L’Autorité de Sûreté Nucléaire:
octobre 2012: Centrale nucléaire de Dampierre en Burly
(photo: BESSEYRE Christelle)
L’hypothèse d’un défaut simultané dans
plusieurs centrales est plausible
PARIS – Un défaut générique grave qui toucherait simultanément plusieurs réacteurs est une hypothèse plausible en raison de la standardisation des centrales, a estimé jeudi 16 mai 2013 le président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) lors d’une audition par le Conseil National du Débat National sur la Transition Energétique.
Pierre-Franck Chevet a insisté sur l’importance de disposer de marges suffisantes dans le système électrique français pour faire face à l’éventualité d’une suspension rapide par l’ASN de plusieurs réacteurs qui présenteraient un tel défaut générique grave.
Le débat sur la transition énergétique, organisé jusqu’à l’été, doit permettre de définir la nouvelle politique énergétique française en vue d’une loi de programmation attendue à l’automne prochain.
Le parc nucléaire français (19 centrales pour 58 réacteurs) est standardisé, a rappelé M. Chevet, en présentant l’avis rédigé par l’ASN en guise de contribution à ce débat. Cela veut dire qu’une anomalie générique, c’est-à-dire un défaut qui affecte simultanément plusieurs réacteurs, peut arriver, a-t-il ajouté.
Il a rappelé qu’une anomalie générique a déjà été constatée, au début des années 90, concernant des couvercles de cuves.
Une anomalie grave (…) ne peut absolument pas être exclue, elle est même plausible. Dans un tel cas, nous serions amenés à suspendre le fonctionnement de plusieurs réacteurs assez rapidement, a souligné M. Chevet, évoquant la possibilité de devoir suspendre 5 à 10 réacteurs en quelques jours.
Dans ces conditions, cela aurait à l’évidence un impact sur l’équilibre électrique. (…) Il faut que le système électrique tienne compte de cet événement plausible, a-t-il poursuivi refusant toutefois de se prononcer sur les marges qui permettraient d’y faire face (importer de l’électricité, réduire des consommations…).
L’ASN estime également nécessaire d’anticiper dès maintenant les futures mises à l’arrêt définitif de réacteurs nucléaires, pour laisser le temps d’installer de nouvelles installations de production d’électricité, quelle qu’en soit la nature (nucléaire, gaz, renouvelable, etc).
M. Chevet a rappelé que les centrales, mises pour la plupart en service dans les années 1980, ont été dimensionnées pour une durée de vie d’au moins 40 ans. Nous ne nous prononçons pas sur le fait que cela soit possible d’aller au-delà de 40 ans, a-t-il ajouté, rappelant que l’exploitant, EDF, souhaitait aller au-delà.
(©AFP / 16 mai 2013 22h44)
COMMENTAIRES:
(Le Souffle c’est ma Vie / Thierry LAMIREAU)
Je vous renvoie à mon article déjà paru sur mon blog:
NUCLEAIRE:
L’Autorité de Sûreté Nucléaire
recommande à l’Etat
d’améliorer la « réponse post-accidentelle » !
En clair:
Comment confirmer que tout est nul !
Le 21 novembre 2012, L’Autorité de Sûreté Nucléaire a publié ses premiers documents de la « Doctrine Nationale pour la Gestion Post-Accidentelle ».
« L’objectif est de permettre aux pouvoirs publics de construire une stratégie de prise en charge des conséquences sanitaires, sociales et économiques d’un accident nucléaire ».
Le problème est que ces éléments ne visent qu’un « accident limité avec des rejets radioactifs sur moins de 24h » !
L’ASN compte sur les Plans Particuliers d’Intervention (PPI) et sur les Plans ORSEC-RAD pour améliorer la chose !
Elément pour le moins étrange, la doctrine n’aborde pas les catastrophes de TCHERNOBYL et de FUKUSHIMA !…même si elles sont rapidement mentionnées.
On ne va pas s’embarrasser de problèmes supplémentaires !
On s’intéresse à « un accident d’ampleur modérée entraînant des rejets de courte durée avec un retour rapide dans un état sûr de l’installation ».
La catastrophe majeure, désormais prise en considération dans les documents internes de EDF, est donc écartée !
L’ASN indique que: « Les accidents de grande ampleur entraînant des rejets sur plusieurs jours feront l’objet d’une prochaine étape » annonce le Comité Directeur pour la Gestion de la Phase Post-Accidentelle (CODIRPA)…
Puisque l’on vous dit qu’il n’y a pas d’urgence en FRANCE…Ben oui, quoi, on est les meilleurs et on a les meilleures centrales nucléaires au Monde !
