On savait déjà que les forages en profondeur faisaient remonter en surface les élèments radioactifs qui y sont enfouis, essentiellement l’uranium et ses descendants comme le radium (voir en annexe le texte de la CRIIRAD communiqué en mars 2011, et un article récent).
Mais on découvre que la technologie necessite l’utilisation de « charges creuses », et que ces explosifs sont bardés d’uranium comme les roquettes anti char et les obus militaires.
En effet dans une réponse écrite faite à Charlie Regol (Hérault) par M. Rivière, celui-ci confirme « C’est le même principe que les roquettes antichar ».
Cette information est très importante car si la présence d’un métal tel que l’uranium rend les explosifs plus pénétrants, cela engendre, dispersé en poussière par l’explosion, la dangereuse contamination des nappes d’eau et des boues remontées à la surface..
M. Rivière précise « Dans un puits à gaz ou à pétrole on descend un tubage d’un diamètre de 5 pouces (en général) au droit de la formation que l’on veut exploiter. Ce tubage est cimenté entre l’extérieur du tubage et le trou qui a été foré (….) Quand on veut mettre la formation de pétrole ou de gaz en exploitation, il faut crépiner ce tubage car il est étanche. C’est à ce moment que l’on descend ces charges creuses (…) pour percer le tubage. Ces charges creuses provoquent un orifice de 15 à 20 millimètres de diamètre dans l’acier et le ciment, et cela ne va pas plus loin. » .
I « Cela ne va pas plus loin »
dit M. Rivière, mais cela est en contradiction avec la réponse faite
par M. Medaisko, géologue, toujours à Charles Rigol.
On y trouve la phrase suivante qui montre qu’en fait cela va plus loin : « Nous avons un problème avec les fissures car il est assez difficile de les contrôler… »
Il emploi les mots « fissures »
« fissuration » « fissurer la roche » bien moins fort que « fractures »
ou autres et avoue que tout cela est bien incontrôlable. On imagine mal
comment ils vont parvenir à contrôler la perforation induite par leur
charges creuses ou autre fracturation par l’hélium par exemple.
On trouve aussi des informations intéressantes dans un rapport du 5 fèvrier 2010 de Schlumberger qui précise bien le risque d’être confronté à des actions en responsabilité civile importante, concernant « l’utilisation
de matières dangereuses, de matières radioactives et d’explosifs (….),
des terrains contaminés et de leur réhabilitation, (…), dommages
corporels ou dégradations de biens provoqués par l’exposition à des
substances dangereuses… ».
Il en résulte pour Sclumberger une double inquiétude qui ne concerne pas les conséquences pour les personnes ni sur l’environnement mais « l’impact négatif sur notre trésorerie », et sur le fait que « notre assurance pourrait ne pas nous couvrir de façon appropriée »…..
Enfin notons qu’un courrier du 1/10/12, de Charlie R. à Delphine Batho Ministre de l’Ecologie, à ce sujet n’a pas reçu de réponse.
Conclusion:
Nous pouvons donc légitimement
nous alarmer de l’utilisation de charges explosives contenant de
l’uranium « appauvri » comme dans les armes.
Comment sont- elles gérées, transportées, stockées ?
Les boues remontées par les
forages qui contiennent de la radioactivité naturelle, et de la
radioactivité due aux explosifs sont-elles abandonnées sur place, avec
des risques de pollution, ou sont-elles gérées comme des déchets
radioactifs ?
Cela signifie aussi que les
nappes d’eau fossiles et phréatiques traversées courront le risque de
contamination non seulement chimique mais aussi radioactive.
De toute façon le courrier de
M. Rivière ne laisse aucun doute. Il faut donc dénoncer ce risque
supplémentaire et inconnu de beaucoup d’entre nous, dénoncer que des
entreprises puissent se promener avec des explosifs contenant de
l’uranium « appauvri » sans que nous connaissions les garanties de
protection du personnel et des populations, dénoncer la gestion des
boues extraites.
Les collectifs pourraient solliciter la CRIIRAD pour organiser un prélèvement de boue en vue d’une analyse complète.
Décembre 2012, Eva marion géologue, Pierre Péguin physicien, sur la base d’éléments réunis par Charlie Rigol viticulteur.
Alors que le débat autour du nucléaire n’a jamais semblé autant d’actualité, la CRIIRAD (Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) a tenu à relier la question du risque radioactif à l’exploitation future des réserves de gaz de schiste.
Dans un dossier paru au cours du mois de mars 2012, elle souligne « les risques peu connus d’exposition à la radioactivité causée par l’exploitation de ces réserves« , et s’affaire à identifier les principaux phénomènes de pollution radioactive engendrés par cette ressource nouvelle :
radium dans le tartre des canalisations
eau : contamination des nappes suite à la fracturation hydraulique
eau : rejet d’effluents radioactifs liquides lors de la remontée des fluides de forages
air : émanation de radon.
Regrettant que l’Etat ne se
soit pas « soucié d’évaluer les risques avant de délivrer les
autorisations d’exploration », la CRIIRAD regrette également que la Mission d’Analyse des Enjeux Economiques, Sociaux et Environnementaux des Gaz de Schiste ait été confiée au CGEDD et au CGIET, organismes ayant « obligatoirement été consultés avant l’attribution de chaque permis d’exploration« , et pour lesquels « le conflit d’intérêt est manifeste ».
