal-clad type switchgear – In an electric power system,
switchgear is the combination of electrical switches, fuses or circuit
breakers used to control, protect and isolate electrical equipment.
METI Ministry of Economy, Trade & Industry
MEXT Ministry of Education, Culture, Sports, Science, and Technology.
Millisievert mSv A unit of equivalent radiation dose.
NAIIC Nuclear Accident Independent Investigation Commission
NISA Nuclear and Industrial Safety Agency – a government regulatory agency under METI.
INES International Nuclear and radiological Event Scale.
Echelle internationale [de mesure] des évènements nucléaires et
radiologiques. Une échelle à sept niveaux pour évaluer et communiquer
les informations de sécurité concernant des incidents ou accidents
nucléaires et radiologiques.
JNES Japan Nuclear Energy Safety organization. Une
agence administrative mise en place pour assurer la sécurité dans
l‘utilisation de l’énergie nucléaire, qui travaille en
collaboration avec le régulateur (la NISA).
Kantei Cabinet
du Premier Ministre. Le bâtiment abritant à la fois le bureau officiel
du Premier ministre et sa résidence. Dans ce rapport, « Kantei » renvoie
le plus souvent au Premier ministre et au groupe de travail ad hoc du 5ème étage qui était responsable de la réponse du gouvernement à l’accident.
LOCA Loss Of Coolant Accident.
Perte accidentelle de fluide caloporteur. Un accident nucléaire qui
peut entraîner des dommages du cœur, sauf s‘il est atténué par les
systèmes de refroidissement d‘urgence.
Make-up system. Un
système utilisé pour ajouter de l’eau au système de refroidissement du
réacteur dans les conditions normales de fonctionnement.
M/C. Commutateur
haute tension de type blindé. Dans un système d’alimentation
électrique, cet appareillage est la combinaison de commutateurs
électriques, de fusibles ou de disjoncteurs utilisés pour contrôler,
protéger et isoler l’équipement électrique.
METI. Ministry of Economy, Trade & Industry. Ministère de l’Economie, du Commerce et de l’Industrie.
MEXT. Ministère de l’Education, de la Culture, des Sports, de la Science et de la Technologie.
Millisievert mSv. Unité de dose équivalente de rayonnement.
NAIIC Nuclear Accident Independent Investigation Commission. Commission d‘enquête indépendante sur l‘accident nucléaire de Fukushima nommée par la diète japonaise.
NISA Nuclear and Industrial Safety Agency. Agence
de Sécurité Industrielle et Nucléaire, un organisme gouvernemental de
réglementation sous tutelle du METI, Ministère de l’Economie, du
Commerce et de l’Industrie.
NSC Nuclear
Safety Commission of Japan – a government administrative body under the
Cabinet Administration Office (CAO) that oversees the regulators and
the operators.
PBq PetaBecquerel. 1015 Bqs.
Reactor A device in which a fission chain reaction can be initiated, sustained and controlled.
RCIC Reactor
core isolation cooling system – RCIC is a feedwater pump meant
for emergency use. It is able to inject cooling water into the reactor
at high pressure. SBO Station blackout – a complete loss of alternating current electric power to the station.
SCRAM Safety
Control Rod Axe Man – Rapid shutdown of a nuclear reactor where fission
is halted by inserting control rods into the core.
Shelter-in-place order An
order to take immediate shelter in a location readily accessible by
sealing it off from outside contaminants and shutting off all air
circulation systems. For many residents this meant their own houses.
SPEEDI System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information. SR Safety relief valve – a safety device designed to protect a pressurized vessel or system during an overpressure event.
TEPCO Tokyo Electric Power Company, the operator of the Fukushima Daiichi Nuclear Power Plant
Venting A system designed to vent accumulated hydrogen gas in the reactor buildings.
Yield strength Yield strength is the stress beyond which a specified amount of permanent deformation of a material occurs.
480V bus cross-tie breaker A
cross-tie breaker is a connection between electric power systems
by means of which each can interchange power with the other. NSC Nuclear Safety Commission of Japan. Commission
de sûreté nucléaire du Japon. Un organisme administratif gouvernemental
sous la tutelle du Bureau central de l’administration (CAO), qui
supervise les régulateurs et les opérateurs.
PBq PetaBecquerel. 1015 Bqs.
Réacteur Installation dans laquelle une réaction de fission en chaîne peut être initiée, soutenue et contrôlée.
RCIC Reactor Core Isolation Cooling system. C‘est
une pompe d’alimentation en eau destinée à un usage d‘urgence. Elle
est en mesure d’injecter de l’eau de refroidissement sous haute
pression dans le réacteur.
SBO Station Black Out. Une perte totale de courant alternatif.
SCRAM Safety Control Rod Axe Man. Arrêt
rapide d’un réacteur nucléaire dans lequel la fission est interrompue
par l’insertion des barres de contrôle dans le cœur.
Shelter-in-place order. Instruction
demandant de se mettre immédiatement à l‘abri dans un endroit
facilement accessible, protégé des contaminants extérieurs et toutes
circulations d‘air coupées. Pour de nombreux résidents, cela
signifiait de se calfeutrer dans leurs propres maisons.
SPEEDI System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information. Système de gestion des informations d’urgence concernant l‘irradiation de l’environnement.
SR Safety Relief valve.
Vanne de décharge. Un dispositif de sécurité conçu pour protéger
une enceinte ou un système lors d’un événement de surpression. TEPCO. Tokyo Electric Power Company. L’opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.
Venting. Système de ventilation conçu pour évacuer l‘hydrogène accumulé dans les bâtiments réacteurs.
Yield strength. Limite élastique : contrainte au-delà de laquelle la déformation d’un matériau est permanente
480V bus cross-tie breaker. Installation de tête protégée par disrupteurs-inverseurs qui permet d‘interchanger des alimentations électriques de 480V.
Clause de non-responsabilité
Nous
nous sommes efforcés dans cette traduction anglaise de respecter avec la
plus grande exactitude le contenu et l’esprit du texte japonais
d’origine. Cette traduction n’est destinée qu’à faciliter au public non-
japonais l’accès [au rapport] ; elle n’offre aucune garantie
d’exactitude, ni expresse ni implicite.
Si des questions se
posent concernant l’exactitude de l’information contenue dans la
traduction, prière de se référer à la version japonaise du rapport de la
Commission qui constitue la version officielle du document. Toute
divergence ou différence créée dans la traduction n’est pas
contraignante et n’a aucune valeur juridique à des fins de mise en
application.
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