L’ASN souligne que: « Si les principes directeurs sont globalement identiques pour les accidents majeurs, la chronologie et la faisabilité des actions pourraient en revanche différer, compte tenu de l’éventualité de devoir engager simultanément, mais sur des territoires différents, des actions de protection de la population directement exposée aux rejets de substances radioactives dans l’atmosphère et d’autres destinées à protéger la population exposée aux dépôts de ces substances dans l’environnement ».
En clair, ce serait le bordel, la panique et la population serait « maîtrisée » avec l’action de l’armée. C’est d’ailleurs ainsi que cela s’est déroulé après TCHERNOBYL et FUKUSHIMA !
Car n’oublions pas qu’en cas de catastrophe nucléaire, nous passerions d’un régime démocratique à un régime proche de la dictature…qui plus est…militaire !
Le collège de l’ASN considère que: « Le Gouvernement devrait améliorer son dispositif actuel car, même après un accidentmodéré, les dépôts radioactifs pourraient s’étendre sur des distances significativement plus importantes que les rayons indiqués dans les PPI, pouvant aller d’une dizaine à plusieurs dizaines de kilomètres ».
A nouveau, c’est ce que l’on constate après TCHERNOBYL et FUKUSHIMA: les éléments radioactifs se dispersent sur de très grandes distances et d’une manière inégale…en « taches de léopards » comme on l’a remarqué…y compris en FRANCE après les dépôts de TCHERNOBYL.
Donc, l’ASN dit, d’une manière édulcorée: les plans PPI prévus par l’administration dans les préfectures sont NULS et ne correspondent absolument pas à la réalité !
L’ASN « recommande de poursuivre et d’intensifier le processus de préparation »!…une véritable HYPOCRISIE de la part de l’ASN et des services de l’Etat qui pourtant devraient protéger la population.
Les cinq membres du collège de l’ASN « estiment qu’il conviendrait de compléter les plans d’organisation de la réponse de la Sécurité Civile (ORSEC-RAD) et les Plans Particuliers d’Intervention (PPI)…
Dit autrement: c’est le désordre comme à chaque essai de simulation pour tester la réaction des différents organismes concernés !
D’ailleurs, si une catastrophe majeure se produit sur un site civil ou militaire en FRANCE…ce sera de toute façon le chaos !
L’ASN souligne ensuite la mise en place de l’évacuation de la population par l’armée et la gestion « par la dose » des personnes et des produits de consommation courante pour l’alimentation:
« Il faudra intégrer des travaux de planification pour organiser rapidement, en cas d’accident, le maintien sur place ou l’éloignement de longue durée des populations vivant à proximité de l’installation accidentée, l’ouverture de centres d’accueil et d’information, l’interdiction de consommation et de mise sur le marché des denrées alimentaires produites localement et les premièrers opérations de nettoyage du milieu bâti ».
Ce qu’oublie de dire l’ASN, c’est que s’il y a une catastrophe majeure en FRANCE…c’est TOUTE LA FRANCE qui sera polluée et contaminée par tous les composés radioactifs ET chimiques.
Donc, de toute façon, les niveaux d’intervention par rapport aux doses seront revus à la HAUSSE alors qu’en temps normal (sans catastrophe) ces niveaux d’intervention seraient beaucoup plus bas.
On constate d’ailleurs cela après TCHERNOBYL et FUKUSHIMA !
Le collège d’experts recommande aussi de: « préparer le premier programme NATIONAL susceptible d’être porté, en situation de crise, par le Gouvernement.
Ce programme prendrait en compte par anticipation les éléments d’ordre sanitaire, social et économique ».
Il y a donc, à mots couverts, confirmation d’une DESTRUCTION de l’équilibre NATIONAL de la Santé de la population, de la vie Sociale et Economique du pays !
L’ASN aborde également la « phase post-accidentelle » qui débute par une période de « transition (quelques semaines ?…quelques mois ?) marquée par une connaissance encore IMPRECISE de l’état réel de la contamination et des risques d’exposition CHRONIQUES des personnes. Vient ensuite la « période de long terme (plusieurs années ?…plusieurs décennies ?) caractérisée par une contamination DURABLE DES TERRITOIRES et un risque d’EXPOSITIONS CHRONIQUES DES PERSONNES ».
L’ASN retient « trois objectifs fondamentaux: la protection des populations contre les dangers des rayonnements ionisants, l’appui aux populations victimes des conséquences de l’accident et la reconquête des territoires affectés sur le plan économique et social ».