Elle appelle ainsi de ses vœux
une refonte de l’étude d’impact pour chaque dossier de concession, afin
d’y inclure, avant la phase exploratoire :
une évaluation des caractéristiques radiochimiques des formations explorées,
un point zéro de la radioactivité des eaux de surface et souterraines ainsi que du radon dans l’air ambiant,
la description précise des techniques de traçage envisagées pour l’étude des forages.
A titre d’exemple, Ian Urbina, journaliste au New York Times, a pu récemment se procurer des documents attestant de quantité de radium dans l’eau dépassant de 20, 100, 250, parfois même plusieurs milliers de fois les limites légales dans l’Etat de Pennsylvanie.
Gaz de schiste :
La contamination radioactive
refait surface
(Yves HEUILLARD)
Les précisions sur le risque radioactif lié à l’exploitation des gaz de schiste sont issues d’un rapport de E. Ivan White, scientifique au Conseil Américain pour la Mesure et la Protection des Rayonnements (National Council on Radiation Protection & Measurements, NCRP).
Le rapport rendu public par l’association newyorkaise Grassroots Environmental Education vise à l’éducation du public sur la santé et l’environnement.
Tout ou presque a été dit sur les risques de la fracturation hydraulique : pollution possible des nappes phréatiques par les produits chimiques utilisés par la fracturation, pollution par les hydrocarbures eux-mêmes, remontées de méthane (ou d’autres gaz) à la surface.
Selon le rapport, la
fracturation hydraulique provoque d’importantes remontées à la surface
d’éléments radioactifs dans les liquides issus de la fracturation.
Le rapport indique que les
éléments radioactifs issus des schistes de Marcellus (nom de la couche
géologique riche en gaz dans l’est des Etats-Unis) font partie des
éléments radioactifs à vie longue et que par conséquent ils peuvent
s’accumuler dans la chaîne alimentaire et engendrer des doses de
radiations dangereuses pour des millions de personnes.
Ivan White cite en particulier le radium-226 et le radium-228, qui peuvent se retrouver à la surface sous forme solide et liquide, du fait du processus d’exploitation. L’auteur analyse la dispersion dans l’environnement de ces radioéléments et conclut : « Ils restent actifs et potentiellement mortels et peuvent se retrouver des années plus tard dans des endroits imprévisibles. Ils s’accumulent dans la chaîne alimentaire, jusqu’à l’homme« .
Rappelons que le radium-226 a une demi-vie de 1600 ans. C’est à dire qu’en 1600 ans il pert seulement la moitié de sa radioactivité. C’est un corps particulièrement dangereux parce que l’organisme l’assimile comme le calcium et, fixé dans les os, il est potentiellement source de cancers.
Une anguille sous roche bien génante
Dans son rapport, Ivan White prend des précautions très appuyées pour montrer que, contrairement à l’industrie nucléaire « qui suit toute la production d’éléments radioactifs jusqu’à leur destination finale sûre« , la réglementation concernant la fracturation hydraulique est très insuffisante.
Le propos rapporté ici entre
guillemets est évidemment incorrect puisque les équipements nucléaires
rejettent, en fonctionnement normal, des effluents radioactifs gazeux et
liquides dans l’air, les rivières, et les océans ; et que la notion de
« destination finale sûre » est plus que controversée.
Notons enfin que le problème soulevé par le Conseil Américain pour la Mesure et la Protection des Rayonnements, n’est pas nouveau.
Le Département Américain de l’Energie (DOE) et General Electric
ont engagé depuis 2011 deux millions de dollars pour permettre d’isoler
les matériaux radioactifs des boues et liquides de la fracturation
hydraulique (Source Forbes).
En Pennsylvanie haut lieu de
l’exploitation des gaz de schiste (de l’ordre de 100 000 puits de
forage), des rejets liquides ont été déversés dans les rivières
alimentant le réseau d’adduction d’eau potable sans test de
radioactivité. Le New York Times, qui rapporte l’information en
février 2011 sur la base de documents officiels jamais rendus publics,
précise que le niveau de radioactivité des rejets liés à la fracturation
hydraulique est bien plus élevé que la réglementation ne l’autorise.
A propos des enveloppes d’uranium.
Rappelons que les obus modernes sont à tête d’uranium, et on précise d’uranium « appauvri ».
« Appauvri » signifie qu’il y a
moins de la forme d’uranium necessaire à la réaction de fission dans les
réacteurs (U235), et davantage de la forme d’uranium la plus répandue
(U238).
Mais c’est toujours de l’uranium tout aussi dangereux, émetteur alpha, qu’on a répandu en Irak et ailleurs.
Ce matériau est issu de
« l’enrichissement » à l’usine du Tricastin, on ne sait qu’en faire, il
est donc disponible à bon compte.
Roland Desbordes, de la CRIIRAD, précise que:
« A défaut de pouvoir détecter le rayonnement alpha de l’uranium avec un petit controleur, on détecte logiquement le radium, Ra 226 en premier car dans la chaine de l’U238 dont il descend, c’est l »élément le plus soluble dans l’eau et en plus un bon émetteur gamma pouvant être détecté au compteur Geiger ».
Roland Desbordes ajoute:
« Mais cela ne veut pas dire que les autres radioéléments ne sont pas présents …et certains (comme le Po210) bien plus toxiques que l’uranium donc qui peuvent avoir un impact sanitaire supérieur à quantité de Bequerels inférieure ! Il faudrait faire une vraie analyse spectrogamma de la boue ».
Décembre 2012, Eva marion géologue, Pierre Péguin physicien, sur la base d’élèments réunis par Charlie Rigol viticulteur.
La fracturation hydraulique
par « Depleteduranium.og »:
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