L’ASN ment ! La population ne sera pas protégée contre les radiations. Elle sera, au contraire journellement contaminée notamment par l’ingestion et l’inhalation des différents produits contenus dans l’alimentation et dans les eaux et les sols.
La gestion de la population se fera par la DOSE. On laissera mourir les gens les plus atteints; on s’occupera un temps des moins irradiés et on ne s’occupera pas des faiblement irradiés et contaminés.
Donc, de toute façon, à part les très malades qui mourront rapidement, l’ETAT et les INDUSTRIELS ne prendront pas la responsabilité des DECES FUTURS !
Or, l’on sait que, même à faibles doses, les effets à terme sont dévastateurs sur la santé de la population avec une augmentation de la MORBIDITE (maladies diverses) et de la MORTALITE.
La « reconquête des territoires affectés sur le plan économique et social »: cela signifie simplement que la FRANCE fera comme le JAPON: la population sera à nouveau autorisée à consommer des denrées CONTAMINEES…pour le bien-être de l’ECONOMIE !
D’ailleurs, l’ASN indique quatre « principes de gestion:
1 / L’ANTICIPATION qui impose de prendre en compte dès la fin de la phase d’urgence les enjeux à moyen et long termes.
2 / La JUSTIFICATION: les bénéfices attendus, notamment en termes de détriments radiologiques évités, doivent être supérieurs aux risques et inconvénients inhérents à leur mise en oeuvre. Il faut proportionner les actions et les moyens mis en oeuvre aux enjeux des territoires concernés et à la gravité de la situation.
3 / L’OPTIMISATION qui doit réduire l’exposition de la population à un niveau aussi bas que RAISONNABLEMENT possible compte tenu des facteurs ECONOMIQUES et SOCIETAUX.
4 / CONSTRUCTION PARTAGEE et TRANSPARENCE. La gestion post-accidentelle doit impliquer les acteurs locaux de façon transparente en amont de l’accident, dès le stade de la préparation, dans les réflexions sur les stratégies de gestion des conséquences d’un accident ».
Il est donc écrit très clairement ce que je disais ci-dessus !
Problème: « Réduire l’exposition de la population à un niveau aussi bas que RAISONNABLEMENT possible » n’est pas un raisonnement scientifique mais ECONOMIQUE ! La RAISON n’est pas une référence scientifique, sérieuse et honnête pour justifier de l’irradiation constante de la population.
On demande à la population de bien vouloir accepter d’être irradiée…et pire…de l’accepter AVANT TOUT ACCIDENT !…ce qui franchement est dégueulasse et machiavélique.
La population n’est pas responsable de la mise en place de ces lieux générateurs de catastrophes nucléaires et pourtant on lui demande d’en assumer les conséquences !
Pour être encore plus clair, le CODIRPA:
« Propose aux populations de rester vivre dans un territoire contaminé sur le long terme, ou de revenir s’y réinstaller, ce qui n’est pas ANODIN.
Cela suppose que les acteurs locaux soient impliqués dans cette décision et en capacité d’agir pour améliorer l’état radiologique de leur environnement, pour assurer leur protection et le maintien, voire le développement d’activités économiques et sociales au sein du territoire. Il s’agit là de la responsabilité des pouvoirs publics même si la décision est prise après un débat approfondi avec l’ensemble des parties prenantes concernées, aux niveau national et local ».
C’est donc ce que je soulignais auparavant.
La différence désormais est qu’un organisme d’Etat l’écrit clairement !
Dans la situation d’une catastrophe nucléaire majeure en FRANCE, les responsables de ce désastre ne seraient pas « meilleurs » que ceux de TCHERNOBYL et de FUKUSHIMA !
Le document de l’ASN est une véritable BOMBE car il confirme que:
1 / Ce serait le bordel et la panique aussi bien chez les habitants que chez les décideurs.
2 / La population serait maîtrisée par l’armée et manipulée par certains « censeurs de l’Etat » notamment par rapport aux résultats des mesures donnés et des effets non reconnus.
3 / La population vivrait de toute façon dans des lieux contaminés pour très longtemps et donc, elle resterait sur place…puisque l’ASN avoue que TOUTE LA FRANCE SERAIT CONTAMINEE !
Quelques petits commentaires enfin sur ce qui pourrait se passer en FRANCE si l’on analyse la situation actuelle à FUKUSHIMA et si l’on se penche sur quelques problèmes:
1 / Le milieu du nucléaire est trop sûr de lui.
2 /Après THREE MILE ISLAND, TCHERNOBYL ET FUKUSHIMA, la doctrine probabiliste du risque a montré ses limites.
3 / Séismes et inondations: le parc français est très exposé.
Avec 58 réacteurs nucléaires répartis sur 19 sites, la FRANCE est l’un des pays les plus nucléarisés au Monde.
Certains réacteurs sont installés en zone sismique et d’autres sont installés en zone inondable car construits à l’époque sous le niveau des crues extrêmes.
4 /Dans la même situation que TCHERNOBYL et FUKUSHIMA, EDF ne ferait pas mieux !…et ni les organismes d’ETAT et les différentes administrations.
La mesure des risques naturels n’est pas suffisamment prise en compte.
Il y a toujours un aléa sismique et un risque important d’inondations.
5 / Les modèles statistiques et mathématiques considérés par les « experts » sont insuffisants et inaptes à prévoir le pire.
6 / Dans la situation d’une montée en chaleur du combustible non maîtrisée, EDF se retrouverait aussi désemparée qu’à FUKUSHIMA.
7 / Les défauts génériques très nombreux sur les centrales françaises ainsi qu’une situation non prévue se rajoutant comme co-facteur lors d’une catastrophe induisent une augmentation très importante des risques sur TOUTES LES CENTRALES NUCLEAIRES françaises.
8 / La situation des piscines de combustible usé est une véritable BOMBE à retardement !
Ce sont elles qui contiennent le plus de combustible. Même s’il est moins « chaud » que dans le coeur il est plus RADIOACTIF !
En FRANCE, les piscines du parc français sont situées à l’extérieur des réacteurs et ne bénéficient pas d’une ENCEINTE DE CONFINEMENT.
En cas d’accident sur ces piscines, les conséquences seraient TRES GRAVES car les panaches radioactifs pourraient tout simplement s’échapper de SIMPLES HANGARS industriels qui les couvrent !
9 / Le confinement des réacteurs français n’existe pas dans les faits.
Pour refroidir le coeur nucléaire, il faut injecter en continu de l’eau qui…accélère la production d’hydrogène. Or, une augmentation non maîtrisée d’hydrogène dans l’enceinte ferait qu’à un moment donné…l’industriel serait OBLIGE DE RELACHER cette radioactivité hors du site nucléaire !…Un beau petit cadeau pour la population !
10 /EDF a un sérieux problème: l’exploitant ne sait pas bien filtrer les radioéléments qui pourraient s’échapper de l’enceinte si un réacteur était en fusion !
A l’intérieur de l’enceinte chaude et radioactive, l’iode subit de nombreuses modifications et réagit même avec la peinture des murs de la centrale pour former un composé organique redoutable ! Pas de solutions non plus par rapport aux particules de ruthénium très radiotoxiques: EDF ne sait pas faire !…alors qu’autour de la centrale de FUKUSHIMA des taux très importants de ruthénium ont été repérés.
11 / EDF ne peut garantir l’étanchéité des enceintes. Les stuctures ne peuvent résister à plus de 8 bars…
12 / EDF ne sait pas contrôler la fusion d’un coeur radioactif.
13 / Le zirconium est le problème majeur dans la situation d’une explosion des enceintes ou dans la fonte des barres de combustible à une vitesse incontrôlable.
Si la température monte, le zirconium interagit avec le combustible et abaisse le point de fusion à 600°C !
Le tungstène n’a pas été installé dans les centrales françaises…pour des raisons ECONOMIQUES ! Même pour les EPR, rien n’a été changé !
14 / L’organisation des secours sera un ECHEC de toute façon. Tout sera réalisé dans l’urgence et l’improvisation. Il y a un excès de confiance parmi les « décideurs » même si l’on note, à travers le document de l’ASN, une certaine conscience de ce que sera l’après catastrophe…
15 / Parmi les « liquidateurs » français…qui acceptera de faire partie du lot ?…et combien ?…
16 / Il n’y aura, à terme, aucune maîtrise des zones contaminées puisque l’ASN note que l’on pourra, de toute façon, réintégrer les lieux…et puisque la FRANCE ENTIERE sera concernée !
17 / Enfin les conséquences sanitaires seront impossibles à prévoir…donc, l’ETAT minimisera les effets (voire les censurera) et mentira à la population.
LE NUCLEAIRE EST UN PIEGE.
LE NUCLEAIRE, CIVIL COMME MILITAIRE,
EST LE TOMBEAU FUTUR
DE NOTRE CIVILISATION.
Thierry LAMIREAU
Réalisateur du film »URANIUM EN LIMOUSIN »
lesoufflecestmavie.unblog.fr
LA Sûreté des installations nucléaires par Bernard LAPONCHE et Yves MARIGNAC
Doctrine pour la gestion post accidentelle Document ASN
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